Échec à l’oppresseur

Conclusion

A l’heure de mettre une conclusion à ce livre (de beaucoup de manières inachevé !) je ne résiste pas à la pensée de transcrire les lignes ci-dessous écrites par un médecin missionnaire :

“Dans les hôpitaux du monde occidental j’ai toujours été frappé par le déploiement complexe d’une technique sophistiquée … Aménagements toujours plus coûteux, destinés surtout à répondre aux besoins physiques de l’homme biologique. Les laboratoires de recherches se trouvent en haut de la liste des priorités …

Quand je suis en compagnie des médecins, il est rare qu’on me signale la salle servant de chapelle. On suppose — avec raison hélas — que la conception de la vie symbolisée par cette chapelle n’intéresse pas les médecins de passage …

L’épopée scientifique des deux derniers siècles a conduit à une véritable idolâtrie de tout ce que la science accomplit…

Les exploits scientifiques ont à ce point supplanté Dieu, dans le monde occidental, que la nature spirituelle de l’homme se trouve reléguée à une place si insignifiante que dans bien des milieux son existence même est remise en question. Un intérêt sérieux pour l’être spirituel de l’homme est considéré comme un élément superfétatoire réservé aux excentriques. En général on compte sur la science pour résoudre tous nos problèmes … On sous-entend tout au moins qu’elle est la seule source fiable vers laquelle nous pouvons nous tourner pour trouver des solutions valables.

Pourtant nous sommes conscients que les principaux problèmes qui assaillent notre profession, menacent nos hôpitaux, perturbent nos foyers sont rarement dus à des lacunes d’ordre technique ou intellectuel. Ils se placent au-delà de la sphère de l’investigation scientifique et du secours financier. Ils sont liés à des problèmes plus profonds de dispositions et de convictions …

Récemment, après avoir parlé de l’épidémiologie du cancer à quelque quatre cents étudiants en médecine venus de différentes universités américaines, on me demanda de dire quelques mots après le repas. Après avoir raconté quelques incidents de ma vie africaine, passant à un sujet plus sérieux, j’essayai de mettre l’accent sur l’importance primordiale de l’aspect spirituel et moral de notre être. Je me demandais comment cette manœuvre d’approche serait accueillie … quand je fus étonné, mais merveilleusement encouragé, d’être applaudi avec enthousiasme.

Il semble que les gens changent et que certaines attitudes sont en train de se modifier. La façon matérialiste d’envisager la vie se révèle de plus en plus trompeuse 1.”

1 Docteur Burkit, Aimer et Servir, Bulletin de l’union évangélique médicale et paramédicale, 2e trimestre 77.

Si on leur demandait leur avis, je suis persuadé que des millions de gens de nos pays d’Europe applaudiraient également à ce que dit ce médecin. C’est la possibilité ou l’occasion de s’exprimer qui leur manque…

Colportée récemment par les mass média, une nouvelle était diffusée disant que la préoccupation majeure des Services de la Santé publique n’était pas de trouver des médecins spécialistes, mais des médecins généralistes (j’interprète : des hommes qui d’abord soignent les gens, et non des malades ou des cas).

Que diraient les mêmes personnes interrogées si on leur demandait ce qu’elles pensent des responsables catholiques ou protestants des grandes et petites églises ou communautés ?

Ne diraient-elles pas aussi qu’elles seraient heureuses de rencontrer non pas des spécialistes en herméneutique, en patristique, en exégèse, en dogmatique, en catéchétique, en sociologie, en politique, en histoire, en liturgie, en animation de groupes, en pédagogie, en charismes…

Témoins, serviteurs ou servantes, pasteurs, voilà des métiers à redécouvrir et à réapprendre sans cesse, eu égard aux brebis et aux pâturages d’aujourd’hui.

L’année de grâce du Seigneur se prolonge mais pourrait soudain toucher à sa fin. Les chrétiens sont nombreux qui le savent et perçoivent un appel à un service efficace et renouvelé.

Si l’heure est à la prière pour que Dieu multiplie les ouvriers, elle est aussi à l’exaucement accordé à ceux qui s’engagent.

Je me réjouis si le message de ce livre les encourage à un ministère personnel mieux informé dans leur église de maison, dans leur communauté locale ou paroissiale.

Jean-Baptiste disait de Jésus : Il est l’agneau de Dieu qui ôte le péché-du monde… Il est celui qui baptise dans l’Esprit Saint 2. Dans la communion du Christ et de son Eglise, l’onction de l’Esprit Saint est justement conférée pour

2 Jean 1.29, 33.

Dans une fraternité de foi, d’amour et d’espérance, l’onction du Christ est accordée pour préparer la venue du Royaume, et sur le chemin qui nous y conduit

faire échec à l’Oppresseur.

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