Pour le connaître, Lui

12. Que pensez-vous du Christ ?

Introduction

« Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il le Fils ». (Matthieu 22.42).

Ainsi parlait Jésus, s'adressant aux Juifs, la semaine de son arrestation et de sa mort.

Telles sont encore les questions posées aujourd'hui au monde qui commémore, chaque année, la crucifixion de Jésus-Christ.

Je pense que vous êtes tous conscients de la gravité de ces questions. Des réponses qui leur sont données, de notre pensée à l'égard du Christ dépendent notre comportement terrestre et, croyons-nous, notre sort éternel.

Première partie

I — Imposteurs et négateurs

Vous n'ignorez pas qu'au cours de l'histoire du monde, bien des hommes ont prétendu être « Dieu sur la terre » : les fous dans leurs asiles ; quelques illuminés orgueilleux dans leurs retraites, qu'elles soient en France, aux Indes ou en Amérique ; des imposteurs ayant quelque connaissance de la prophétie biblique et qui, essayant de la réaliser dans leur vie, furent bien vite démasqués.

Enfin, vous trouvez les grands négateurs de tous les temps, qui affirment avoir « détrôné Dieu » ou « tué Dieu », alors qu'ils ne font ensuite autre chose que le remplacer en se proclamant eux-mêmes « Dieu sur la terre » ; tel Nietzsche ce génial dément qui, après avoir écrit : « Dieu est mort », se promenait dans les rues de Rome en criant : « je suis Dieu » !

II — Notre père porte son nom

Il y eut pourtant dans l'histoire du monde un Être ineffable, un homme né de femme, qui affirma être Dieu et qui fut condamné pour avoir revendiqué l'égalité avec Dieu, crucifié pour avoir osé dire : « celui qui m'a vu a vu le Père ». (Jean 14.9). En effet, devant le tribunal suprême des Juifs, alors que le Souverain Sacrificateur l'adjurait par le Dieu vivant de leur dire s'il était le Christ, le Fils de Dieu, Jésus n'a-t-il pas répondu : « Je le suis. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel ». (Marc 14.62).

Oui, cet homme-Dieu, ce Dieu-homme, c'est Jésus-Christ, l'Être qui a donné son nom à notre ère et à notre civilisation.

Que vous semble-t-il du Christ ?

Que pensez-vous de ses prétentions ?

III — Des opinions contradictoires

Beaucoup nous répondront que Jésus-Christ était un grand homme, un génie, le plus inspiré de tous les prophètes, un philosophe inégalé, le plus sage des grands initiés, le fondateur de la religion par excellence.

D'autres, sans grande réflexion, le compareront simplement à Moïse, Confucius, Bouddha ou Mahomet.

D'autres encore, suivant leur couleur politique, appelleront l'ouvrier de Nazareth, le premier des révolutionnaires, le leader spirituel de Galilée, le plus grand des socialistes, et enfin, le policier du temple, l'incorruptible réactionnaire.

Ainsi, de l'extrême gauche à l'extrême droite, l’on vous fait voir Jésus-Christ militer dans l'un ou l'autre des partis.

Ceux qui parlent ainsi de Jésus montrent évidemment qu'ils n'ont jamais pris Jésus-Christ au sérieux, qu'ils ne croient pas réellement en lui et n'ont pas de relation avec lui.

IV — Les affirmations de Jésus

Jésus s'est toujours défendu d'apporter une idéologie particulière, une doctrine personnelle, ou une religion nouvelle qu'on pourrait opposer aux autres.

Il louait et admirait la foi partout où elle se manifestait, qu'elle jaillit du cœur d'une pauvre femme cananéenne ou de celui d'un officier païen.

Parlant de la Loi de Moïse, et des prophètes d'Israël, il affirmait être venu non pour abolir, mais pour accomplir. (Matthieu 5.17).

Il proclamait être venu pour chercher et sauver les hommes perdus, pour leur apporter une vie qui devait être la lumière du monde.

Il prétendait être la révélation de la vie véritable, la vie éternelle, la vie de Dieu manifestée dans un corps de chair.

Sous le voile de la chair, Dieu venait au milieu des hommes, leur révéler la vie qu'il voulait pour eux, qu'il attendait d'eux.

V — Peut-on prendre les prétentions de Jésus-Christ au sérieux ?

Jésus-Christ était-il un fou, un illuminé, un imposteur, ou fut-il réellement la manifestation de Dieu dans le monde ?

Pouvons-nous croire qu'il y eut une heure dans l'histoire de l'humanité où les hommes virent Dieu marchant et parlant sur la terre ?

Ces questions sont graves, car tous, croyants ou incroyants, s'accordent pourtant à reconnaître que Jésus-Christ n'est pas le premier venu. Si les hommes de son temps purent le mettre sur une croix, nul aujourd'hui ne peut mettre une croix sur son nom.

Du reste, aucun de ses contemporains ne niait sa puissance, et si plusieurs de ses ennemis attribuaient son pouvoir au diable lui-même, nul ne pouvait contester ses miracles.

Cependant, ses prétentions et ses revendications sur les âmes paraissaient, et paraissent encore, intolérables à certains.

  1. Il disait être LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE, et non Un chemin, Une vérité, Une vie parmi tant d'autres. (Jean 14.6).
  2. Il demandait qu'on le suive et pour cela qu'on renonce à tout, le préférant lui-même à notre propre vie, à un père, une mère, une femme, des enfants, une maison ou des champs.
  3. Il déclarait que tous ceux qui étaient venus avant lui ou qui viendraient après lui, étaient des voleurs et des brigands.
  4. Il affirmait être la porte unique du salut, le bon berger des âmes, le pain de vie, la lumière du monde, le cep de vigne, et, au sein d'un cimetière, la résurrection même.
  5. Il disait être « Un avec Dieu » et prétendait avoir sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés.
  6. Il donnait une valeur expiatoire a sa mort, annonçant et décrivant à l'avance aux siens les souffrances qui l’accompagneraient.
  7. Il prédisait, à maintes reprises, sa résurrection et sa glorification.

D'autre part, Il posait lui-même nettement a ses disciples la question : « Qui dit-on que suis » ?

Et, tandis que ceux-ci lui répondaient : « les uns disent que tu es Jean-Baptiste, les autres Élie, les autres Jérémie ou l'un des prophètes », Jésus allait plus loin, se faisait plus précis et demandait à ses fidèles : « et vous, qui dites-vous que je suis » ? (Matthieu 16.13-15).

Aujourd'hui encore nul n'échappe à cette question troublante !

VI — La confession de Pierre et la vie des premiers témoins du Christ

Quand Simon Pierre s'écria spontanément : « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », Jésus accepta son témoignage et souligna même au bienheureux Simon, que ce n'étaient pas la chair et le sang qui lui avaient révélé cela, mais son Père qui est dans les cieux. (Matthieu 16.16).

Depuis, toute l'Église chrétienne a accepté et cru le témoignage du premier des apôtres, sa confession proclamant la divinité essentielle de Jésus-Christ, roc sur lequel est fondée l'Église.

Ses disciples quittèrent tout pour lui.

Des Juifs attachés au temple et à la tradition se tournèrent vers lui.

Les sages de la Grèce le saluèrent, les pervertis et les sensuels de Corinthe abandonnèrent pour lui leur luxure, et les pierres du Colisée tremblèrent au « pro Christo » des premiers chrétiens, alors que d'autres martyrs transformés en torches vivantes, illuminaient, dans les nuits romaines, les jardins de Néron.

VII — la vérité à tout prix

Pour nous aujourd'hui, il s'agit de savoir si celui qui a donné son nom au monde moderne, doit régner sur l'Avenir comme il a régné sur le Passé ?

Si Jésus doit rejoindre les idoles brisées dés civilisations vieillies, si l'Église est bâtie sur une légende ou sur une fable, si l'âme chrétienne est la proie d'un rêve décevant : si notre devoir est de répudier ce qui a fait, jusqu'ici, l'objet de notre ferme croyance, notre ancre de salut dans la tempête, notre espérance assurée ?

Il s'agit de savoir si oui ou non il faut renoncer à Jésus, car s'il n'est pas ce qu'il a dit être, nous ne voulons pas vivre dans l'illusion.

Nous irons où nous conduira l'inflexible vérité, car jamais je ne m'appuierai sur un mensonge, et je ne suis pas de ceux qui veulent être trompés pour être consolés.

Deuxième partie

I — Une question qui concerne tous les hommes

Qui est le Christ ?

Le raisonnement des athées est juste ; si Dieu existe disent-ils, il doit se montrer : on devrait pouvoir le connaître, le rencontrer. Nous ne pouvons croire en un Dieu qui se cache.

D'autre part, si Dieu est amour et tout puissant, il ne devrait pas abandonner sa créature.

Or, que voyons-nous ?

L'homme est affreusement solitaire, il se sent seul. Il souffre sans aide, sans appui. Les peuples sont dans l'angoisse et ne trouvent plus de solution à leurs problèmes. On ne croit plus : et si même on croit, Dieu n'est pas là. Il est absent de la vie des hommes. Révoltés, beaucoup nient tout sans s'apercevoir pourtant qu'ils ne peuvent s’empêcher de croire à quelque chose, fût-ce à la Matière, au Hasard ou au Néant :

À la Matière, source d'énergie, mais insensible au cœur, et qui conduit les hommes a l’esclavage.

Au Hasard aveugle qui mène au désarroi.

Au Néant sans visage qui pousse au désespoir, ou à tous les autres dieux qui invitent à vivre dans l’illusion et à mourir dans l'impuissance.

II — Où trouver le vrai Dieu ?

N'y a-t-il pas un Dieu personnel, vrai Père et Mère du genre humain ? Un Dieu qui parle, qui voit et qui délivre ? Le Dieu qui a fait nos yeux et nos oreilles serait-il le seul à ne pas voir et entendre ? Celui qui a formé la langue serait-il condamné à rester muet ? L'auteur de nos mains et de nos pieds serait-il paralysé, seul à ne pouvoir châtier, caresser, délivrer et bénir ? Enfin celui qui a donné un cœur à l'homme, serait-il le seul à ne pouvoir aimer ?

N'y a-t-il pas eu au cours de l'histoire, des hommes ayant rendu témoignage à un tel Dieu ?

III — Israël témoin universel de Dieu

Ne connaissons-nous pas un peuple dont tous les problèmes furent résolus, parce qu'un Dieu tout puissant était au milieu de lui ? Un peuple chez lequel tous avaient du pain, de l'eau, des vêtements, des chaussures ? Un peuple assuré contre les maladies et dont les institutions sociales, sages et justes, procuraient à tous longévité et prospérité, à la condition qu'il se laissa diriger, conduire et éclairer par une Loi sainte et parfaite, écrite du doigt de Dieu sur des tables de pierre ?

J'ai nommé Israël, ce peuple dont l'histoire, à elle seule, prouve l'existence d'un Dieu vivant et personnel ; ce peuple qu'on a pu transporter, disperser et décimer au travers des âges, mais sur lequel aujourd'hui, moins que jamais, on ne peut faire une croix, le peuple qui bientôt trouvera son salut en tournant les regards vers « Celui qu'il a percé ». (Za 12.10).

Chacun sait aujourd'hui que la Loi de Moïse est à la base de presque tous les codes civils du monde.

Cette loi, Israël l'avait reçue au désert du Sinaï dans des circonstances extraordinaires :

Au milieu des tonnerres et des éclairs, alors qu'une épaisse nuée couvrait la montagne et que le son d'une trompette retentissante annonçait son approche, Dieu parlant du haut des cieux était descendu au milieu du feu sur le sommet du Sinaï embrasé comme une fournaise, et qui tremblait avec violence.

À ce spectacle, tout le peuple au pied de la montagne était saisi d'épouvante et se tenait dans l’éloignement. (Exode 19.20).

Qui était donc ce Dieu ?

Était-ce celui que le livre de la Genèse nous présente se promenant en Éden, et s'entretenant avec le premier homme, dans ce jardin de délices et de charmes ?

Pourquoi cet appareil redoutable, ces barrières qu'il ne fallait pas franchir ?

Pourquoi les hommes et Dieu ne peuvent-ils plus vivre ensemble comme des fils avec leur Père ?

C'est que Dieu est saint et que les hommes ne le sont plus.

Cependant Dieu est amour, et ce peuple d'Israël en savait quelque chose. Merveilleusement délivré du pays d'Égypte, il avançait sous la conduite de Moïse vers le pays de Canaan, promis par Dieu à ses pères, vers la contrée où devait naître le grand libérateur des âmes de tous les peuples.

Tout homme qui, aujourd'hui encore, se penche sur les Livres saints d'Israël, constate que la Loi, les Psaumes et les Prophètes annonçaient le Messie. (Luc 24.44).

Or, un jour, dans cette terre de Palestine, alors que ce pays était soumis aux Romains, au sein d'un résidu des descendants d'Abraham, remontés de la captivité de Babylone, une nouvelle bouleversante circula de bouche en bouche, soulevant d'espérance les cœurs opprimés.

IV — Jean-Baptiste et le grand événement

Dans le désert de Judée, un homme au vêtement de poils de chameau, une ceinture de cuir autour des reins, prêchait la repentance en disant : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » ! (Luc 3.2).

Et, tandis que les foules venaient de toutes parts auprès de lui, confessant leurs péchés et se faisant baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain, Jean-Baptiste, voyant Jésus de Nazareth venir à lui s'écria : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » ! (Jean 1.29).

À ce moment, les cieux eux-mêmes ne purent plus se contenir, et s'ouvrirent sur Jésus qui sortait du Jourdain, et l'Esprit Saint descendit sur lui comme une colombe, alors que des hauteurs inaccessibles, une voix faisait entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3.17).

C'est ainsi que Jésus, né à Bethléem de Judée, mais vivant à Nazareth de Galilée, fut introduit dans son ministère.

V — Jésus un homme pas comme les autres

1. Vous êtes au fait de SA NAISSANCE. Prédit par les prophètes, annoncé par les anges, né d'une Vierge, Jésus enfant fut adoré par les sages et les ignorants.

Si vous en croyez les Évangiles, vous admettrez facilement que JAMAIS HOMME N'EST NÉ COMME CET HOMME !

2. Vous connaissez SON CARACTÈRE : Doux et humble de cœur ; toutes les qualités sont parfaitement équilibrées en lui. Il est sans défaut et ne faillit jamais. Il pouvait dire, regardant ses ennemis dans les yeux : « Qui d'entre vous me convainc de péché » ? (Jean 8.46).

Sans contredit, JAMAIS HOMME NE FUT PARFAIT AVANT LUI !

3. Vous n'ignorez pas SES PAROLES, depuis ses paraboles, en passant par ses invitations et ses consolations, jusqu'à ses prétentions. Qui, parmi les humains, peut dire de telles choses ?

Les huissiers du temple venus pour le saisir avaient raison : « JAMAIS HOMME N'A PARLÉ COMME CET HOMME ».

4. Vous pensez parfois à SES ŒUVRES. Qu'est-ce donc que cet homme qui a tout pouvoir sur la nature, les démons, les maladies et la mort ? Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et l'on disait de lui : « Il fait tout à merveille » ! (Marc 7.37).

Non ! JAMAIS HOMME N'A AGI COMME CET HOMME !

5. Vous avez en mémoire les circonstances qui précédèrent, entourèrent et suivirent SA MORT, Jésus parlait d'elle par anticipation. Il annonçait qu'elle serait volontaire, expiatoire, qu'il donnerait sa vie en rançon pour les péchés du monde entier.

Arrêté, Il ne se défend pas. Outragé, Il garde le silence. Crucifié, Il prononce des paroles d'amour et de pardon.

Enfin, quand Il expire dans les ténèbres qui, en plein jour, enveloppent Jérusalem, la terre tremble, les rochers se fendent et les sépulcres s'ouvrent.

Comment ne pas être tenté de partager le sentiment du centurion romain : « Certainement cet homme était Fils de Dieu », (Marc 15.39) car JAMAIS HOMME NE MOURUT COMME CET HOMME !

6. Que pensez-vous de SA RÉSURRECTION affirmée avec tant de force par tous ces disciples ? Assurément, si leur témoignage est vrai, JAMAIS HOMME NE SORTIT COMME LUI TRIOMPHANT DU TOMBEAU !

7. Mais surtout, que dites-vous de SES EXIGENCES à l'égard de l'homme, car, en définitive, c'est de cela qu'il s'agit ? Il demande tout et adresse à chacun un péremptoire : « Toi suis-moi » ! Est-ce que JAMAIS HOMME RÉCLAMA UNE TELLE CHOSE ?

Si Jésus n'était pas Dieu, combien épouvantable serait une telle prétention. Mais s'il est vraiment Dieu, combien naturelles, modérées et justes sont ses exigences.

C'est là toute la question, le grand problème à résoudre.

Comment a-t-il été résolu par les contemporains de Jésus ?

VI — Pourquoi les chefs des Juifs ne reconnurent-ils pas Jésus comme Messie, et le livrèrent-ils aux romains ?

Malgré sa vie, ses miracles, ses paroles et ses œuvres, Jésus de Nazareth ne fut pas reconnu par son peuple. Un très petit nombre crut en lui.

Pourquoi ?

Le peuple Juif n'attendait-il pas un Messie ?

Certes, mais au temps où parût Jésus, la nation soupirait avant tout après un Messie plus politique et militaire que religieux. Et si Jésus répondait à certains égards au Messie des Écritures, Il ne correspondait pas au Héros national de leur imagination et de leurs désirs.

Au lieu d'écraser les oppresseurs et de bouter les Romains hors du territoire, au lieu de faire des Juifs la première nation du monde, Jésus annonçait un Évangile universel. Il mettait sa force au service des faibles, des infirmes, des malades.

Incorruptible, mettant à nu les œuvres cachées des hommes, Jésus ne faisait point acception de personnes.

Il ne prêchait pas une réforme extérieure, mais intérieure. Il ne s'en prenait pas aux institutions, mais dénonçait les injustices et l'égoïsme des hommes. Il apportait un changement, mais un changement de vie.

Voilà pourquoi beaucoup ne supportèrent pas sa prédication et ne voulurent pas de Lui. Sa doctrine se résumait en ces termes :

— Tu veux que cela change, tu as raison, mais commence par toi-même. Le mal est aussi chez les autres, certes, mais il est d'abord dans ton cœur. Car, disait-il : « C'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l'homme » ! (Matthieu 15.19-20)

Et comme nul ne pouvait rester neutre en face de Jésus et de ses paroles, les chefs de Jérusalem préparèrent son arrestation et sa mort.

Troisième partie

I — Une analogie frappante

Si nous n'assistions pas, à l'heure actuelle, à une vaste conspiration contre le christianisme, nous aurions de la peine à comprendre le complot qui se tramait contre Jésus-Christ, il y a plus de dix-neuf cent ans, et dont les Évangiles nous donnent le récit détaillé.

Quand nous lisons les événements qui précédèrent la crucifixion du Seigneur, malgré ce que nous avons déjà dit des causes profondes de son rejet, nous sommes toujours étonnés que le Christ ait pu être l'objet de tant d'animosité et de haine de la part de son peuple.

II — Jésus en son temps

Depuis plus de trois ans, Jésus parcourait les villes et les villages de Palestine, ne cessant de prodiguer ses bienfaits à tous ceux qui étaient dans la peine. Pourtant, les chefs des principaux partis politiques, philosophiques et religieux se consultaient pour exécuter d'odieux desseins contre Lui.

Ils se hâtaient d'autant plus qu'ils craignaient un mouvement populaire favorable au Nazaréen. Le jour des Rameaux, l'alerte avait été chaude pour eux. Ce Galiléen n'était-il pas rentré à Jérusalem, tel un roi pacifique, assis sur un ânon, entouré et acclamé par une foule en délire qui criait : « Hosanna ! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur » ? (Marc 11.9).

Il n'y avait donc pas un instant à perdre. Le prestige et le pouvoir personnel des prêtres paraissaient sérieusement menacés. Aussi le mot d'ordre de Caïphe, Grand Souverain Sacrificateur cette année-là, avait-il rallié tous les suffrages : « Il est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas » ! (Jean 11.50).

Ainsi, en peu de temps, au sein des partis divisés et se haïssant les uns les autres, l'unité s'était faite contre le Christ ! Une fois les chefs unis, les foules soumises à une habile propagande suivraient ses leaders. Et lors même qu'elles avaient crié : « Hosanna au Fils de David », elles vociféreraient bien aussi : « Ôte, ôte, crucifie-Le » ! (Matthieu 21.9; Jean 19.15).

Comme l'a écrit le R.P. Didon : « Il en est souvent ainsi des mouvements populaires, et selon les courants, la foule est toujours prête à piétiner celui qu'elle a chéri une heure ». L'histoire contemporaine en rend témoignage !

Mais il fallait trouver un sujet valable d'accusation contre le Fils de Marie, et c'est la raison de ces ambassades diverses qui, dans les jours précédant la Pâque, se succédèrent auprès de Jésus pour le questionner et le surprendre si possible dans ses paroles.

III — Les trois grands groupes unis contre le Christ

Ce furent d'abord les HÉRODIENS, un parti politique de ce temps. Ils s'approchent poliment du Maître, le couvrent de louanges tout en cherchant à le compromettre par la question insidieuse : « est-il permis, ou non, de payer le tribut à César » ? Sans effort, Jésus discerne leurs pensées et par son : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », Il les renvoie étonnés et confus. (Matthieu 22.15-22).

Après eux, vinrent les SADDUCÉENS, secte philosophique et religieuse recrutée dans l'aristocratie et les familles sacerdotales, et dont le dogme religieux se réduisait à la croyance en un seul Dieu. Mais ils niaient la Providence, l'existence des anges et la résurrection. Ils inventent donc l'histoire de la femme mariée sept fois, et qui meurt la dernière. —Dans la résurrection, demandent-ils à Jésus, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? Car tous l'ont eue. — Ils pensent par leurs questions pouvoir couvrir de ridicule Jésus, qui croit à la résurrection. Par sa sobre réponse : « vous errez, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu », Jésus allait faire retomber le ridicule sur eux-mêmes. (Matthieu 22.23-33).

Enfin, croyant avoir plus de succès que leurs acolytes détestés, les PHARISIENS s'avancent. Ils formaient la secte religieuse qui observait le plus minutieusement la Loi de Moïse et toutes les traditions que les anciens y avaient ajoutées. Malheureusement, ils étaient, en général, orgueilleux, ambitieux, durs, hypocrites. Leur erreur fondamentale était de faire consister la sanctification dans les pratiques et les formes extérieures, sans se soucier des sentiments intérieurs qui doivent les animer. Ils tenaient plus à paraître saints qu'à l'être.

« Maître, s'écria leur représentant, quel est le plus grand commandement de la Loi » ? À leur tour, ils eurent la bouche fermée par le Sage d'entre les Sages qui résuma à cette occasion la Loi et les prophètes dans ces paroles uniques : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et tu aimeras ton prochain comme toi-même » ! (Matthieu 22.34-40).

Et c'est après cela que Jésus faisant face à ses adversaires leur posa la fameuse question : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-Il Fils » ? (Matthieu 22.41-46).

IV — Jésus-Christ aujourd'hui

Il y a une grande analogie entre l'heure actuelle et celle que je viens de décrire.

Depuis bientôt deux mille ans, les nations dites chrétiennes jouissent des bienfaits incontestés du christianisme. Partout où l'Évangile fut annoncé, des transformations radicales, des changements merveilleux furent opérés.

Or, aujourd'hui, nous assistons de plus en plus à une déchristianisation du monde, et nos pays eux-mêmes n'échappent à ce fléau.

Comme au jour du Christ, les forces les plus opposées se liguent consciemment ou inconsciemment dans une vaste conspiration contre le vrai christianisme. Les hommes politiques, les Hérodiens de nos jours, sont plus préoccupés de leur gloire et de leurs ambitions personnelles que des intérêts de leur prochain et par conséquent de Dieu Lui-même. Tout en appelant peut-être encore Jésus-Christ, leur Maître, ils ne se soucient guère de mettre Ses paroles en pratique et s'inspirent fort peu de Ses enseignements.

Les rationalistes de toutes tendances, les Sadducéens modernes, ne sont pas en moins grand nombre aujourd'hui. Théologiens ou laïques, ils ne font pas faute de nier les miracles, la rédemption par le sang, la résurrection, la divinité essentielle de Jésus-Christ, et son retour en gloire. « Ils errent, disait Jésus, ne comprenant ni les Écritures ni la puissance de Dieu ».

Enfin les orthodoxes formalistes, les Pharisiens actuels, tout en ayant des dogmes et de grandes connaissances, ne vivent pas ce qu'ils disent : ils font ainsi autant de mal que les rationalistes qu'ils vouent à Satan et au feu de l'enfer, au lieu de les aimer et de prier pour eux.

V — La chrétienté en marche vers l'apostasie finale

Oui, qu'ils le sachent ou l'ignorent, tous sont ligués pour former finalement cette chrétienté apostate que Jésus-Christ à son retour, vomira de sa bouche.

Je dirai même que la situation actuelle est plus terrible qu'aux jours du Christ, car les ennemis du Nazaréen, accomplissaient sans le savoir les Écritures :

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrit ces choses et qu'il entrât dans sa gloire », disait le Ressuscité aux disciples d'Emmaüs, alors qu'il leur expliquait dans toutes les Écritures ce qui le concernait, en commençant par Moïse, les Psaumes et par tous les prophètes. (Luc 24.26-27).

C'est pourquoi, Jésus mourant avait pu implorer le pardon de son Père pour ses bourreaux. (Luc 23.34).

À sa suite, l'apôtre Pierre put dire aussi que les meurtriers de Jésus avaient agi par ignorance. (Actes 3.17)

Il restait donc pour eux une possibilité de salut : se repentir et se tourner vers Celui qu'ils avaient percé !

Mais aujourd'hui quel espoir reste-t-il pour ceux qui portent le beau nom de « chrétien », pour ceux que le baptême a marqué du signe de la mort de Christ, si par leur vie, en paroles ou en œuvres, ils renient leur Maître divin ?

VI — Un solennel avertissement

Ceux qui persistent dans cette attitude ne doivent-ils pas être rendus attentifs à l'avertissement du texte sacré :

« Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté du don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu les puissances du siècle à venir et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu'ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l’ignominie. Lorsqu'une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu'elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu ; mais, si elle produit des épines et des chardons elle est réprouvée et près d'être maudite, et on finit par y mettre le feu ». (Hébreux 6.4-8).

Combien ces paroles sont solennelles et qu'il est urgent et important que nous fassions le point dans nos vies, répondant pour nous-mêmes à la question de Jésus :

« Que pensez-vous du Christ » ?

Quatrième partie

I — La question de Pilate

C'est par une autre question pourtant, que je voudrais terminer mon exposé. Elle ne nous est pas posée par Jésus, mais par un homme appelé à le juger. Il s'agit de Pilate, le gouverneur de la Judée.

Fermez les yeux quelques instants et reportez-vous en esprit quelque dix-neuf cent cinquante ans en arrière. Vous êtes à Jérusalem un matin au printemps.

Vous remplacez la foule qui se pressait autour du procurateur romain, devant lequel Jésus a été amené.

Malgré les accusations portées contre le Nazaréen, Pilate ne trouve aucun crime en cet homme. Cependant, voulant garder son prestige et satisfaire les Juifs, il hésite à le relâcher, mais n'accepte pas non plus de porter seul la responsabilité de la mort d'un être qu'il croit innocent.

Il s'adresse donc à vous, qui, tôt ou tard, devez prendre position pour ou contre le Christ.

« Qui voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus qui est appelé le Christ » ? (Matthieu 27.17).

Faîtes votre choix !

II — Un choix qui devient le nôtre aujourd'hui

Sera-ce Barabbas, un brigand fameux, un hors-la-loi ?

Avec lui c'est le désordre, l'angoisse, la terreur, les coups, les peines, les viols, les deuils, les larmes.

Mais Barabbas, c'est aussi la vie joyeuse, comme le monde la comprend !

Barabbas, c'est la vie sans foi ni loi. Avec lui toutes les croyances sont bonnes et l'enfer n'existe pas. C'est nous qui décidons du mal et inventons le bien. Avec Barabbas, on peut satisfaire ses passions, suivre ses instincts, donner libre cours à son orgueil. Avec lui, c'est l'alcool, la drogue, les bals, les femmes nues, les divertissements à la mode, des péchés raffinés des salons aux orgies des taudis. Avec Barabbas on peut se venger, tromper, frauder, tuer.

Mais Barabbas, c'est aussi l'homme sans pitié, celui avec qui on ne marche pas au pas, mais qui nous fait avancer par bonds vers l'éternité. Avec lui, c'est un jour l'abandon, le désespoir et la mort !

Sera-ce Jésus, l'homme doux et humble de cœur ? (Matthieu 11.29).

Avec Lui, c'est l'ordre dans la vie, le pardon et la paix, le repos de l'âme, le joug aisé et le fardeau léger. C'est l'amitié fidèle, le secours dans les détresses, le salut et la guérison.

Mais Jésus, c'est aussi la vérité sur notre vie et la lumière sur nos œuvres. C’est la vie heureuse comme Dieu la conçoit !

Avec Jésus, c'est l'obéissance à Dieu, l'amour dans nos actes, la droiture dans nos paroles, la justice dans nos voies, la pureté dans nos cœurs. Avec Lui, c'est la vie humble au service de Dieu et du prochain. C'est l'acceptation des moqueries, le renoncement à soi, les souffrances pour la justice, le pardon des offenses, la fidélité jusqu'à la mort dans une marche sainte au travers d'un monde souillé. C'est une vie dans la grâce en attendant la gloire !

Conclusion

Qui sera relâché, Barabbas ou Jésus ?

Il est là, devant vous, Image du vrai Dieu. Sous le voile de la chair, Dieu manifesta en Lui la vie qu'il attend des hommes, la seule vie qui l'honore.

Que ferez-vous de cette vie ?

Relâcher Jésus, c'est accepter cette vie, c'est le recevoir pour Maître, c'est admettre son règne dans notre propre existence, ce qui veut dire : renoncer à soi, à ce Barabbas fameux, à ce moi haïssable qu'on déteste et qu'on aime.

Amis, vous avez aujourd'hui, la vie du Christ entre vos mains. (Deut 30.19-20).

Cette vie qui a triomphé de la souffrance et de la mort peut devenir vôtre.

Elle peut tout changer en vous et vous donner enfin, dans ce monde chancelant, une raison de vivre, de croire, d'espérer et d'aimer.

G.R.

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