Quand donc nous voyons une telle âme favorisée, qui était remplie du Saint-Esprit, illustre par une infinité d’œuvres excellentes de piété, et par une sagesse incomparable, qui même avait le don et l’Esprit de prophétie dans une abondante mesure ; quand, dis-je, nous voyons cette âme-là tomber si honteusement, cela nous doit servir d’exemple et de leçon et nous donner cette consolation, que si nous venions à être préoccupés et surmontés de quelques péchés, ou à être affligés par le sentiment de la colère et du jugement de Dieu, nous ne désespérions pas de sa grâce qui s’étend sur les plus grands pécheurs. Car ici paraît magnifiquement la grandeur de la grâce et de la miséricorde de Dieu, qui est toujours prête à pardonner et à justifier les pauvres pécheurs pénitents et affligés, pourvu seulement que nous ne prenions pas cette grâce pour couvrir nos péchés, et pour nous flatter dans nos iniquités, mais que nous les reconnaissions et que nous les avouions sincèrement. Comme il paraît aussi dans l’histoire de Saül, qui, quoiqu’il eût péché contre le commandement exprès de Dieu, en aurait eu le pardon, s’il n’avait encore voulu défendre et légitimer son péché, et s’il n’avait dit : J’ai exécuté la parole de l’Éternel ; ce qu’il répète pour la seconde fois lorsqu’il est repris par Samuel ; j’ai, dit-il, pourtant obéi à la voix de l’Éternel, et je suis allé par le chemin par lequel l’Éternel m’avait envoyé (1 Sam. ch. 15). C’est cette opiniâtreté qui fait qu’il entend de la bouche de Samuel cette triste sentence : Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, aussi l’Éternel t’a-t-il rejeté afin que tu ne sois plus roi. Comme s’il eût voulu dire : Il est vrai que Dieu est toujours prêt à pardonner les péchés, mais à ceux qui les reconnaissent, et qui dans cette reconnaissance ne désespèrent pas, mais croient qu’il leur reste encore un accès auprès de ce Dieu qui a promis la rémission des péchés à ceux qui se repentiraient sérieusement de leurs péchés.