Chrétien à plein temps à pleine part

Postface

Les premières lignes de ce livre indiquaient clairement ses destinataires : ceux dans le cœur desquels « quelque chose avait bougé ». Parmi les lecteurs, il s’en trouvera qui diront :

— Je suis bien au regret, mais je ne comprends pas ce qui, selon vous, devrait « avoir bougé » dans ma vie. En fait, de quoi parlez-vous ?

A une telle question, il faut une réponse précise.

Ce livre s’adressait donc à ceux qui ont passé par la conversion. Dans l’Eglise d’aujourd’hui, ce mot ne connaît pas la faveur qu’il a dans l’Evangile. Plutôt que de discuter les raisons de ce discrédit, retenons la réalité et la nécessité de la conversion. Car cette réalité est évangélique. Elle l’est même tellement que pour en communiquer la saveur, les traducteurs se sont vus contraints de faire appel à d’autres mot que celui communément employé.

LA REPENTANCE

Le grec « métanoia » souvent traduit par « conversion » est aussi rendu par : repentance. En français déjà, ce mot a au moins deux sens : tristesse de l’homme devant ses fautes et leurs conséquences ; douleur d’avoir offensé Dieu et le prochain. Cependant, le mot grec dit davantage. S’il comporte l’aveu de la faute et de l’état de culpabilité, il s’accompagne d’un dégoût du mal et d’une volonté de rompre avec tout ce qui le rend virulent. C’est pourquoi dans le mot grec « métanoia », il y a l’indication d’un acte de changement en profondeur.

Beaucoup de gens pensent être convertis parce qu’ils croient à un ensemble de vérités et de doctrines tirées de la Bible. En fait, ils ne le sont pas nécessairement si leur attitude à l’égard de Jésus-Christ est semblable à celle qu’ils ont envers un grand penseur. On peut aimer, admirer, tenir pour exemplaire et impressionnante la vie et la pensée de quelqu’un… et rester imperturbablement fidèle à soi-même !

D’autres sont émus par la pensée, la vie, les miracles du Christ. Cette émotion ne les amène pas pour autant à haïr le péché et aimer la justice. La conversion n’est pas à confondre avec une émotion religieuse.

A l’heure actuelle particulièrement, à cause des ordres et des promesses du Christ, plusieurs seraient prêts à s’engager dans un service chrétien, diaconie humble et discrète ou service connu et recommandable, par exemple au bénéfice du Tiers monde. Mais ce dévouement à la bonne cause ne s’accompagne pas nécessairement d’une régénération de leur cœur et de leur esprit. Se convertir n’est pas le fruit de nos œuvres, seraient-elles accomplies au nom du Christ et en terre missionnaire.

QU’EST-CE QUE SE CONVERTIR ?

1. C’est engager son « esprit » à croire ce que la Bible nous révèle de Jésus-Christ, et de Dieu, et de l’homme ; c’est accepter que cela modifie, voire bouleverse notre façon de penser.

2. C’est engager son « cœur » à haïr le péché et à rechercher la justice de Dieu en consentant dorénavant à ce que le Seigneur Jésus-Christ inspire nos affections, notre comportement, toute notre manière de vivre.

3. C’est engager enfin sa « volonté » dans une libre décision qui nous conduira à dire : Je veux dès maintenant ce que Dieu veut de moi, selon Sa Parole, en toute choses, en toutes circonstances, aujourd’hui et de jour en jour.

En d’autres termes et pour reprendre ce que nous avons écrit ailleurs * :

* « Lisez ceci ». Edit. Ligue pour la lecture de la Bible.

La repentance ou conversion est la décision ferme, éclairée, librement consentie, de rompre non pas seulement avec tel ou tel péché connu ou secret, mais avec un comportement, des habitudes, une existence fruit de notre nature pervertie et essentiellement tournée vers le mal.

LA GRÂCE

Quiconque reconnait son asservissement au mal et laisse le Christ l’en délivrer, découvre la grâce qui lui est faite. Elle est effectivement un don de Dieu, et Dieu l’offre puis l’accomplit en celui qui se repent et qui croit.

Encore faut-il insister sur l’importance de ce dernier verbe.

Beaucoup de chrétiens ne connaissent pas la libération accompagnant l’œuvre de la grâce. Pour reprendre l’image du premier chapitre, ils n’« émergent » jamais de leur état de pécheur impénitent. Le « terreau hollandais » de leur vie n’est jamais récupéré de telle manière que l’Esprit saint puisse y cultiver des œuvres nouvelles, fruits d’une vraie repentance. C’est la foi qui leur a manqué et elle accompagne toujours la repentance (Voyez Matthieu 21.32 ; Marc 1.15 ; Actes 20.21).

QU’EST-CE QUE CROIRE ?

Dans Romains 10.17, selon la paraphrase qu’en a donnée M. A. Kuen * : « la foi naît lorsqu’on entend prêcher l’Evangile ; et le message qui suscite la foi, c’est celui qui sur l’ordre de Christ s’appuie sur sa Parole et sur sa venue ». Si la foi est liée à l’écoute de la Parole du Christ telle que la Bible nous la fait connaître, croire :

* Lettres pour notre temps, transcription moderne des épîtres de Paul. Edition Ligue pour la lecture de la Bible.

En résumé, c’est saisir par le cœur, l’intelligence, la volonté, ce que Dieu nous offre. Et ce qu’il nous offre d’abord, c’est notre salut par le Christ.

Jésus n’a jamais connu le péché. Toute sa vie a été fidélité et obéissance à Dieu. La mort étant le salaire du péché, il n’aurait jamais dû mourir. Dans une chair semblable à la nôtre, il a accompli la loi divine sans jamais la transgresser. Elle comportait le jugement des pécheurs. Cela aussi, Jésus l’a accompli. Dans son amour pour nous, Jésus s’est offert à la croix en expiation pour le péché des hommes.

Dieu a agréé ce sacrifice. Nous en avons la preuve dans le fait de la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts. Jésus vivant au matin de Pâques atteste que le péché est ôté, la mort est vaincue, Satan est défait, la communion entre Dieu et l’’homme est rétablie.

EN D’AUTRES TERMES, CROIRE

C’est reconnaître en la personne de Jésus-Christ notre Sauveur,

C’est pourquoi, croire, ce n’est pas adhérer à une idéologie, ou à des principes, ou à un code de morale, ou à une philosophie, ou à une nouvelle théologie. Croire, c’est vivre en unité de pensées, de sentiments, de volonté avec QUELQU’UN, Jésus-Christ.

C’est donc l’avoir rencontré personnellement, l’avoir accueilli. C’est nous soumettre librement à son autorité, à sa sagesse, à ses directives. C’est être de sa maison, C’est travailler à sa seule gloire, soit aussi à la venue de son règne.

En dehors d’une communion personnelle avec lui, nous ne pouvons que retomber dans l’asservissement de la chair. Vivifiée par le Saint-Esprit, la foi nous met au bénéfice constant de son pardon, de son secours, en un mot, de « sa grâce ».

Il fallait le dire, le redire, car hors cette vie dans la grâce, les quatre persévérances de la foi jointes à celles du sacerdoce, pourraient être entendues comme autant d’obligations et de devoirs d’un nouveau légalisme. Hors cette communion personnelle avec Christ et le secours de son Esprit saint, ce sacerdoce persévérant se résumerait effectivement en des « tu dois » épuisants et mortels. Mais, par la grâce de Dieu et la « nouveauté de vie » qu’elle communique, ce cheminement avec Christ et son Eglise fidèle nous fait témoins heureux et infatigables du monde nouveau que Christ prépare et va manifester.

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