Après avoir exposé les nombreux motifs qui nous engagent à la pratique de ce devoir, appliquons-les à notre conscience, pour nous humilier et nous encourager en même temps.
1° Combien nous avons sujet de nous humilier devant le Seigneur, d’avoir négligé pendant si longtemps une œuvre si sainte et si excellente ; d’avoir été ministres de l’Évangile pendant tant d’années et d’avoir si peu travaillé à l’instruction et à l’édification des âmes qui nous sont confiées ! Si nous avions commencé plus tôt cette tâche, combien d’âmes auraient été amenées à Christ, combien nos congrégations auraient été plus heureuses ! Et pourquoi avons-nous tant tardé à nous mettre à l’œuvre ? Sans doute, il y avait des obstacles sur notre chemin, comme il y en a encore à présent, comme il y en aura aussi longtemps que nous serons exposés aux tentations du démon, aussi longtemps que nous aurons un cœur corrompu, ennemi de la lumière et de la vérité. Mais nous devons reconnaître aussi que les plus grands obstacles se sont rencontrés dans nous-mêmes, dans notre aveuglement, dans notre tiédeur, dans notre lâcheté, dans notre inaptitude à l’œuvre de Dieu. Oui, nous avons péché, et nous n’avons point d’excuse pour notre péché ; la grandeur du devoir que nous avons négligé rend notre transgression si énorme, que ce serait vainement que nous chercherions à la pallier. Que le Dieu de miséricorde veuille nous pardonner et ne point entrer en compte sévère avec nous ! Qu’il daigne couvrir notre infidélité, qu’il daigne nous purifier dans le sang de l’alliance éternelle, afin qu’au jour de la venue du grand pasteur des âmes, nous puissions paraître devant lui et n’avoir point à répondre de la dispersion de son troupeau ! Nous nous sommes humiliés souvent par l’observation des jours d’humiliation et de jeûne, pour la patrie, pour les fautes de tous nos frères : — espérons que Dieu humiliera aussi ses ministres, qu’il leur inspirera une vive et sincère repentance ; — qu’il leur fera comprendre qu’ils ont aussi des fautes à déplorer et qu’ils doivent d’abord obtenir leur propre pardon, afin de se préparer à demander et à obtenir celui des autres.
2° Et maintenant, mes frères, que nous reste-t-il à faire pour l’avenir, sinon à secouer notre indolence charnelle et à nous mettre diligemment à l’œuvre ? La moisson est grande, — les ouvriers sont peu nombreux, — les âmes sont précieuses, — la misère actuelle des pécheurs est extrême, — leur misère à venir est plus effrayante encore, — les joies du ciel sont inestimables, — la tâche d’un ministre fidèle est douce et consolante, — la joie du succès est pour lui une glorieuse récompense. Quel honneur d’être ouvriers avec Dieu et avec son esprit, de seconder l’efficacité du sacrifice expiatoire de Jésus-Christ pour le salut des hommes ! Mais aussi, combien cette tâche est difficile ! combien il faut d’habileté et de vigilance pour conduire l’armée de Christ à l’ennemi, pour la guider sûrement à travers de sombres déserts, pour conduire son vaisseau au milieu des tempêtes, des rochers et des écueils, et pour lui faire atteindre le port !
Si les difficultés de l’œuvre sont grandes, nous sommes cependant placés dans des conditions favorables pour les surmonter ; d’immenses préparatifs ont été faits pour nous ; nous jouissons d’une liberté et d’une tranquillité inconnues à nos devanciers : tout nous presse d’agir ; le temps s’écoule rapidement, la mort moissonne chaque jour nos frères, l’éternité les attend. Que de motifs d’actions ! que d’excitations au devoir ! que d’aiguillons à l’activité et à la vigilance ! Eh quoi ! mes frères, malgré votre instruction et votre sagesse, seriez-vous aussi peu intelligents que le commun du peuple, et avez-vous besoin de tant de paroles pour vous exciter à la pratique d’un devoir reconnu et si important ? Ne doit-il pas vous suffire que l’on vous montre dans la Parole de Dieu une seule ligne établissant clairement que telle est sa volonté et que l’exercice de ce devoir contribuera au salut de votre troupeau ? La simple vue des misères qui vous entourent ne suffit-elle pas pour exciter toute votre commisération ? Si un malheureux, privé de ses membres, vous montrait ses plaies et ses meurtrissures, ne serait-ce point assez pour vous émouvoir ? Et qu’est cette misère auprès de celle des âmes condamnées à la perdition ? Oh ! si les vérités éternelles que nous prêchons journellement étaient clairement et fortement empreintes dans nos cœurs, quel changement remarquable s’opérerait dans notre prédication et dans notre conduite habituelle ! Oh ! pourquoi faut-il que nous parlions sans cesse du ciel et de l’enfer, sans être nous-mêmes profondément convaincus de leur réalité, sans être animés des dispositions graves et sérieuses que doit faire naître la pensée d’un avenir éternel ?
Pour moi, je le confesse ; j’ai honte de ma froideur et de mon insensibilité ; je m’étonne douloureusement de ce que je ne m’inquiète pas de mon âme et de celle des autres, comme un homme qui attend le grand et redoutable jour du Seigneur ; — de ce qu’il y a encore dans mon esprit de la place pour d’autres pensées ; — de ce que ces graves vérités n’absorbent pas complètement toutes mes facultés ; je m’étonne douloureusement de ce que je puis en parler avec tant de froideur et de légèreté, de ce que je puis laisser les hommes périr dans leurs péchés, de ce que je ne les presse pas avec plus de chaleur de se repentir et de s’amender, quelque peine qu’il dût m’en coûter. Je descends rarement de la chaire, que ma conscience ne me reproche de n’avoir pas été plus sérieux et plus pressant. Je ne me demande pas si mes discours ont été dépourvus d’élégance et d’ornement, mais je me demande comment j’ai pu parler de la vie et de la mort éternelle avec tant de froideur ; je me demande si mes paroles étaient le fruit et la manifestation d’une conviction profonde, ou si elles n’étaient pas un vain amusement ? Je me demande comment j’ai pu annoncer à mes auditeurs la misère qui les attend et ne pas en gémir avec eux, ne pas pleurer sur eux, ne pas les supplier avec larmes de fuir la colère à venir. Tels sont les poignants reproches que m’adresse ma conscience, et cependant, mon âme engourdie en est à peine réveillée. Oh ! combien est déplorable cet endurcissement du cœur !
C’est avec honte et « confusion de face » que je remarque combien est différente l’impression produite sur moi par la pensée de l’éternité, lorsque je suis en chaire ou lorsque je suis couché sur un lit de douleur. Cette pensée qui, dans le premier cas, ne produit sur moi qu’une impression faible et passagère, me trouble et m’émeut profondément, lorsque je contemple la mort face à face. O mes frères ! si vous aviez été aussi souvent que moi en présence de la mort, votre conscience ne vous laisserait pas vivre en paix dans la négligence de vos devoirs pastoraux ; elle vous adresserait plus d’une fois ces sérieuses questions : « Est-ce là toute ta commisération pour des pécheurs perdus ? Ne veux-tu rien faire de plus pour les conduire sur la voie du salut ? Ne vois-tu pas autour de toi des milliers de ces enfants de perdition ? Attends-tu qu’ils soient en enfer pour leur adresser une parole d’exhortation ? Faudra-t-il qu’ils te maudissent de ce que tu n’as rien fait pour les sauver ? » Que le Dieu de miséricorde veuille me pardonner à moi et à tous ceux de ses serviteurs qui ont à se reprocher une si cruelle négligence. Je le confesse à ma honte, je n’entends jamais sonner la cloche annonçant un service funèbre, que ma conscience ne me demande : « Qu’as-tu fait pour le salut de cette âme, lorsqu’elle était encore dans son enveloppe mortelle ? La voilà maintenant devant son juge : qu’as-tu fait pour la préparer au jour de son jugement ? » Et cependant, j’ai persévéré dans ma négligence à l’égard de ceux qui vivent encore.
Lorsque vous confiez un corps à la tombe, ne vous dites-vous pas : « Le corps est là dans la poussière ; mais où est l’âme ? Qu’ai-je fait pour elle avant son départ pour l’éternité ? Elle était confiée à ma charge, quel compte aurai-je à en rendre ? » Un jour viendra, où nous serons forcés de répondre à ces questions. Si nos cœurs nous condamnent, Dieu, qui est plus grand que nos cœurs, nous condamnera encore plus sévèrement. La sentence de notre conscience n’est rien auprès de celle que Dieu prononcera. Notre conscience n’aperçoit qu’une bien faible partie de notre misère ; mais Dieu la voit tout entière. Des transgressions qui nous semblent légères nous paraîtraient monstrueuses, si nous étions plus éclairés. Nous pouvons endormir notre conscience, nous pouvons la séduire et la gagner ; mais Dieu est un juge que nous ne pouvons ni gagner ni corrompre. C’est pourquoi, embrassant le royaume qui ne peut être ébranlé, conservons la grâce par laquelle nous puissions servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec respect et avec crainte ; car notre Dieu est un feu consumant. » (Héb.12.28-29) Mais de peur que vous ne disiez que je cherche à vous effrayer par des dangers imaginaires, je dois vous prouver la certitude de la condamnation réservée aux pasteurs négligents, et vous montrer combien de témoins s’élèveront contre nous, au jour du jugement, si nous sommes infidèles dans l’accomplissement de notre devoir.
Nos parents, qui nous ont destinés au saint ministère, nous condamneront en disant : « Seigneur, nous les avons destinés à ton service ; mais ils n’en ont fait aucun cas, et se sont servis eux-mêmes. »
Nos instituteurs, nos professeurs, les universités où nous avons été instruits, les années que nous avons passées dans les études, s’élèveront contre nous au jour du jugement et nous condamneront ; car, quel était le but d’une si longue préparation, si ce n’est le service de Dieu ?
Notre science, nos talents, nos connaissances nous condamneront ; car pourquoi, si ce n’est pour l’œuvre de Dieu, tous ces dons nous ont-ils été accordés ?
Notre engagement volontaire à nous charger du soin des âmes nous condamnera ; car tout homme doit tenir scrupuleusement les engagements qu’il a contractés.
La sollicitude de Dieu pour son Église, et les souffrances du Christ pour elle s’élèveront contre nous, au jour du jugement, et nous condamneront, si par notre négligence, nous causons la perte de ceux pour qui Christ a voulu mourir.
Tous les préceptes et tous les commandements de l’Écriture Sainte, toutes les promesses de secours et de récompense, toutes les menaces de châtiment s’élèveront contre nous et nous condamneront ; car ce n’est point en vain que Dieu a parlé.
Les exemples des prophètes et des apôtres, ceux des fidèles serviteurs du Christ qui ont vécu de notre temps et parmi nous s’élèveront contre nous, au jour du jugement, pour nous condamner ; car ces exemples étaient proposés à notre imitation et à notre émulation.
Tous les sermons que nous prononçons, et dans lesquels nous engageons nos paroissiens à travailler à leur salut avec crainte et tremblement, à se saisir de la couronne de vie, à entrer par la porte étroite, à courir de manière à remporter le prix, s’élèveront contre les pasteurs infidèles et les condamneront ; car, s’il est du devoir de nos auditeurs de travailler à leur salut, ne devons-nous pas, nous qui sommes chargés de les conduire, nous employer à cette œuvre avec activité et avec zèle ?
Tous les sermons que nous prêchons, et dans lesquels nous exposons le danger du péché, la corruption originelle, la nécessité d’un Sauveur, les joies du ciel, les tourments de l’enfer, s’élèveront contre les ministres infidèles pour les condamner. Ils seront forcés de se dire : « Eh quoi ! dans mes discours publics, j’ai entretenu mes auditeurs de ces dangers et de ces espérances, et dans mes entretiens particuliers, je n’ai rien fait pour leur salut ! Ces grandes vérités n’avaient-elles donc de l’importance que dans mon ministère public ? Quel sujet de confusion ! quelle terrible accusation contre moi ? »
Si nous sommes infidèles, ce que nous recevons pour notre subsistance même nous condamnera ; car un serviteur doit gagner son salaire en travaillant. Si nous retirons quelques avantages de notre troupeau, il est juste que nous en prenions soin.
Tous les témoignages que nous avons portés contre les pasteurs infidèles, tous les efforts que nous avons faits pour les éloigner de la chaire nous condamneront ; car Dieu ne fait point acception de personnes. Si nous les imitons dans leurs transgressions, tout ce que nous avons dit contre eux, nous l’avons dit contre nous ; Dieu nous condamnera comme nous les avons condamnés.
Tous les jugements que Dieu a exécutés, de nos jours et sous nos yeux, contre les pasteurs négligents, nous condamneront si nous sommes infidèles. S’il les a rendus odieux à leurs troupeaux, s’il en a fait pour eux des objets de dégoût et de mépris, quel sort croyons-nous qu’il nous réserve ? S’il les a expulsés de leurs églises et de leurs chaires, s’il a couvert leurs noms d’infamie, comment osons-nous, en suivant leurs exemples, nous exposer aux mêmes châtiments ?
[Quoique l’Angleterre n’ait jamais possédé un clergé aussi pieux et aussi capable que celui qui desservait les églises lorsque Baxter écrivait cet ouvrage, les craintes qu’il exprime ici ne tardèrent pas à se réaliser ; par l’acte d’uniformité publié par Charles II, peu de temps après la restauration, deux mille pasteurs dévoués se virent obligés de quitter leurs églises ; Baxter fut un d’entre eux.]
Aurions-nous imité les désordres de l’ancien monde, si nous avions été témoins du déluge qui les a punis ? Aurions-nous imité Judas dans sa trahison, si nous avions été témoins de sa mort infâme ? Aurions-nous été, comme Ananias et Saphira, menteurs, sacrilèges et hypocrites, s’ils avaient été punis sous nos yeux ? Aurions-nous osé nous élever contre l’Évangile, si nous avions-vu Elymas frappé d’aveuglement ? Oserons-nous de même imiter les pasteurs négligents et infidèles, quand nous avons vu le Seigneur les chasser de son temple, couverts d’opprobre et d’ignominie ? Dieu nous en préserve ! car notre condamnation serait inévitable.
Enfin, les jeûnes et les prières que nous avons, faits pour la réforme de l’Église, s’élèveront au jour du jugement pour notre condamnation, si nous rejetons une partie de notre tâche, parce qu’elle nous paraîtra pénible. Ces jeûnes et ces prières aggravent nos transgressions d’une manière redoutable. Y a-t-il une nation qui ait autant que la nôtre sollicité le Seigneur par le jeûne et par la prière ? Et quel était l’objet de nos supplications ? n’était-ce pas principalement la réforme de l’Église ? ne demandions-nous pas surtout un ministère fidèle et le rétablissement de la discipline ? Et avons-nous jamais pu nous imaginer que quand nous aurions obtenu ce que nous demandions, quand nous aurions acquis la liberté de rétablir cette discipline, nous n’aurions rien autre chose à faire qu’à prêcher, et que nous n’aurions pas aussi à donner à notre troupeau des instructions particulières ? Notre cœur serait-il donc à ce point trompeur et perfide ? — Je dois l’avouer : plus d’une fois j’ai averti ceux qui combattaient pour le rétablissement de la discipline, qu’ils ne pourraient la supporter lorsqu’ils l’auraient obtenue. J’étais persuadé que quand ils seraient soumis à l’exercice de cette discipline, quand ils seraient obligés d’écouter l’instruction, quand ils se verraient repris de leurs péchés en particulier et en public, quand ils se verraient contraints à les confesser et à s’en repentir, sous peine d’être retranchés de l’Église, ils se révolteraient contre le joug de Christ comme contre une insupportable tyrannie ; mais j’étais en même. temps bien loin de penser que les ministres les, laisseraient agir à leur volonté et ne feraient aucun. effort pour les amener à l’obéissance.
Oh ! que d’ardentes prières j’ai entendues pour l’institution d’un ministère fidèle et pour le rétablissement de la discipline ! Il semblait que l’on en attendit le salut de l’Église. On appelait la discipline « le règne de Christ, l’exercice de son Sacerdoce royal dans l’Église ; » on la demandait comme la restauration du royaume de Dieu ; j’étais loin de penser qu’on refuserait de la rétablir lorsqu’on en aurait le pouvoir.
Si Dieu, qui connaît nos cœurs, au milieu de nos supplications et de nos prières, eût fait entendre dans nos assemblées solennelles ces redoutables paroles : « O pécheurs au cœur faux et trompeur ! pourquoi me fatiguer de vos prières hypocrites pour un objet dont vous ne voudriez pas, si je vous l’accordais ? qu’est-ce que la réforme, sinon l’instruction et la correction des pécheurs, l’exhortation pressante de recevoir Christ et la grâce, le gouvernement de l’Église conformément à ma sainte parole ? C’est là votre tâche, et cependant vous refusez de vous en charger, parce que vous la trouvez pénible. Malgré les délivrances que je vous ai accordées, c’est vous et non moi que vous voulez servir. » Quel n’eût pas été notre étonnement, si le Seigneur eût ainsi répondu à nos prières ! Ne nous serions- nous pas écriés comme Hazaël : « Ton serviteur est-il un chien pour commettre une telle chose ? » — ou, comme saint Pierre : « Quand même tous les autres t’abandonneraient. Je ne t’abandonnerais point. » — Eh bien ! mes frères, une triste expérience nous a démontré notre faiblesse. Nous avons refusé la partie pénible et difficile de cette réforme que nous demandions dans nos prières ; mais Jésus-Christ tourne encore vers nous un regard de compassion. Oh ! repentons-nous et pleurons amèrement, pour éloigner de nous de plus grands malheurs ; réformons-nous et suivons Jésus-Christ que nous avons abandonné, suivons-le, au prix de beaucoup de peine et de souffrances, au prix même de notre vie.
Assurément, mes frères, si je ne regardais cette partie de votre tâche comme de la plus haute importance pour vous-mêmes, pour le troupeau confié à vos soins et pour la gloire de Dieu, je n’y aurais point insisté si longtemps, je n’aurais pas pris la liberté de vous tenir un langage qui peut-être vous aura paru trop sévère. Mais quand il s’agit d’une question de vie et de mort, on néglige les précautions oratoires et l’on va droit au but. Le devoir que je remplis en ce moment est un des plus importants qui m’aient jamais été imposés ; et si vous partagez mes sentiments à cet égard, vous ne jugerez pas que je vous aie parlé avec trop d’insistance ou trop de sévérité. Si, après avoir traité avec quelque chaleur les questions de réforme, quand il ne s’agissait que de formes et de cérémonies extérieures, je montrais de l’indifférence et de la froideur dans une question aussi vitale que celle qui nous occupe, ce serait de ma part une choquante contradiction. Parce que nous avons rejeté quelques cérémonies, changé quelques ornements ecclésiastiques, aboli quelques vaines formalités, croyons-nous la réforme complètement opérée ? oublions-nous que notre grande affaire est la conversion et le salut des âmes ? C’est là ce qui fait le fonds de la réforme : c’est là ce qui doit contribuer le plus efficacement au bien-être spirituel des âmes commises à notre charge.
L’instruction particulière de vos paroissiens est pour vous un devoir aussi rigoureux que la prédication publique. Si vos loisirs vous sont plus précieux que les âmes immortelles et que le sang de Christ, — laissez de côté les ignorants et les impies, — livrez-vous à vos plaisirs et à vos soins mondains, — ne vous exposez pas à déplaire aux pécheurs et à votre propre chair, — et si votre prédication publique est insuffisante pour sauver les pécheurs, laissez-les périr ! « mais sachez que pour toutes ces choses, Dieu vous fera venir en, jugement. »