Dans « Philippiens » le point culminant et le parachèvement de tout se résume en une phrase : « un nom au-dessus de tout nom » (Colossiens 2.9). Là est le point auquel commence l’épître aux Colossiens. Dans Philippiens la suprématie de Christ est déclarée en deux phrases : « égal à Dieu » (Colossiens 2.6) et « un nom au-dessus de tout nom » (Colossiens 2.9). Dans Colossiens, Celui qui était égal à Dieu est présenté comme étant le Créateur de toutes choses et Celui en qui subsistent toutes choses ; Lui étant le centre suprême. Mais ici nous sommes amenés à l’étendue la plus grande de Son ouvre victorieuse ainsi qu’à la sphère la plus grande de ce « Nom ». Nous n’allons pas nous engager à parler ni à expliquer l’erreur gnostique qui fut l’occasion de cette lettre de la part de l’apôtre. La conclusion à laquelle nous arriverons, fera tout ce qu’il y a de nécessaire à cet égard.
Ayant déclaré que Jésus Christ était le créateur, qu’Il maintient toutes choses, que toutes choses subsistent en Lui, l’apôtre fait une déclaration étincelante et dévastatrice : « ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles en la [croix] » (Colossiens 2.15). Combien cela est énorme ! Cela lie la croix à cette immense révolte contre Dieu et Celui « qu’il a établi héritier de toutes choses » et qui se passa dans l’éternité passée, avant la création : l’occasion de l’expulsion de Satan et des anges qui « qui ont abandonné leur propre demeure » (Jude 6). Une rébellion qui a bâtit un vaste royaume du monde et un système qui étaient déterminés à exclure ou à éviter que Christ n’obtienne Son héritage. Les différents échelons des forces spirituelles sont opposées à Dieu et à Ses droits. Un conflit cosmique pour le contrôle de ce monde et de ses occupants, et tout l’univers, a fait rage à travers les âges. Ce conflit, de l’extérieur, a fait son premier impact historique sur le premier couple, et il apparaît que cette bataille a tourné à l’avantage de Satan. A partir de ce point, une armée innombrable de forces hostiles s’attachèrent à préserver cet avantage. Les deux armes spirituelles principales de Satan et de ses hordes sont le péché et la mort. La réponse divine à ces deux choses sont, respectivement, la justice et la vie. La Bible tout entière se repose sur ces deux quatre choses. Ainsi, il s’agit d’une rédemption bien plus qu’historique (i.e. terrestre) qui est essentielle, elle doit être cosmique, universelle, super-ordinaire.
« Colossiens » se tient dans ce contexte, et son point de mire est la suprématie de Christ et l’étendue de Sa croix. La croix y est vue comme opérant une crevasse destructrice entre les deux souverains cosmiques et mondiaux, et entre, d’un coté, les deux forces du péché et de la mort, et de l’autre, celles de la justice et la vie.
Mais quelle autre description cette épître nous donne t-elle du Christ crucifié ! « L’Homme du Calvaire », brisé, battu, transpercé, en sang, méprisé et rejeté, n’est pas uniquement Jésus de Nazareth mourant entre les mains d’hommes méchants ; Il engage, pour un résultat éternel, la bataille des éternités avec les forces cosmiques de l’univers et règle pour toujours la question du péché et de la justice, de la mort et de la vie, et pose le fondement de la destinée humaine !
Il y a deux façons de voir ce drame de Golgotha. La première, est celle d’une tragédie humaine avec toutes ses horreurs et ses pathétismes , donnant une place au triomphe satanique et à la puissance maléfique de la nature pécheresse de l’homme. Cette interprétation décrirait la défaite de Dieu, la disparition de la justice et la victoire de la mort. Une telle interprétation accréditerai tous les organisateurs et les exécutants de la destruction de Christ et ferait de la crucifixion une justification des chefs juifs, qui en étaient les principaux ordonnateurs et acteurs. Mais il y a une autre interprétation et puissance qui sont plus puissantes. La Bible parle d’une Sagesse, une sagesse profonde qui est cachée en Dieu depuis toute éternité, cachée des hommes, des mauvais esprit et de Satan lui-même. Ceci veut dire qu’aussi bien les hommes méchants que les forces cosmiques sont dans l’obscurité et dans la cécité, ils sont trompés, si bien qu’ils ne savent pas véritablement ce qu’ils font dans leur haine, leur méchanceté et leur malveillance. Le résultat en est que, inconsciemment et aveuglément, ils ne font qu’exécuter ce que Dieu a pré-ordonné, et accomplissent le dessein même qu’ils avaient l’intention de détruire. C’est exactement ce qui s’est passé à Golgotha. Une grande ouvre de rédemption cosmique y fut accomplie de par les moyens mêmes employés par Satan afin de l’empêchée totalement. Et ainsi Paul parle de «Christ crucifié, la sagesse et la puissance de Dieu» (1.Corinthiens 1.23-24).
La Bible considère la race humaine et le monde entier comme étant sous l’emprise et l’autorité de ce grand système spirituel conduit par Satan. L’homme est totalement incapable de se libérer lui-même, il n’a ni la sagesse ni la puissance de le faire. Un Homme doit venir à son secours et, parce que c’est le péché et la mort qui sont les puissances asservissantes et la base de l’emprise de l’Adversaire, le Libérateur et l’Émancipateur doit attiré et les ennemis et leurs puissances à Lui-même, (tout comme Samson et les Philistins) : « afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Hébreux 2.14).
C’est ce que le Dernier Adam a fait lorsqu’Il vint nous secourir. La vocation initiale de l’apôtre Paul se reposait sur ces paroles : « je t’envoie pour ouvrir leurs yeux, pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu » (Actes 26.17-18). Tout y est résumé. Alors que la rédemption a beaucoup d’aspects, qui sont décrits par plusieurs mots et expressions dans l’Évangile, ici nous avons toute l’étendue et l’application la plus large de cette rédemption cosmique.
Nous avons décrit, de façon bien plus brève que cela nécessite, l’étendue de l’Évangile de notre salut, mais sans doute en nous avons dit suffisamment, pour démontrer combien est grand le salut par rapport à ce qui est souvent présenté dans les milieux évangéliques. Nous pourrions penser parfois, que Satan doit être très satisfait de la façon superficielle et désinvolte dont est présenté ce qui est supposé être si dévastateur pour lui ! Nous sommes appelés à une très grande vocation céleste dans les âges à venir, et « parvenir » ne peut être accompli qu’à travers un énorme développement dans l’histoire de cet univers. Relisons l’épître aux Colossiens à cette lumière. Il est très significatif que — selon l’agencement de l’Esprit Saint — cette lettre soit la dernière exposition doctrinale venant de la plume de l’apôtre Paul, précédant les épîtres traitant de l’avènement du Seigneur ; la consommation de toutes choses, alors que l’ordre chronologique en aurait décidé autrement.