Propos sur le temps

TROISIÈME PARTIE
LE TEMPS À RACHETER

QUATRE BONNES RAISONS

Rachetez le temps…

Éphésiens 5.16

Enfant, la dissertation bimensuelle m’était un cauchemar. Je détestais rédiger. Ainsi, chaque fois, je m’efforçais de vivre la quinzaine sans y penser, puis, brusquement, je sortais de ma torpeur la veille du jour où je devais remettre ma copie. L’instituteur ne badinait pas avec les retardataires. Alors j’attaquais mon devoir comme on empoigne un adversaire qu’on veut éliminer sans délai. L’urgence me forçait la main. Ma plume courait sur le papier et j’écrivais… sans lever la tête. Ce soir-là, je me couchais plus tard que d’habitude et me levais le lendemain aux aurores pour mettre un point final à ce travail. Force m’était de rattraper le temps perdu en mettant les bouchées doubles. Hélas ! La note que j’obtenais et l’appréciation du maître me rappelaient, si j’en doutais, que ma dissertation n’était pas du meilleur cru.

C’est vrai, le « temps perdu ne se retrouve jamais ». Sauf pour le chrétien cependant. Puisque Dieu l’ordonne, il doit être en mesure de le « racheter ». Plus je serai conscient et contrit d’avoir dilapidé des heures sans nombre, plus je veillerai à ne pas les gaspiller.

Le terme grec traduit par le verbe racheter (Éphésiens 5.16) signifie plus exactement : « acheter en épuisant jusqu’aux dernières possibilités le temps ou les occasions qui me sont offertes », Notez qu’il s’agit moins ici du temps en général, ou du bon emploi qu’il faut en faire, que des occasions à ne pas manquer pour pratiquer le bien et rendre un témoignage authentique à Jésus-Christ, en paroles ou en actes. Il va sans dire que la pensée d’être appelé à comparaître devant le tribunal du Christ (2 Corinthiens 5.10) devrait me stimuler et m’inciter à exploiter à fond toute occasion de le servir.

Pour quatre motifs au moins le chrétien est appelé à racheter le temps.

Premier motif : Le temps est court (1 Corinthiens 7.29) (1). Le mot grec traduit ici par court a plusieurs sens :

(1) Notez dans quel contexte est située cette expression. L’apôtre Paul traite ici du mariage et du célibat.

a) Il peut signifier : à l’étroit, angoissé, anxieux. Le chrétien qui attend avec ferveur le retour du Christ ressent, confusément sans doute, l’atmosphère oppressante et angoissante des temps de la fin. Dans une certaine mesure, il vit déjà cette époque troublée où les puissances adverses seront déchaînées.

b) Le mot court peut également vouloir dire : concentré, abrégé, et désigner plutôt la qualité du temps: Dans ce cas, l’injonction de l’apôtre devient un appel à ne pas s’installer dans le confort d’une existence facile, à s’accrocher à des privilèges ou à des biens passagers. « User du monde comme n’en usant pas » pourrait être la devise du chrétien soucieux d’être prêt pour la venue de l’Époux (1 Corinthiens 7.31). Le disciple devrait accepter volontiers de renoncer à des joies ou à des biens légitimes afin de mener une existence simple, peu encombrée (sans être pour autant spartiate) avec le vif désir de se vouer à l’œuvre du Seigneur « qui revient ». Ce monde n’est pas le Paradis, alors pourquoi s’y installer ? Étranger et voyageur sur la terre, je veux m’’affectionner aux choses d’en haut (Colossiens 3.2) dans l’attente de l’avènement du Seigneur.

c) Le temps est court signifie aussi qu’il est bref : Nos années passent vite et nous nous envolons (Psaumes 90.10). La brièveté de la vie est un puissant motif pour ne pas se lasser de faire le bien autour de soi (Galates 6.9). Sans tomber pour autant dans un activisme trompeur.

Deuxième motif : Les jours sont mauvais (Éphésiens 5.16). Ils le sont d’autant plus que nous nous approchons de la phase ultime de l’histoire des hommes. Tout craque autour de nous. Les mœurs se dégradent et les abominations se multiplient sans que la société s’en émeuve. Comme au temps de Noé, la violence se déchaîne partout, même là où régnaient la paix et la stabilité. Le monde se rebelle contre le ciel.

Il y a 160 ans, Chateaubriand écrivait : « Derrière nous se lève une génération impatiente de secouer tous les jougs. » Certes, il ne se prenait pas pour un prophète, mais sur ce point il se montrait clairvoyant. L’homme moderne réclame une plus grande liberté. Exigence légitime lorsqu’il tente de briser les chaînes de l’injustice, de l’exploitation du faible, du racisme ou des préjugés de tous ordres ; malheureusement, un ennemi est entré dans ce mouvement d’émancipation. La liberté prônée avec passion devient prétexte à la licence. A la violence aussi. Les règles morales les plus élémentaires sont bafouées. L’homme brave Dieu et prend le contre-pied de ses lois, s’enorgueillissant même de les contourner. Bref ! Le monde est mûr pour le jugement. Quel motif pour ne pas rester les bras croisés, même si notre action est mal acceptée, ridiculisée, jugée périmée et… peu charitable ! Certainement les difficultés iront en s’aggravant, mais puisque nous habitons des pays où la liberté religieuse nous est accordée, entrons dans la mêlée en proclamant la Vérité haut et clair par le verbe et par les actes. Surtout, que « la trompette ne rende pas un son confus ». Et si nous proclamons avec joie le Saint et le Juste, comportons-nous en vrais disciples de Jésus-Christ.

Troisième motif : Le temps est proche (Apocalypse 1.3). Ici, les avis sont partagés quant à la signification du mot temps. Pour les uns, c’est celui de l’enlèvement de l’Église (1 Thessaloniciens 4.16-17). Pour d’autres, c’est l’époque de la Grande Tribulation ou du Millénium. Pour d’autres encore, c’est le moment de l’apparition du Roi des rois entrant dans son règne. Disons plus simplement qu’il s’agit des temps de la fin, brève période décrite dans l’Apocalypse et dont l’apogée est sans aucun doute l’avènement de notre Seigneur, unique objet de l’attente du chrétien. On objectera que l’expression : le temps est proche est vieille de deux millénaires et que la venue du Christ était en réalité bien lointaine pour l’apôtre Jean, l’auteur de cette expression. Peu importe. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que le Sauveur est « à la porte ». Il viendra tel un éclair et sa venue soudaine surprendra le monde, qui ne devrait pas l’être cependant, car l’éclair ne sillonne pas un ciel pur et serein. Il surgit sur un fond de nuages sombres et bas, annonciateurs d’orage. L’homme prudent considère les épaisses nuées, flaire l’averse et se met à l’abri avant qu’elle ne tombe. Si l’heure exacte de l’avènement du Fils est un secret du Père (comme le moment précis de l’ondée), il devrait être à la portée de chacun de discerner la proximité de son retour. Des signes indiscutables (la renaissance d’Israël, les famines d’une ampleur exceptionnelle, l’homosexualité…) rappellent à tout homme instruit des paroles prophétiques que Jésus vient bientôt (Apocalypse 22.20). Le déluge n’est pas survenu à l’improviste, puisque la génération rebelle fut clairement avertie par Noé, « le prédicateur de la justice ». Lot et les siens, pressés de s’enfuir sans regarder en arrière, apprirent à temps la destruction des villes de la plaine (Genèse 19.12-13). Prévenus du jugement de Ninive, la grande ville, les habitants se repentirent à la prédication de Jonas (Matthieu 12.41). Quel chrétien lucide osera nier que le temps est proche ? La venue imminente de l’Époux ne peut nous laisser inertes ; elle nous incite au contraire à avertir nos semblables que l’heure de son apparition ne saurait tarder. Toutefois, demeurons en lui, afin qu’au moment où il sera manifesté, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement, nous n’ayons pas honte devant lui (1 Jean 2.28).

Quatrième motif : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers (Matthieu 9.37). Cette constatation, vieille de deux mille ans, est encore vraie aujourd’hui. Autour de nous, innombrables sont les perdus à évangéliser. Et au loin, nombreux sont les peuples encore dans l’ignorance ! Sur les cinq continents, des milliers d’individus de toutes races meurent chaque jour sans connaître le Libérateur. C’est une raison supplémentaire pour ne pas gaspiller son temps. Consacrons-le à la supplication, afin que des missionnaires se lèvent en grand nombre, et entrons nous-mêmes dans la moisson afin de publier bien haut, en temps et hors de temps la Bonne Nouvelle de Jésus :

A l’œuvre le temps presse.
A l’œuvre avant la nuit.

Dans les chapitres suivants, nous aborderons quelques vertus que doit acquérir et cultiver celui qui veut racheter le temps. En particulier :

  1. L’enthousiasme, vrai ressort capable de mettre en branle toute l’énergie dont je dispose.
  2. L’esprit de décision qui fait gagner de précieuses minutes.
  3. La discipline et la maîtrise de soi pour réaliser point par point ce que j’ai programmé de faire.
  4. La persévérance, afin de mener à terme ce que j’entreprends, aucune œuvre ne devant rester inachevée.

QUESTIONS

  1. Pourriez-vous citer de mémoire les quatre raisons qui nous poussent à racheter le temps ? Voudriez-vous, sans hâte, méditer les quatre textes cités en caractères gras ?
  2. Êtes-vous attaché à la parole prophétique ? Avez-vous la certitude que les choses annoncées d’avance auront leur accomplissement ?
  3. Croyez-vous à la venue prochaine de Jésus ? Y pensez-vous souvent ? Votre vie est-elle au service du Seigneur ?

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