IL y a des figures claires et des démonstratives; mais il y en a d'autres qui semblent moins naturelles, et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont persuadés d'ailleurs. Ces figures là seraient semblables à celles de ceux qui fondent des prophéties sur l'Apocalypse qu'ils expliquent à leur fantaisie. Mais la différence qu'il y a, c'est qu'ils n'en ont point d'indubitables qui les appuient. Tellement qu'il n'y a rien de si injuste, que quand ils prétendent que les leurs sont aussi bien fondées que quelques unes des nôtres; car ils n'en ont pas de démonstratives comme nous en avons. La partie n'est donc pas égale. Il ne faut pas égaler et confondre ces choses parce qu'elles semblent être semblables par un bout, étant si différentes par l'autre.
♦ JÉSUS-CHRIST figuré par Joseph bien aimé de son père, envoyé du père pour voir ses frères, est l'innocent vendu par ses frères vingt deniers, et par là devenu leur Seigneur, leur Sauveur, et le Sauveur des étrangers, et le Sauveur du monde; ce qui n'eût point été sans le dessein de le perdre, sans la vente et la réprobation qu'ils en firent.
♦ Dans la prison, Joseph innocent entre deux criminels; JÉSUS-CHRIST sur la croix entre deux larrons. Joseph prédit le salut à l'un et la mort à l'autre sur les mêmes apparences; JÉSUS-CHRIST sauve l'un et laisse l'autre après les mêmes crimes. Joseph ne fait que prédire; JÉSUS-CHRIST fait. Joseph demande à celui qui sera sauvé qu'il se souvienne de lui quand il sera venu en sa gloire; et celui que JÉSUS-CHRIST sauve lui demande qu'il se souvienne de lui quand il sera en son Royaume.
♦ La Synagogue ne périssait point, parce qu'elle était la figure de l'église; mais parce qu'elle n'était que la figure, elle est tombée dans la servitude. La figure a subsisté jusqu'à la vérité; afin que l'église fût toujours visible, ou dans la peinture qui la promettait, ou dans l'effet.