Intervention de Charles XI en faveur des luthériens d’Alsace. — Protection accordée aux réfugiés à Stockholm. — Intolérance luthérienne. — Nouveaux réfugiés sous Charles XII.
La Suède ne reçut qu’un très petit nombre de fugitifs. A la nouvelle de la révocation de l’édit de Nantes, le monarque suédois Charles XI se contenta d’intervenir auprès du cabinet de Versailles en faveur des luthériens d’Alsace auxquels les ministres de Louis XIV se disposaient à envoyer des dragons. Son ambassadeur en France, le comte de Lilieroot, invoqua le traité de Westphalie dont le roi de Suède était l’un des garants, et qui assurait aux protestants alsaciens le libre exercice de leur religion. Cette réclamation fondée sur les conditions stipulées en 1648 et qui formaient alors les bases du droit public européen, et peut-être aussi l’imminence de la guerre qui éclata en 1688, détournèrent le grand roi du projet de convertir par la force une province récemment acquise et qu’il avait intérêt à ménager. Ce ne fut que sous le règne de Louis XV qu’elle fut soumise à son tour au régime des missions bottées, dont la seule ville de Strasbourg resta préservée dans la France entière.
Quelques réfugiés originaires de Paris sauvèrent une partie de leur fortune en la confiant à l’ambassade suédoise, et surtout au sieur Palmeguiste, secrétaire du comte de Lilieroot, qui leur fit rendre, à leur arrivée en Hollande, les sommes qu’ils lui avaient laissées en dépôt. Le roi Charles XI permit que l’on organisât une collecte à Stockholm au profit des émigrés pauvres. Il accorda des privilèges et distribua même de l’argent aux manufacturiers et aux marchands qui vinrent s’établir dans ses États. Il les autorisa à exercer librement leur culte dans deux églises de sa capitale. Mais l’ordre de faire baptiser leurs enfants par des ministres luthériens jeta le découragement parmi eux, et empêcha beaucoup de nouveaux fugitifs de chercher un asile dans un pays si peu tolérant. Toutefois, en 1698, sous le règne de Charles XII, quelques centaines de Français expatriés, qui n’avaient pu trouver leur subsistance en Hollande, allèrent se fixer dans les provinces allemandes de la monarchie suédoise où on leur distribua des terres sur la prière des États-Généraux de Hollande.