Deux passages qui n’ont guère besoin de commentaires suffisent à démontrer ce qu’est cette vocation. « La quinzième année du règne de Tibère César — lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe, tétrarque de l’Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène, et du temps des souverains sacrificateurs Anne et Caïphe —, la Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. »
Pourquoi citer tous ces noms ? Le Saint-Esprit passe en revue tous les grands de ce monde, du monde politique, militaire et religieux, et passe outre ; à Jean seul, dans le désert, la Parole de Dieu fut adressée. « Parmi vous qui avez été appelés, il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles, maïs Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages … » (1 Corinthiens 1.26-29)
Hier, aujourd’hui, éternellement, le choix de Dieu est le même. Quand Dieu choisit des instruments, Il sait qu’ils ne sont que poudre. Quand Dieu appelle, Son choix se porte sur ceux qui connaissent la solitude, ces âmes qui ne craignent ni le désert, ni le diable, ni les bêtes sauvages (Marc 1.13). C’est dans le désert que le Saint-Esprit forme Ses messagers, discipline Ses hommes et instruit Ses témoins, évangélistes, pasteurs et docteurs. Moïse, Jean, Paul (Exode 3.1 ; Galates 1.17) furent des hommes du désert.
Voyez encore l’appel d’Esaïe : « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé … Alors je dis : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures … mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées. Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente qu’il avait prise sur l’autel … il en toucha ma bouche » (Esaïe 6.1-9).
L’année de la mort … crise unique dans sa vie ! L’appel du témoin-combattant est toujours une crise où la main de son Dieu pèse sur lui, où le Saint-Esprit lui dévoile la croix, pierre de touche de tout vrai ministère, de tout message divin. Cette mort devient sienne, il s’engage sur le chemin étroit en entrant par cette porte étroite. Enseveli avec Lui dans Sa mort, il est crucifié avec Christ et par Lui séparé du monde (Galates 6.14), délivré de la chair (Galates 5.24), de ses passions, de ses convoitises, vainqueur du diable, victorieux de ses œuvres (Hébreux 2.14). Comme Jean à Patmos, il a dû tomber comme mort à Ses pieds (Apocalypse 1.17), et comme Jean, il a dû voir le Seigneur de gloire. Tout l’inutile et l’artificiel s’écroule, et les choses humaines sont vues à leur juste valeur de néant, devant la vision de gloire de Celui qui a vaincu et S’est assis sur le trône de Son Père, couronné de gloire et d’honneur.
Gloire à Lui, mais « malheur à moi », dit Esaïe. Il en est ainsi, quand Dieu appelle aujourd’hui quelqu’un à Lui servir de témoin de cette sorte. Son péché lui est révélé, sa nature pécheresse est dévoilée ; il comprend comme elle se mêle à ses pensées, à ses paroles, à ses œuvres les plus saintes. « Oh ! malheur à moi, je suis un homme dont les lèvres sont impures ! » Dans l’humiliation du prophète, l’un des séraphins vient et touche ses lèvres avec le charbon brûlant de l’autel de Dieu. Cette vision de son péché l’a mis en état de recevoir cette ardente inspiration de l’autel.
Ainsi s’allume la vocation des prophètes, des témoins-combattants, des brandons de la croix. Le feu accomplit son œuvre consumante en eux, puis par eux. D’abord la vision, puis l’inspiration, et ensuite la mission confiée par ce seul mot divin : « Va ! »
Pêcheur d’hommes, berger d’âmes, disciple et témoin-combattant qui as vu ton Roi, qui as été jeté à Ses pieds, qui as été brisé par la révélation de ton péché, et ensuite purifié et baptisé de feu : « Va ! » … « Voici, Je mets Mes paroles dans ta bouche … Ceins tes reins, lève-toi et dis-leur tout ce que Je t’ordonnerai. Ne tremble pas en leur présence, de peur que Je ne te fasse trembler devant eux … Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas, car Je suis avec toi pour te délivrer, dit l’Eternel ! » (Jérémie 1.9, 17, 19)
Sentinelle, qu’en est-il de la nuit ?
Le temps est court, la nuit est là, minuit va sonner ; le jour de la vengeance de Dieu et de la colère de l’Agneau vient ! (Esaïe 61.2 ; Apocalypse 5.6 ; 6.16, 17)
« J’entendis la voix du Seigneur disant : Qui enverrai-Je et qui marchera pour Nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi » (Esaïe 6.8).