Le plus ancien texte du Symbole des apôtres que nous possédions est, en grec, celui que Marcel d’Ancyre a reproduit, vers 340, dans sa lettre au pape Jules Ier, et, en latin, celui qui est donné par Rufin (vers 400) dans son Commentaire sur le symbole des apôtres (Hahn, § 19) et dans une Explication du symbole attribuée à saint Ambroise (Hahn, § 34). Ce texte se distingue de la formule actuelle par l’omission de creatorem caeli et terrae… conceptus est… passus… mortuus… descendit ad inferos… omnipotentis… Credo… catholicam, sanctorum communionem… vitam aeternam. Ces mots constituent des additions faites dans diverses Églisesa, et que l’Église romaine, qui les avait longtemps ignorées, a fini par accepter.
a – La formule du symbole de Nicée de Remesiana (début du ve siècle) contient déjà toutes ces additions, sauf conceptus… descendit ad inferos… omnipotentis… Credo (Burn, Niceta of Remesiana, Introduction, p. lxxiv).
Ce symbole est, en effet, celui que l’Église romaine faisait apprendre et réciter par les catéchumènes avant leur baptême. Dans la suite, il fut adopté par toutes les Églises d’Occident. Il est moins certain qu’il l’ait été par celles d’Orient avant le concile de Nicée, et que les diverses formules de foi que nous trouvons dans ces Églises pendant les trois premiers siècles en soient dérivées.
A quelle époque remonte ce symbole, et faut-il y voir l’œuvre des apôtres eux-mêmes ? Que ce symbole reproduise la doctrine des apôtres et puisse, de ce chef, leur être attribué dans sa substance, la chose n’est pas douteuse : on en trouve d’ailleurs tous les éléments dans le Nouveau Testament. Mais Rufin va plus loin : il rapporte comme une tradition ayant cours de son temps que les apôtres, avant de se séparer, composèrent ce symbole dans sa formule même, pour être le thème commun de leur prédication et la règle de foi des fidèles. Ce symbole serait ainsi leur œuvre jusque dans sa lettreb. Il est étrange cependant, si cette tradition est fondée, qu’une formule si vénérable n’ait pas été conservée en Orient, où elle est née, et qu’en Occident on se soit permis de l’altérer en l’amplifiant. Aussi paraît-il plus probable que le symbole des apôtres est une œuvre romaine de la fin du ier ou du début du iie siècle. Car, d’une part, nous en trouvons des traces et, il semble, des citations dans Tertullien, saint Irénée et saint Justin ; d’autre part, il est clair que la nécessité d’une formule de ce genre pour la liturgie du baptême se fit sentir de très bonne heure, et qu’on ne dut pas être longtemps à y satisfaire. Le texte que nous avons, d’un style lapidaire et exempt d’allusions aux hérésies du iie siècle, convient bien au génie romain et à l’époque qui suivit immédiatement la mort des apôtres. Rome seule put avoir assez d’influence pour l’imposer aux Églises d’Occident et finalement à l’Église entière.
b – L’idée que chacun des douze apôtres formula un des douze articles du symbole remonte au vie siècle, et se trouve dans des sermons faussement attribués à saint Augustin (P. L., xxxix, Serm. ccxl et ccxli).
On ne saurait donc y voir une formule composée par l’Église au milieu du iie siècle pour les besoins de sa lutte contre le gnosticisme (Ehrhard, Harnack) : le symbole romain est antérieur à ces débats.