Histoire de la Réformation au temps de Calvin

Chapitre 12
Mouvement de catholicisme scolastique, inauguré par le roi, et réaction évangélique

(Automne 1536)

8.12

Henri prend le rôle d’un pape – Dogmes du nouveau chef de l’Eglise – Baptême, présence réelle, etc – Images, invocation des saints, rites – Opinions diverses – On signe, le roi le veut – Moyen de Cranmer pour prévenir le mal – Cromwell vice-gérant – Bible de Coverdale – Réaction évangélique – Divers témoignages – Persécutions – Les bases de la foi

Depuis la mort de la reine Anne, les hommes de la Réformation avaient pris l’initiative, et Cranmer, Cromwell, Latimer, Alésius, semblaient devoir gagner le prix de la course. L’intervention d’un plus grand personnage allait tourner la médaille.

La disgrâce d’Anne et les noces de Jeanne Seymour avaient occupé le roi de tout autre chose que de théologie ; Cranmer avait eu le champ libre pour faire avancer la Réforme. Ce n’était point ce qu’entendait Henri ; aussi, quand il s’en aperçut, il se réveilla comme d’un sommeil et se hâta d’y mettre ordre. Tout en rejetant l’autorité du pape, il était resté fidèle aux doctrines du pape. Il se mit à jouer son rôle de chef de l’Église, et entreprit de fulminer une bulle comme faisaient les pontifes. Réginald Pole, dans le livre qu’il venait de lui adresser, avait remarqué que lorsqu’il s’agissait d’un pape, il ne fallait regarder ni à son caractère, ni à sa vie, mais uniquement à son autorité, et que les chutes d’un pontife, quant à la morale, n’ôtaient rien à son infaillibilité quant à la foi. Henri comprit fort bien cette distinction et se montra pape dans toutes les sphères. Il ne crut pas qu’il y eût incompatibilité entre le droit qu’il prétendait avoir de prendre, quand cela lui plaisait, une nouvelle femme, au moyen du divorce ou de l’échafaud, et celui de rendre des oracles sur Dieu, sur la contrition, sur la justification, les rites et les cérémonies ecclésiastiques. La rupture des négociations avec les protestants lui donnait plus de liberté, et même lui causait un certain dépit. Il en avait eu du chagrin mêlé de colère, et n’était pas fâché de montrer à ces fermes Allemands ce qu’ils gagnaient à ne pas l’avoir accueilli. Henri ressemblait alors à une femme qui, irritée de se voir repoussée par celui qu’elle préfère, donne, pour le braver, sa main à son rival. Il se remit donc à ses travaux théologiques. Les docteurs du parti scolastique lui épargnèrent la peine de composer lui-même les articles requis, mais il les revit et fut pénétré de l’importance de son travail. Nous avons pris de notre propre personne beaucoup de peine, dit il, pour certains articles qui rendront la paix à l’Église. Nous y avons consacré nos études, nos labeursa. » Cromwell, toujours soumis à son maître, sachant qu’il coûtait cher de lui résister, apporta à la chambre haute de la Convocation cette œuvre royale. Henri VIII n’avait fait, en matière religieuse, aucun acte aussi important. La doctrine de l’autorité du prince dans les dogmes de l’Église devenait maintenant un fait. L’écrit dogmatique du roi, intitulé : Articles composés par S. M. le roi pour établir la paix et l’unité chrétienne parmi nous, ressemblait assez à l’Exposition et au Type de la foi publiés au septième siècle, dans la controverse monothélite, par les empereurs de Constantinople Héraclius et Constant II. C’est dans le Bas-Empire qu’allait chercher ses modèles ce prince qui, sous le rapport politique, donnait un élan nouveau à l’Angleterre. Chacun était impatient de savoir quelle doctrine le nouveau chef de l’Église, le monarque, allait proclamer. Les partisans des dogmes romains ne furent sans doute pas moins surpris que les réformés ; mais leur étonnement fut celui de la joie ; et la surprise des évangéliques celle de l’effroi. Le vicaire général prit la parole pour prononcer l’oracle royal. Toutes les paroles contenues dans le canon complet de la Bible, dit-il, et dans les trois symboles des apôtres, de Nicée et d’Athanase, étant interprétées selon le sens des saints docteurs de l’Egliseb, doivent être reçues et gardées comme les paroles infaillibles de Dieu, en sorte que quiconque les rejette n’est pas membre de Christ, mais membre du diable, et éternellement damné. »

a – « We have in our own person taken great pain, study, labours and travails. » (Wilkins, Concilia, III, p. 817.)

b – « According to the interpretation, wich the holy approved doctors in the church do defend. » (Wilkins, Concilia, III, p. 818.)

C’était la doctrine romaine, et Bossuet, faisant l’examen du document du roi, se montre fort satisfait de cet articlec.

cHistoire des Variations, liv. VII, § 30.

« Le sacrement du baptême doit être donné aux enfants, afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit et soient purifiés du péché par sa secrète et puissante efficace. Si un homme est tombé après son baptême, le sacrement de la pénitence est nécessaire à son salut ; il doit avoir recours à la confession auriculaire, demander son absolution aux mains du prêtred, et regarder les paroles que le confesseur prononce, comme la voix de Dieu, se faisant entendre du ciel. »

d – « Ask his absolution at the prist’s hand. » (Wilkins, Annals, III, p. 819.)

« — C’est toute la substance de la doctrine catholique, » pouvaient dire les partisans de Romee.

e – Bossuet, Histoire des Variations, liv. VII, § 26.

« Sous la figure du pain et du vin est vraiment, substantiellement, réellement contenu le corps et le sang même du Sauveur et de la Vierge. »

« — Ceci marque très précisément la présence réelle du corps, » ont dit les docteurs romainsf.

f – « Ibid., § 25.

« Les mérites de la passion du Sauveur sont la seule cause suffisante de notre justification ; mais, pour nous la donner, Dieu demande de nous une contrition intérieure, une foi, une charité, une espérance parfaite, et tous les autres mouvements spirituels qui doivent nécessairement concourir à la rémission de nos péchés. »

— Le concile de Trente, un peu plus tard, exprima la même doctrineg.

g – Concile de Trente, sixième session, canons 9, 11.

« Les images doivent être conservées dans les églises. Seulement, que ceux qui se mettent à genoux devant elles et qui adorent, sachent que cet honneur n’est pas rendu aux images, mais à Dieu. »

« — Parler ainsi, ont dit les catholiques romains, c’est approuver ce que le culte des images a de plus forth. »

h – Bossuet, Histoire des Variations, liv. VII, § 26.

« Il est louable, continua Cromwell, d’adresser des prières à notre bienheureuse Dame, à saint Jean Baptiste, à chacun des apôtres ou à tel autre saint, afin qu’ils prient pour nous et avec nous ; mais sans penser qu’il y a en eux plus de miséricorde qu’en Jésus Christ. »

« — Si le roi regarde ceci comme une espèce de réformation, dit un grand docteur romain, il ne fait qu’amuser le monde ; car tout catholique ne s’adresse aux saints que pour avoir leurs prièresi. »

iIbid.

« Quant aux cérémonies, comme d’asperger d’eau bénite, de distribuer du pain bénit, de se prosterner devant la croix et de la baiser, d’user d’exorcisme, etc., ces rites, et autres également louables, doivent être maintenus comme rappelant des grâces spirituelles. »

« — C’est précisément notre idée, » ont dit les partisans de la tradition romainej.

jIbid., § 27.

« Enfin, quant au purgatoire, il sera enseigné au peuple que les chrétiens doivent prier pour les âmes des trépassés, et donner des aumônes afin que l’on prie pour elles, en sorte que ces âmes soient soulagées d’une partie de leurs peinesk. »

k – « Wereby they may be relieved of some part of their pain. » (Wilkins, Concilia, III, p. 882.)

« — Vraiment tout ce que nous enseignons est ici approuvé, » dit le grand adversaire du protestantismel.

l – Bossuet, Histoire des Variations, liv. VII, § 28.

Telle était la religion que voulait établir en Angleterre le prince que quelques-uns appellent le père de la Réformation. Si l’Angleterre devient protestante, certes ce sera bien malgré lui.

Un long débat s’engagea dans la Convocation et ailleurs. Les évangéliques décidés ne voyaient dans ces articles qu’un abandon des Écritures, une manœuvre politiquem, où l’on ne se souciait que de faire plaisir à certaines personnes et de parvenir à certaines fins. Les hommes du parti mitoyen disaient, au contraire : « Ne doit-on pas se réjouir de ce que les Écritures et les anciens symboles a sont rétablis comme règles de la foi, sans qu’il soit question du pape ? » Mais au milieu de ces discours contraires retentissait la voix terrible du roi : « Je le veux et je l’ordonne : » Sic volo, sic jubeo. Si le primat et ses amis résistaient, ils seraient mis de côté, et la Réformation perdue.

m – Political daubing.

Il ne paraît pas que Cranmer ait eu quelque part dans la rédaction des articles, mais il les signa. On a dit, pour l’excuser, que ni lui, ni plusieurs de ses collègues n’avaient alors une connaissance distincte de ces matières, et qu’ils se proposaient de faire des amendements aux articles ; mais ces allégations sont insuffisantes. Deux faits expliquent seuls les concessions de cet homme pieux : la volonté despotique du roi et la faiblesse caractéristique de l’archevêque. Il baissait toujours la tête, mais, il faut aussi le reconnaître, pour toujours la relever. L’archevêque Lee, seize évêques, quarante abbés ou prieurs et cinquante archidiacres ou procureurs signèrent après Cromwell et le primat. Les articles passèrent sans protestation dans la Convocation, parce que, — comme la condamnation d’Anne Boleyn, c’était la volonté du roi. Rien n’explique mieux les concessions de Cranmer, de Cromwell et d’autres dans le cas d’Anne Boleyn, que leur adhésion à ces articles, qui étaient précisément l’inverse de la doctrine scripturaire dont ils avaient à cœur le triomphe. Dans l’un et l’autre cas, ils avaient cédé servilement à cette parole magique : Le roi le veut. Ces quatre mots suffisaient alors ; il était loyal que toute volonté s’immolât à la volonté souveraine. Ce ne devait être que peu à peu que les libres principes du protestantisme pénétreraient dans le peuple, et donneraient à l’Angleterre, avec l’ordre, la liberté. Toutefois, cette excuse est insuffisante ; Cranmer eût laissé un nom plus glorieux s’il eût subi le martyre sous Henri VIII, sans attendre le règne de Marie.

Quand les articles du roi furent connus, les mécontentements éclatèrent dans les partis opposés. « Taisez-vous, prédicants querelleurs, et vous, scolastiques factieux, disaient les hommes politiques, vous qui, plutôt que d’abandonner le moindre trait de lettre, troubleriez la paix de l’universn ! » Les articles furent envoyés dans toute l’Angleterre, avec ordre que chacun s’y conformât, à ses propres périls.

n – « Contentions preachers, factious school men. » (Lord Herbert de Cherbury, p 470.)

Cranmer ne regarda pas la partie comme perdue. Plier sous un coup de vent, puis se relever aussitôt et amener à bonne fin la Réforme, tel était son système. Il chercha alors à prévenir le mal en suggérant des mesures propres à y porter remède. La Convocation décida qu’une pétition serait adressée au roi pour lui demander de permettre à ses sujets laïques de lire la Bible en anglais, et d’ordonner qu’on en fit une traduction nouvelleo ; de plus, un grand nombre de jours de fête furent abolis comme favorisant la paresse, l’intempérance, les querelles, le vagabondage et le volp ; enfin, le dernier jour de la session (20 juillet), la Convocation déclara, pour bien montrer qu’il ne s’agissait pas de redevenir papiste, qu’il n’y avait rien de plus pernicieux qu’un concile généralq ; qu’en conséquence, il fallait rejeter celui que le pape proposait dans la ville italienne de Mantoue. Là-dessus, le parlement et la Convocation furent dissous, et le roi s’en passa pendant trois ans.

o – Heylin, Ecclesia vindicata, p. 15. — Bible Annals, I, p. 507.

p – Sloth, idleness, theaves, vagabondes, excesses, riots. » (Wilkins, Concilia, III, p. 823, 827.)

q – Nullius Synodi finem vidi bonum. » (Ibid., p. 808.)

Henri VIII était satisfait de son ministre. Cromwell fut créé lord du sceau privé, le 2 juillet 1536, baron, et quelques jours plus tard, vice-gérant in rebus ecclesianticis. Voulant atténuer ce qu’il y avait de trop scolastique dans les articles du roi, il adressa à tous les prêtres des injonctions passablement évangéliques. « Je vous enjoins, dit-il, de faire comprendre à vos paroissiens qu’ils seraient plus agréables à Dieu en travaillant, et prenant soin de leurs familles, qu’en faisant des pèlerinagesr. Avertissez les parents et les maîtres d’enseigner à leurs enfants et à leurs domestiques l’Oraison dominicale, le Symbole des apôtres et les dix commandements dans leur langue maternelle, » Il entreprit même de réformer le clergé. « Doyens, recteurs, vicaires, curés et autres prêtres, dit-il, il vous est défendu d’entrer dans les tavernes, de vous mettre, après dîner ou après souper, à boire et à disputer, de jouer aux cartes jour et nuit. Si vous avez quelque loisir, lisez l’Écriture ou livrez-vous à quelque exercice honnête. »

r – Wilkins, Concilia, III, p. 814.

Cranmer et Cromwell ne s’en tinrent pas là. Ils voulaient répandre la sainte Écriture. La version de Tyndale était trop compromise aux yeux de Cromwell pour être officiellement répandue ; il avait donc patronné une seconde traduction. Coverdale, né en 1488, dans un lieu de ce nom, en Yorkshire, avait entrepris, nous l’avons vu ailleurs, de traduire la Bible et s’était adressé à Cromwell pour obtenir de lui les livres nécessairess. Tyndale était un esprit plus indépendant, plus ferme, plus hardi que Coverdale ; il ne cherchait pas le secours des hommes, et acheva son œuvre pour ainsi dire seul avec Dieu. Coverdale, pieux sans doute comme son émule, sentait le besoin d’être soutenu et disait dans sa lettre à Cromwell, qu’il implorait son aide, « prosterné sur les genoux de son cœur. »

sState papers, p. 383. —Coverdale, Remains, p. 490. Cette lettre est du 1er mai, mais sans millésime ; elle me paraît de 1530.

Coverdale savait le grec et l’hébreu. Son travail avait commencé en 1530 ; le 4 octobre 1535, le livre parut probablement à Zurich, sous le titre : Biblia, la Bible, c’est-à-dire la sainte Ecriture de l’Ancien et du Nouveau Testament ; et arriva en Angleterre dans les premiers mois de 1536. En tête du volume se trouvait une dédicace à Henri VIII, qui se terminait en implorant la bénédiction divine sur le roi et sur son épouse à juste titre très chère, et très vertueuse princesse, la reine Annet. » Cromwell devait présenter au roi cette traduction, et la répandre dans le royaume ; mais cette très chère épouse, cette très vertueuse princesse, venait d’être accusée par Henri, traînée devant les tribunaux et décapitée. Impossible de distribuer un seul exemplaire de cette version sans exciter la colère du monarque. Ceux qui avaient à cœur que le navire, arrivé de si loin, n’échouât pas au port, eurent recours à divers expédients. La reine décapitée s’appelait Anne et la reine couronnée Jeanne ; cela se ressemblait fort. Quelques exemplaires corrigés à la plume portent au lieu de Queen Anne, — Queen Jane. Dans d’autres le nom de la reine est simplement effacéu. Ces expédients ne suffisaient pas. On imprima un nouveau titre et on y mit le millésime de l’année courante 1536. Mais tout fut inutile. Impossible d’obtenir l’approbation royale.

t – « Dearest just wife and most virtuous princess, queen Anne. »

u – De tels exemplaires se trouvent au British Museum, à la bibliothèque de Lambeth et dans celle du collège de Sion.

Toutefois, si la Bible de Coverdale n’était pas admise en Angleterre, la Réformation enseignée par de pieux ministres s’y répandait toujours plus. En vain les prêtres murmuraient : « Il y a quelques a années, disaient-ils, on mettait les lollards à mort pour avoir lu l’Evangile en anglais, et maintenant on nous commande de l’enseigner dans cette langue ! On nous enlève nos douceurs et l’on augmente nos travaux ! »

En vain le roi avait-il proclamé, imposé ses dix articles ; la foi donnait aux ministres et aux chrétiens pieux un courage que n’avaient pas les grands de la terre. John Gale, pasteur de Twaïte (Suffolk), homme vif, décidé, un peu imprudent, combattait les articles royaux du haut de la chaire. Il n’en resta pas là. Son église était ornée d’images de la Vierge et des saints, devant lesquelles les dévots venaient placer des cierges. « Augustin, dit-il un jour à l’un de ses paroissiens, suis-moi. » Et les deux hommes, y prenant peine, enlevèrent les barres de fer sur lesquelles les dévots plaçaient les cierges, et tournèrent les images contre le mur. — « Écoutez ! disait le Dr Barret à sa paroisse, l’élévation de l’hostie signifie simplement que le Père a envoyé son Fils, et que le Fils a répandu a son sang pour notre salut. — Christ, disait Bale, prieur de Dorcester, ne demeure pas dans les églises de pierre, mais en haut dans le ciel, et en bas dans le cœur des hommesv. » — Le ministre d’Hothfield s’écriait du haut de la chaire : « Notre Dame n’est pas la reine du ciel, et n’a pas plus de pouvoir qu’une autre femme. — Jetez-le en bas, dit au vicaire le bailli irrité. — Je n’ose, répondit celui-ci. » En effet, l’assemblée était ravie d’entendre son ministre dire de Jésus, comme Pierre : Il n’y a pas de salut en aucun autre ; et plus de cent personnes embrassèrent ce jour-là les doctrines du pasteurw. — Jérôme, vicaire de Stepney, s’efforçait de planter dans les consciences la pure vérité de Christx et d’en arracher les racines des traditions vaines et des imaginations folles. Appelé à Saint-Paul de Londres, pour y prêcher le quatrième dimanche du carême, il dit : « Il y a deux sortes de gens parmi vous, — les libres, qui sont librement justifiés sans pénitences légales et sans œuvres méritoires, — et les esclaves qui sont encore sous le joug de la loi. » Un évêque même, Barton, de Saint-David, disait dans une pompeuse cathédrale : « Si deux ou trois tisserands ou savetiers, élus de Dieu, se réunissent au nom du Seigneur, ils forment une véritable Église de Dieuy … »

v – « But only in heaven above and in men’s hearts on Earth. » (Strype, 1, p. 442.)

wIbid., p. 443.

x – Fox, Acts, V, p. 429.

y – « Two coblers and weavers, in company, elected in the name of God, there was the true church of God. » (Strype, Records, l, p. 273.)

C’était trop ; des poursuites commencèrent contre ceux qui bravaient ainsi les articles du roi. Jérôme comparut devant Henri VIII à Westminster. Le pauvre homme, intimidé par la majesté royale, reconnut en tremblant que les sacrements étaient nécessaires au salut ; mais cinq ans après il se fit brûler pour la cause de l’Évangile. Gale et d’autres furent accusés devant la cour criminelle, d’hérésie et de trahison. Les livres n’étaient pas épargnés. Il y en avait, en effet, qui dépassaient la mesure. Un écrit intitulé : Le Petit Jardin de l’âmez, contenait un morceau où la décollation de Jean Baptiste et celle d’Anne Boleyn étaient attribuées à la même raison, — le reproche d’un coupable amour fait à deux princes, une fois par Anne et l’autre par Jean. Henri comparé à Hérode ! Anne Boleyn à saint Jean Baptiste ! Tonstall dénonça à Cromwell cet audacieux écrit.

zHortulus animæ. (Strype, I, p. 444. Records, p. 274.)

Partout les officiers de la couronne devaient faire prévaloir les doctrines du pape, mais sans le pape et son autorité. Ce système n’a pas une base solide. La sainte Écriture à laquelle les chrétiens évangéliques en appellent est un fondement ferme. L’autorité du pape, principe vicieux, met du moins ceux qui l’admettent en état de connaître ce qu’ils doivent croire. Le catholicisme non romain n’a que des appuis trompeurs. Un autre système établit, déjà au seizième siècle, la raison pour règle suprême, mais il présente mille opinions diverses et non la vérité absolue.

« Ta parole est la vérité, » a dit Jésus-Christ.

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