Avant d’exposer les vues théologiques de Wesley, il convient de nous arrêter sur leur principe essentiel. Ce principe, c’est l’Amour, frère jumeau de la Foi, que saint Paul unit par ce lien : La Foi qui est agissante par l’Amour (Galates.5.6). Nous parlerons de la Foi dans la partie doctrinale de ce travail, et nous verrons quelle grande place elle tient dans le Réveil du xviiie siècle, comme dans la Réformation du xvie. Mais l’Amour en est bien l’âme et l’inspiration. Il ne faut pas oublier qu’en relevant le rôle de l’Amour dans la religion, Wesley a relevé du coup la signification de la Foi, souvent confondue avec la croyance. Le Méthodisme, en mettant l’Amour en lumière, a distingué entre la Foi-croyance et la Foi-confiance, entre la Foi qui fait des orthodoxes et celle qui fait des saints. Il lui a suffi de prendre au sérieux la parole de saint Paul : « On croit du cœur pour la justice » (Romains 10.10), et le mot de Pascal : « Dieu sensible au cœur. » Il lui a suffi surtout de relever le grand texte johannique : Dieu est amour, et l’incomparable déclaration de Jésus à Nicodème : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3.16).
L’amour de Dieu pour tous les hommes, c’est le salut pour tous.
L’homme, aimant Dieu de tout son cœur et son prochain comme lui-même, c’est le salut intégral.
C’est là le principe essentiel et la raison d’être du Méthodisme.
La fraction du Méthodisme qui, reculant devant l’universalisme chrétien de Wesley, s’en est tenue au calvinisme de Whitefield, a laissé les grandes conquêtes d’âmes au Wesleyanisme.
Aujourd’hui, la théologie évangélique a pris son parti. Elle est avec Wesley.
Ecoutez Charles Babut : « Etendre la propitiation. C’est l’un des points où l’enseignement de saint Jean est le plus explicite. C’est lui (Jésus-Christ le Juste) qui est la propitiation pour nos péchés ; l’apôtre ajoute : Non seulement pour les nôtres, mais pour ceux de tout le monde (1Jean.2.2). Il revient sur cette idée : Le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde (1Jean.4.14). C’est la condamnation formelle de la thèse calviniste, d’après laquelle Jésus-Christ serait mort pour les seuls élus. Certes, saint Jean n’a pas d’illusions sur le monde et ne le voit pas en beau ; il écrit : Le monde entier est sous la puissance du Malin, mot à mot gît dans le Malin. Et pourtant, il croit et il enseigne que Jésus est mort pour ce monde, dont le diable est le prince… Il en résulte qu’autant qu’il dépend de Dieu, le monde est sous la grâce, quoiqu’il n’en puisse ressentir l’effet et goûter le fruit tant qu’il ne le sait pas, ou ne le croit pas, ou ne le veut pas. Saint Paul dit exactement dans le même sens : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui- mêmef. »
f – Etude biblique sur la Rédemption, p. 279.
Ecoutez Gustave Tophel : « En en prenant toute la responsabilité sur nous seul, nous déclarons brièvement, mais hautement, l’horreur que nous inspire le dogme de la prédestination absolue, telle que Calvin l’a enseignée ; prédestination supralapsaire, c’est-à-dire antérieure à la chute, et allant jusqu’à faire dire qu’il était expédient que l’homme tombât, et que, de toute éternité, sans se fonder sur la préconnaissance du mal, Dieu a voué, pour sa gloire, les uns à la damnation éternelle, en même temps qu’il élisait les autres pour la vie éternelleg. »
g – G. Tophel. Feuille religieuse du canton de Vaud, 4 juillet 1909 (Evangéliste, 1er avril 1910).
Nous avons vu, par la correspondance du jeune Wesley avec sa mère, qu’il fut opposé à la prédestination bien avant de songer à devenir le réformateur de l’Église anglicane. Cette Église était d’ailleurs fort partagée sur cette question, et ce fut surtout parmi les dissidents que le Méthodisme calviniste se recruta.
Le salut acquis pour tous, par le sacrifice de Jésus-Christ, c’était, non seulement le devoir pour les chrétiens d’aller par tout le monde prêcher l’Évangile à toute créature humaine, c’était le devoir de s’aimer entre eux et de s’unir pour la conquête du monde. Dans ce sens-là aussi, Wesley a été l’apôtre de l’Amour.
Ici surgit devant lui l’épaisse et aveuglante poussière des opinions, soulevées par les docteurs, les conciles et les synodes. A diverses reprises, il les écarta, non sans quelque rudesse. Il considère, comme de très grands serviteurs de Dieu, Luther et Calvin ; mais il se plaint de « leur attachement véhément à leurs opinions particulières, de leur aigreur envers ceux qui diffèrent d’eux, de leur impatience et de leur manque de support ». Il rappelle avec tristesse les controverses qui ont divisé l’Angleterre sur des questions de costume et de liturgie. Il voudrait que le réveil nouveau auquel, non sans quelque dédain, on donne le nom de Méthodisme, échappât à de tels travers.
Nous n’entendons pas, dit-il, faire dépendre notre religion d’opinions quelconques, vraies ou fausses, et nous refuserons de prendre parti dans des disputes s’y rapportant. Nous estimons que le fondement de toute religion repose sur la sainteté du cœur et de la vie. Et, par conséquent, où que nous allions, c’est là le point sur lequel nous insistons de tout notre pouvoir. Nous refusons de suivre ceux qui se séparent de l’Église anglicane, et nous adhérons à ses doctrines et à sa discipline. Nous ne voulons combattre que l’impiété et l’injustice. D’autres dépensent une grande partie de leur temps et de leurs forces à lutter sur des points purement extérieurs. Nous voulons, quant à nous, nous dépenser à promouvoir la religion simple et pratique.
Si vous me dites : Vous avez des opinions que je ne crois pas vraies, je vous réponds : Croyez-les vraies ou fausses, je ne vous querellerai pas là-dessus. Assurez-vous seulement que votre cœur est droit devant Dieu, que vous connaissez et aimez le Seigneur Jésus-Christ, que vous aimez votre prochain et que vous marchez comme votre Maître a marché. Je ne vous en demande pas davantage. Je suis malade d’opinions ; je suis las d’en entendre. Mon âme est dégoûtée de cette nourriture légère. Donnez-moi une religion solide et substantielle ; donnez-moi un humble et doux ami de Dieu et des hommes ; un homme rempli de miséricorde et de bons fruits, un homme sans partialité et sans hypocrisie ; un homme qui se donne tout entier à l’œuvre de la foi, à la patience de l’espérance, au labeur de l’amour. Que mon âme soit avec de tels chrétiens en quelque endroit qu’ils soient, et quelles que soient leurs opinions. Quiconque fait ainsi la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère.
C’est une pauvre excuse de dire : Ces gens sont poussés à embrasser des opinions erronées. Je ne me soucie pas de l’épaisseur d’un fétu, que cela soit vrai ou non ! (je parle d’opinions qui ne touchent pas au fondement). Mais quant à savoir s’ils embrassent telle ou telle opinion religieuse, je ne m’en mets pas en peine, pas plus que de savoir s’ils ont adopté tel ou tel système d’astronomie. Sont-ils poussés à vivre saintement ? C’est là ce que nous avons besoin de savoir, car c’est de cela que dépend leur bonheur personnel et social, temporel et éternel. Sont-ils conduits à l’amour de Dieu et du prochain ? C’est là la religion pure et sans tacheh. »
h – A Farther Appeal to men of reason and religion. Works, t. VIII, pp. 242-246.
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Si intéressantes que soient les déclarations qu’on vient de lire, empruntées à l’un des principaux ouvrages de Wesley, je crois qu’il est utile de citer un extrait copieux du sermon sur le véritable esprit catholique, parce qu’il montre que la largeur de Wesley n’a pas été un feu de paille de jeunesse, mais le fruit d’une conviction qui n’a fait que s’affermir au cours des années.
Wesley a pris pour texte de ce sermon remarquable la parole de Jéhu à Jonadab, rapportée dans 2Rois.10.15 : Ton cœur est-il aussi droit envers moi que mon cœur l’est à ton égard ? Et Jonadab répondit : « Il l’est. — S’il l’est, dit Jéhu, donne-moi la main. »
Même parmi les hommes droits de cœur, parmi ceux qui désirent avoir une conscience sans reproche, il y aura diverses formes de culte, tant qu’il y aura des diversités d’opinion ; car la diversité des opinions implique nécessairement des pratiques diverses. Et comme, dans tous les temps, c’est surtout quant aux idées qu’ils se sont faites de l’Être suprême, que les hommes ont le plus différé les uns des autres, aussi ne se sont-ils séparés en rien plus que dans la manière de l’adorer. S’il n’en avait été ainsi que dans le monde païen, il n’y aurait pas lieu de s’en étonner ; car puisque les païens n’avaient pas trouvé la connaissance de Dieu par leur sagesse, ils ne pouvaient non plus savoir comment lui rendre un culte. Mais n’est-il pas surprenant que, parmi les chrétiens eux-mêmes, bien qu’ils reconnaissent tous que Dieu est esprit, et qu’il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité, les formes d’adoration soient pourtant presque aussi diverses que parmi les païens ?
Et comment choisir parmi tant de variétés ? Nul ne peut choisir pour son frère, ni rien prescrire à son frère. Mais chacun doit, en simplicité et dans une pieuse sincérité, suivre ce que lui dicte sa propre conscience. Que chacun soit persuadé dans son esprit, et qu’ensuite il agisse suivant ses lumières. Il n’est pas davantage au pouvoir d’une créature d’en contraindre une autre à suivre la règle qu’elle s’est faite pour elle-même. Dieu n’a donné à aucun fils de l’homme le droit de dominer ainsi sur la conscience d’autrui ; mais de même que chacun est responsable envers Dieu pour lui-même, chacun doit aussi décider pour lui-même.
Ainsi, bien que tout disciple de Christ soit obligé par la nature même des institutions chrétiennes, d’être membre de telle ou telle congrégation ou Église particulière, — ce qui implique une forme particulière de culte, car pour que deux marchent ensemble, il faut qu’ils s’accordent, — néanmoins, il n’y a sur la terre d’autre pouvoir que sa conscience qui puisse l’obliger à préférer telle out telle congrégation, telle ou telle forme de culte. Je sais qu’en général on suppose que le lieu de notre naissance fixe l’Église à laquelle nous devons appartenir, que l’individu né en Angleterre, par exemple, doit être membre de ce qu’on appelle l’Église d’Angleterre, et, par conséquent, servir Dieu suivant les prescriptions particulières de cette Église. Autrefois, je défendais moi-même avec ardeur cette opinion ; mais, pour diverses raisons, j’ai dû rabattre de mon zèle à cet égard. Cette opinion, en effet, prête à de sérieuses objections, qui doivent faire réfléchir tout homme raisonnable : celle-ci, entre autres, qui n’est pas l’une des moindres, que la Réformation n’eût pas été possible, si l’on s’en fût tenu à cette règle. La Réformation, en effet, a eu pour premier principe le droit de libre examen pour tous.
Je ne présume donc point d’imposer ma forme de culte à qui que ce soit. Je la crois vraiment primitive et apostolique ; mais ma conviction ne fait pas règle pour les autres. Je ne demande donc pas à celui à qui je veux m’unir dans l’amour : Etes-vous de mon Église ou de ma congrégation ? Admettez-vous le même gouvernement ecclésiastique, les mêmes ministères ? Suivez-vous la même liturgie ? Je ne demande pas : Recevez-vous la Cène du Seigneur, dans la même posture et avec les mêmes rites que moi ? Pour ce qui est du baptême, vous accordez-vous avec moi quant aux garanties à établir pour ceux qu’on baptise, quant à la manière de l’administrer, quant à l’âge de ceux à qui on l’administre ? Je ne demande pas même (quelque assuré que je sois moi-même à cet égard) si vous êtes partisan ou non du baptême et de la Sainte Cène. Laissons tout cela pour le moment : nous en parlerons, s’il le faut, dans un temps plus favorable ; je ne vous adresse, à cette heure, que cette seule question : Ton cœur est-il droit envers moi ainsi que mon cœur l’est à ton égard ?
S’il en est ainsi, donne-moi la main. Je ne dis pas : Sois de mon opinion. Ce n’est point nécessaire ; je ne le demande ni ne l’attends. Je ne dis pas davantage que je veuille être de votre opinion. Je ne le puis, ce n’est pas à mon choix ; je ne suis pas plus libre de penser que de voir ou d’entendre à ma volonté. Gardons chacun notre opinion, et cela aussi décidément que jamais. Ne vous efforcez même ni de venir à moi ni de m’amener à vous. Je ne vous demande ni de disputer sur ces points, ni même d’en parler. Que les opinions restent, de part et d’autre, ce qu’elles sont. Seulement donne-moi la main.
Je ne dis pas : Embrasse mon culte, ni j’embrasserai le tien. C’est encore une chose qui ne dépend ni de votre choix ni du mien. Chacun de nous doit agir comme il est pleinement persuadé dans son esprit. Estimez que ce que vous croyez est le plus agréable à Dieu ; je ferai de même. Je tiens la forme épiscopale pour scripturaire et apostolique. Si vous pensez que la presbytérienne ou l’indépendante vaut mieux, gardez votre pensée et agissez en conséquence. Je crois qu’il faut baptiser les enfants, et que ce baptême peut se faire soit par immersion, soit par aspersion. Si vous pensez autrement, gardez votre pensée et suivez votre persuasion. Les prières liturgiques me paraissent d’un excellent usage, surtout dans la grande assemblée. Si vous croyez les prières improvisées plus utiles, agissez selon votre propre jugement. Mon sentiment est que je ne puis refuser l’eau du baptême et que je dois manger le pain et boire le vin, en mémoire de mon Maître mourant ; mais cependant, si ma conviction n’est pas la vôtre, agissez suivant vos lumières. Je ne veux disputer avec vous sur aucun de ces points ; laissons ces choses secondaires et qu’il n’en soit jamais question.
Si ton cœur est comme mon cœur, si tu aimes Dieu et tous les hommes, je ne demande rien de plus : donne-moi la main.
Donne-moi la main, c’est-à-dire, d’abord aime-moi, mais non pas seulement comme tu aimes tous les hommes, comme tu aimes tes ennemis ou les ennemis de Dieu, ceux qui te haïssent, qui t’outragent et qui te persécutent, comme tu aimes celui qui t’est étranger et que tu ne connais ni en bien ni en mal ; non, cela ne me suffit point ; si ton cœur est aussi droit envers moi que mon cœur l’est à ton égard, aime-moi d’une affection tendre et cordiale, comme un ami plus attaché qu’un frère, comme un frère en Christ, comme un concitoyen de la nouvelle Jérusalem, comme un compagnon d’armes engagé dans la même guerre et sous le même capitaine de notre salut. Aime-moi comme compagnon dans le royaume et la patience de Jésus et comme cohéritier de sa gloire.
Aime-moi (mais à un plus haut degré que tu ne le fais pour le commun des hommes) de cet amour qui est patient et plein de bonté, qui, si je suis ignorant ou si je m’égare, m’aide à porter mon fardeau, bien loin de l’aggraver ; de cet amour qui ne sera point envieux, si jamais il plaît à Dieu de bénir mes travaux plus que les tiens ; qui ne s’aigrit point, si j’ai des défauts ou des infirmités, ou même s’il te semble quelquefois que je n’agis pas selon la volonté de Dieu. Aime-moi de cet amour qui ne soupçonne point le mal, pour n’avoir jamais à mon égard de mauvais soupçons ; de cet amour qui excuse tout, pour ne jamais révéler mes fautes ou mes infirmités ; qui croit tout, pour prendre toujours en bien mes paroles et mes actions ; qui espère tout, pour espérer, si l’on me reproche quoi que ce soit de mal, que je n’ai rien fait de semblable, ou que les circonstances étaient autres qu’on ne les rapporte, ou que c’était dans une intention pure ou, enfin, sous le coup soudain de la tentation ; pour espérer toujours, que tout ce qui est défectueux sera redressé par la grâce de Dieu, et qu’il suppléera à tout ce qui manque par les richesses de sa grâce en Jésus-Christ.
Donne-moi la main, c’est-à-dire, en second lieu, recommande-moi à Dieu dans toutes tes prières ; lutte avec lui en ma faveur, afin qu’il veuille promptement redresser ce qui est mal et suppléer à ce qui me manque. Quand ton accès au trône de la grâce est le plus intime, demande à Celui qui est alors tout près de toi que mon cœur devienne plus semblable à ton cœur, plus droit envers Dieu et envers les hommes ; que j’aie une conviction plus entière des choses qu’on ne voit point, et une vue plus distincte de l’amour de Dieu en Jésus-Christ ; que je sois plus ferme à marcher par la foi, et non par la vue, et plus ardent à saisir la vie éternelle ; demande que l’amour de Dieu et des hommes soit répandu plus abondamment dans mon cœur, que je sois plus fervent et plus actif à faire la volonté de mon Père céleste, plus zélé pour les bonnes œuvres et plus attentif à m’abstenir de toute apparence de mal.
Donne-moi la main, c’est-à-dire, en troisième lieu, encourage-moi à la charité et aux bonnes œuvres. Après avoir prié pour moi, dis-moi avec amour, selon l’occasion, tout ce que tu crois salutaire à mon âme. Aiguillonne-moi à faire l’œuvre que Dieu m’a donnée à faire et enseigne-moi à la mieux faire. Frappe-moi amicalement et me reprends, lorsqu’en quoi que ce soit je te parais faire ma volonté plutôt que celle de Celui qui m’a envoyé. Oh ! ne crains pas de me dire tout ce qui, dans ton opinion, peut servir soit à corriger mes fautes, soit à fortifier ma faiblesse, soit à m’édifier dans l’amour ou à me rendre plus propre, en quoi que ce soit, au service de mon Maître.
Donne-moi la main, c’est-à-dire, enfin, aime-moi, mais non pas seulement comme tu aimes tous les hommes, non en paroles seulement, mais en effet et en vérité. Joins-toi à moi, autant que tu le peux en conscience (tout en retenant tes vues particulières et ton culte), et donnons-nous la main pour l’œuvre de Dieu. Tu peux aller jusque-là. Parle honorablement, en tous lieux, de l’œuvre de Dieu, quel qu’en soit l’instrument ; parle avec amour de ses messagers. Et lorsqu’ils sont dans les difficultés et dans les détresses, ne te contente pas de sympathiser avec eux, mais donne-leur, selon ton pouvoir, une assistance joyeuse et efficace, afin qu’ils puissent glorifier Dieu à ton sujet. Et ici, qu’on se rappelle deux choses : la première, que tout cet amour, toutes ces marques d’amour que je réclame de celui dont le cœur est droit comme mon cœur, je suis prêt, par la grâce de Dieu, selon ma propre mesure, à les lui rendre ; la seconde, que je ne réclame point cela pour moi seul, mais que je le demande en faveur de quiconque est droit de cœur envers Dieu et envers les hommes, afin que nous nous aimions les uns les autres comme Christ nous a aimés. »
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Ce sermon n’est pas, comme on serait tenté de le supposer, l’œuvre d’un vieillard revenu de bien des illusions et ayant appris la modération et la tolérance par ses frottements avec ses semblables. Non, la première édition est de 1750, et Wesley lui a fait place, dès lors, dans le recueil de ses sermons. Il fait partie des cinquante-trois qu’il considérait comme formant le cours de doctrines de sa théologie, à l’usage des candidats au ministère.