En général, ceux qui admettent que Paul a fait trois voyages en Galatie, pensent que l’épître a été écrite après son second et avant son troisième à Jérusalem, entre les années 44 et 52 ; tandis que les partisans de deux voyages seulement s’accordent à placer l’époque de sa rédaction après le quatrième à Jérusalem, c’est-à-dire après l’an 55. Entrons dans l’examen de la question.
A. Le premier argument roule sur Galates 2.1. De quel voyage y est-il parlé ? Paul en a fait cinq à Jérusalem :
- après sa conversion (Actes 9.26 ; Galates 1.18 [an 38]) ;
- lors de la famine (Actes 11.29-30 [an 44]) ;
- pour l’assemblée apostolique (Actes ch. 15 [an 52]) ;
- à Pentecôte pour un vœu (Actes 18.22 [an 55]) ;
- celui, enfin, de son emprisonnement (Actes 21.17 [an 60]).
Calvin, Maïor, Bloch, Keil, Gabier, Eichhorn, Süskind, Künœl, Jaspis, Paulus, Niemeyer, soutiennent qu’il est question, dans ce verset, du second ; et Irénée, Chrysostome, Théodoret, Jérôme, Pélage, Augustin, Coccéïus, Gruner, Pearson, Hothinger, Lorenz, Semler, Moldenhauer, Koppe, Stroht, Henke, Paley, Vogel, Haselaar, Borger, Hug, Schmidt, Ammon, Emmerling, Flatt, Winer, Hemsen, Schott, de Wette, Néander, du troisième.
a. Le but de Paul était de démontrer, à l’encontre de toute origine humaine, la divinité de son apostolat et de sa prédication, disent les premiers. Il devait donc, à cet effet, citer tous les voyages qu’il avait déjà faits à Jérusalem, sans en omettre aucun ; or, ayant déjà parlé de son premier (Galates 1.18), il est naturel d’admettre que, suivant l’ordre des temps, il continue sans lacune son histoire, dans le passage 2.1, si rapproché de 1.18, lorsqu’il débute par ces mots : ensuite, etc. Ainsi prenant le mot grec de nouveau comme synonyme de en second lieu, nous concluons que Paul va parler du second au commencement du ch. 2. — R. Le but de Paul dans les ch. 1 et 2 n’exigeait pas la mention du second voyage, répondent les autres. Il ne voulait pas raconter les vicissitudes de sa vie, mais prouver par des faits remarquables que sa prédication ne venait pas de source humaine, et qu’il était, lui, l’égal des autres apôtres, de leur propre assentiment. Il lui importait de faire ressortir qu’avant son premier voyage, après sa conversion, il avait déjà annoncé l’Évangile avec indépendance, proprio motu ; que ce premier voyage n’avait pas été tait dans l’intention de s’instruire auprès des apôtres ; que ce n’était qu’après un assez long laps de temps, rempli de son action apostolique personnelle, indépendante et victorieuse, qu’il s’était entretenu et accordé avec les apôtres colonnes sur la question des rapports du judaïsme et du christianisme, et que, malgré leurs différences, il avait été reconnu par eux, apôtre véritable. Ce but ne rendait pas nécessaire la citation de tous ses voyages à Jérusalem, et en particulier du second, si insignifiant pour la chose en question ; car, ce voyage fort court et où il n’avait presque à faire qu’avec les diacres, se fit dans de malheureuses circonstances qui n’étaient pas propres à une conférence apostolique. Pierre était même absent (Actes 12.17). L’apôtre se hâte donc d’arriver au troisième qui était si important, et de rappeler l’exposition qu’il avait faite à la ville sainte de ses succès missionnaires chez les païens (succès postérieurs à la collecte, puisqu’ils étaient presque nuls à cette époque), et l’approbation des apôtres relative à sa glorieuse et triomphante évangélisation (Galates 2.7).
b. Mais, ajoute-t-on, pour détruire tout soupçon, Paul aurait dû dire que son second voyage ne méritait pas d’être cité. — R Paul n’était pas préoccupé de la crainte de ces soupçons ; son ouverture loyale, son parler franc et net sur Pierre et Jacques et ses liaisons avec eux (Galates 1.18-19) le prouvent. S’il avait voulu anéantir ces soupçons supposés, il aurait dû s’expliquer bien autrement, et dire qu’il n’avait pas été institué en particulier par Pierre et Jacques (voy. Actes 9.26) ; ainsi il faut revenir à cette bonne foi jurée qui veut convaincre par le récit simple et vrai, mais non détruire les scrupules passionnés et toujours renaissants d’un hostile soupçon, ce qui est impossible. D’ailleurs la mention qu’on désire ne détruirait pas ces méfiances supposées chez les Galates, car (v. 21) un apôtre aurait pu se rendre en Syrie et l’instituer. Le dessein de Paul n’était donc pas et ne pouvait pas être d’anéantir ces soupçons.
c. Paul (Actes 11.29-30) avait pour compagnon Barnabas, et il nous dit (Galates 2.1) que Barnabas et Tite l’accompagnèrent à Jérusalem. Cette coïncidence prouve en faveur de notre thèse. — R. Paul à cette époque (Actes ch. 11) était plutôt le compagnon de Barnabas, que Barnabas n’était le sien. En outre, il est question (Galates 2.1) de deux co-voyageurs, et (Actes 11.30) d’un seul. Ainsi disparaît cette difficulté qui devient même une preuve, car il est dit (Actes 15.2) conformément à Galates 2.2 : « Il fut convenu que Paul, Barnabas et quelques autres ».
d. (Galates 2.2) L’apôtre partit par révélation ; et comme nous lisons (Actes 11.28) que Paul et Barnabas emportèrent la collecte par suite de la prophétie d’Agabus, cette harmonie, dit-on, est une nouvelle preuve. — R. Il y aune grande différence entre les deux récits. D’un côté Paul monte à Jérusalem par suite d’une révélation faite à sa personne, sans qu’il soit question d’un intermédiaire ; de l’autre il y va par choix (Actes 11.28). Ainsi le passage (Galates 2.1) n’est pas favorable à l’opinion que, l’épître a été rédigée après le second voyage à Jérusalem, puisque ce verset a plus de rapports avec le troisième ; passons à d’autres raisons.
B. (Galates 2.9) Les apôtres se distribuent la prédication de l’Évangile ; Pierre, Jacques, Jean sont pour les Juifs, Paul et Barnabas pour les païens, ce qui coïncide avec Actes 12.25 ; ch. 13, car après le voyage pour la collecte, Paul et Barnabas partirent pour convertir les Gentils. — R. Ce passage n’établit pas qu’alors seulement l’apôtre résolut de prêcher les païens, car il n’aurait pas pu dire (v. 7) : « Quand ils virent et comprirent que l’évangélisation des païens m’avait été confiée. » Il avait par conséquent été apôtre des Gentils auparavant, soit à Antioche (Actes 11.26), soit en Cilicie (Actes 9.30 ; Galates 1.21). Il y a plus ; non seulement rien n’empêche d’admettre que la convention arrêtée entre les apôtres (Galates 2.7) est postérieure aux prédications des Actes ch. 11 ; mais c’est même plus probable, puisque la conviction de Pierre (Galates 2.7) sur la légitimité apostolique de Paul reposait sur les succès patents de ce dernier, succès publiquement énoncés, et obtenus dans les, courses des chapitres 13 et 14 après le second et avant le troisième voyage, son évangélisation n’étant qu’à son commencement lorsqu’il partit d’Antioche pour le transport de la collecte (Actes 11.30.
C. Pierre se sépare des pagano-chrétiens (Galates 2.11 etc.). Ce fait, placé après le décret auquel il avait pris tant de part (Actes 15.23-29), ne serait pas vraisemblable ; c’est pourquoi il est antérieur au troisième voyage. — R. Ce fait pourrait être arrivé avant l’assemblée apostolique sans qu’il en résultât que l’épître n’a pas pu être faite plus tard ; et d’ailleurs si c’est parce que la faute serait trop grave qu’on ne veut pas placer cet événement après Actes 15.23-29, cette raison est nulle. En effet dans la supposition que Galates 2.1, se rapporte au second voyage, Paul n’avait pas moins convaincu les apôtres que la prédication des païens lui était confiée (2.7) ; il n’était pas moins convenu entr’eux qu’il irait, lui, chez les Gentils, et eux chez les Juifs (2.9) et cependant plus tard Pierre à Antioche, s’oppose par sa conduite à cette conviction ! Pierre ne mérite-t-il pas tout aussi bien le reproche d’inconstance ? Bien plus : avant d’aller à Antioche, Céphas avait été divinement averti de l’égalité des droits qu’avaient les païens et les Juifs à l’Évangile ; à son retour à Jérusalem, il s’était fortement opposé à l’étroitesse du particularisme juif (Actes 10.8, 11 ; 11.2, 11) et cependant il avait encouru blâme après cette instruction divine ! Cette preuve est encore sans valeur.
D. Mais pourquoi Paul a-t-il négligé de citer le décret jérusalémite, soit à Pierre, soit aux Galates ? Ce silence ne peut être expliqué qu’en admettant que l’épître a été faite avant le décret ou le troisième voyage. —R. Ni le principal dessein de l’épître, ni l’enchaînement de l’argumentation n’exigeaient que mention fût nécessairement faite de ce décret. Quant à ce qui regarde Pierre, il est clair que nous n’avons pas tout le discours qui lui fut adressé (Galates 2.14) ; et, d’ailleurs, pourquoi lui parler d’un décret qui ne pouvait pas être tombé dans l’oubli ? Pourquoi ne pas plutôt lui rappeler l’admonition divine (Actes 10.18) ? Il ne restait à Paul qu’un parti, celui d’attaquer son inconstance par des raisons puisées dans la nature de la doctrine chrétienne, et c’est ce qu’il fait jusqu’à la fin du chapitre. Quant aux Galates, ils connaissaient le décret puisque Paul (Actes 16.4) leur avait recommandé en venant de Jérusalem, de garder les ordonnances de l’assemblée, et il n’y avait aucun profit à le citer, puisqu’il ne les avait pas empêchés d’écouter de faux docteurs. A quoi bon invoquer une chose connue et impuissante ! Ici encore ayant à défendre sa dignité apostolique, l’apôtre devait emprunter sa force, non à une œuvre extérieure, mais à l’Évangile qu’il prêchait, à sa divine autorité, à sa nature absolument vraie, d’autant plus que le mezzo-terminé de Jérusalem n’allait pas aussi loin que ses principes sur l’abolition de toute la loi cérémonielle. Si nous ajoutons que dans ses écrits postérieurs (1 Corinthiens ch. 8 et 9), il ne cite pas les décisions apostoliques lorsqu’il traite les mêmes matières, nous avouerons que ce raisonnement est encore de nul poids.
E. Paul, dit-on, après la réunion jérusalémite eut des opinions mitigées sur la question du mosaïsme. Il fit circoncire Timothée, né de père grec, par condescendance pour les Juifs de Phrygie et de Pisidie (Actes 16.3) ; puis apprenant que ses concitoyens voyaient avec peine ses principes et ses enseignements sur la loi (Actes 21.20-26), il se mit à l’observer. Dans notre épître, au contraire, il relève fort durement Pierre qui voulait imposer le joug mosaïque aux païens, et il va jusqu’à dire que si les Galates admettent le judaïsme, Christ ne leur servira de rien (Galates 5.2). Ce changement de conduite (Actes 16.3 ; Galates 5.2 ; 1 Corinthiens 9.20 ; Actes 21.20-21 ; Galates 2.14), cette douceur postérieure au décret, ne disent-ils pas que la sévérité qu’il déploie dans notre épître est antérieure au colloque, c’est-à-dire au troisième voyage ? — R. Quand bien même ce conflit entre Pierre et Paul serait arrivé avant la réunion, ce ne serait pas un motif pour que l’épître n’eût pas pu être écrite à une époque plus reculée, après le second voyage en Galatie (Actes 18.23) par exemple ; mais nous n’avons pas besoin de recourir à cette réponse. Il en est une autre péremptoire, renfermée dans 1 Corinthiens 9.20. Paul cède toujours de son gré aux hommes faibles, attachés au judaïsme, lorsqu’il peut en résulter quelque avantage pour le christianisme (Actes 16.3 ; 21.20), mais il résiste fortement aux orgueilleux, aux zélotes exclusifs et fanatiques de la loi (Galates 2.14) et soutient alors la nullité du judaïsme rituel avec une verve de sévérité foudroyante (Galates 5.2). L’épître aux Romains renferme cette même vigueur, de résistance, ce ton tranchant sur l’Ancien Testament et cependant elle est de beaucoup postérieure à la sentence apostolique. Ce reproche est si mal fondé à nos yeux, que la conduite de Paul est pour nous un modèle de sagesse et une règle parfaite de direction chrétienne.
Nous ne pouvons passer sous silence une observation générale, qui sera en même temps une réponse commune ; c’est que tous les raisonnements précédents pris en particulier comme en masse, loin d’établir par des preuves directes que l’épître a été écrite avant la conférence, ne sont que des tentatives pour rattacher au second voyage des faits de l’épître que l’opinion contraire cite pour prouver une époque postérieure de rédaction. Ce sont des efforts impuissants ; des réponses avortées aux raisons et aux objections des adversaires. Le résultat final est qu’on ne peut démontrer que Paul ait écrit après le second et avant le troisième voyage ; et même les réfutations nous semblent si concluantes, que nous y voyons une présomption très fort en faveur de la seconde opinion.
1) A cette présomption, à ces preuves indirectes se joignent de puissants motifs pour appuyer notre thèse, savoir que le voyage de Galates 2.1 est le troisième. C’est d’abord l’accord qui règne entre le récit 2.1 et suiv. et Actes ch. 15 :
- Galates 2.1, Paul monta avec Barnabas, prenant aussi Tite avec lui, et nous lisons dans Actes 15.2, que Paul, Barnabas et quelques-uns d’entr’eux montèrent à Jérusalem ;
- Galates 2.2,6 : Aux excellents ; et Actes ch. 15 : Vers les apôtres et les Anciens ;
- Galates 2.27, etc., Paul déclare avoir exposé son Évangile aux autres apôtres, tel qu’il l’avait prêché aux Gentils, et avoir été reconnu comme véritable apôtre. (Voy. parallèle : Actesch. 15 ;
- Galates 2.3, Paul nous dit que Tite ne fut pas même obligé de se faire circoncire, et (Actes 15.10) Pierre avoue franchement que ceux-là errent grandement et tentent Dieu, qui veulent imposer aux païens le joug juif. Jacques accède à cette manière de voir et les apôtres et les Anciens décrètent, etc. ;
- Galates 2.4 Des hommes qui n’étaient chrétiens que de nom, s’étaient furtivement glissés pour épier la liberté chrétienne ; Actes 15.1, 5 : Or quelques-uns étaient venus de Judée enseignant les frères, etc.
Ces coïncidences sont décisives, et on pourrait encore les augmenter ; apportons d’autres preuves.
2) Quand Paul alla à la ville sainte à cause de la famine, il avait pour chef, Barnabas ; il était son compagnon, car peu auparavant il avait été recommandé par lui aux chrétiens jérusalémites et était parvenu, lui protégé, à être regardé comme chrétien sincère, sous le patronage de son protecteur (Actes 9.26). Au temps de la famine il n’avait pas fait beaucoup de voyages pour la cause chrétienne (Actes 11.25,30 ; 14.12). Dans notre épître nous le voyons avec Barnabas dans de tout nouveaux rapports ; celui-ci est devenu son compagnon, or ce ne fut que par la mission qu’il entreprit avec Barnabas en partant d’Antioche que cette supériorité apostolique qui brille au colloque éclata et s’établit. Cette porte de la foi ouverte aux nations (Actes 14.27) ; ces prodiges faits au milieu d’elles (Actes 15.12) s’accordent à merveille avec le récit des succès de l’apôtre (Galates ch. 2) ; c’est ainsi que le ton général et l’allure de ce chapitre conviennent mieux au troisième voyage qu’au second.
3) Il est, en outre, impossible chronologiquement de faire harmoniser avec le voyage pour la collecte, le chiffre des 14 ans (Galates 2.1). En effet la famine arriva sous Claude, l’an 44 ; selon l’opinion générale ; ajoutez 14 à 35 époque de la conversion, vous avez 49 ; ou à 38 époque du premier voyage, vous avez 52, deux conclusions également en contradiction avec l’an 44. Ou bien par voie rétrograde retranchez de 44, les 14 ans, vous arriverez à 30 pour date du voyage, et à 27 pour date de la conversion, ce qui est encore impossible, puisqu’il y a trois ans d’intervalle entre la mort de Christ, qui arriva l’an de Rome 784-5, ou l’an 32-33, et la conversion de Paul qui eut lieu l’an de Rome 788, du Christ, 35-36. Il est vrai qu’on a cherché à soutenir qu’il fallait lire τεσσάρων (4) et non δεκατεσσάρων (14) ; mais la leçon des 14 ans est tellement accréditée par l’autorité de tous les manuscrits, que nous regardons comme inutile de nous arrêter plus longtemps sur ce sujet. Ce nombre 14, au contraire, est tout-à-fait favorable au second système. Nous posons comme vrai que la conférence (Actes ch.15) eut lieu l’an 52 ; retranchez 14 et il reste 38 époque du premier voyage ; diminuez encore de 3 (Galates 1.18), et nous obtenons 35 pour date de la conversion.
La chronologie s’accorde ainsi admirablement avec notre manière de voir, et la conclusion générale que nous tirons de tout ce qui précède, dans ce paragraphe est : que l’épître a été écrite après l’assemblée apostolique, ou après l’an 5a.
4) Poursuivons ; il est dit (Galates 4.13) : « Nous vous évangélisâmes la première fois », d’où il résulte que l’apôtre avait vu deux fois les Galates lorsqu’il leur écrivait ; car la notion du temps passé étant suffisamment indiquée par l’aoriste moyen, il n’y avait pas lieu d’ajouter πρότερον à moins de distinguer un premier voyage d’an postérieur. On a dit que ce mot grec pouvait s’expliquer de la manière suivante : jusque là Paul avait évangélisé une fois les Galates, de vive voix et maintenant il venait les évangéliser une seconde fois, par cette lettre, scripturairement. — Mais d’abord dans le Nouveau Testament, le mot évangéliser est toujours employé pour désigner et caractériser ceux qui annoncent de bouche l’Évangile, et puis on ne voit pas comment cette épître qui suppose le christianisme connu et qui n’a pour but que de réfuter des erreurs opposées à la liberté chrétienne, peut recevoir le titre d’évangéliste. Elle a donc été écrite après deux voyages en Galatie, qui sont, le premier (Actes 16.6), et le second (Actes 18.2-3), puisque nous avons démontre, § 6, que Actes 14.6, n’en contient aucun.
5) L’apôtre, rentrant chez les païens au sortir de la conférence avait prêché aux Galates (Actes 16.6) le thème qui venait d’être arrêté et fixé (Actes 16.4). Ce décret tout en déliant les païens de l’observation de la loi, n’avait pas déclaré l’inutilité de cette loi pour les Juifs, puisqu’il les renvoyait prudemment à Moïse (15.20-21). Paul prêchant dans cet esprit, dit Hug, avait trouvé de l’écho en Galatie, de telle sorte que les Juifs de ce pays ne lui faisaient pas obstacle ; il y avait calme, repos, harmonie dans cette église ; dès lors la lettre n’a pas pu être faite après cette première visite. — Avant son second voyage galate (Actes 18.23) disions-nous plus haut, il était allé à Corinthe (Actes 18.1) où il rencontra des Juifs chassés de Rome par un édit de Claude, l’an 52 ou 53. (Tacite, Ann. 12, 52, 54. Josephe, Antiq. 20, 5, 4, 7, 1. De bello Judaïco. 2, 12 ; 2, 8). Il y resta un an et demi (Actes 18.11), se rendit à Éphèse (Actes 18.19), de là à Césarée, à Antioche (18.22) ; monta à Jérusalem pour la Pentecôte, l’an 55, et descendit à Antioche. C’est alors qu’eut lieu, selon Néander, le conflit entre Pierre et Paul et que se ranima la lutte des Juifs contre les pagano-chrétiens. Il fit sa seconde visite en Galatie, et retourna rapidement à Éphèse selon sa promesse vers les premiers temps de l’an 56. Il ne put donc écrire son épître avant son arrivée à Éphèse, c’est-à-dire avant l’an 56, car le temps écoulé entre son passage rapide en Galatie et son arrivée à Éphèse était bien nécessaire, soit aux zélotes pour troubler les églises en question, soit à la nouvelle de ces désordres pour arriver jusqu’à lui. Nous croyons que l’épître date du commencement de son séjour, et nous nous appuyons sur le mot promptement (Galates 1.6). Paul s’étonne que ces chrétiens qu’il vient de voir aient si promptement prêté l’oreille à de faux docteurs ; ce changement subit qu’expliquent le naturel, le caractère de la race gauloise, et le grand étonnement de Paul nous obligent à admettre un assez court intervalle entre sa visite et son épître, et c’est pour cela que nous donnons pour date probable le commencement de l’an 56. Hemsen est pour ta fin de 57 ou le commencement de 58. De Wette pour 58 ; Hug pour la seconde année du règne de Néron, de 55 à 56 ; Bertholdt et Eichhorn pour 57 ou 58 ; Schott pose pour termes extrêmes le commencement de l’été 54, et la fête de Pentecôte 56 ; il n’ose pas se prononcer plus nettement. Winer voyant un si grand dissentiment dans les opinions, et doutant qu’on puisse jeter du jour sur la question, la passe sous silence, se contentant de citer les dates de Bertholdt et d’Eichhorn.