Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Matthieu 11.28-30
Quand je suis arrivé, hier, dans votre pays, la beauté de ses paysages a provoqué mon admiration, mais les choses belles et les pays magnifiques ne peuvent satisfaire nos âmes ; elles peuvent satisfaire nos yeux jusqu'à un certain point, mais pas nos cœurs. Sans doute, c'est la création de Dieu, et à travers la création, nous pouvons voir quelque chose du Créateur, mais l'homme et le cœur de l'homme ne peuvent être satisfaits que par le Créateur lui-même.
Les hommes cherchent toute espèce de moyens pour trouver le repos et la paix de leur cœur, mais l'expérience prouve que les choses de ce monde ne peuvent les donner. Notre faim et notre soif peuvent être apaisées, mais non pas nos âmes. J'ai vu des millionnaires et leur ai demandé : Sans doute, vous êtes contents de votre sort ; votre richesse vous satisfait ? Ils ont répondu : Non, absolument pas ! J'ai rencontré des personnages haut placés, des rajahs et des rois, et je leur ai demandé : Etes-vous satisfaits ? Ils m'ont répondu : Non. Ils m'ont fait cette confession : Nous avons des besoins, mais nous ne trouvons rien qui satisfasse notre âme. Beaucoup se sont efforcés de trouver ce repos de leur âme, mais ils se sont peu à peu lassés de cette recherche et ils sont tombés dans le désespoir.
C'est aussi mon expérience personnelle : J’ai essayé, dans la maison de mon père, de satisfaire mon âme par les jouissances du luxe et du confort. Rien n'a pu satisfaire mon âme. Puis j'ai essayé de chercher le repos par les moyens qu'offrent les religions de l'Inde : Hindouisme, Boudhisme, Mahométisme... Là non plus, je n'ai rien trouvé. Je pris l'habitude de passer des heures dans la prière et la méditation, mais cela non plus ne m’a servi à rien. Il n'y avait pas de secours dans ces religions-là. Puis j'ai lu dans l'Evangile : Venez, et je vous donnerai le repos de vos âmes. Je n'ai pas pu le croire ; je me suis écrié : Comment, notre religion, l'hindouisme, qui est la plus belle religion du monde, ne me donne pas la paix ! et une autre religion pourrait me la donner ! Et cependant, le Christ seul peut prononcer ces paroles ; aucun autre ne peut dire : Venez à moi, et je vous donnerai le repos...
Dans ce temps-là, je haïssais les chrétiens. Quand je voyais la Bible, je me disais : Il est possible qu'il y ait de très bonnes choses dans ce livre-là, mais il est contre notre religion. C'est pourquoi je le déchirais. Quand je voyais les missionnaires venir prêcher l'Evangile, je me disais : Ces gens-là font du mal, ils sont venus tout gâter chez nous. Et quand ils passaient dans mon village, je prenais des pierres pour les leur jeter et ordonnais à nos serviteurs de leur en jeter aussi. Je disais : Le Christ n'a pas pu se sauver lui-même, comment pourrait-il sauver les autres ? J'étais aveuglé. Je ne pouvais pas voir sa gloire.
Je me rappelle le jour – le 16 décembre 1904 – où j'ai jeté au feu une Bible arrosée de pétrole, et l'ai brûlée. Je pensais faire mon devoir en obéissant à ma religion hindouiste, mais cela ne me fit aucun bien à moi-même. Finalement je devins tellement angoissé et tourmenté que je résolus de mettre fin à ma vie ; cependant, avant de commettre le suicide que je méditais, je voulus passer un moment en prière.
Après une heure et demie de prière, tout à coup m'apparut quelque chose de merveilleux. C'était le 18 décembre ; il y avait deux jours que j'avais brûlé la Bible. Je vis apparaître la face glorieuse du Christ vivant. Il me dit : jusqu'à quand continueras-tu a me persécuter ? Je suis mort pour toi, je suis le Sauveur du monde. Je restai stupéfait. J'avais l'habitude de penser qu'il était mort, et voici, il était devant moi, c'était sa voix, et je le sentais me pénétrant de part en part comme un courant divin. Et je lui consacrai ma vie.
C'est là que se trouve la paix, la joie vivante.
Quand j'allai vers mon père, il était encore nuit ; c'était de grand matin. Je lui déclarai que j'étais chrétien. Il me dit : Ce n'est pas possible, avant hier tu brûlais la Bible. Je lui répondis : J'ai vu le Christ ; il est vivant. Il m'a donné cette paix que nul autre n'a pu me donner. Mes parents et mes amis vinrent me trouver et me posèrent la même question. Je persécutais le Christ, dis-je, parce que je ne le connaissais pas. Maintenant je le connais ; je ne vous prêche pas quelqu'un qui me soit étranger. Je leur disais encore : Autrefois j’avais entendu parler de lui, mais je ne Le connaissais pas Lui-même.
Beaucoup de chrétiens sont dans le même cas. Ils ne connaissent pas Jésus lui-même. Et voici la différence qu'il y a entre savoir quelque chose de Jésus-Christ et Le connaître lui-même : Quand je connaissais quelque chose de lui, je le haïssais, mais maintenant, je Le connais, lui, et je l'aime. Beaucoup d'hommes prétendent être chrétiens et vivre une vie chrétienne, mais ils n'ont pas la paix, le repos, et ils cherchent la paix ailleurs, même dans le péché. C'est parce qu'ils ne connaissent pas Jésus-Christ. Connaître les choses qui concernent Jésus-Christ, cela ne sert de rien, il faut le connaître lui-même. Nous pouvons comprendre ce qu'on dit de Lui en lisant des livres, mais Lui, nous ne pouvons le connaître que par la prière. Je connaissais les choses qui concernent Jésus-Christ. Cela ne me servait de rien. Quand j'ai commencé à prier, alors il s'est révélé à moi, et dès lors j'ai pu dire aux autres : Connaissez-le, et il vivra en vous, et vous donnera véritablement le repos de vos âmes.
Cette paix, nous ne l'avons pas seulement lorsque tout va bien, mais c'est au milieu de la persécution, des souffrances qu'elle nous inonde.
Au Thibet, je fus jeté une fois dans une citerne où je restai trois jours sans nourriture et sans rien à boire. La porte était scellée et il faisait complètement nuit ; il y avait à côté de moi des cadavres. J'eus l'impression que j'étais en enfer ! Alors monta dans mon cœur une tentation : Où donc est ton Christ ? Tu vois qu'il ne te sert à rien ; il n'a pas pu t'aider, il ne vient pas à ton secours... Mais je me souviens aussi, pendant ces trois journées passées au fond de ce puits dans la souffrance, avec mon bras brisé, dans la puanteur dégagée par les cadavres, de la joie de mon cœur que rien ne pouvait me ravir... Et j'ai fait la comparaison : Dans la maison de mon père, je n'avais ni repos, ni calme, et maintenant, dans cet enfer, j'ai la paix. Cet enfer devient le ciel ! Voilà réalisée la promesse de Jésus d'être toujours avec nous. Jamais je n'aurais pu me figurer d'avance que la paix du Seigneur pourrait inonder un cœur dans des conditions si difficiles ; c'était la paix qui surpasse toute intelligence...
Je fis ensuite une autre expérience merveilleuse : Au moment où je pensais que j'allais passer dans l'autre monde, j'entendis la porte s'ouvrir, une main me lança une corde, mais lorsque j'arrivai à l'air libre, il n'y avait plus personne ! Alors je compris qu'Il est toujours là pour nous tirer de la détresse.
Non, le temps des miracles n'est pas passé, mais le temps de la foi est en train de s'en aller. Vous direz peut-être que c'était un rêve et que c'était un être humain qui a ouvert la porte de la citerne et m'a délivré... Les hommes ne peuvent pas remettre un bras cassé en le touchant simplement... et une main me toucha le bras et le guérit. Ce ne sont pas les mains des hommes qui font cela, mais la main du Seigneur.
Je peux prêcher le Christ, non parce qu'il est écrit de lui dans la Bible, mais parce que j'ai connu qu'il est le Christ vivant. S'il n'était pas le Christ vivant, je ne prêcherais pas l'Evangile que je brûlais il y a quelques années seulement. Je ne serais pas disposé à souffrir pour Lui, quand même il a souffert pour moi...
Il y a de malheureux chrétiens qui se réjouissent d'être dans le ciel après leur mort, mais ils ne se rendent pas compte que le ciel doit commencer sur la terre. Je ne crois pas à cette religion qui promet un ciel pour plus tard. Si nous nous donnons à Christ, nous reconnaîtrons que le ciel commence ici même.
Bien des gens sont fiers de leurs belles maisons, de leurs beaux ornements ou de leur beau pays. Mais dans cette maison, ce pays, vous n'y serez pas toujours ; dans dix ans, dans vingt ans, il faudra que vous les quittiez. Votre maison n'est pas ici, votre véritable home est là-haut. Et avant d'être là-haut, il faut que vous commenciez à y vivre dès ici-bas. Si ces chrétiens qui s'attendent à être admis dans le ciel après leur mort, et qui n'en font pas l'expérience dès ici-bas, sont en effet reçus dans cette maison céleste, ils s'y sentiront déplacés, mal à leur aise... ils souffriront d'être là où ils ne sont pas accoutumés à vivre.
Je ne suis pas le seul qui ait fait l'expérience du Christ vivant. Je me souviens avoir rencontré un autre homme qui me raconta son histoire merveilleuse : Lui aussi avait cherché dans le boudhisme et l'hindouisme la paix, sans la trouver. Un jour, il ferma sa porte, prit un couteau bien aiguisé, résolu à se tuer. Il se disait Il n'y a point de Dieu. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le trouver, et il ne m'a pas répondu. Au moment même où il saisissait le couteau pour se couper la gorge, il vit un homme qui se tenait près de la porte, un homme, d'apparence quelconque. Cet homme lui dit : Je sais que tu as fait tout ce que tu as pu pour trouver le repos de ton âme. Viens avec moi... Il le mena à la frontière du Thibet ; il y avait là une rivière et il lui demanda de l'attendre près de cette rivière. A dix kilomètres de là vivait un simple chrétien, que l'inconnu alla chercher... Et le chrétien pensait : Cet homme est sans doute un ami de ce chercheur de vérité, auprès duquel il me conduit : ce dernier aura entendu parler de moi, et aura désiré me voir... Le boudhiste pensait de son côté : L'homme qui m'a conduit ici est un ami de ce chrétien... Mais ni l'un, ni l'autre ne savait qui était cet intermédiaire mystérieux. Alors le chrétien commença à parler de l'Evangile au boudhiste. Soudain, une émotion saisit celui-ci, le Saint-Esprit était à l’œuvre en son âme. Une paix toute nouvelle entra en lui, et il ne put s'empêcher de le confesser. Et lorsqu'il fut un peu plus avancé dans la connaissance de l'Evangile, le chrétien lui dit : Il faut maintenant que tu sois baptisé, descendons à la rivière ; mais auparavant allons chercher celui qui m'a amené auprès de toi. Ils retournèrent pour le chercher, mais l'homme avait disparu... Alors ils reconnurent la merveilleuse réalité des promesses du Seigneur : en effet, cet homme avait cherché la vérité, et le Seigneur l'y avait conduit.
Voyez comme ceux qui cherchent sont amenés à trouver !
Mais combien grande est la misère de tous ces hommes qui s'intitulent eux-mêmes chrétiens et qui n'ont aucune expérience personnelle de leur Sauveur !
Je pensais autrefois : Que je suis malheureux d'être né dans un pays païen, et qu'ils sont heureux ceux qui savent tout ce qui concerne Jésus-Christ ! Mais après avoir visité d'autres pays, je dus changer ma manière de voir, et je bénis Dieu de m'avoir fait naître dans une contrée païenne, parce qu'alors, je n'étais pas satisfait, tandis que les habitants des pays chrétiens s'imaginent avoir trouvé, n'avoir rien à chercher. Beaucoup préfèrent aller au théâtre plutôt qu'à l'église ; beaucoup s'adonnent à la boisson au lieu de chercher autre chose. Beaucoup se contentent de savoir ce qui a été dit au sujet de Jésus-Christ... mais, au dernier jour, Jésus-Christ leur dira : je ne vous connais pas ! Vous connaissiez ce qui me concerne, vous saviez que je suis né en Palestine, que j'y suis mort, et moi, je sais où vous êtes nés et avez vécu, mais je ne vous connais pas, parce que vous ne m'avez pas connu. Et alors ils resteront tristes et confus, et constateront que cela ne leur a servi à rien du tout de savoir qui est Jésus-Christ, au lieu de le connaître Lui-même, et de l'entendre leur dire : Oui, je te connais, j'ai vécu avec toi, et nous allons vivre ensemble dans le ciel.
Jésus l'a dit : Il en viendra beaucoup du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest... mais les enfants du Royaume seront jetés dehors. Qui sont ces enfants du Royaume ? Ce sont les chrétiens de nom. Ils se croient sauvés, mais ils ne le sont pas. Et ceci est une occasion pour nous d'y réfléchir : Sommes-nous des chrétiens de nom ou bien connaissons-nous Christ personnellement ?
Lorsque nous le connaîtrons personnellement alors nous recevrons cette paix si merveilleuse que je ne sais pas de mots pour la décrire...
En un sens, vous avez plus de bonheur que moi, parce que vous n'avez pas, comme moi, déchiré et jeté au feu la Bible, et jamais haï Jésus-Christ comme je l'ai haï. Mais si un grand pécheur comme moi peut être sauvé, comment tous les autres ne pourraient-ils pas l'être ? D'autre part, il y a beaucoup d'hommes, dans les pays chrétiens, qui seront punis, parce que, devant eux, se lèveront les représentants des pays païens qui leur diront : Vous avez perdu la vérité que vous connaissiez depuis votre enfance.
Pour nous, aux Indes, qui avons reçu Jésus-Christ, nous sommes reconnaissants aux chrétiens d'Occident, parce qu'ils nous ont envoyé des missionnaires, leurs propres fils, et dépensé pour nous leur propre argent. Autrefois donc, je pensais : Qu'ils doivent être de bons chrétiens et des gens merveilleux, ceux qui font ces sacrifices pour nous envoyer l'Evangile ! Mais lorsque j'ai visité certains pays chrétiens, j'ai été profondément désappointé de ce que beaucoup ne sont pas de véritables chrétiens. Et j'ai dû constater qu’il n'y a point de pays chrétien. Il y a des individus chrétiens.
Je ne suis pas venu ici pour prêcher, mais simplement pour rendre mon témoignage. Ce que Jésus-Christ a fait pour moi, il peut le faire pour d'autres. Plus nous savons de choses à son sujet, mieux nous sommes préparés à le connaître Lui-même. Pour le connaître personnellement, il faut consacrer quelques minutes au moins chaque jour à lire sa parole et à prier. C'est alors qu'il se révélera à nous comme le Sauveur vivant, et alors nous pourrons, à notre tour, rendre notre témoignage et dire que nous avons trouvé la paix auprès de Celui qui a dit : Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et vous trouverez le repos de vos âmes.
J'ai une grande joie à rencontrer des frères ici ! Nous nous rencontrons pour un instant, mais le temps vient, et il sera bientôt là, où tous, ceux du Nord et du Sud, ceux de l'Est et de l'Ouest, se rencontreront pour ne plus jamais se quitter. Alors nous ne dirons plus : Ma patrie, c'est la Suisse, l'Angleterre, l'Inde, mais Ma patrie, c'est le Ciel.
Et que Dieu nous aide, d'ici là, à trouver véritablement la paix et la joie en Lui, pour que nous puissions être prêts à passer avec Lui l'éternité.