1. Le Seigneur a dit : « Aussi longtemps qu'un homme n'est pas né de nouveau, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » Laissons de côté l'expression « entrer » pour affirmer qu'il ne peut pas même voir le Royaume de Dieu. Les yeux de nos corps peuvent voir seulement les choses sous leur apparence matérielle. Dieu est esprit, aussi pour Le voir, Lui et Son Royaume, faut-il être né de l'Esprit (Jean III, 5, 6). Lorsqu'il en sera ainsi, non seulement notre œil Le verra, mais nous régnerons nous aussi avec Lui.
Lorsqu'un homme se repent de ses péchés et se tourne vers Dieu, c'est que l'Esprit de Dieu travaille en Lui, le fait naître de nouveau et le transforme en une nouvelle créature, de sorte qu'à ce moment et en lui commence le Royaume de Dieu ou le Paradis. Christ dit au brigand sur la Croix : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc XXIII, 43). Cette parole montre que le Seigneur avait une pleine connaissance du paradis et y jouissait de l'autorité. Car Christ ne dit pas « peut-être qu'après quelque temps tu seras avec moi au Paradis », Il ne dit pas non plus : « J'irai tout d'abord afin d'obtenir la permission de Dieu et de tout préparer pour vous », non, comme un propriétaire parle avec autorité de son bien, Il donna cet encouragement au brigand mourant et emmena ce premier fruit de son sacrifice avec Lui au paradis. De Même, ceux qui sont crucifiés avec Lui au péché et au monde sont, par là même, nés de nouveau. Ils entrent au Paradis ou dans le Royaume de Dieu et leurs cœurs sont remplis d'une joie et d'une paix merveilleuses. Des hommes de mentalité mondaine ne peuvent ni « voir » la paix du Paradis, ni comprendre ce que signifie cette nouvelle naissance ou ce royaume des Cieux.
2. Le Seigneur donne à chacun l'occasion de se repentir, de naître de nouveau et d'entrer dans le Royaume de Dieu. Il savait quelle sorte d'homme était Judas Iscariot et comment il le trahirait. Cependant Il ne le traita pas durement. Au contraire, Il lui donna la précieuse occasion de vivre avec Lui. Personne ne peut lui reprocher de n'avoir pas offert une chance de salut à ce pauvre homme. Mais Judas commit la folie de se pendre au lieu de se repentir de son péché et de retourner à Christ. De nos jours, beaucoup commettent le péché de Judas. Au lieu d'entrer au paradis et dans le Royaume de Dieu, ils s'en vont en leur propre lieu et sont punis, (Actes I, 25). « Son propre lieu » ou l'enfer, veut dire les conditions dans lesquelles l'homme, par l'exercice de sa propre volonté, désobéit à Dieu et crée en Lui un état de souffrances. L'enfer n'est pas le nom d'un lieu particulier, parce que si c'était un lieu particulier, Dieu, qui est présent partout, serait également présent en enfer et cela n'est pas possible. Mais l'enfer est un état qui n'existe pas en Dieu. Le vrai adorateur qui vit dans une union spirituelle avec Dieu est sauvé pour toujours du péché et des souffrances qui lui sont inhérentes.
Partout où est Dieu, là est le Ciel ou le Royaume de Dieu. Dieu étant partout, le Ciel est donc partout. Sachant cela, ses vrais adorateurs sont heureux partout et dans toutes les conditions : dans la souffrance, dans les ennuis, parmi leurs amis ou parmi leurs ennemis dans ce monde ou dans le monde à venir. Ils vivent en Dieu et Dieu vit en eux éternellement ; voilà le Royaume de Dieu (Luc XVII, 20, 21).
Extérieurement, le pécheur peut avoir l'apparence de vivre dans le bien-être et le luxe, mais il n'arrivera jamais à se débarrasser de l'inquiétude de son cœur. Même s'il pouvait entrer au ciel, le ciel ne serait pas le ciel pur pour lui, car il porte l'enfer au-dedans de lui. Il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu que lorsque son cœur a été changé, qu'il est né de nouveau.
3. Le Royaume de Dieu est le royaume de l'amour. Un homme de Dieu eut une vision dans laquelle il se crut transporté dans un pays étranger. Là, il fut profondément étonné de voir les gens du pays sortir au-devant de lui pour lui souhaiter joyeusement la bienvenue, comme s'il avait été un frère de l'absence duquel ils souffraient, un être aimé qui revenait à eux. Il entra avec eux dans la ville et vit de magnifiques demeures richement et diversement meublées. Les propriétaires étaient sortis et en avaient laissé les portes ouvertes. L'étranger demanda aux gens qui l'accompagnaient comment de telles choses étaient possibles, et ils lui répondirent : « Il n'y a pas de voleurs ici. Tant que les habitants d'une ville ferment la porte de leur cœur à Dieu, il est nécessaire d'y fermer les portes des maisons. Mais lorsque les gens ouvrent la porte de leur cœur à Dieu et qu'Il y vit, il n'est plus nécessaire de fermer aucune porte. Où le Royaume de Dieu est établi dans les cœurs, là est le royaume de l'amour ; tous les membres se servent l'un l'autre dans l'amour et veulent le bien les uns des autres. Il y avait une fois deux frères. Le plus jeune apprit que son aîné avait besoin de certaines choses. Il en prit une quantité et se mit en route pour la maison de son frère, afin de la lui remettre. Or, la même pensée monta à l'esprit du frère aîné qui, pensant que certaines choses devaient manquer à son cadet, se mit en route pour les lui porter. L'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre leur faisait découvrir les besoins l'un de l'autre et les obligeait à se venir mutuellement en aide. Ils se rencontrèrent en chemin et, touchés tous les deux par les marques de l'amour dont chacun d'eux faisait preuve, ils s'embrassèrent dans la joie. C'est de cette manière que nous devrions nous aimer les uns les autres et nous aider mutuellement, cherchant le bien de nos semblables. »
L'étranger étant allé un peu plus loin, vit un homme et un ange se rencontrer comme deux frères et se mettre d'un commun accord à adorer le Christ, l'incarnation de l'amour. Témoin de telles choses, le cœur de l'étranger se remplit d'un amour indicible et d'une grande joie. Spontanément, il s'écria : « C'est ici, sans aucun doute, le Royaume de Dieu et notre vraie et éternelle patrie après laquelle le cœur de l'homme soupire. » Bien que le ciel commence ici-bas dans le cœur de l'homme, il continue au delà de notre existence terrestre, dans cet état où il n'y a plus ni souffrances, ni douleurs, ni mort, ni larmes, mais une vie sans terme et une joie perpétuelle.