Sa présence

TROISIÈME PARTIE
EN COMMUNION AVEC LUI

LA COMMUNION DU FILS

« Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. »

(1 Corinthiens 1.9)

Jean et les autres apôtres, qui observaient les faits et gestes de leur Maître, étaient émerveillés de voir la façon dont le Fils s’entretenait avec son Père. Leur intimité et leurs relations étaient d’une telle qualité que les disciples allaient jusqu’à les qualifier de « glorieuses » (Jean 1.14). Ah ! que leurs prières étaient misérables comparées à celles de Jésus ! Et comme ils ressentaient le besoin « d’apprendre à prier » ! (Luc 11.1).

« Nous avons, s’émerveillait l’apôtre Jean, contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jean 1.14). En parlant de gloire (à trois reprises dans cette parole), l’apôtre ne pense nullement à l’infinie splendeur de la majesté que Jésus possédait « avant que le monde fût » (Jean 17.5) et dont il s’était volontairement dépouillé : aux yeux des hommes, « Il n’avait rien pour attirer les regards ». Sur la montagne de la transfiguration ainsi qu’à Patmos le même apôtre, un instant ébloui, s’était bien gardé de contempler ce qu’un regard humain ne pouvait soutenir. Saisi de terreur, il n’y songeait guère. Ici, Jean parle – notez les mots employés – de la gloire « comme celle du FILS UNIQUE ». Jésus vivait si près de son Père et leurs relations étaient si harmonieuses, si parfaites, qu’elles forçaient l’admiration de ceux qui en étaient les témoins. Qui le voyait en prière ne pouvait douter qu’il fût réellement LE FILS, le FILS UNIQUE du Père céleste.

A genoux, qu’il était grand le Fils de Dieu !

Moïse descendant du Sinaï après un long face-à-face avec l’Éternel avait un visage rayonnant au point que le peuple craignait de s’approcher de lui (Exode 34.30). Evoquant ce récit, saint Paul parle de « gloire », de la gloire pourtant passagère de son visage (2 Corinthiens 3.17). Or le visage du Fils à genoux était infiniment plus rayonnant et plus glorieux que celui du patriarche. Son visage reflétait tellement les perfections du Père qu’il pouvait dire sans vanité : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14.9). L’apôtre, tout à loisir, pouvait admirer et découvrir tout ce qui émanait de sa personne : la certitude joyeuse d’être aimé, une fidélité filiale sans faille, une ferveur authentique, enthousiaste même, une liberté totale devant Celui qu’il invoquait ; il n’y avait aucune ombre, aucun nuage dans leurs relations (Jean 10.30). Le ciel était toujours ouvert lorsqu’il priait et il entrait d’emblée en communion parfaite avec le Père. Alors, toute la personne de Jésus criait : « Gloire ! » Quelqu’un a dit qu’il était UN avec son Père comme deux feuilles collées l’une à l’autre.

Quiconque a une faible idée de cette gloire prend en dégoût ses propres prières et il éprouve une réelle soif de connaître une pareille intimité avec le Seigneur. N’est-ce pas ce à quoi nous devrions aspirer ? Mais est-il possible d’y parvenir ? Oui, puisque l’apôtre nous y encourage lorsqu’il écrit : « Dieu vous a appelés à la communion de son Fils » ! (1) Étroitement unis à sa personne, nous participons à la vie de Christ déjà ici-bas et pouvons ainsi expérimenter ces relations bénies que le Fils entretenait jadis avec son Père et dont il veut nous faire don.

(1) L’expression : « la communion DE son Fils » (et non : AVEC son Fils) nous laisse entendre qu’il veut, toute proportion gardée, nous faire don de sa propre communion, je veux dire de celle qui s’était établie entre le Père et le Fils.

Ici, arrêtez votre lecture et gardez un instant le silence pour méditer cette parole importante (1 Corinthiens 1.9). Pesez-en chaque terme et prenez conscience de l’immense faveur que Dieu vous accorde, lui qui vous appelle à « la communion de son Fils ». N’est-ce pas bouleversant de savoir qu’il veut vous faire partager l’intimité qu’il connaissait avec son Père lorsqu’il était sur la terre ?

Merveilleux est celui qui nous a tant aimés !

En considérant Actes 2.44, la parole de Paul qui nous occupe pourrait se traduire ainsi : Dieu est fidèle, lui qui nous a placés dans une position où nous avons toutes choses en commun avec son Fils Jésus-Christ. Dans cette nouvelle association (Dieu et moi) le premier partenaire est sans conteste son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. L’autre associé, c’est moi ; ce sont aussi mes frères, c’est-à-dire l’Église de Dieu. Unis à Jésus, nous sommes « appelés » à vivre dans d’intimes relations avec lui à l’image de conjoints qui se sont donnés l’un à l’autre sans réserve.

Avec Jésus, nous avons dès lors des intérêts communs. Le Seigneur s’intéresse à moi, à mon corps, à mon âme et à mon esprit ; il vise mon développement et mon épanouissement. Et moi, je m’intéresse à lui, à la majesté de sa personne, à l’extraordinaire ampleur de ses desseins. Toutes ses ressources sont miennes. Toutes ses richesses sont à ma disposition (Colossiens 2.9 et 10) : sa sagesse, sa puissance, ses possessions immenses. Il partage tout avec moi. De mon côté, toutes mes ressources (ma personnalité, mes capacités, mes biens, mon temps, mon énergie…) « devraient être » à lui, tout à Lui. Tout ce que nous avons est à lui et tout ce qui est à lui est à nous. Enfin, nous sommes associés à une activité commune. Élevés au rang de collaborateurs, nous participons à sa puissance. C’est ce qui fait la grandeur de notre communion avec le Fils.

Questions :

  1. Quelle est la valeur de vos relations avec le Seigneur ? Avez-vous réellement soif de le rencontrer, de lui consacrer du temps ? Ces relations sont-elles au contraire distendues, exceptionnelles, sans joie ? Alors pourquoi ?
  2. En lisant les évangiles avez-vous discerné combien grande était l’intimité du Fils avec le Père ? Etes-vous convaincu que Dieu veut vous accorder de vivre en étroite communion avec lui ? Et cela par grâce. Alors pourquoi, maintenant, ne lui demanderiez-vous pas de vous accorder cette faveur ? Pensez à l’invitation et à la promesse contenue dans la parole du Christ (Jean 7.37-38).

Qu’est-ce que la communion ? La communion fraternelle ?

Le sens de ce terme, souvent employé parmi les chrétiens, doit être précisé. Communion vient de « communio » (du latin ecclésiastique du XIIe siècle) et signifie « union de ceux qui professent une même foi ». Et par extension : « Union de ceux qui ont des idées, des sentiments, des intérêts communs. »

Dans l’esprit de beaucoup, il s’agit d’un lien terrestre, d’une amitié plus ou moins profonde qui s’établit entre des personnes qui ont en commun :

En vérité, cette « communion » ne dure que le temps des rencontres ; elle est peu profonde et disparaît si l’on ne se fréquente plus.

Or, je puis éprouver du plaisir à côtoyer telle personne et avoir avec elle des « atomes crochus » sans être nécessairement en communion avec elle au sens biblique du terme.

La vraie communion.

Dans 1 Jean 1.3 et 7, l’apôtre utilise des termes grecs (koinonia – koinonos), tirés du langage profane. Le premier a le sens d’« association » et parfois d’« administration » (dans le sens d’intendance). Le deuxième (koinonos) signifie plutôt : associé, compagnon, partenaire.

Pourquoi donc Jean a-t-il puisé dans le vocabulaire profane des mots qui n’expriment qu’imparfaitement sa pensée ? Parce que le monde grec ignorait ce que l’apôtre entendait par « communion », d’où l’absence de termes adéquats. Cette notion leur était totalement étrangère. On sait que les adeptes des religions païennes, toujours craintifs, n’avaient aucune relation avec la divinité : ils adoraient un dieu lointain, inaccessible, totalement indifférent à leurs problèmes. De plus, il n’existait pas entre les coreligionnaires ces liens profonds, œuvre de l’Esprit, qui unissent les chrétiens entre eux. C’est le contexte biblique qui enrichit et précise le sens de termes qui, dans le langage populaire, n’évoquent que les relations de personnes qui ont quelque chose en commun.

  1. Selon Jean, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un lien terrestre qui se crée et se développe lorsque deux personnes, croyantes ou non, ont des affinités qui les attirent ou des intérêts communs qui les rapprochent (1 Jean 1).
  2. Cette union s’établit spontanément, miraculeusement entre des personnes qui, au départ, n’ont pas d’intérêts communs : elles sont parfois dressées les unes contre les autres, divisées par l’égoïsme ou l’orgueil, éloignées pour des motifs les plus divers (Saul de Tarse était l’adversaire déclaré des chrétiens avant sa conversion).
  3. Cette communion s’opère dès l’instant où le Christ est reconnu et accepté comme Sauveur et Seigneur.
  4. Ce lien apporte beaucoup de choses en commun (un même Père, un même Seigneur et un même Esprit ; une même destinée ; une même pensée, des sentiments identiques, etc.).
  5. Cette union passe nécessairement par le ciel, c’est-à-dire par le Père, le Fils et le Saint-Esprit (1 Jean 1.4). Qui est coupé de Dieu ne peut être en communion avec les Siens. N’oublions pas que nous avons été rapprochés par « le sang de Christ » (Éphésiens 2.14) et par l’action du Saint-Esprit (1 Corinthiens 12.13).

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