L’épître aux Philippiens ne nous est parvenue complète que dans la version latine, où elle compte quatorze chapitres.
Le texte grec nous a été transmis par neuf manuscrits ; mais, fait remarquable, ils s’arrêtent tous à la fin du chapitre 9, qu’ils font suivre, sans interruption, de la seconde partie de l’épître de Barnabé. C’est même au milieu d’une phrase que se fait la soudure de ces deux écrits pourtant si différents. Voici cette phrase telle que nous la lisons dans nos mss. : ἀποθανόντα καὶ δι᾽ ἡμᾶς ὑπὸ τὸν λαὸν τὸν καινὸν, les premiers mots, ἀποθανόντα καὶ δι᾽ ἡμᾶς ὑπὸ, appartenant à l’épître de S. Polycarpe (9.2), et les derniers, τὸν λαὸν τὸν καινὸν, à celle de S. Barnabé (5.7).
Cette étrange disposition prouve deux choses : 1o que tous nos mss. sans exception dérivent d’un seul et même manuscrit ; 2o que ce manuscrit, ancêtre commun de ceux que nous possédons aujourd’hui, avait été lui-même copié, sans beaucoup d’intelligence, sur un manuscrit antérieur auquel il manquait plusieurs feuillets ayant contenu la fin de l’épître de Polycarpe et le commencement de celle de Barnabé.
Sur ces neuf mss., il n’y en a qu’un seul qui soit relativement ancien et possède une valeur propre et indépendant : c’est le Vaticanus, 859, du xie siècle ; les huit autres ne sont que de seconde main.
De plus, le ch. 9 en entier et le ch. 13, moins la dernière phrase, nous ont été conservés en grec par Eusèbe (H. E., l. 3, ch. 36).
Quant à la version latine, la seule version ancienne que nous possédions, elle nous donne l’épître tout entière ; mais elle est assez négligée et semble avoir été faite sur un texte grec fautif.
Dans son édition, Funk désigne le Vaticanus par G, les manuscrits de seconde main par G2, la version latine par L.
La première édition imprimée du texte latin parut en 1498, à Paris, par les soins de J. Faber (Lefèvre d’Étaples) ; le texte grec ne fut publié qu’en 1633, à Douai, par Halloix.
Les grands éditeurs modernes sont les mêmes que pour Ignace : Zahn, Funk, Lightfoot, Hilgenfeld. C’est le texte grec de Funk que nous reproduisons ici.