Alors les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent en particulier : Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon ? C’est à cause de votre incrédulité, leur dit Jésus. Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé... rien ne vous serait impossible, Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. (Mt 17.19-21)
Lorsque les disciples virent Jésus chasser le démon de l’enfant épileptique qu’ils n’avaient pu guérir, ils demandèrent au Maître pourquoi ils avaient échoué puisqu’Il leur avait donné puissance sur les démons.
« Puis ayant appelé ses douze disciples, Il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et infirmité ». (Mt 10.1)
Ils avaient déjà exercé ce pouvoir, et avaient été assurés « avec joie que les démons mêmes leur étaient soumis ». (Lu 10.17)
Et aujourd’hui, pendant que le Seigneur est sur la montagne, ils n’ont pu guérir cet enfant ! Et cependant rien, ni dans la volonté de Dieu, ni dans la nature même de la maladie ne rendait cette délivrance impossible. Christ le prouva bien, puisqu’à sa première sommation, le démon sortit.
Il est évident, d’après la question des disciples : Pourquoi n’avons-nous pu ? qu’ils ont fait tous leurs efforts pour l’obtenir. Ils se sont probablement servis du nom du Maître pour enjoindre au malin esprit de sortir de l’enfant. Leurs efforts ont été inutiles, et en présence de la foule ils ont eu la honte d’échouer.
« Pourquoi n’avons-nous pu ? » La réponse de Jésus ne se fait pas attendre « à cause de votre incrédulité ».
La raison de son succès et de leur échec n’existe nullement dans un pouvoir spécial auquel ils n’auraient aucune part. Il ne faut pas aller chercher la raison si loin. Jésus leur a si souvent enseigné qu’il y a une puissance devant laquelle tout doit s’incliner, dans le royaume des ténèbres aussi bien que dans le royaume de Dieu : celle de la foi. Dès lors, un échec dans le monde spirituel ne peut avoir qu’une seule cause : le manque de foi. La foi est donc la condition par excellence pour que la puissance de Dieu, ayant pénétré dans l’homme, travaille par lui.
C’est donc par la foi que nous recevons les impressions du monde invisible et que notre volonté arrive à être entièrement soumise à celle de Dieu.
Les disciples n’avaient pas reçu la puissance permanente de chasser les démons, mais elle résidait en Jésus. Par la foi seule, les disciples pouvaient la recevoir de lui et s’en servir, toujours à la condition d’être unis à Christ par une vie de foi.
S’ils avaient cru en lui comme au Maître et au vainqueur du monde des esprits, s’ils avaient cru en lui comme en Celui qui leur avait donné le droit et l’autorité de chasser les démons en son nom, avec cette foi ! là ils auraient eu la victoire.
À cause de votre incrédulité. Ces mots ont été de tout temps l’explication et le reproche du Maître lorsque son Eglise s’est montrée impuissante à accomplir l’œuvre à laquelle elle a été appelée. Les disciples auraient pu poser cette question :
« Pourquoi avons-nous manqué de foi ? Pourquoi nous a-t-elle fait défaut en cette occasion ? »
Avant qu’ils l’aient posée, le Maître a répondu :
« Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne ». (Mt 17.21)
La foi est l’exercice le plus simple et en même temps le plus élevé de la vie spirituelle. Si elle s’abandonne entièrement à recevoir l’Esprit de Dieu, elle sera toujours plus capable d’accomplir une œuvre parfaite. Jésus le dit, la foi qui peut vaincre une résistance aussi obstinée que celle que nous avons, vue dans cet esprit immonde, n’est possible qu’à ceux qui, séparés du monde, vivent en communion intime avec Dieu par la prière et le jeûne.
Il y a là deux leçons de la plus grande importance ; l’une : qu’il faut à la foi une vie de prière pour qu’elle devienne et reste forte ; l’autre qu’il faut joindre le jeûne à la prière pour qu’elle atteigne son complet et parfait développement. Il existe une union si intime entre les différentes parties de la vie spirituelle, il y a entre elles une action et une réaction si constantes, que chacune peut être à son tour cause et effet.
Il est nécessaire que notre foi croisse continuellement.
« Votre foi fait de grands progrès », (2Th 1.3) est-il dit d’une Eglise.
Quand Jésus a prononcé ces paroles :
« Qu’il vous soit fait selon votre foi. » (Mt 9.29) Il annonça la loi qui dit que tous n’ont pas la foi au même degré. Selon notre foi du moment, la bénédiction et la puissance nous seront accordées.
Ce n’est que par l’exercice de la prière que notre foi grandira et se fortifiera. Elle ne peut se nourrir et vivre que par la communion avec Dieu, et par l’adoration. Au temps voulu, Dieu se révélera. Lorsque nous lui apportons sa parole même, en lui demandant de nous faire entendre sa voix d’amour, alors notre foi se développera, étant fondée sur une base solide. Acceptons avec confiance ce qu’Il nous dit et ce qu’Il nous offre, et notre foi en deviendra plus forte et plus vigoureuse.
Bien des chrétiens ne comprennent pas cette prière constante, ils n’éprouvent pas le besoin de passer des heures avec Dieu, mais ce que le Maître a dit, l’expérience de son peuple le confirme : les hommes d’une foi à toute épreuve s’ont des hommes de prière.
Ceci nous ramène à la leçon que nous avons apprise lorsque Jésus, avant de nous affirmer que nous recevons ce que nous demandons, nous dit tout d’abord : « Ayez la foi de Dieu ».
C’est en Dieu même que notre foi doit prendre racine, alors elle aura la puissance de remuer les montagnes et de chasser les démons.
« Tout est possible à celui qui croit ». (Mr 9.23)
Si nous nous consacrons à l’œuvre que Dieu a mise en réserve pour nous en ce monde, et que nous nous trouvions en contact avec des montagnes à remuer et des démons à chasser, nous verrons bientôt qu’il nous faut une grande provision de foi et que la prière est le seul terrain où elle puisse être cultivée.
Jésus-Christ est notre vie et celle de notre foi; une vie de prière implique la mort à nous-mêmes et une intimité toujours plus grande avec Jésus.
Il faut joindre le jeûne à la prière, pour que la foi atteigne son entier épanouissement. Telle est la seconde leçon. Si la prière est la main par laquelle nous saisissons les choses invisibles, le jeûne est celle avec laquelle nous rejetons les choses visibles.
L’homme est en rapport direct et positif avec le monde des sens, surtout lorsqu’il ressent les atteintes de la faim et que sa jouissance est de prendre sa nourriture. Qu’est-ce qui tenta l’homme dans le paradis terrestre et lut cause de sa chute ? Un fruit bon à manger. Jésus, quand Il eut faim au désert, fut sollicité de convertir des pierres en pain et ce fut par le jeûne qu’Il triompha de la tentation.
Le corps a été racheté pour devenir le temple du Saint-Esprit. Nous pouvons donc glorifier Dieu dans notre corps comme dans notre esprit et l’Ecriture le dit : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu ». (1Co 10.31)
Il est à craindre que bien des chrétiens n’aient pas encore réalisé spirituellement ce que c’est que de manger à la gloire de Dieu. La première leçon que nous ayons à tirer de, ces paroles de Jésus quant au jeûne et à la prière, c’est que pour avoir la force de beaucoup prier avec ferveur, il faut vivre dans la modération et la tempérance.
Mais n’y a-t-il pas encore dans ces paroles un sens plus littéral ? Le chagrin, le souci nous empêchent de manger, tandis que la joie célèbre ses fêtes en mangeant et en buvant. Quand nous passons par des moments de désirs intenses, nous éprouvons que le corps, avec ses appétits, si légitimes soient-ils, est un obstacle réel à la lutte que l’esprit et l’âme ont à soutenir contre les puissances des ténèbres. Alors nous sentons qu’il faut le subjuguer.
Nous avons été créés avec des sens ; et c’est par eux que notre esprit arrive à saisir ce qui lui est présenté sous une forme visible. Nous pouvons donc considérer le jeûne comme un moyen qui nous permet d’atteindre ce que nous voulons accomplir pour le règne de Dieu. Celui qui a accepté le jeûne et le sacrifice de son Fils, saura apprécier, accepter et récompenser par un accroissement de force spirituelle, le renoncement d’une âme qui a montré qu’elle était prête à tout sacrifier pour Christ et son royaume.
L’application que nous pouvons faire de ce qui précède est plus étendue encore. La prière pénètre jusqu’au trône de Dieu dans le domaine invisible, le jeûne au contraire remonte à tout ce qui est visible et temporel.
Certains chrétiens s’imaginent que tout ce qui n’est pas défendu ou positivement mal, est permis. Ils veulent conserver de ce monde tout ce qu’il leur est possible, en jouissances intellectuelles, en richesses, en plaisirs mêmes, tandis que l’âme véritablement consacrée au service de Dieu est comme le soldat qui ne porte sur lui que ce qui est indispensable à son service militaire. Rejetant tout fardeau inutile, se mettant en garde contre tout péché dominant, craignant de s’embarrasser des affaires de ce monde, le vrai chrétien cherche à mener la vie d’un Nazaréen, ce type de la vie mise à part pour le Seigneur et son service. Sans cette séparation volontaire, même de ce qui nous paraît légitime, personne n’atteindra à la puissance complète de la prière : « Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne ». (Mt 17.21)
Disciples de Jésus! vous qui avez demandé au Maître de vous enseigner à prier, venez et acceptez ses leçons. Il vous dit que la prière est le chemin de la foi, de cette foi forte qui peut chasser les démons.
Il vous dit que si vous avez la foi, rien ne vous sera impossible. Que cette glorieuse promesse vous engage à prier beaucoup. Le prix n’est-il pas digne de l’effort ? Ne renoncerons-nous pas à tout pour suivre Jésus dans le chemin qu’Il nous ouvre ici ; si cela est nécessaire, ne saurons-nous pas jeûner ? Ne ferons-nous pas en sorte que ni notre corps, ni le monde, ne nous détournent de la grande œuvre de notre vie ? Ne voudrons-nous pas entrer en relations directes avec notre Dieu par la prière, afin que nous devenions des hommes de foi, ouvriers avec lui pour le salut du monde.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.