La période moderne s’ouvre, en France, par un livre célèbre, mais qui relève plus de la littérature que de la théologie : le Génie du christianisme de Chateaubriand. Il marque la première réaction du romantisme naissant contre la philosophie des encyclopédistes, le premier retour, sinon à la religion, du moins à la religiosité. Chateaubriand et Schleiermacher sont cousins germains de par le romantisme. Tous deux ont ceci de commun et de caractéristique, qu’ils ont conçu le christianisme comme une cause de sensations éminentes (comme un fait de conscience sensible) plutôt que comme un fait de conscience morale et un objet s’offrant à l’expérience de la volonté. L’émotion, qui était proprement religieuse chez Schleiermacher, devient surtout esthétique chez Chateaubriand. Le Génie du christianisme est au fond le génie du catholicisme, et encore d’un catholicisme résidant essentiellement dans les pompes du culte. On peut dire de ce livre que son effet — qui fut considérable — fut en raison inverse de sa valeur apologétique. Il fut aussi passager et superficiel qu’étendu. Personne ne le lit plus aujourd’hui, hormis les professeurs de littérature qui ont à en parler, et encore préfèrent-ils en parler d’après les manuels.
Voici la liste des principaux ouvrages apologétiques catholiques de langue française parus depuis un siècle :
D. Frayssinous : Défense du christianisme, ou conférences sur la religion (2 vol., 1824, dernière édit. 1859) ; — F. de Lamennais (1re phase) : Essai sur l’indifférence en matière de religion (4 vol., 1820) ; — Dupanloup : Le christianisme présenté aux hommes du monde (6 vol., 4e édit. 1847) : — H.-D. Lacordaire : Conférences de Notre-Dame de Paris (4 vol., de 1844 à 1856) ; — A. Nicolas : Etudes philosophiques sur le christianisme (1850, 17e édit. 1885) ; — A. Gratry : De la connaissance de Dieu (2 vol., 1855, 5e édit. 1873) ; — F. Vigouroux : La Bible et les découvertes modernes (4 vol., 1877, 5e édit. i88q) ; Les livres saints et la critique rationaliste (4 vol., 1885, 5e édit. 1901) ; — W. Devivier : Cours d’apologétique chrétienne (1884, 5e édit. 1889). — A citer enfin la Revue de philosophie chrétienne.
En Allemagne, les principaux apologistes protestantsg du dernier siècle sont :
g – Le catholicisme allemand, a produit quatre ouvrages considérables ; ceux de F. Hettinger : Apologie du christianisme (trad. franc., 5 vol., 1871, 3e édit. 1891) ; — P. Schanz : Apologie des Christenthums (3 vol., 1887, 3e édit. 1904) ; — von Hammerstein : Begründung des Glaubens (2 vol., 1893, 5e édit. 1899) ; — et H. Schell : Apologie des Christenthums (1 er vol., 1901, 2e édit. 1902).
K.-H. Sack : Chrislliche Apologetik (1829, 2e édit. 1841), dont la réputation a longtemps dépasse le mérite ; — A. Tholuck : Gespräche über die vornehmsten Glaubensfragen der Zeit (1846, 2e édit. 1864) ; — C. Ullmann : De l’essence du christianisme (trad. franc. 1851 ; 4e édit. allemande 1854) ; La sainteté parfaite de Jésus-Christ, ouvrage qui fit sensation, dogmatique par son objet, apologétique par sa tendance (trad. franc, sans date ; 7e édit. allemande 1863) ; — C.-A. Auberlen : Die göttliche Offenbarung (2 vol., 1861-64) ; — Th. Christlieb : Moderne Zweifel am christl. Glauben für ernstliche Suchende erörtert (1868, 2e édit. 1870) ; — F. Delitzsch : System der Apologetik (1869) ; — C.-E. Luthardt : Apologie des Christenthums (4 vol., 1864-80, 14e édit. 1897) ; — Fr.-H.-R. Frank : System der christlichen Gewissheit (2 vol., 1870, 2e édit. 1881) ; — J.-H.-A. Ebrard : Apologetik (2 vol., 1874, 2e édit. 1878) ; — C.-E. Baumstark : Christliche Apologie auf anthro-pologischer Grundlage (3 vol., 1872-89) ; — R. Wimmer : Im Kampfe umdie Weltanschauung, Bekenntnisse eines Theologen (1885, 12e édit. 1893) ; — J. Kaftan : Die Wahrheit der christlichen Religion (1888) ; — H. Schultz : Grundriss der christlichen Apologetik (1894, 2e édit. 1902) ; — E. Pfenningsdorf : Christus im modernen Geistesleben (6e édit. 1902) ; — A. Bolliger : Der Weg zu Gott für miser Geschlecht (1899, 2e édit. 1900) ; — M. Rade : Die Wahrheit der christlichen Religion (1900) ; — G. Wobbermin : Der christliche Gotlesglaube in seinem Verhällniss sur gegenwärtigen Philosophie (1902). — A citer enfin une revue spécialement consacrée à l’apologétique : Der Beweis des Glaubens, fondée en 1864, dirigée actuellement par E. Pfenningsdorf.
Les pays où l’apologétique est le plus en honneur, où elle sort des bibliothèques de théologie pour devenir chose populaire et de lecture courante, ce sont les pays de langue, de race et de culture anglo-saxonne. Je ne dis pas que l’apologie chrétienne y soit supérieure à ce qu’elle est ailleurs ; je dis simplement qu’elle y soulève un intérêt plus vif, plus général et qu’elle y est davantage cultivée. Pas un mois, presque pas une semaine qui ne voie sortir de presse, en Amérique et en Angleterre, un volume de tendance plus ou moins apologétique. Voici, presque au hasard, quelques titres parmi les ouvrages les plus cités :
Th. Chalmers : Des preuves et de l’autorité de la révélation chrétienne (trad. franc. 1819, 7e édit. anglaise 1824) ; — Th. Erskine (l’ami de Vinet) : Réflexions sur l’évidence intrinsèque de la vérité du christianisme (trad. franc. 1822) ; — Peabody : Christianity and science (1874) ; — R. Flint : Theism (1876, 8e édit. 1891) ; Antitheistic théories (1877, 5e édit. 1894) ; — C.-A. Row : Christian évidence and modem thought (1877, 5e édit. 1888) ; — H.-M. Drummond : Les lois de la nature dans le monde spirituel (trad. franc. 1887, 3e éd. 1888) ; — T.-V. Tymms : The mystery of God, a considération of some intellectual hindrances to faith (1886, 5e édit. 1895) ; — G.-P. Fisher : Manual of Christian évidence (1892) ; — A.-B. Bruce : Apologetics (1893, 3e édit. 1896) ; — G.-.T. Romanes : Thoughts on religion (1895) ; — W.-H. Furton : The truth of christianity (4e édit. 1902). — Enfin la société Christian évidence publie le Christian évidence Journal, de même que le Victoria Institute.
Le plus grand apologiste moderne de langue française est, sans contredit, Alexandre Vinet.
[En France même, et tout à la fois le contemporain et le précurseur de Vinet, il faut nommer Samuel Vincent, pasteur à Nîmes. Cité et aimé par Vinet qui en parle à propos de Stapfer, il demeura de son vivant incompris comme Vinet, et reste encore trop ignoré. Il passa (comme Vinet encore), par une lente évolution et un travail de recherche personnelle, de la conception extérieure du christianisme à une conception plus intime, plus morale et spirituelle. Sans qu’il ait publié aucun ouvrage d’apologétique proprement dite dans sa seconde manière (dans la première il en était à l’apologétique de Chalmers qu’il traduisit), on peut dire que tous ses ouvrages ont une portée et une préoccupation apologétique. Voir : Mélanges de religion et de critique sacrée (10 vol., 1820-25, très au courant des travaux d’Allemagne) ; Vues sur le protestantisme en France (2 vol., 1829) ; Méditations (1839). — Comme Vinet, il ne rejette pas la preuve externe, il préfère la preuve interne, il va en Jésus-Christ de l’humanité à la divinité. Mais il méconnaît la gravité du péché.]
Vinet n’a sans doute laissé aucun ouvrage complet sur la matière. Mais il a fait mieux : tous ses ouvrages sont dominés et inspirés par le désir de légitimer le christianisme devant la nature humaine. Il n’a pas non plus formulé aucun système d’apologétique, mais de nouveau il a fait mieux : il a laissé après lui une tendance, un principe fécond, sur lequel devra et pourra se greffer désormais toute apologétique systématique. Il a repris pour la première fois en pays de langue française le point de vue de Pascal ; il l’a mis en œuvre, il l’a popularisé, et dans d’innombrables et d’admirables écrits sur les sujets les plus divers, il l’a, en quelque sorte, insinué dans la pensée contemporaineh.
h – Les deux ouvrages les plus spécialement apologétiques de Vinet sont les Essais de philosophie morale et religieuse (1837) et les Études sur Biaise Pascal (1846).
A l’heure où parut Vinet, l’apologétique protestante faisait triste figure. Elle se tirait à peine de l’abîme où le xviiie siècle l’avait précipitée. — Elle combinait les procédés les plus hétérogènes et les moins satisfaisants. Tantôt elle prétendait imposer l’Écriture et les affirmations du dogme à coup d’autorité ; tantôt elle demandait à l’histoire, particulièrement au miracle historique, la preuve d’une révélation surnaturelle ; tantôt enfin elle appuyait l’objet de la foi sur des arguments rationnels et croyait le démontrer par voie syllogistique. — A cet assemblage hétéroclite, vieilles armes tirées des arsenaux du xviie et du xviiie siècle, Vinet opposa une autre méthode : la méthode psychologique et morale, l’apologétique interne. Il comprit bientôt que la vie chrétienne n’a pas de meilleur avocat qu’elle-même et les effets moraux qu’elle suscite chez les chrétiens. Il développa graduellement cette idée avec une puissance démonstrative et une richesse d’aperçus vraiment merveilleuses.
Aux partisans de l’autorité, il opposa le devoir de la conviction personnelle, et, par conséquent, celui de l’examen ; à ceux qui se réclamaient de la preuve historique, il montra, non sans doute l’inutilité, mais l’insuffisance de l’histoire ; aux rationalistes, il révéla, avec les bornes et l’incertitude de notre dialectique, son incompétence en matière morale et religieuse. — Et reprenant l’une des pensées fondamentales de Pascal, il revendiqua les droits et la compétence du cœur, c’est-à-dire de la volonté inclinée par la grâce et soumise à la conscience, comme organe de la connaissance religieuse.
Et tandis qu’il résumait ainsi tout l’homme (moral et religieux) dans le cœur ou la conscience, il résumait (seconde idée de Pascal) tout l’Evangile dans la personne de Jésus-Christ (combinaison de Schleiermacher et de Kant). Mettre Jésus-Christ en face de la conscience, et la conscience en face de Jésus-Christ ; déchirer tous les voiles et supprimer entre eux tous les intermédiaires ; par l’immédiateté même de cette rencontre, réveiller les besoins assoupis de la conscience ; préciser et susciter en elle des aspirations qui demeurent autrement paresseuses et latentes ; la convaincre en même temps de sa grandeur et de son péché, tel fut l’effort incessamment renouvelé de Vinet et le grand moyen de son apologétique.
Il estimait avec raison que, si l’homme doit accéder directement à l’Evangile, il faut donc aussi que l’Évangile soit directement accessible à l’homme. Il tira de cette pensée, si simple qu’elle en paraît banale, un parti extraordinaire. Il s’appliqua à faire saillir la destination réciproque de ces deux termes : Jésus-Christ et l’homme avec une si sûre pénétration, il sut la rendre si lumineuse et si frappante, et non dans les doctrines principalement, mais plus profond que les doctrines, dans les faits et dans la nature intime des choses, et le fit avec l’ardeur émue d’un cœur si sincère, qu’elle entraîne l’évidence et force l’assentiment.
Voilà pour la sympathie naturelle de l’homme à l’égard de l’Évangile ; voici maintenant pour la résistance et l’opposition. Les obstacles mêmes que le christianisme présente à la raison, ses mystères, la croix qu’il dresse, le sacrifice qu’il proclame et qu’il réclame, toute sa folie et tout son scandale, auxquels s’achoppent si volontiers les esprits superficiels, devenaient sous sa plume une marque de plus de la destination de l’homme pour l’Évangile, de la conformité de l’Evangile à la nature de l’homme. Car Vinet connaissait assez le fond ténébreux de la conscience coupable pour savoir que le mystère et le scandale sont dans la conscience avant d’être dans l’Evangile, que les contradictions de l’Évangile correspondent à celles de la conscience, et qu’il suffit de fouiller ses plaies assez avant pour lui faire consentir la folie d’un salut qui est une justice, d’une rédemption qui est un jugement et une mort.
En sorte que la conformité parfaite de la rédemption chrétienne avec les besoins moraux et religieux de l’humanité, et, si je puis dire ainsi, l’éternelle prédestination de l’âme humaine pour la personne du Sauveur éclatant sur tous les points à la fois, l’Évangile, brillant de sa propre et suffisante clarté, se démontrait en se montrant, — Il s’agissait dès lors beaucoup moins de connaître et de comprendre intellectuellement que de contempler et d’obéir moralement ; beaucoup moins de discuter et de prouver, que de se rendre à la vérité sur le témoignage de la vérité. L’axe de l’apologétique protestante était définitivement détourné de ses anciennes voies et orienté dans le sens où Pascali, puis Kant, puis Schleiermacher avaient déjà tenté de le dirigerj.
i – En revenant à l’apologétique que Biaise Pascal avait autrefois esquissée, Vinet la rendait à la fois plus large, plus solide et plus vraie parce qu’il la faisait porter sur un terrain plus sérieusement moral et plus strictement évangélique.
j – Voir les deux articles de G. Frommel : Pascal et Vinet, et Vinet théologien (Études littéraires et morales, 2e édit., p. 259-281). - Éd.
Et le résultat de ce point de vue me semble pouvoir se résumer dans les lignes suivantes que Vinet écrivait précisément à propos de Pascal : « La gloire de l’Evangile n’est pas seulement d’avoir divinisé la vérité, mais de l’avoir humanisée. Jésus-Christ est Dieu et homme ; il en est de même de sa doctrine. Elle est puisée à la fois dans les profondeurs de Dieu et dans les profondeurs de l’homme ; elle touche, par ses deux extrémités, aux mystères de l’essence divine et aux mystères de la nature humaine : un seul et même mystère, à vrai dire. Les deux éléments, humain et divin, ne sont pas les deux termes d’une antinomie, mais les deux hémisphères, ou, si vous l’aimez mieux, les deux pôles de la vérité. La vérité révélée n’est humaine que parce qu’elle est divine. »
C’est donc Vinet qui a brisé le prestige de l’ancienne apologie supranaturaliste, et inauguré dans nos contrées l’apologétique dite morale ou interne. Hardiesse et nouveauté d’il y a trois quarts de siècle, elle nous est devenue si familière aujourd’hui que nous oublions presque d’en rendre hommage à l’initiateur de génie qui nous l’a définitivement acquise.
Toutefois la tendance de Vinet ne tarda point à suivre le sort commun : elle se mutila en s’exagérant aux mains de ses disciples. Une réaction, historiquement inévitable, se produisit contre toute apologétique extérieure, réaction dont la loi de solidarité qui unit si intimement les fils aux pères nous condamnait à subir le contre-coup. En reléguant aux vieux fers toute la partie historique de l’apologétique, en accentuant uniquement la valeur morale du christianisme, on tombait dans un autre extrême qui n’était pas sans périls. — Une seconde réaction consistait à n’accentuer que la concordance en laissant tomber l’opposition. De là à ne plus tenir compte du péché, à transformer le drame de la rédemption en évolution, il n’y a pas loin. Le péril, c’était la tentation — à laquelle on succomba bientôt — de reconstruire le christianisme lui-même et tout entier d’après les seules aspirations de la nature humaine, de réduire le christianisme à la mesure de son humanité. Tandis que Vinet avait dit : « La vérité révélée n’est humaine que parce qu’elle est divine », on allait dire bientôt et on dit aujourd’hui : « La vérité révélée n’est divine que parce qu’elle est humaine », ce qui est tout autre chose. — Nous aurons à nous garder, Messieurs, de ce renversement subtil, auquel on se laisse entraîner si facilement et sans presque s’en apercevoir, mais dont les conséquences dernières ne vont à rien de moins qu’à la négation de l’élément objectif du christianisme.
Vinet a eu et compte encore de nombreux disciples. En fait nous en sommes tous peu ou prou, parce que tous, et même sans le savoir, nous relevons de l’ère nouvelle qu’il a inaugurée dans la théologie de langue française. Il en a eu toutefois de plus fervents ou de plus illustres que d’autres, au nombre desquels il faut citer : J.-F. Astié, de Lausanne, Edm. de Pressensé, et Ch. Secrétan, ce dernier un ami et un émule peut-être plus qu’un disciple.
Jean-Frédéric Astié (un arbre du midi transplanté en terre vaudoise et qui n’y a jamais pris racine), bien connu pour sa carrière polémique (auteur d’un assez grand nombre de brochures ou de pamphlets théologico-ecclésiastiques d’un ton de plus en plus mordant — au demeurant le meilleur homme du monde), éditeur de la meilleure édition selon nous des Pensées de Pascal, éditeur aussi de l’Esprit de Vinet, fut de ceux qui commencèrent par lui, et qui finirent presque (et sans jamais s’en expliquer clairement) dans la direction que j’ai indiquée tout à l’heure. L’un de ses meilleurs écrits dans le genre apologétique est son livre : M. Scherer, ses disciples et ses adversaires, par quelqu’un qui n’est ni l’un ni l’autre (1854).
Les nombreux ouvrages d’Edmond de Pressensé revêtent tous un caractère plus ou moins apologétique. Les deux principaux sont peut-être Les origines (1882, 3e édit. i883), où l’auteur réfute point par point les principales théories matérialistes ou phénoménistes modernes, — et le premier volume de la seconde édition, malheureusement inachevée, de son Histoire des trois premiers siècles de l’Eglise chrétienne. Ce volume, intitulé : L’Ancien monde et le christianisme (1887), porte surtout sur ce qu’on peut tirer au point de vue apologétique de l’histoire des religions.
Enfin Charles Secrétan. Il s’inspire de la même méthode que Vinet, mais la transporte dans le domaine proprement philosophique. Toute son œuvre a le caractère d’une apologie chrétienne. Ses trois principaux ouvrages : la Philosophie de la liberté (2 vol., 1849, 3e édit. 1879) ; Le principe de la morale (1884) ; La civilisation et la croyance (1887, 3e édit. 1893), appartiennent à la même tendance, mais marquent trois étapes successives dans lesquelles il suit pas à pas les besoins et les variations de la pensée contemporaine. Le premier défend le christianisme contre le panthéisme spéculatif (Hegel, Schelling) alors à son apogée. Le second défend le christianisme contre le positivisme expérimental. Le troisième enfin prend la défense du christianisme au point de vue des questions socialesk. Au point de vue de l’apologétique pure, son livre le plus caractéristique est celui qui traite de la méthode : Recherche de la méthode (1857), auquel il faut joindre : La raison et le christianisme (1863).
k – Voir sur Ch. Secrétan deux articles de G. Frommel (Études littéraires et morales, 2e édit. p.282-311). — Éd.
Citons encore parmi les philosophes de langue française qui se sont faits les apologistes du christianisme, M. Ernest Naville. Son œuvre elle aussi porte un cachet apologétique fortement marqué. Elle se divise en deux catégories distinctes : les ouvrages plutôt philosophiques qui défendent la cause du spiritualisme ; les ouvrages plutôt religieux (discours imprimés) qui défendent quelques points spéciaux de la vérité chrétienne : La Vie éternelle (1861, 6e édit. 1884) ; Le Père céleste (1865, 3e édit. 1880) ; Le problème du mal (1868, 2e édit. 1869) ; Le Christ (1878 2e édit. 1882). Sans nous prononcer sur la valeur des uns et des autres, nous préférons les derniers, où le témoignage d’un christianisme authentique pare aux défectuosités de la méthode qui est beaucoup plus sensible dans les premiersl.
l – Voir sur ce sujet G. Frommel, Philosophie et religion (Études de théologie moderne, p. 211-221). — Éd.
Nommons enfin la récente Apologie du christianisme de M. Aloys Berthoud (1898).