Où l’on fait voir que la doctrine de nos adversaires détruit l’idée que l’Écriture nous donne de la grandeur de nos mystères, et la nature de la véritable foi.
Si le principe de nos adversaires affaiblit infiniment les idées de la charité et de la miséricorde de Dieu, on peut dire qu’il anéantit d’un côté la vérité de nos mystères, et de l’autre la nature de la véritable foi.
En effet, si Jésus-Christ n’est qu’une simple créature, qui pourra comprendre la pensée de l’Apôtre lorsqu’il dit : Or, sans contredit, le mystère de piété est grand, Dieu manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, cru au monde, prêché aux gentils, et élevé en gloire.
On ne peut nier que le mystère de l’Incarnation, tel que nous faisons profession de le croire, ne soit grand, sublime, et infiniment élevé au-dessus de la portée de nos esprits, soit que vous considériez cette union ineffable de la nature humaine avec la nature divine, qui surprend les hommes, et que les anges mêmes ne sauraient comprendre ; soit que vous regardiez à la merveille de charité que notre foi y découvre, soit que vous ayez égard aux suites si importantes d’une telle union. Mais on ne voit pas que la naissance d’un simple homme qui naît en chair parce qu’il ne pouvait naître autrement, quelque agréable à Dieu qu’on le suppose, quelque juste et quelque saint qu’il soit en effet, puisse être comptée pour un grand mystère.
A parler exactement, et à raisonner juste sur l’hypothèse de nos adversaires, il faudrait plutôt chercher les mystères dans les termes de l’Écriture, que dans les objets de la religion ; et il ne faudrait point dire : C’est un grand mystère que le mystère de piété, mais : C’est un grand mystère que le mystère du langage des évangélistes et des apôtres.
Nous attesterions ici volontiers la conscience de ceux contre lesquels nous disputons ; nous leur demanderions s’ils se seraient jamais avisés de faire consister le grand mystère de piété en cet article, Dieu manifesté en chair.
Certainement ceux qui sont obligés de recourir à des explications de l’Écriture si violentes, en attachant aux termes un sens jusqu’ici inconnu, en supposant des apostrophes et des parenthèses là où il n’y en a point, n’ont garde de s’exprimer d’une manière qui leur fait tant de peine, et qu’ils exposent avec tant de difficulté.
Toutes les difficultés qu’on trouve dans notre théologie sont dans les objets : les principales difficultés qu’on trouve dans la théologie de nos adversaires, sont dans les termes de l’Écriture. L’Écriture sainte étant incontestablement un Livre clair et facile à entendre, son langage ne doit pas être la source de nos difficultés ; et les objets de l’Évangile étant hauts et incompréhensibles selon le caractère de la prédication, qui est une folie apparente, ils peuvent et doivent faire la sainte obscurité que nous trouvons dans ce Livre divin.
Mais considérons ce passage de plus près, et faisons y quelques réflexions. Il faut d’abord remarquer que par la doctrine ou le mystère de piété, il faut évidemment entendre la doctrine ou le mystère de l’Évangile : c’est l’usage du Saint-Esprit de parler ainsi. Tous ceux, dit l’Apôtre, qui veulent vivre selon la piété, souffriront persécution. D’ailleurs, il ne faut que considérer cette énumération : Dieu manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, cru au monde, prêché aux gentils, élevé en gloire, pour voir qu’elle contient par ordre les objets qui ont fait la substance de la prédication des apôtres.
Cela étant ainsi supposé, je demande d’abord à ceux qui croient que Jésus-Christ est un simple homme, ce que cela veut dire, Dieu manifesté en chair. Si c’est que Jésus-Christ homme a conversé parmi les hommes, certes le mystère est petit. Il est surprenant qu’Enoc ait marché avec Dieu, qu’Elie ait été transporté dans le ciel, que Jésus-Christ ait été élevé dans la gloire, parce que le ciel n’est pas naturellement le séjour des corps ; mais qu’un simple homme ait été vu sur la terre, qu’il ait conversé parmi les autres hommes, voilà qui ne fit jamais l’objet de la surprise de personne. D’ailleurs, qui ne voit que cette expression : Dieu manifesté en chair, enferme évidemment une opposition entre Dieu qu’on ne voit point et le corps que l’on voit, entre un Dieu spirituel et une chair sensible ? Et où sera ni la force de cette opposition, ni la vérité de ce mystère, si ce n’est pas le vrai Dieu qui a été manifesté en chair ?
Jésus-Christ, dira-t-on, quoiqu’il soit un simple homme par sa nature, est Dieu parce qu’il représente Dieu, et qu’il tient sa place.
Et que fait cela pour justifier l’expression dont il s’agit maintenant ? Les rois sont les dieux de la terre, parce qu’ils représentent Dieu, et qu’ils tiennent sa place ; cependant où est l’homme assez insensé pour dire : Or, sans contredit, le mystère de la royauté est grand, Dieu manifesté en chair ?
Nos adversaires ne voient pas qu’ils font ici un ridicule assortiment d’une chair réelle, d’une manifestation véritable, avec un Dieu métaphorique et improprement ainsi nommé ; au lieu qu’il faut joindre un Dieu proprement dit à une chair réelle et à une manifestation véritable.
En effet, il est certain que ce qui fait ici, je ne dirai point la grandeur du mystère, mais simplement la vérité du mystère, c’est l’opposition entre ce qui est signifié par le terme de Dieu et ce qui est exprimé par celui de chair. Or il y a de l’opposition entre la chair et un Dieu proprement dit, tel qu’est le Dieu souverain ; mais il n’y en a aucune entre un Dieu métaphorique et une chair véritable, puisqu’il n’y a rien de surprenant qu’un homme composé de chair tienne la place de Dieu et qu’il soit nommé Dieu, parce qu’il le représente. En quoi donc fait-on consister la grandeur de ce mystère, Dieu manifesté en chair ?
C’est, dira peut-être quelqu’un, en ce que la gloire de la puissance divine dont Jésus-Christ était revêtu lorsqu’il conversait sur la terre, a paru par des miracles si éclatants et en si grand nombre pendant sa conversation sur la terre, qu’il a semblé que Dieu même fût venu habiter en chair.
Si cela est, le mystère de l’Évangile n’a rien de plus surprenant que le mystère de la loi : nous pouvons reconnaître en Moïse comme en Jésus-Christ un Dieu manifesté en chair ; car qui ne sait que Moïse a paru revêtu d’une puissance qui agissait dans toutes les parties de la nature, et qu’avec la verge de Dieu qu’il avait en sa main, il a changé les fleuves en sang, obscurci les airs, suspendu la mer, fendu les rochers, ouvert la terre, allumé les nuées, et fait resplendir les montagnes, et agi avec la même force et avec le même empire que s’il avait eu la juridiction de la nature et l’intendance de l’univers.
Mais sans parler de Moïse, les apôtres eux-mêmes n’ont-ils pas fait des miracles ? Ils en ont fait, et même de plus grands que Jésus-Christ même, suivant la promesse que leur en avait faite ce divin Sauveur. La gloire de la puissance divine s’est donc manifestée dans les apôtres ; cependant où lisez-vous qu’il ait été dit d’un apôtre : Dieu manifesté en chair ? D’ailleurs, ou les miracles de Jésus-Christ marquaient que la puissance divine résidait en Jésus-Christ comme dans sa source, que Jésus-Christ faisait tout par sa propre vertu, et alors il faut nécessairement reconnaître avec nous qu’il est vrai Dieu aussi bien que vrai homme ; ou bien ils marquaient simplement que Dieu opérait ces vertus par le ministère de Jésus-Christ, en sa présence, à sa prière, et alors il est évident qu’on peut dire la même chose des apôtres, et s’écrier sur leur sujet comme sur le sujet de Jésus-Christ : Le mystère de piété est grand, Dieu manifesté en chair.
Mais en quoi consisterait, je vous prie, la grandeur de ce mystère ? Est-il donc si étonnant que la puissance de Dieu se déploie avec éclat à la prière d’un homme saint, et pour des occasions importantes à sa gloire ? Et lorsqu’elle fit descendre le feu du ciel pour confondre l’impiété des Bahalins, pouvait-on dire alors que Dieu était manifesté en chair ? Certainement il faut demeurer d’accord que, pour remplir cette expression singulière, extraordinaire, et inconnue jusqu’à l’Évangile, il faut aussi un mystère singulier, nouveau, extraordinaire, et inconnue sous la loi ; car, comme le langage est proportionné aux objets qu’il représente, la singularité du langage fait excellemment connaître la singularité des objets. Le langage de la loi paraîtra nouveau et extraordinaire à ceux qui auront vécu dans l’économie de la nature. Le langage de l’Évangile paraîtra extraordinaire et surprenant à ceux qui auront uniquement vécu sous l’alliance de la loi. Et pourquoi cela ? C’est parce que les objets de la loi sont fort différents des objets de la nature, et les objets de l’Évangile fort différents des objets de la loi. Que peut-on donc juger de cette expression nouvelle, surprenante et extraordinaire s’il en fût jamais, Dieu manifesté en chair, sinon qu’elle signifie un objet inconnu dans la nature et sous la loi ?
Au fond, quelle que soit la subtilité de nos adversaires, et de quelque manière qu’ils fassent violence à leur esprit pour attacher leurs préjugés aux passages de l’Écriture, je ne vois pas qu’ils puissent donner aucune explication raisonnable de ce passage. Il me semble que leur langage, pour être juste, doit être contradictoire à celui de l’Apôtre ; car, selon eux, c’est la chair qui se manifeste être Dieu (on sait que par la chair l’Écriture entend la nature humaine) ; et selon l’Apôtre, c’est Dieu qui se manifeste, ou qui apparaît en chair. Selon Socin, ce qui est premièrement et naturellement chair, est élevé par la grâce jusqu’à être appelé Dieu, parce qu’il représente Dieu d’une façon admirable. Il y a donc premièrement chair, et en second lieu manifestation ou représentation de Dieu ; mais, selon l’Apôtre, ce qui était Dieu est manifesté, se montre ou apparaît dans la chair. il y a donc ici, premièrement, un Dieu, et puis une manifestation de ce Dieu dans une chair visible : c’est là du moins incontestablement la première et plus naturelle impression de ces paroles : Dieu est manifesté en chair.
Lorsque le prophète donne à Jésus-Christ le grand titre d’Emmanuel, ou Dieu avec nous, ce titre nous frappe, et nous donne lieu de concevoir en Jésus-Christ une certaine éminence de perfection divine qui ne saurait convenir à un simple homme ; car ce titre n’a jamais été donné a aucun prophète, et il nous paraît trop beau pour le plus grand des prophète. Cependant la conjecture ne serait peut-être pas assez forte, si l’Écriture ne donnait que ce titre à Jésus-Christ ; mais lorsque nous voyons qu’il est dit outre cela : Dieu manifesté en chair, ce dernier titre nous fait admirablement bien comprendre le premier, et le premier sert aussi à nous faire voir que ce n’est pas sans raison et sans mystère que le dernier a été donné à notre Seigneur Jésus-Christ. Car enfin, comme le premier de ces deux titres signifie naturellement que nous étions séparés et éloignés de Dieu, mais que nous en sommes rapprochés en Jésus-Christ, qui est Dieu avec nous, le second nous dit que la chair était ou paraissait incompatible avec la présence de Dieu, et que néanmoins Dieu s’est manifesté dans cette chair. Comme donc, pour remplir la vérité du premier de ces deux titres, il faut que le vrai Dieu soit réellement avec nous, il faut de même, pour remplir la vérité du second, que le vrai Dieu soit réellement manifesté en chair : cette conjecture ne paraît pas déraisonnable. Mais on veut ajouter une réflexion plus convaincante, en comparant notre exposition avec celle de nos adversaires.
Jésus-Christ, selon nous, étant Dieu et homme, parce qu’il était non seulement avant sa naissance, mais même avant la naissance d’Abraham, qu’il était avec Dieu, et qu’il était Dieu, a été manifesté en chair, ayant revêtu notre nature corporelle ; il a été justifié en esprit, ayant envoyé son Saint-Esprit pour justifier et l’efficace de sa mort et la vérité de sa résurrection ; il a été prêché aux gentils, vu des anges dans son agonie et dans son triomphe, cru des hommes, et élevé dans la gloire magnifique, porté sur une nuée, et ses disciples le voyant. Qu’y a-t-il là de difficile ? C’est l’Évangile que nous avons reçu dès le commencement.
Jésus-Christ, selon les sociniens, est naturellement un simple homme, mais qui a été élevé souverainement pour avoir obéi à Dieu jusqu’à souffrir la mort. Or, dans un homme qui est simplement homme, je ne trouve que trois choses, un corps, une âme, et le composé qui résulte de l’union de l’un et de l’autre. Je voudrais bien savoir laquelle de ces trois choses a été manifestée en chair : ce n’est pas l’âme de Jésus-Christ ; il y aurait de l’extravagance à appeler l’âme de Jésus-Christ Dieu, et à dire que l’âme est manifestée en chair et justifiée en esprit. Outre qu’il s’agit d’un sujet qui a été élevé en gloire, ce qui ne se dit pas plus de l’âme que du corps, ce n’est pas aussi le corps de Jésus-Christ qui a été manifesté en chair : la chair n’est point manifestée en chair. On ne peut point dire aussi que ce soit tout le composé, ou l’homme entier, qui soit manifesté en chair ; ce composé, ou l’homme entier, n’est que le corps et l’âme joints ensemble. Or, on ne peut point dire que le corps et l’âme joints ensemble aient été manifestés en chair ou en corps ; l’expression serait ridicule et extravagante.
S’il s’agissait ici d’un accident ou de plusieurs accidents ensemble, on pourrait dire que c’est la puissance de Dieu, ou sa sainteté, ou sa sagesse, ou son autorité, ou plusieurs autres qualités divines de cette espèce, qui ont été manifestées en chair ; mais il s’agit d’un sujet qui est une personne, puisque ce n’est que d’une personne qu’on peut dire qu’elle est élevée en gloire. Il s’agit donc ou d’une personne humaine, ou d’une personne divine. Ce n’est point d’une personne divine, car il n’y en a point d’autre, selon nos adversaires, que le Père : c’est donc d’une personne humaine ; or une personne humaine est un homme. Il s’ensuit donc que c’est un homme qui a été manifesté en chair. Si c’est un homme, c’est un corps et une âme joints ensemble ; car l’homme ou la personne humaine n’est que cela, de l’aveu de ceux contre qui nous disputons. Je demande donc encore une fois si l’on peut dire, si l’on a jamais dit sans extravaguer, qu’un corps et une âme joints ensemble sont manifestés en chair. Enfin, on ne peut nier que si Jésus-Christ est un simple homme, la même nature qui a été élevée en gloire n’ait été manifestée en chair : cela est nécessaire, puisque Jésus-Christ n’en a pas deux, selon nos adversaires. Il faut donc que la nature humaine de Jésus-Christ ait été manifestée en chair comme elle a été élevée en gloire. Mais a-t-on jamais dit qu’une nature humaine ait été manifestée en chair ?
On ne peut pas seulement dire que le mystère de la manifestation de Dieu en chair est anéanti par la doctrine de nos adversaires, on peut ajouter encore que cette doctrine détruit tous les mystères tout à la fois, en ôtant absolument tout ce qu’il y a de difficile dans la religion.
La croix de Jésus-Christ est un objet difficile, élevé, incompréhensible ; et il faut bien qu’il soit opposé à nos préjugés, puisque l’Apôtre des gentils le nomme le scandale du Juif, et la folie du Grec. Cependant, qu’est-ce que la croix de Jésus-Christ a de mystérieux et d’incompréhensible, si Jésus-Christ est un simple homme ? Les Juifs n’ont-ils pas vu des hommes agréables à Dieu persécutés par les méchants ? Les serviteurs de Dieu n’ont-ils jamais souffert la mort pour signaler leur zèle envers Dieu, ou pour confirmer la vérité qu’ils annonçaient ? Le mystère consiste ou en ce que c’est un homme juste qui souffre, ou en ce que c’est un prophète, ou en ce que c’est le Fils de Dieu, ou en ce que c’est Dieu. Ce n’est point en ce que c’est un homme juste, car ni les Juifs ni les gentils ne peuvent point regarder comme un objet fort nouveau la mort d’un innocent accablé et opprimé par des coupables. Ce mystère ne consiste point en ce que c’est un prophète qui souffre la mort ; on avait déjà vu plusieurs prophètes mourir pour la vérité. Il ne consiste point en ce que c’est le Fils de Dieu, car ce n’est ici qu’un Fils de Dieu par métaphore, s’il en faut croire nos adversaires ; ou du moins ce n’est un Fils de Dieu que de la manière qu’Adam l’était dans l’état de son innocence, ayant été formé immédiatement par la puissance de Dieu, et ayant été enrichi de ses dons et de ses grâces. Le mystère ne consiste point en ce que c’est Dieu qui meurt, puisque nos adversaires se moquent de cette expression et prétendent qu’elle est figurée ou extravagante.
Saint Paul nous apprend que depuis qu’en la sagesse de Dieu les hommes n’ont point connu Dieu par sagesse, le bon plaisir du Père a été de sauver les hommes par la folie de la prédication. L’Évangile n’est évidemment appelé une folie, que parce qu’il enferme des objets qui nous paraissent incroyables et incompréhensibles. Or, je vous prie, qu’y a-t-il dans l’Évangile qui nous paraisse ni incompréhensible ni incroyable, si l’on suit les vues de nos adversaires ? C’est une religion de plain-pied que leur religion ; ils en ôtent, ou, pour mieux dire, ils prétendent en ôter toutes les difficultés.
Il est certain qu’il y a plus de difficulté et d’obscurité dans les objets qui nous sont révélés dans l’Évangile, que dans ceux que nous présente la révélation de la nature ; cependant, si l’hypothèse de nos adversaires était véritable, on peut dire qu’il y aurait plus de mystère dans le pied d’un ciron que dans toute la religion chrétienne.
Les objets de l’Évangile sont incomparablement plus élevés et plus incompréhensibles que les objets de la loi ; ce qui le marque très évidemment, c’est que les objets de la loi ne portent point le nom de mystères comme ceux de l’Évangile ; c’est que sous la loi il ne fallait point captiver son intelligence comme sous l’Évangile. Enfin, on n’a jamais dit que les objets de la loi fussent une folie, les considérant comme étant contraires à nos préjugés : cependant, si le sentiment de nos adversaires était véritable, il est incontestable qu’il y aurait de plus grands mystères sous la loi que sous l’Évangile. Dieu apparaissant au buisson en Horeb, serait un plus grand mystère que Dieu manifesté en chair.
Je dirai bien davantage ; c’est que cette doctrine anéantit la foi. La nature et l’excellence de la véritable foi consistent à recevoir des vérités difficiles, et qu’on ne recevrait point sans cela, sur le témoignage de Dieu qui les révèle ; ce qui montre que la foi et la vue doivent être différentes. La vue consiste en ce qu’on reçoit des vérités qui ont un rapport assez naturel avec nos notions et nos lumières ; mais la foi consiste en ce que nous recevons sur le témoignage de Dieu des vérités contraires à nos préjugés. Or cette distinction est entièrement ôtée, si la religion n’enferme que des vérités qui ont autant de convenance avec notre esprit que les vérités naturelles en peuvent avoir. Nous aurons à repasser sur ces considérations dans un autre endroit de cet ouvrage ; cependant il sera bon de justifier ce que nous nous étions proposé de montrer en troisième lieu dans cette section.