(1er janvier)
Quatre motifs rendent célèbre et solennel le jour de la Circoncision du Seigneur.
1 °Ce jour est l’octave de la Nativité. Cette fête, une des plus grandes de celles que célèbre l’Église, n’a point d’octave propre : car les octaves de la mort des saints signifient que ceux-ci, après leur mort, renaissent à une vie nouvelle : tandis que la Nativité du Seigneur ne comporte pas d’octave, ayant eu pour suite la passion et la mort. De même n’ont d’octave propre ni la Nativité de la Vierge, ni celle de saint Jean-Baptiste, ni Pâques, – puisque cette fête a déjà elle-même pour objet de célébrer la résurrection. – Ces fêtes n’ont que des « octaves complémentaires », où nous complétons le culte de ces fêtes elles-mêmes : et telle est, en ce jour de la Circoncision, l’octave de la Nativité ;
2° La Circoncision symbolise pour nous l’imposition au Seigneur d’un nom nouveau, pour notre salut. Rappelons, à ce propos, que le Seigneur a eu trois noms, à savoir : Fils de Dieu, Christ et Jésus. Fils de Dieu le désigne en tant que Dieu ; Christ en tant qu’homme ; Jésus en tant que Dieu fait homme ;
3° La Circoncision célèbre la première effusion du sang du Christ pour les hommes. On sait, en effet, que le Christ a versé cinq fois son sang pour nous : 1°dans la Circoncision, et ce fut le commencement de notre rédemption ; 2°dans la prière, en témoignage de son désir de notre rédemption ; 3°dans la flagellation, et ce fut le mérite de notre rédemption ; 4°dans la crucifixion, et ce fut le prix de notre rédemption ; 5°dans l’ouverture de son flanc sous le coup de lance, et ce fut le sacre de notre rédemption.
4° Enfin la Circoncision célèbre le fait même de la circoncision du Seigneur. Celui-ci, en consentant à se laisser circoncire, avait plusieurs motifs : 1° il voulait montrer qu’il avait vraiment revêtu la chair humaine : car seul un corps véritable peut émettre du sang ; 2° il voulait nous montrer que, nous aussi, nous devions accepter la circoncision spirituelle, c’est-à-dire nous livrer au travail de notre purification ; 3° le Seigneur s’est laissé circoncire pour ôter aux Juifs toute excuse dans leur conduite ; car, s’il n’avait pas été circoncis, ils auraient pu lui dire : « Nous ne t’avons pas accueilli, mais c’est parce que tu étais différent de nos pères ! » 4° le Seigneur a voulu montrer son approbation de la loi de Moïse, « qu’il était venu non pas détruire, mais compléter et réaliser ».
Au sujet de la chair sacrée de la circoncision du Seigneur, on a dit qu’un ange l’avait apportée à Charlemagne, qui l’avait solennellement déposée à Aix-la-Chapelle, dans l’église de Notre-Dame. Et l’on dit qu’elle se trouve aujourd’hui à Rome, dans l’église appelée le Saint des Saints ; et de là vient le pèlerinage que l’on fait, en ce jour, à cette église.
Notons enfin que les païens, autrefois, se livraient, le premier jour de l’année, à toutes sortes de pratiques superstitieuses que les chrétiens ont eu beaucoup de peine à déraciner, et dont saint Augustin nous parle dans un de ses sermons. Ces païens s’étaient imaginés de prendre pour dieu un certain chef appelé Janus ; et c’était lui qu’ils honoraient ce jour-là, le représentant avec deux visages, dont un tourné vers l’année passée, l’autre vers la nouvelle. On avait aussi l’habitude de se déguiser sous des formes monstrueuses : les uns se revêtaient de peaux de bêtes, d’autres n’avaient pas honte d’introduire leurs corps virils dans des tuniques de femme. Et saint Augustin ajoute : « Quiconque garde quelque chose des coutumes païennes, je crains bien que le nom de chrétien ne puisse guère lui servir ! »