En parlant du succès de l’œuvre de la rédemption pendant cette période, je considérerai 1° le succès en lui-même ; 2° l’opposition qu’il a rencontrée de la part de ses adversaires ; 3° les terribles jugements de Dieu contre ses ennemis.
D’abord après que Christ eut fait son entrée dans le Saint des saints avec son propre sang, on commença à voir les fruits de ce qu’il avait fait et souffert. Comme le Seigneur avait sapé les fondements du royaume de Satan, il commença bientôt à s’écrouler. Il courut promptement vers sa ruine, ce qui peut être très bien comparé à la chute de Satan du ciel comme un éclair. Satan avait élevé son trône dans ce monde, aussi haut même que les étoiles des cieux ; il régnait avec gloire dans l’Empire romain tout païen ; mais il ne connut jamais de chute semblable à celle qui eut lieu bientôt après l’ascension de Christ. Il est vraisemblable qu’il avait triomphé de la mort de Christ comme de la plus grande victoire qu’il eût jamais remportée, et il est probable qu’il s’imagina avoir complètement renversé les plans de Dieu. Mais il dut sentir bientôt qu’il n’avait fait que travailler à la ruine de son propre royaume, quand il le vit s’écrouler si vite par suite de la mort de Christ. Car Christ, après être monté aux cieux et avoir reçu le Saint-Esprit, le répandit abondamment pour le salut de milliers et de millions d’âmes.
Le royaume de Christ n’avait jamais été dans un état si prospère. Il est probable qu’il y eut plus d’âmes converties dans le siècle apostolique, qu’il n’y en avait eu depuis le commencement du monde jusqu’alors. Voilà comment Dieu commença bientôt à accomplir glorieusement la promesse qu’il avait faite à son Fils, qu’il se verrait de la postérité, que le bon plaisir de l’Éternel prospèrerait entre ses mains, lorsqu’il aurait offert son âme en oblation pour le péché. Et,
1° Ici il faut remarquer le succès de l’Évangile parmi les Juifs ; car Dieu commença avec eux. Etant sur le point de rejeter la masse du peuple, il commença par appeler ses élus qui se trouvaient parmi eux. Il en avait agi de même à l’occasion de ses grands jugements contre cette nation ; la masse avait été détruite, il n’y avait eu qu’un petit résidu de sauvé et de réformé. La grande majorité des dix tribus fut rejetée quand ils abandonnèrent le vrai culte de Dieu sous Jéroboam, et d’une manière encore plus absolue sous Achab ; mais il y en eut un petit reste de sauvé. Plusieurs d’entre eux abandonnèrent les héritages qu’ils possédaient dans le territoire de ces tribus, et allèrent s’établir dans celui de Juda et de Benjamin. Mais il y en avait sept mille du temps d’Achab qui n’avaient pas fléchi le genou devant Baal. Il n’y en eut que quelques-uns qui revinrent de la captivité de Babylone. De sorte qu’alors la grande masse du peuple fut complètement rejetée, et il n’y en eut que quelques-uns de sauvés. Et le Saint-Esprit compare cette préservation de ceux qui furent convertis par la prédication des apôtres à ces résidus précédents. « Aussi Esaïe s’écrie au sujet d’Israël : Quand le nombre des enfants d’Israël serait comme le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé (Romains 9.27 ; Ésaïe 10.22). »
Ce glorieux succès de l’Évangile parmi les Juifs, après l’ascension de Christ, commença avec l’envoi du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (Actes, ch. 2). Cette effusion fut si admirable, qu’il est dit que trois mille personnes se convertirent à la foi chrétienne dans un jour (Actes 2.41). Et après cela Dieu ajouta journellement à l’Église des gens pour être sauvés. Bientôt après, le nombre s’éleva à cinq mille. Non seulement il y eut des multitudes de converties, mais l’Église se distingua alors par sa piété, comme on le voit par Actes 2.46-47 ; 4.32.
C’est ainsi que l’Église chrétienne se recruta primitivement dans la nation juive ; et quand les Gentils furent appelés, ils furent ajoutés à l’Église chrétienne d’Israël, comme autrefois les prosélytes avaient été ajoutés à l’Église mosaïque d’Israël. Ils furent entés sur le tronc d’Abraham, mais ils ne furent pas un arbre distinct : ils restèrent tous la semence d’Abraham et d’Israël, de même que Ruth, la Moabite, et Urie le Héthien, et d’autres prosélytes des anciens temps, firent partie du même peuple, et furent considérés comme la semence d’Israël.
L’Église chrétienne commença à Jérusalem, et se répandit de là parmi toutes les nations ; de sorte que cette Église de Jérusalem fut la mère de toutes les autres dans le monde, conformément à la prophétie : « Car la loi sortira de Sion, et la Parole de l’Éternel sortira de Jérusalem. Il exercera le jugement parmi les nations, et il reprendra plusieurs peuples (Ésaïe 2.3-4). De sorte que l’ensemble de l’Église de Dieu est toujours la Jérusalem spirituelle.
En outre, il est parlé de plusieurs milliers de Juifs qui crurent à Jérusalem (Actes 20.21), dans d’autres villes de la Judée, et dans d’autres parties du monde. Car les apôtres avaient l’habitude de se rendre d’abord dans les synagogues des Juifs, et de leur prêcher l’Évangile ; et plusieurs d’entre eux, dans d’autres villes, crurent, comme à Damas, à Antioche et ailleurs.
Avec cette effusion du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte commença cette première et grande dispensation appelée : la venue de Christ dans son royaume. Cette venue spirituelle de Christ pour le glorieux établissement de son royaume dans le monde est représentée comme une descente des cieux où il s’était élevé. « Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai vers vous. Vous avez entendu que je vous ai dit : je m’en vais, et je reviens à vous (Jean 14.18, 28). » C’est ainsi que, selon la promesse qu’il leur avait faite, les apôtres virent le royaume des cieux venant avec puissance (Marc 9.1).
2° Quand l’Évangile eut ainsi commencé à faire de grands progrès parmi les Juifs, l’Esprit de Dieu fut miraculeusement répandu sur les Samaritains. Ils étaient les descendants de ceux que le roi d’Assyrie avait pris dans les diverses parties de son royaume pour les établir dans le pays habité par les dix tribus qu’il avait conduites en captivité. Ils avaient les cinq livres de Moïse et observaient la plupart des rites mosaïques, de sorte qu’ils étaient des espèces de Juifs métis. Dans le Nouveau Testament ils ne sont pas rangés parmi les Gentils ; car, après cela, il est parlé de la conversion des Gentils comme d’une chose nouvelle qui commença avec la conversion de Corneille. Mais ce fut un de ces cas dans lesquels ceux qui n’étaient pas son peuple furent faits son peuple ; car ils avaient corrompu la religion de Moïse, et ils ne montaient pas à Jérusalem pour adorer. Ils avaient leur propre temple sur le mont Garixim ; c’est la montagne que la femme de Samarie a en vue quand elle dit : « Nos pères ont adoré sur cette montagne. » Christ ne les approuve pas pour s’être séparés des Juifs, mais il déclare qu’ils ne savent pas ce qu’ils adorent, et que le salut vient des Juifs. Mais maintenant le salut leur vient des Juifs par la prédication de Philippe (Christ avait pourtant eu quelques succès parmi eux précédemment) ; sa prédication fut accompagnée d’une grande effusion de l’Esprit de Dieu dans la ville de Samarie, et il est dit : « Que le peuple crut ce que Philippe leur annonçait touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ ; tant les hommes que les femmes furent baptisés. — Et il y avait une grande joie dans cette ville-là (Actes 8.8-12). »
Ainsi Christ eut une belle moisson à Samarie, conformément à ce qu’il avait dit à ses disciples près du puits de Jacob, trois ou quatre ans auparavant, quand il vit dans le lointain les gens de Samarie qui s’approchaient (Jean 4.35-36). Les dispositions du peuple de Samarie envers Jésus-Christ et son Évangile montrèrent qu’ils étaient mûrs pour la moisson, et maintenant Philippe la recueille en prêchant. Il régnait une très grande inimitié entre les Juifs et les Samaritains, mais ils sont maintenant heureusement, réconciliés par suite de leur conversion ; car en Christ il n’y a ni Juif, ni Samaritain, mais Christ est tout en tous. Ce fut là une de ces circonstances remarquables dans lesquelles on vit le loup habiter avec l’agneau, et le léopard avec le chevreau.
3° Nous remarquerons ensuite la vocation des Gentils. Ce fut là une dispensation grande et glorieuse dont il est souvent question dans l’Ancien Testament et dans les écrits des apôtres. Elle commença avec la conversion de Corneille et de sa famille, à la grande surprise de Pierre qui en fut l’instrument, et de ceux qui étaient avec lui (Actes, ch. 10 et 11). Nous en avons un autre exemple dans la conversion d’un grand nombre de Gentils à Chypre, à Cyrène, à Antioche, opérées par les disciples qui furent dispersés à la suite de la persécution qui s’éleva à l’occasion d’Etienne (Actes 11.19-21). Et ce fut d’abord après cela que les disciples commencèrent d’être appelés chrétiens, à Antioche.
Plus tard des multitudes de Gentils furent convertis dans les diverses parties du monde, surtout par le ministère de l’apôtre Paul, qui fut accompagné d’une grande effusion du Saint-Esprit. Des multitudes entières se joignirent à l’Église chrétienne dans beaucoup de villes où les apôtres se rendirent. De sorte que le nombre des Gentils dans l’Église chrétienne dépassa bientôt de beaucoup celui des Juifs. Bien plus, moins de dix ans après que Paul eut été envoyé d’Antioche pour prêcher aux Gentils, on dit de lui et de ses compagnons qu’ils avaient remué tout le monde « Ceux-ci, qui ont remué tout le monde, sont aussi venus ici (Actes 17.6). » Mais ce qui se passa à Ephèse, qui était une très grande ville, fut surtout remarquable (Actes, ch. 19). Il y eut aussi des conversions très extraordinaires à Corinthe, une des plus grandes villes de la Grèce. Ensuite plusieurs furent convertis à Rome qui était la ville principale du monde connu ; et l’Évangile se répandit dans toutes les parties de l’Empire romain. Ainsi le soleil de l’Évangile qui s’était dernièrement levé pour les Juifs commença à éclairer le monde païen qui avait été pendant tant de siècles dans les ténèbres du paganisme.
Ce fut là un grand événement qui n’avait jamais eu son semblable. Toutes les nations, excepté les Juifs et quelques personnes qui occasionnellement s’étaient jointes à eux, avaient été rejetées depuis environ le temps de Moïse. Le monde païen avait été recouvert des profondes ténèbres de l’idolâtrie ; mais maintenant, à la voix de l’Évangile, ils commencent partout à abandonner les idoles et à les jeter aux taupes et aux chauves-souris. Ils apprirent alors à adorer le vrai Dieu, et à se confier en son Fils Jésus-Christ. Dieu les reconnut pour son peuple, et ceux qui pendant si longtemps avaient été loin furent rapprochés par le sang de Christ. Des hommes païens et grossiers par nature, devinrent enfants de Dieu ; ils passèrent du royaume ténébreux de Satan dans celui de la merveilleuse lumière de Dieu. Dans presque tous les pays du monde connu, il y eut des assemblées chrétiennes, et on chanta joyeusement les louanges de Dieu et de Jésus-Christ, le grand Rédempteur. Maintenant ce grand édifice auquel Dieu commença à travailler bientôt après la chute de l’homme, s’élève majestueusement ; les prophéties de Daniel, concernant le dernier royaume qui devait succéder aux quatre monarchies païennes, commencent à présent à s’accomplir ; la pierre coupée sans main de la montagne commence à briser l’image à ses pieds, et à se préparer à remplir le monde ; Dieu présentement rassemble ses élus des quatre vents des cieux au moyen de la prédication des apôtres et d’autres ministres (anges de l’Église chrétienne envoyés avec un grand son de trompette) avant la destruction de Jérusalem, conformément à ce que Christ avait prédit (Matthieu 24.31).
Je ferai remarquer maintenant l’opposition que le succès de la rédemption, accomplie par Christ, rencontra de la part de ses ennemis. Satan qui tout dernièrement encore était prêt à triompher et à se réjouir, comme s’il avait remporté la victoire en faisant mourir Christ, se trouvant maintenant précipité dans l’abîme qu’il avait lui-même creusé, et voyant que son royaume s’écroulait avec tant de rapidité, tandis que celui de Christ faisait des progrès si surprenants, fut confus et surpris ; il semble avoir réussi à effrayer l’enfer pour le porter à la plus violente opposition. Et d’abord, le diable poussa les Juifs qui avaient crucifié Christ, à persécuter son Église ; car il est à remarquer que les persécutions dont l’Église eut à souffrir pendant cette période vinrent surtout des Juifs. Ainsi nous lisons dans le livre des Actes comment, lorsque le Saint-Esprit fut répandu le jour de la Pentecôte, les Juifs s’en moquèrent, disant : « Ces hommes sont pleins de vin doux ; » et comment les scribes et les pharisiens et les capitaines du temple furent alarmés et s’agitèrent pour s’opposer aux apôtres et les persécuter. Ils commencèrent par se saisir d’eux et de les menacer, après quoi ils les emprisonnèrent et les battirent, et, ne respirant que menaces et carnage contre les disciples de Christ, ils lapidèrent Etienne dans leur fureur. Ils ne se contentèrent pas de persécuter ceux qu’ils trouvèrent en Judée, mais ils envoyèrent à Damas et ailleurs pour persécuter tous ceux qu’on pourrait trouver. Hérode, qui était leur chef, persécuta l’Église, fit périr Jacques par l’épée, fit saisir Pierre et le fit mettre en prison.
De même, dans tous les autres pays, presque partout où les apôtres se rendirent, les Juifs s’opposèrent à l’Évangile contredisant et blasphémant. Combien l’apôtre Paul eut à souffrir de leur part ! comme ils se montrèrent violents et sanguinaires quand il vint porter des aumônes à sa nation ! Ainsi fut accomplie la Parole de Christ. « Car voici, je vous envoie des prophètes, et des sages et des scribes ; vous en tuerez, vous en crucifierez, vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville (Matthieu 23.34). »
1° La grande masse du peuple fut abandonnée à l’aveuglement de l’esprit et à l’endurcissement du cœur, par un jugement de Dieu. Christ leur annonça ce malheur dans les jours de sa chair (Matthieu 13.14-15). L’apôtre Paul leur dénonça également cette malédiction (Actes 28.25-27). Ils sont encore aujourd’hui sous cette malédiction, dans cet endurcissement et cet aveuglement qui a duré environ mille sept cents ans. C’est le plus grand jugement de Dieu dont on ait d’exemple, et un monument de sa terrible vengeance. Le fait qu’ils continuent ainsi, génération après génération, à rejeter Christ obstinément, de sorte qu’il est très rare que quelques-uns d’entre eux soient convertis à la foi chrétienne, — et cela bien que leurs propres écrits de l’Ancien Testament soient si pleins de témoignages contre eux, — est une preuve certaine que Dieu les a abandonnés.
2° Ils furent rejetés pour ne plus être dorénavant le peuple visible de Dieu. Ils furent retranchés du tronc d’Abraham, et depuis lors ils n’ont pas plus été considérés comme sa postérité que les ismaélites ou les édomites, qui sont sa postérité naturelle tout aussi bien qu’eux. La plus grande partie des deux tribus fut alors rejetée comme les dix tribus l’avaient été précédemment, et un autre peuple fut mis à leur place conformément aux prédictions de leurs propres prophètes. « Ils m’ont ému à jalousie, par ce qui n’est point le Dieu fort, et ils ont excité ma colère par leurs vanités ; ainsi je les émouvrai à jalousie par un peuple qui n’est point peuple ; et je les provoquerai à la colère par une nation folle (Deutéronome 32.21). » « Je me suis fait rechercher de ceux qui ne me demandaient point, et je me suis fait trouver à ceux qui ne me cherchaient point (Ésaïe 65.1). » Ils furent rejetés d’une manière visible quand Dieu ordonna à ses apôtres de s’éloigner d’eux et de les abandonner à eux-mêmes. « Alors Paul et Barnabas s’etant enhardis, leur dirent : C’était bien à vous premièrement qu’il fallait annoncer la Parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les Gentils ; car le Seigneur nous l’a ainsi commandé (Actes 13.46-47 ; 18.6 ; 28.28). »
Jusqu’ici nous avons eu l’histoire scripturaire pour nous guider ; à partir de cette époque, nous n’avons plus que les prophéties renfermées dans l’Écriture et l’histoire humaine.
3° Le troisième et dernier jugement de Dieu contre les ennemis du succès de l’Évangile que je signalerai, est la désolation de leur ville et de leur pays par les Romains. Ils eurent de grands avertissements avant cette destruction. Jean-Baptiste le premier les avertit et leur dit que la hache était mise à la racine de l’arbre, et que tout arbre qui ne porterait pas de fruit serait coupé et jeté au feu. Christ à son tour les avertit soigneusement ; il leur parla de la destruction qui approchait et dont la seule pensée le fit pleurer sur eux. Mais ils persévérèrent dans leur obstination, continuèrent de s’opposer à l’Église chrétienne et de la persécuter. Leur cruelle persécution de l’apôtre Paul, dont nous avons un récit vers la fin du livre des Actes, semble être arrivée seulement sept ou huit ans avant leur destruction.
Après cela Dieu leur donna encore un autre avertissement très remarquable par le moyen de l’apôtre Paul, dans son épître aux Hébreux, écrite, à ce qu’on suppose, environ quatre ans avant leur destruction. Elle renferme les arguments les plus clairs et les plus simples tirés de leur propre loi et de leurs prophètes, pour lesquels ils professaient tant de respect, afin de prouver que Jésus-Christ doit être le Fils de Dieu, que toute leur loi lui a servi de type et que la dispensation juive doit nécessairement être parvenue à son terme. Car, bien que l’épître ait été adressée plus immédiatement aux chrétiens d’origine Juive, toutefois les sujets traités dans l’épître montrent clairement que l’Apôtre se proposait de convaincre les Juifs incrédules. Et, dans cette épître, il fait particulièrement mention de la destruction qui s’approche : « Et cela d’autant plus que vous voyez approcher le jour (Hébreux 10.25) ; » il parle du jugement qui s’approche et de « l’ardeur d’un feu qui doit dévorer les adversaires (Hébreux 10.27). »
Mais comme la masse du peuple refusait de se laisser convaincre, Dieu les détruisit bientôt avec des terreurs dont on ne trouve pas d’exemple dans la désolation d’aucun pays ou d’aucune ville depuis la fondation du monde, conformément à ce que Christ avait prédit. « Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, ni il n’y en aura plus de telle (Matthieu 24.21). » La destruction de Jérusalem par les Babyloniens fut terrible, comme on le voit par la touchante description que le prophète Jérémie en donne dans ses Lamentations ; mais ce ne fut rien en comparaison des malheurs qu’ils eurent à endurer alors. Dieu, comme Christ l’avait prédit, fit venir sur eux tout le sang des justes qui avait été versé depuis la fondation du monde. C’est ainsi que les ennemis de Christ deviennent après son ascension le marchepied de ses pieds, conformément à la promesse de Dieu (Psaumes 110) ; et il les gouverne avec une verge de fer. Les ronces et les épines se sont élevées en bataille contre Lui, mais il a passé à travers elles et les a brûlées.
La destruction de Jérusalem eut lieu, à tous égards, conformément à ce que Christ en avait prédit (Matthieu ch. 24), comme on le voit par le récit qu’en donne Josèphe, qui fut témoin oculaire, eut sa part dans cette calamité, et écrivit l’histoire de leur destruction. Par plusieurs circonstances, elle ressemble à la destruction des méchants au jour du jugement ; on voit par son récit qu’elle fut accompagnée de plusieurs signes dans les cieux, et d’une séparation des bons d’avec les méchants. Leur ville et leur temple furent brûlés et détruits de fond en comble ; et le sol fut labouré, de sorte qu’il ne fut pas laissé pierre sur pierre (Matthieu 24.2).
Le peuple avait presque entièrement perdu son indépendance après la captivité de Babylone ; mais le sceptre se départit entièrement de Juda à la mort d’Archélaüs, alors que la Judée devint une province romaine. Après cela, ils furent rejetés, et cessèrent d’être le peuple de Dieu, et maintenant leur ville et leur pays sont désolés, ils en ont été transportés, et ils ont ainsi été dispersés par le monde pendant environ seize cents ans.
C’est ainsi que l’Ancien Testament prit fin ; tout se termina par une espèce de jour de jugement dans lequel le peuple de Dieu fut sauvé et ses ennemis détruits. Voilà comment Christ, dernièrement encore raillé, méprisé, et à la face de qui ces Juifs, futurs persécuteurs, ses disciples, crachaient, est glorieusement exalté au-dessus de ses ennemis.