Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XII

Sur la Jeunesse

Jeunesse, ne suis point ton caprice volage ;
Au plus beau de tes jours, souviens-toi de ta fin.
Peut-être verras-tu ton soir dans ton matin,
Et l’hiver de ta vie au printemps de ton âge.

La plus verte saison est sujette à l’orage ;
De la certaine mort le temps est incertain ;
Et de la fleur des champs le fragile destin
Exprime de ton sort la véritable image.

Mais veux-tu dans le Ciel refleurir pour toujours ?
Ne garde point à Dieu l’hiver, qui des vieux jours
Tient sous ses dures lois la faiblesse asservie.

Consacre-lui les fleurs de ton jeune printemps,
L’élite de tes jours, la force de ta vie ;
Puisqu’il est et l’Arbitre et l’Auteur de tes ans.


1 : Que ta jeunesse soit celle d’un vieillard. c’est-à-dire, qu’elle soit accompagnée de sagesse, dit St. Augustin. 6 : Qu’y a-t-il de certain en cette Terre, que la mort, dont l’heure même est incertaine St. Augustin. 8 : Notre vie se flétrit comme une fleur. Cette fleur se sèche pendant que nous parlons. Pétrarque. 12 : La jeunesse est une couronne de roses, disent les rabbins.

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