« Pourquoi Dieu donne-t-il la lumière à celui qui souffre et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme ? »
La Bible donne plusieurs réponses à cette question tant de fois posée. Elle permet d’avancer neuf explications, dont la plupart sont fournies par le livre de Job. La maladie peut être :
1. Un châtiment de Dieu, une punition infligée pour une faute ou un comportement répréhensible précis. C’est l’opinion des trois amis de Job comme nous l’avons signalé dans le chapitre précédent. Quoique cette explication ne concerne pas le patriarche – elle ne fait que l’irriter – il semble qu’un chrétien arrêté par la maladie devrait s’approcher du Seigneur pour lui dire en toute humilité : « Seigneur, si j’ai mal agi, éclaire-moi et montre-moi pourquoi je suis ainsi frappé… » sans cependant s’adonner à l’introspection et se laisser accuser par l’adversaire ; la maladie, répétons-le, n’est pas nécessairement un châtiment de Dieu (ce point a été développé au chapitre 11). Job et l’apôtre Paul nous le confirment, le premier ayant été qualifié de “juste” par l’Éternel lui-même, et le second se montrant préoccupé de conserver “une bonne conscience devant Dieu”. Cependant, il est toujours profitable de s’exposer à la lumière du Saint-Esprit pour avoir au moins l’heureuse confirmation que Jésus habite en nous.
2. Un avertissement divin, une mise en garde, un appel à sortir de sa tiédeur, un langage de Dieu pour revenir à lui. C’est la conception d’Élihu, le plus jeune des amis de Job qui affirme avec une certaine assurance : « Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre et l’on n’y prend pas garde. Il parle par des songes, par des visions nocturnes. alors il leur donne des avertissements… afin de détourner l’homme du mal et de le préserver de l’orgueil… » (Job 33.14-18). Cette explication a sa valeur mais n’est pas applicable à Job ; toutefois, lorsque Dieu nous arrête, il est bon de s’interroger avec honnêteté pour savoir si nous n’avons pas “abandonné notre premier amour”, si le Seigneur et son Royaume occupent réellement la première place dans notre cœur, si les choses de la vie ne nous accaparent pas au point d’oublier celui qui nous a tellement aimés.
3. La souffrance, un mystère. Lorsqu’il afflige un homme, l’intention de Dieu est parfois de lui apprendre à se soumettre sans comprendre, à accepter contretemps et difficultés sans poser d’inutiles “pourquoi ?” Ainsi se comporte le malheureux Job qui, écrasé par de terribles épreuves, s’adonne à la louange au lieu de se lamenter en stériles interrogations. Quel exemple ! « L’Éternel a donné. L’Éternel a ôté. Que le nom de l’Éternel soit béni. » (Job 1.21). « Quoi, nous recevons de Dieu le bien et nous ne recevrions pas aussi le mal » ! « En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres » (Job 2.10). Dans les heures d’obscurité pensons à Job en regardant au Seigneur ; il nous apaisera et nous rappellera que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8.28).
4. Un défi dans le ciel. Job est la cible de Satan qui l’accuse devant Dieu d’être vertueux par intérêt. Cet homme exceptionnel, combien soumis et reconnaissant au sein même de la fournaise, devient sans le savoir – et selon l’expression d’un prédicateur – le « champion de l’honneur de Dieu » à la confusion du diable. Par son témoignage, Dieu triomphe devant l’accusateur. La preuve est donc faite : Job n’est pas vertueux par intérêt (Job 1.21). Qui est dans l’épreuve sera soutenu en sachant qu’il sert l’honneur de Dieu jusque dans le ciel.
5. L’occasion de faire une nouvelle expérience avec Dieu, de vivre en communion plus étroite avec lui. Notre connaissance du Seigneur peut devenir, avec le temps, superficielle ou même théorique. Dieu utilise alors ces moments d’obscurité, ces difficiles chemins pour nous amener à le redécouvrir, à le connaître plus intimement, à le voir sous un jour nouveau et combien exaltant.
A ce sujet, il faut relire la réponse de l’Éternel. Dans les chapitres 38 à 41 il se présente à Job comme le Maître de l’univers infiniment grand, devant qui l’homme n’est que poussière. Mais quel langage étrange ! Que viennent faire ici, devant un être brisé, la lionne, les chèvres, l’âne sauvage, le buffle, l’autruche, l’hippopotame et le crocodile ? Or, chose surprenante, c’est la seule réponse qui bouleverse le patriarche : « Mon oreille avait entendu parler de toi mais maintenant mon œil t’a vu » (Job 42.5). Décidément, Dieu est le meilleur des psychologues. Il sait quel est le langage qui convient à chacun pour l’atteindre plus sûrement, le consoler, l’avertir, le reprendre, le stimuler, en un mot l’amener plus près de lui.
Dans une passe difficile, qu’il est salutaire de se savoir dans les mains d’un tel Dieu, sage et infiniment grand !
6. La possibilité pour le Seigneur de faire éclater Sa puissance par une grande délivrance. C’est Jésus lui-même qui l’affirme dans la réponse donnée à ses disciples au sujet de l’aveugle de naissance qu’il s’apprête à guérir : « afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » (Jean 9.3). Voilà un argument de plus pour s’attendre à une délivrance venant du ciel. Il est dommage que l’on oublie parfois de signaler dans l’Église une guérison manifeste qui ne manquerait pas d’inciter à la louange l’assemblée toute entière. Adressée au Tout-Puissant dans la joie et la ferveur, cette louange stimulerait la foi et encouragerait chacun à prier fidèlement pour ceux qui souffrent.
7. La souffrance ? Un moyen du Seigneur pour nous rendre humbles et petits, donc aptes à le servir. C’est Paul l’apôtre qui nous l’apprend : « Il m’a été mis une écharde dans la chair pour m’empêcher de m’enorgueillir » (2 Corinthiens 12.7). Bien avant lui, Joseph avait cédé à la vanité devant ses frères et ses parents, se révélant ainsi inutilisable pour Dieu. Il fallut treize années d’humiliations pour faire de ce jeune homme un serviteur hors ligne. Reconnaissons que nous avons besoin, nous aussi, d’être parfois courbés par le Saint-Esprit ; Dieu nous discipline tel un père qui éduque son enfant, “afin que nous soyons propres à toute bonne œuvre” (Hébreux 12.7-11 ; 2 Timothée 2.21).
8. Toute épreuve “accueillie” nous rend aptes à consoler les autres, car, pour être utile à ceux qui souffrent, il faut avoir soi-même accepté la consolation du Seigneur dans une épreuve analogue. En vérité, on ne peut communiquer que ce qu’on a reçu : « Béni soit Dieu… le Dieu de toute consolation qui nous console dans toutes nos afflictions afin que par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction » (2 Corinthiens 1.3-4).
9. Autre but de l’épreuve : « achever les souffrances de Christ » (Colossiens 1.24). A quoi servirait le sacrifice du Calvaire si le monde entier l’ignorait, si personne ne l’annonçait, parfois au prix de sa vie ? Aux souffrances du Sauveur doivent donc s’ajouter celles de ceux qui ont la mission de les proclamer. En effet, que de rudes épreuves, de maladies contractées, de périls sans nombre ont jalonné au travers des siècles la route des évangélistes, des missionnaires, des témoins du Crucifié qui ont prêché courageusement, par leur vie et leurs paroles, Jésus, mort et ressuscité ! A ce sujet, il est bon de relire certains chapitres de la plume de Paul (2 Corinthiens 11.23-33). Ainsi, les souffrances (nullement expiatoires) qu’entraîne l’annonce de la Bonne Nouvelle parachèvent celles de Christ.
Comme nous l’avons développé au chapitre précédent, la maladie n’est pas forcément la conséquence d’un péché particulier. Elle peut être l’œuvre du diable. N’est-ce pas lui qui a frappé Job d’un ulcère malin depuis la plante du pied jusqu’au sommet de la tête (Job 2.7), l’Éternel ayant permis à Satan de toucher Job dans son corps ? Avec une réserve cependant, c’est qu’il ne mette pas ses jours en danger. Le Nouveau Testament confirme ce rôle joué par l’adversaire. Dans l’Évangile de Luc par exemple, Jésus délivre une femme infirme que « Satan tenait liée depuis 18 ans » (Luc 13.16). De son côté, l’apôtre Pierre s’adressant à un auditoire païen chez Corneille, range les ma-lades parmi ceux qui gémissent « sous l’empire du diable » (Actes 10.38).
Mais ce serait une erreur d’attribuer systématiquement à Satan toutes les maladies. Certaines sont dues à des causes naturelles. Que je m’installe dans un courant d’air ou sorte par temps froid insuffisamment vêtu et je cours le risque de m’enrhumer. Un gravillon dans l’œil, une piqûre d’insecte, une esquille de bois peuvent avoir des conséquences sur mon état général.
Nous avons signalé que la maladie peut venir de l’homme. Le tabac, l’alcool, la débauche, la vie survoltée, bref les excès de toutes sortes peuvent altérer gravement sa santé. Nous avons le devoir de veiller sur notre corps, lequel est le temple du Saint-Esprit. Il importe de rester en forme pour mieux servir le Seigneur et être plus fort devant la tentation.
Dans certains cas, Dieu lui-même peut provoquer la maladie lorsque l’homme se rebelle et se détourne de lui. Par exemple, l’Éternel envoie un ulcère malin sur les Égyptiens (Exode 9.11 et 15.26) ; c’est lui qui frappe Myriam (de la lèpre, Nombres 12.10) et plus tard le roi Hérode pour s’être attribué des honneurs qui ne reviennent qu’à Dieu seul (il expire rongé de vers, Actes 12.23). Selon Ézéchiel (14.21), la maladie est un châtiment infligé par Dieu à tout homme rebelle à sa loi tandis qu’il promet, au contraire, de protéger quiconque en Israël se soumettra à ses commandements : « Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel et fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l’oreille à ses commandements et si tu observes toutes ses voies, je ne te frapperai d’aucune des maladies dont j’ai frappé les Égyptiens » (Exode 15.26).
Ne nous trompons pas : Satan tente l’homme pour le perdre, l’éloigner de Dieu et contrecarrer son œuvre. Au contraire, Dieu éprouve son enfant pour l’affermir dans la foi et le rendre plus apte à le servir, à la gloire du Créateur.
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