Qu’il fait bon à ton service,
Jésus mon Sauveur,
Qu’il est doux le sacrifice,
Que t’offre mon cœur.
Prends, ô Jésus prends ma vie,
Elle est toute à toi ;
Et dans ta grâce infinie,
Du mal sauve-moi !
Pour me posséder toi-même
Tu m’as racheté ;
Fais que désormais je n’aime
Que ta volonté.
Comme l’ange au vol rapide,
Je veux te servir ;
Je veux te suivre, ô mon Guide !
Toujours t’obéir.
Travaux, luttes et souffrances,
Que craindrais-je encor ?
En Christ est mon espérance,
Au ciel mon trésor.
A. Humbert (1890)
Montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant.
Dois-je donner raison à l’auteur d’un livre sur la prière, lorsqu’il déclare péremptoirement : « Prier, c’est demander. Ce n’est ni l’adoration, ni la méditation, ni la louange, ni un simple exercice spirituel. Toutes ces choses excellentes… ne sont pas à proprement parler la prière car, je le répète, prier c’est avant tout demander »… Et ailleurs, il tranche sans appel : « Permettez-moi d’insister sur ce point : la prière consiste à demander et rien d’autre » (1).
1 LA PRIÈRE, J.R. Rice (Ed. La croisade du livre chrétien).
Pour ma part, j’hésite à croire que Jésus se rendant à l’écart « pour prier » (Marc 1.35 ; Luc 9.18 ; 11.1) ne formulait devant son Père que des demandes et « rien d’autre ». Lorsque les disciples s’approchent de Jésus en disant : Seigneur apprends-nous à prier, c’est le « Notre Père » qui leur est enseigné ; or, les premières phrases de cette prière modèle concernent d’abord la cause de Dieu (son Nom, son Règne). Les besoins de l’homme viennent ensuite, au deuxième plan. Autrement dit, le chrétien pense à ses propres besoins, mais seulement après s’être oublié et perdu en Dieu.
Sans chercher à contredire l’auteur cité plus haut et surtout par souci de clarification, nous distinguerons dans ces pages « le culte offert à Dieu » de la « prière demande » (qu’elle soit requête ou intercession) ; ces différentes formes de prière constituent, croyons-nous, « le service en esprit » dont parle l’apôtre, un service qui devrait se poursuivre tout au fil des heures.
En général, on conseille à des chrétiens de fraîche date d’inaugurer chaque journée par des instants de prière et de lecture biblique. Une précieuse habitude si l’on veut, dit-on, rester fort, faire des progrès dans la foi et grandir dans la connaissance de Dieu. Aussi, encourage-t-on avec insistance les néophytes à prendre, tous les matins, l’indispensable « petit-déjeuner spirituel » qui donne du tonus pour les heures qui suivent. L’image est suggestive. Mais, ce petit déjeuner nécessaire à toute croissance, ce moment vécu pour notre bien spirituel, donc « pour nous-mêmes », ne constitue pas le « culte » que nous devrions rendre à Dieu. Ce moment « pour nous » devrait être précédé d’un moment « pour lui », pour LE SERVIR en priorité, nos pensées, nos soupirs et nos paroles n’ayant d’autre objet que sa personne admirable, son œuvre, son Royaume et sa gloire. Nous avons été créés d’abord pour lui ; il veut être le « premier servi » afin que nous soyons en mesure de le servir auprès des autres. C’est bien ce que laisse entendre Jésus dans la parabole du serviteur qui revient des champs : Prépare-moi à souper, dit le Maître, attache ta ceinture et me sers, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; après cela, toi, tu mangeras et boiras (Luc 17.8). S’il est évident que le Père céleste n’exige pas qu’on lui serve à manger ou à boire, il n’empêche cependant qu’il « a faim » de recevoir notre adoration en esprit et en vérité ; Il attend l’hommage des siens qu’il reçoit et savoure tel un met succulent. Mais attention ! Qu’en se présentant devant Lui, le chrétien ne déverse pas un flot de louange toute faite. Le Père n’aime pas les « plats réchauffés », il veut une louange fraîche, celle qui est le fruit d’une rencontre avec lui et qui jaillit lorsqu’il se fait connaître à celui qui le cherche de tout son cœur. C’est dans Sa présence, « devant lui », qu’il accorde la faveur et la capacité de lui offrir le culte qu’il agrée. Donc, en premier lieu, « cherchons sa face » comme l’Ecriture nous y invite. Et puisque le Seigneur est là, dans le lieu secret, attendons-nous à Lui avec confiance, l’esprit paisible. Si nous ne parvenons pas au repos de l’âme qui s’émerveille d’être aimée par son seigneur, gardons-nous de conclure que ces instants vécus près de lui sont sans valeur. Finissons-en de regarder à nous-mêmes, de nous attarder sur ce que nous ressentons ou non ; cherchons bien plus à donner qu’à recevoir. Le Saint-Esprit ne manquera pas de nous visiter quand il le jugera bon.
C’est pourquoi, débarrassés de toute préoccupation personnelle, oubliant même nos amis, nous nous donnerons tout entier dès le matin à Celui qui, en priorité, a droit à notre amour. Humblement et dans la foi, nous lui demanderons de nous accorder la grâce de l’adorer comme le Père le demande (Jean 4.23) ; et c’est ensuite, sous la direction et les lumières de l’Esprit Saint que nous méditerons la Parole, formulerons avec soumission nos requêtes ou intercéderons avec ferveur pour nos frères. Autant de nouvelles occasions de le bénir dans la joie de sa présence.
Oui, je suis résolu, démarche élémentaire, à servir mon Dieu « en mon esprit » avec un cœur débordant de reconnaissance, « avec piété et avec crainte » comme le précise l’épître aux Hébreux (12.28-29).
Dans le passé, la lecture et l’étude de la Bible occupaient la plus grande partie du temps que je consacrais à Dieu chaque matin. J’appelais : « culte personnel », ces instants d’étude et de prière alors que je n’avais qu’une vague notion du culte que je devais lui rendre. S’il est vrai qu’il n’y a pas de bon ouvrier du Seigneur qui ne médite la Parole et ne lui consacre du temps pour s’en pénétrer et l’étudier avec soin, il n’est pas moins vrai que le temps consacré à la sonder ne doit pas empiéter sur celui du recueillement orienté vers l’adoration. Le salarié qui ne dispose que de quinze à trente minutes avant de partir au travail, trouvera-t-il assez de temps, à la fois pour étudier sérieusement sa Bible et se tourner vers le Seigneur pour lui offrir son culte sans hâte ? J’en doute. Il serait préférable qu’il introduise ses moments de tête à tête avec Dieu par une courte lecture (peut-être les quelques versets qui l’ont saisi et réjoui durant sa méditation de la veille) qui dirigera ses pensées vers Dieu et nourrira la louange qui lui est due. Il devrait prévoir un moment favorable dans la journée ou un temps plus long durant les week-end ou les congés pour s’adonner à une étude approfondie des textes sacrés, non pour remplir la tête d’inutiles notions mais pour grandir dans la connaissance de Dieu et de sa volonté dans le but de lui plaire et de lui obéir.
Il m’est apparu que l’étude de la Parole laisse souvent trop peu de place au Seigneur qu’on voudrait écouter et exalter. Que de fois, lors de mon culte personnel, j’ai été arrêté par un texte obscur qui me déroutait ; je me suis alors polarisé sur la difficulté avec la folle envie d’en percer le mystère. Fébrilement, car le temps m’était compté, je compulsais des commentaires dont les explications m’apportaient rarement les lumières souhaitées, ce qui m’indisposait et surtout m’éloignait de Celui que je voulais rencontrer et adorer. Si, d’aventure, un récit me saisissait, je le comparais à des situations analogues, heureux parfois d’avoir trouvé un beau sujet de prédication. Au contraire, je pouvais être agacé ou irrité lorsque le commentaire qui devait éclairer ma lecture s’avérait médiocre ou peu conforme à l’enseignement que j’avais reçu. Bref, tout cela occupait mon esprit et me détournait de Celui que je voulais SERVIR. Certes la Parole est essentielle et il importe de s’en nourrir quotidiennement, j’insiste sur ce point, mais la Parole sans le Dieu vivant ne parle guère. Elle s’éclaire et devient puissance et vie lorsque je suis en réelle communion avec mon Seigneur, d’où l’importance de rechercher sa face. Andrew Murray écrivait : « Votre étude de la Bible peut vous intéresser et éveiller en vous un agréable sentiment religieux au point où la Parole de Dieu vienne se substituer à Dieu lui-même. Cela pourrait sérieusement nuire à votre communion avec Dieu dans la mesure où votre âme en serait saisie au lieu d’être conduite directement à Dieu. »
C’est devant la face de Dieu, et là seulement, que nous mourons à nous-mêmes et recevons la grâce de l’adorer vraiment et de le servir dans l’humilité. Lorsque je regarde un instant le soleil par une belle journée d’été, je suis aussitôt aveuglé par sa vive lumière ; en baissant les yeux, ébloui, je disparais, incapable de distinguer mes mains ou mes pieds car je ne vois autour de moi que des ronds lumineux. En vérité c’est le Seigneur qui oblitère le moi. Dans sa divine lumière il nous rend capables de le voir partout et de nous oublier totalement « pour le servir », lui seul. Là nous mourons à toute recherche de puissance qui nous mettrait en vedette pour nous effacer devant Sa Personne admirable. Là, nous mourons à notre « Moi » encombrant. « Morts avec Christ », nous renonçons à prétendre produire l’amour, l’humilité, l’audace, la paix… pour contempler le Saint et le Juste qui, Lui, nous communiquera les qualités nécessaires pour le servir auprès de notre prochain, à savoir : l’amour (le Sien), l’humilité (Son humilité), la force (Son Esprit de force), la paix (Sa paix)… Que la parole de l’apôtre devienne notre mot d’ordre : Plus moi, mais Christ qui vit en moi. Le « moi » bouffi d’orgueil doit être détrôné si nous voulons, d’une part, offrir à Dieu « le culte » qu’il agrée et, d’autre part, le servir auprès des autres tout au long du jour.
Important. Je veux me convaincre que le temps passé seul à seul avec le Seigneur dans l’adoration est UN SERVICE, UN SERVICE auquel Dieu prend un plaisir extrême ; UN SERVICE qu’il récompensera plus tard (Matthieu 6.6) ; UN SERVICE qu’il attend et réclame avec insistance (Jean 4.23) ; c’est le SERVICE PAR EXCELLENCE qui mérite d’être accompli en priorité. Hélas ! Que de négligence sur ce point ! Celui qui devrait être le premier servi, objet de notre ferveur, est grandement oublié. Le chrétien est parfois tellement occupé de sa personne, de ses sentiments, de son bonheur, de ses multiples besoins, de ses progrès spirituels, qu’il se sert lui-même sans y songer plutôt que de Le servir et L’adorer en vérité comme le demande Jésus (Jean 4.23, 24).
Quelqu’un a dit : « Ou bien nous sommes plus importants que Dieu ou bien Dieu est infiniment plus important que nous. La réponse va de soi. Toute notre attention devrait donc, durant ces instants de culte personnel, se concentrer sur la personne de Dieu, ainsi que sur ce qu’il fait ou dit. » Quoi ? Nous lui devons tout, lui qui est si grand… et nous l’oublierions à longueur de journée comme nous délaisserions une personne négligeable ? Quel péché qu’une telle impiété ! Confessons-la sur le champ si le Saint-Esprit nous saisit par ces propos.
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