La Réformation qui arracha une grande partie de la chrétienté aux erreurs et aux vices du catholicisme romain, fut sans contredit en même temps une cause de rénovation morale et intellectuelle pour l’Eglise qui l’a si longtemps et si cruellement persécutée dans ses enfants ; et il est permis du dire que si Luther et Calvin n’étaient point apparus au XVIe siècle, la France catholique n’aurait pas vu le magnifique épanouissement de l’éloquence chrétienne et de la science religieuse du XVIIe ; peut-être n’eût-on pas vu non plus cette création soudaine de l’Esprit, asile de la doctrine de la grâce, refuge des nobles âmes égarées sous des houlettes étrangères, Port-Royal, dont l’existence éphémère fut partagée entre la haine qu’il portait aux victimes de Rome et la haine de Rome elle-même qui le répudia, et par la main du Grand Roi, fils aîné de l’Eglise, finit par étouffer sa voix.
Pascal et Bossuet peuvent être comptés encore eux-mêmes et malgré eux, parmi les glorieux produits de la Réformation.
La théologie catholique dans le XVIe siècle était restée fidèle à l’ancienne scolastique et à saint Thomas en particulier. Les documents de la doctrine catholique de cette époque les plus utiles à consulter, sont la Professio fidei tridentini (1564) et le Catechismus romanus (1566), exposés authentiques des décisions du Concile de Trente.
Dans le domaine de la dogmatique, nous n’avons à signaler de cette époque que l’Enchiridion locorum communium de Eck (1525), les Loci theologici de Canus (1563), et l’Explicatio christianæ doctrinæ (1598) du cardinal Bellarmin, le plus grand dogmaticien et polémiste catholique de cette époque. En matière de polémique, il composa les Disputationes de controversiis christianæ fidei adversus hujus temporis hære’icos (1581-1593).
Du XVIIe siècle, nous citerons dans le domaine de la dogmatique catholique, l’ouvrage resté inachevé du jésuite Pétau : Opus de theologicis dogmatibus (1644), et l’Exposition de la doctrine catholique de Bossuet (1671).