Avec Christ à l'école de la prière

14. PRIÈRE ET AMOUR

Lorsque vous êtes debout, en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos offenses. (Mr 11.25)

Ces paroles suivent immédiatement celles attachées à la grande promesse faite à la prière : « Tout ce que vous demanderez dans vos prières, ayez foi que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir ». (Mr 11.24)

Nous avons vu comment les paroles qui précédent cette promesse : « Ayez foi de Dieu », nous enseignent que dans la prière tout dépend de l’intimité de notre relation avec Dieu ; cela nous rappelle que nous devons aussi être au clair quant à nos relations avec nos semblables. L’amour pour Dieu, et l’amour pour le prochain sont inséparables. La prière, partant d’un cœur qui n’est pas en règle avec Dieu d’une part et avec les hommes de l’autre, ne peut être efficace. La foi et l’amour font partie l’un de l’autre.

Cette pensée a été souvent exprimée par notre Seigneur. Dans le sermon sur la montagne, Jésus enseigne à ses disciples qu’il est impossible d’offrir au Père un culte d’adoration qui lui soit agréable si nous ne sommes pas en paix avec notre frère. « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose, contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va te réconcilier avec ton frère ; puis viens présenter ton offrande ». (Mt 5.23-24) Plus tard, en parlant de la prière, après leur avoir enseigné l’oraison dominicale, Il dit : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». (Mt 6.12)

Il ajoute : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses ». (Mt 6.14-15)

À la fin de la parabole du serviteur impitoyable, Jésus fait l’application de son enseignement dans le passage suivant : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur ». (Mt 18.35)

Puis, sans transition, il introduit cette pensée : « Lorsque vous êtes debout, en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos offenses ». (Mr 11.25)

Il semble que le Seigneur veuille nous apprendre que la désobéissance à cette loi d’amour envers le prochain est le péché dominant de ceux qui prient. De là l’inefficacité et la faiblesse de leurs prières. Il veut faire profiter ses disciples de son expérience personnelle, et leur prouver que rien ne donne autant de liberté aux supplications et de force à la foi que l’amour pour ceux que Dieu a aimés.

La première leçon renfermée dans notre texte c’est la nécessité de revêtir un esprit de pardon, quand nous prions : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». (Mt 6.12)

L’Ecriture nous dit : « Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ ». (Eph 4.32) Le pardon complet et gratuit de Dieu doit être notre règle de conduite envers les hommes, sinon, notre pardon accordé à contre-cœur et de mauvaise grâce sera la règle de conduite de Dieu envers nous. Nos prières s’appuient sur notre foi au pardon que Dieu nous accorde. Si Dieu nous traitait comme nos péchés l’ont mérité, pas une de nos prières ne pourrait être exaucée.

Le pardon ouvre la porte à l’amour et aux bénédictions de Dieu.

Sommes-nous victimes d’une injustice criante, un tort irréparable nous a-t-il été fait, cherchons avant tout à revêtir une disposition semblable à celle du Maître. Nous nous efforcerons de ne pas être susceptibles, de ne pas maintenir nos droits envers et contre tout, et de ne pas attirer de châtiment sur celui qui nous a offensés comme bous croyons qu’il le mérite. Dans les petites difficultés de la vie journalière, nous veillerons à ne pas nous laisser aller à l’impatience, aux paroles amères, aux jugements précipités, sous le prétexte que nous n’avons pas l’intention de blesser, que notre colère passe vite et qu’on ne peut pas s’attendre à ce qu’un homme pardonne comme Dieu et Christ pardonnent. Non ; prenons à la lettre le commandement contenu dans : (Eph 4.32) « Vous pardonnant réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ ».

Le sang qui purifie la conscience détruit naturellement l’égoïsme, et l’amour de Dieu, révélé en Christ, prend possession de nous et par notre intermédiaire se répand sur les autres. Notre promptitude à pardonner sera la meilleure preuve du pardon de Dieu à notre égard et devient ainsi la condition de la prière de la foi.

La seconde leçon que nous avons à tirer de notre texte est plus générale.

Notre vie de tous les jours est la pierre de touche de ce que sont nos rapports avec Dieu par la prière.. Souvent lorsque le chrétien prie, il fait tous ses efforts pour se maintenir dans certaines dispositions d’esprit, croyant par là mieux plaire à Dieu. Il ne comprend pas, ou il oublie que la vie ne se compose pas de morceaux différents dont on peut prendre tantôt l’un, tantôt l’autre. La vie est un tout et Dieu juge de la disposition du cœur et de l’esprit par la vie entière dont l’heure de la prière n’est qu’une minime partie.

Ce n’est pas seulement au sentiment qui remplit mon cœur au moment même de la prière qu’Il regarde, mais à celui qui anime ma journée. Il est difficile de séparer nos relations avec Dieu de nos relations avec le monde. Manquer aux unes, c’est manquer aux autres. Il ne s’agit pas ici seulement du moment où nous sentons nos torts envers notre prochain, mais aussi lorsque nous ne veillons pas sur nos pensées les plus habituelles, sur nos jugements précipités, sur certains mots peu aimables et malveillants que nous laissons échapper sans y prendre garde.

La prière efficace de la foi émane d’une vie consacrée à Dieu et à faire sa volonté. Son efficace ne tient pas à ce que je suis à l’heure de la prière, mais à ce que je suis avant et après. Tel est le terrain sur lequel Dieu juge de la sincérité de ma prière.

La troisième leçon contenue dans notre texte résumera ces pensées. Dans notre vie ici-bas tout dépend de notre charité. Le pardon n’en est-il pas l’essence ? Dieu est amour, et Il pardonne. En demeurant dans son amour, nous pardonnerons comme Il pardonne. L’amour pour nos frères manifestera notre amour pour le Père.

« Si quelqu’un dit : J’aime Dieu et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement : Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ». (1Jn 4.20-21)

« Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité et nous rassurerons nos cœurs devant lui. Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui ». (1Jn 3.18)

Cette parole : Aimez vos frères, est aussi essentielle que : Ayez la foi de Dieu. Nos relations, avec le Dieu qui est au-dessus de nous, et avec les hommes autour de nous, telles qu’elles doivent être, sont la condition d’une prière efficace. C’est surtout lorsque nous travaillons pour nos frères et que nous prions pour eux, que cet amour fraternel, se montre dans toute son importance.

Il nous arrive souvent de travailler pour Christ et sa cause, avec zèle, sans pour cela renoncer à nous-mêmes ou sans éprouver une ardente charité pour ceux dont nous cherchons à sauver les âmes. Dès lors, est-il étonnant que notre foi soit faible et ne remporte pas la victoire ? Envisagez vos frères, si misérables, si peu aimables qu’ils soient, à la lumière de l’amour si tendre du Bon Berger cherchant sa brebis perdue ; voir le Maître en eux et par amour pour lui, les aimer de tout notre cœur, voilà le secret d’une prière et aussi d’un effort couronné de succès.

Jésus l’a dit : Sans charité, point de pardon !

Dans son sermon sur la montagne, Jésus joint à son enseignement sur la prière et les promesses qui en dépendent un appel à la miséricorde :

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! »

« Heureux les pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu ! »

« Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne ».

« Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». (Mt 5.7,9,22,48)

Nous le voyons, l’amour est la corrélation essentielle de la prière et de la foi.

« Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal dans le but de satisfaire vos passions ». (Jas 4.3)

Laissons cette Parole de Dieu sonder nos cœurs et nous révéler nous-mêmes à nous-mêmes. Demandons-nous si notre prière est véritablement l’expression d’une vie entièrement consacrée à faire la volonté de Dieu et à aimer notre prochain. La charité est le terrain par excellence où la foi puisse prendre racine et se développer. Lorsque nous élevons nos cœurs vers le ciel, notre Père regarde si nos bras s’ouvrent pour accueillir les méchants et les indignes.

Ce n’est que dans l’obéissance qui n’a pas encore atteint la perfection mais qui est décidée à soumettre sa volonté, que la foi obtiendra la bénédiction qu’elle réclame. C’est la charité clémente, patiente et miséricordieuse qui l’emporte auprès de Dieu.

Les miséricordieux obtiendront miséricorde ; les débonnaires hériteront la terre !

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

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