Nous avons conscience d’aborder à présent la partie la plus désagréable du livre car elle implique de citer des noms, quitter les généralités, préciser les appartenances ecclésiastiques et débattre de situations morales et doctrinales de la plus haute gravité.
L’erreur n’est jamais gratuite et elle ne s’arrête pas à elle-même. Elle fait partie d’un plan élaboré avec soin. Elle à un maître qui, sans relâche, poursuit un but à court, moyen et long terme.
Rappelons quel est le blâme, à nos yeux justifié, à l’encontre des charismatiques catholiques : “Le fait de parler en langues ou de ressentir une paix intérieure, l’amour pour Dieu, Marie et les saints, est plus important que de connaître la saine doctrine” (chapitre 1). À court terme, on se sent bien dans sa peau ; Dieu est censé se révéler par des pensées fortes, des visions, des songes, des extases, des prophéties, des sentiments exaltés. Cela c’est l’EFFET. Qu’est-ce qui produit ces EFFETS typiquement pentecôtistes chez leurs frères charismatiques ? La réponse est donnée par le Père Mc Donnel qui l’impute à “l’effet transformant de leur expérience” (chapitre 1). Mais quelle expérience ? Le “baptême de l’Esprit” qu’ils ont reçu lors de l’imposition des mains des pentecôtistes auxquels ils ont fait appel pour entrer dans leur bénédiction. Mais voilà que les pentecôtistes encore classiques disent en parlant des EFFETS de ce baptême spirituel, que “c’est un esprit de mensonge qui est à la base (la cause) de cette expérience !” (chapitre 1). Or, il est universellement admis que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Nous avons précédemment examiné :
Récemment, le fils d’un de mes amis, pasteur pentecôtiste de tendance très modérée, m’a demandé, avec un malaise évident, pourquoi tous les ténors du Pentecôtisme dans la région étaient impliqués dans des affaires morales scabreuses. Sa propre sœur, encore adolescente, avait été abusée par l’un d’eux. Le résultat c’est que c’est hors du mouvement que son père continuait son ministère.
Ph. Emirian, défenseur attitré du mouvement en France, est forcé d’admettre les scandales qui éclaboussent le pentecôtisme. Citant divers auteurs évangéliques et notamment A. Kuen, il écrit dans son livre “Le don du Saint-Esprit” : “…des chrétiens “baptisés de l’Esprit” sont parfois bien loin d’avoir la conduite qu’on est en droit d’attendre d’eux. Le fait est malheureusement trop certain”. Donald Gee, de son côté, déplore (page 229) que “les pentecôtistes qui ont parlé en langue ne manifestent guère de sainteté dans leur vie…” et il reconnaît en outre que “des chrétiens qui n’ont pas fait cette expérience, témoignent par leur vie sainte que Christ vit dans leur cœur.” Il les donne en exemple aux pentecôtistes, affirmant qu’“ils mènent une meilleure vie chrétienne que ceux qui ont reçu le baptême”.
Pourquoi alors un “baptême de l’Esprit” suivi de langues, si tout ce qu’il est censé produire peut être obtenu et même dépassé dans des vies chrétiennes qui le réprouvent ?
Citons Th. Brès et Lindsell qui poursuivent, (page 229) : “On a reçu un “baptême spirituel” qui est censé nous conférer la plénitude de l’Esprit, l’amour pour le Seigneur et la haine du péché, et on se retrouve an même point (et même souvent plus bas) que ceux qui n’ont pas reçu ce baptême, c’est-à-dire obligé de lutter chaque jour pour se maintenir en communion avec Dieu et pour résister aux tentations. On voit à côté de soi tant de frères et de sœurs qui, malgré leur “baptême du Saint-Esprit”, tombent dans des péchés grossiers auxquels ceux qui n’ont pas joui de ce privilège semblent résister plus victorieusement.” Des observateurs ont noté une corrélation entre des expériences émotionnelles appelées “baptême du Saint-Esprit” et une recrudescence de désordres moraux dans certains milieux de type pentecôtiste ou néo-pentecôtiste, en particulier un nombre impressionnant de relations sexuelles irrégulières (page 230) : “Il y eut des réunions où des gens, recherchant de grandes expériences émotionnelles demandèrent au Saint-Esprit de descendre sur eux. D’abord ils chantèrent “dans l’Esprit”, puis prièrent “dans l’Esprit”. Cela était bien. Puis ils dansèrent “dans l’Esprit”, et avant que la nuit fut terminée, des douzaines d’hommes et de femmes furent entraînés dans l’immoralité la plus grossière “dans l’Esprit””.
Baumann cite la réflexion d’un jeune homme qui disait : “Je fus surpris de découvrir que ces émotions bénies dans mon âme, semblaient être accompagnées de passions sexuelles dans mon corps”.
De la plume du Dr K. Koch : “Je rencontrai au cours de mes consultations un autre exemple tout aussi terrible… une jeune fille très malheureuse vint à moi pour être conseillée. Elle était étudiante dans un institut biblique. Une des enseignantes est disciple du nouveau mouvement des langues. Cette enseignante parle en langues et a entraîné un certain nombre d’étudiantes dans la même expérience. Pour comble cette femme a des tendances lesbiennes et elle commet des offenses sexuelles avec certaines des étudiantes. La jeune fille en question avait été séduite par elle. Dans ce pays, la chose se fait encore”.
Emirian, citant D. Shakarian, leader pentecôtiste notoire : “C’était la première fois, mais ce ne fut pas la dernière, loin de là, que nous nous heurtions, Rose et moi au cas étrangement déroutant d’un homme qui exerce un ministère divin extraordinairement puissant en faveur des autres et dont la vie personnelle est une véritable catastrophe (sic). (16) Parfois, comme cet homme-là, le point faible est l’argent. Dans d’autres cas c’est l’alcool. Cela peut être aussi les femmes ou la drogue ou les perversions sexuelles.” (page 231).
(16) “sic” n’est pas dans le texte. Mais se met entre parenthèses à la suite d’une expression ou d’une phrase citée, pour souligner que l’on cite textuellement, si étranges ou révélateurs que paraissent les termes employés. (adapté du Petit Robert).
Quel terrible aveu !
Certes les milieux évangéliques non pentecôtistes ne sont pas parfaits. Ils n’y prétendent d’ailleurs pas. On y rencontre à l’occasion de regrettables tares spirituelles ; ils ont leurs faiblesses et leurs chancres : luttes d’influence, conflits de personnes, tensions internes, rivalités, médisance et dureté de cœur… Il serait vain de nier que de telles choses existent même au niveau de certains responsables, mais elles ne tiennent pas le haut du pavé. Hélas oui, des serviteurs de Dieu y ont été salis, mais plus qu’ils ne se sont salis. Moody lui-même a dû faire face à d’odieuses insinuations, au point que son ministère s’en est ressenti pour un temps, jusqu’à ce qu’il triomphe, tout comme Wesley, du fiel amer de détracteurs irresponsables. Mais jamais l’opinion publique n’a été alertée dans des proportions aussi désastreuses que celles qui atteignent presque toutes les grandes figures de proue du pentecôtisme. Des adeptes du mouvement souffrent terriblement de ce lamentable état de choses, mais ne devraient-ils pas plutôt s’interroger sur les causes qui les provoquent ? Ils découvriraient alors que la cause première, c’est ce qui les différencie des autres évangéliques. Et cette différence, c’est précisément leur doctrine particulière du “baptême de l’Esprit”.
En écrivant son livre en 1983, Emirian croyait pouvoir se prévaloir de l’honorabilité de quelques grands noms de l’Église électronique (17), tels T.L. Osborne, O. Roberts qu’il cite, et autres télévangélistes comme J. Swaggart, R. Humbard, J. Bakker… Depuis lors, ces hommes ont été mêlés à des scandales financiers et moraux que le petit écran a livrés en pâture au monde entier. Le mal fait à la cause évangélique est incalculable. Et par qui ces scandales sont-ils arrivés ? De quel bord étaient ceux qui, entre deux sermons à la télévision, lutinaient les gourgandines ? Quels sont ceux qui, avec l’argent des offrandes consacrées à Dieu donnaient des fortunes à leurs secrétaires et aux prostituées pour acheter leur silence ? Qui a accumulé des malversations au point de risquer plus de cent ans de prison ? Qui a été déféré devant les tribunaux, et contre qui les autorités ont-elles pris des mesures d’expulsion ? Qui, pour engranger des millions, prêche un pseudo-évangile de la prospérité ? De qui la presse séculière à fait mouche en ironisant : “Laissez venir à moi les petits cents francs” ? Uniquement les “baptisés de l’Esprit” aux prétentions spirituelles inouïes. La grande presse lausannoise de septembre 1989, sur une page entière du journal 24 Heures a stigmatisé avec preuves a l’appui, le caractère débauché, l’esprit de lucre et les méthodes suspectes des télévangélistes pentecôtistes. Deux mois plus tard, la même presse, sous le titre “Jr Bakker reconnu coupable”, complétait le portrait en ces termes : “Le télévangéliste J. Bakker, Fondateur de PTL (Praise The Lord), une organisation religieuse devenue un empire financier, a été reconnu coupable jeudi par un Tribunal fédéral de Charlotte (Caroline du Nord) d’avoir rançonné ses fidèles de 3,7 millions de dollars. Le télévangéliste, dont le mode de vie au luxe ostentatoire est devenu légendaire, risque 120 ans de prison et 5 millions de dollars d’amende” (source afp). S’il y a de telles vagues en Europe, par quel raz de marée l’Amérique n’est-elle pas balayée ? J’étais aux U.S.A., en décembre 1990. Incidemment, aux nouvelles télévisées, c’est avec un serrement de cœur que j’ai vu cet homme entrer en prison en pleurant pour le restant de ses jours. Ce qui m’a fait plus mal encore, c’est d’entendre les commentaires ironiques du commentateur.
(17) Le phénomène de la télévision religieuse américaine, que l’on appelle couramment « Église électronique » ou encore « télévangélisme » n’échappe plus à personne. Il se manifeste et s’impose de différentes façons. Il y a d’abord les innombrables émissions à caractère religieux qui envahissent la télévision américaine. En outre, les prédicateurs des ondes (ou télévangélistes) ont beaucoup fait parler d’eux ces dernières années. Certains comme Jerry Falwell, James Robinson et Pat Robertson, se sont fait connaître par leurs prises de positions politiques. D’autres, notamment Jim Bakker, Oral Roberts et Jimmy Swaggart, ont défrayé la chronique à cause des scandales financiers et sexuels dans lesquels ils étaient impliqués. (Extrait de Fac-Réflexion n° 53)
Mais Billy Graham à été nettement distingué du lot. Or, Billy Graham n’est justement pas entré dans l’expérience pentecôtiste du baptême dans l’Esprit dont il conteste la définition.
Emirian croit se sortir de ce guêpier en citant à nouveau D. Shakarian qui lui aussi s’esquive avec ces mots : “Les hommes qui sont en première ligne se font blesser”. Mais alors, comment expliquer que des géants de la foi comme G. Muller, C. Spurgeon, J.N. Darby, Hudson Taylor, D.L. Moody, J. Wesley, François Coillard, Adolphe Monod, Félix Neff, Ruben Saillens, Billy Graham et tant d’autres (18) que nous ne pouvons citer, qui, plus que tout autres ont été en première ligne, parfois même exposés à la calomnie, sont cependant restés irréprochables sur le plan moral, doctrinal et financier ? L’explication nous ramène toujours à la cause première qui fait la différence entre les deux. Et ce qui fait cette différence a été relevé au deuxième paragraphe du chapitre 1 : c’est l’expérience “pentecôtiste”. Si c’est vrai pour les charismatiques, ça l’est doublement pour les Swaggard, Osborne, Bakker et compagnie de triste réputation, promoteurs d’une doctrine dérivée d’Oral Roberts, appelée aussi l’Évangile de la prospérité qui promet guérison, amour, réussite et prospérité matérielle en contrepartie de libéralités orientées vers leurs propres œuvres dont quelques-unes sont devenues des empires financiers. Ainsi, tant par leurs commentaires que par leur conduire, ils fournissent la preuve que c’est leur doctrine particulière qui produit ces effets-là, puisque les autres Églises qui la combattent, sont protégées des scandales qu’elle produit.
(18) Cette chaine de noms bien connus est loin d’être exhaustive et ne recommande pas automatiquement leurs théologies complètes, méthodes, ecclésiologies, associations, particularismes…
Emirian, dans une deuxième tentative pour sortir son mouvement de ce très mauvais pas, et pour minimiser le mauvais témoignage qu’il est bien forcé de reconnaître, explique à rebours la doctrine du baptême de l’Esprit. Selon lui, cette “deuxième expérience” ne produit pas de communion plus intense avec Dieu, ni la victoire sur le péché et elle n’est pas donnée pour la sanctification mais seulement “pour le témoignage et le service.” Le blasphème contre l’Esprit n’est pas loin. Ceux qui parlent ainsi oublient que l’appellation caractéristique du SAINT-Esprit, c’est précisément d’être l’Esprit SAINT, l’Esprit de SAINTETÉ qui SANCTIFIE tout ce qui se rapporte à son action. Nous protestons avec véhémence contre cette façon d’interpréter des actes qui dépouille la troisième personne de la trinité d’une partie de ce qui fait sa gloire propre, celle d’être le porteur et le garant de la SAINTETÉ ÉTERNELLE et de la communiquer à tous les niveaux de son opération. Étrange baptême d’un Esprit qui, lors de son opération intérieure de l’admission des croyants dans le Corps de Christ, laisserait sa sanctification au vestiaire au lieu de les en revêtir ! Serait-il encore le SAINT-Esprit, s’il accordait sa puissance et son service indépendamment de sa sainteté ? Hors de cette sanctification sans laquelle personne ne peut voir le Seigneur pour soi-même (Hébreux 12.14), ni le faire voir valablement aux autres, il ne reste plus du témoignage qu’un contre-témoignage par lequel le Nom de Dieu est blasphémé parmi les païens (Romains 2.24). Quel témoignage peut encore avoir l’homme “puissant” cité plus haut si sa vie est un mauvais témoignage ; ou ces télévangélistes dont les médias ont révélé la mégalomanie de l’argent et les scabreuses affaires de mœurs ? Leurs actes parlent si fort qu’on n’entend plus le son de leur voix. Certes, ils peuvent être “puissants”, comme ils aiment à le dire, prophétiser, chasser des démons, faire beaucoup de miracles au Nom de Jésus (Matthieu 7.21-23), mais s’ils ne renient pas, non seulement les mauvais effets, mais la CAUSE qui les produit, ils s’exposent à entendre la redoutable sentence : “Je ne vous ai jamais connus, relirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité”. (Matthieu 7.23)
Rappelons brièvement ce qui a été développé au chapitre 9, que la seule explication du baptême de l’Esprit que donne le Nouveau Testament, se trouve en 1 Corinthiens 12.13, où le but est précisé : “pour que les Juifs et les non-Juifs”, c’est-à-dire des gens de langues, de nationalité et de conditions différentes, “forment un seul corps, l’Église.” Telle est l’unique explication que le Saint-Esprit nous donne de son baptême ; aller au-delà c’est déjà mettre le pied à l’étrier de l’hérésie. Et comme il y a toujours une relation de cause à effet, on peut prédire, sans risquer de se tromper, que le temps des excès, des scandales et des tricheries n’est pas fini. C’est pourquoi la soi-disant bénédiction de Toronto, n’est qu’un pas de plus vers d’autres dérives morales.
Quelques frères pentecôtistes sincères et modérés (Dieu merci, il en reste) diront avec raison qu’il y a dans le mouvement, des Églises et des individus qui, sur le plan moral en tout cas, ne sont pas tombés si bas. Heureusement ! Nous serions les premiers désolés s’il en était autrement. Nous nous réjouissons quand on peut citer le nom de David Wilkerson sans avoir à rougir. Mais le monde aussi a ses grands hommes dont il peut, sur certains plans, être fier avec raison. C’est pourquoi, malgré le respect qu’on peut avoir pour l’auteur de “La croix et le poignard” et pour son œuvre parmi les drogués, c’est avec de nettes réserves que j’ai lu ses “Révélations prophétiques” (La Vision). Elles ont été largement diffusées en leur temps et ont été saluées comme les plus extraordinaires prophéties des temps modernes. Sans vouloir en rien assombrir le côté positif du ministère de D. Wilkerson, qui lui aussi a eu accès, par un baptême spirituel, au don des langues, nous encourageons vivement chacun à retrouver la copie de l’édition originale de ses “prophéties”. Qu’on relise avec soin le paragraphe consacré aux automobiles où il est question du non-renouvellement du matériel en fonction des dates et délais qui y sont “révélés”. Qu’on lise alors avec attention Deutéronome 18.20-22, le verset 22 en particulier : “Mais le prophète qui aura l’audace de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais point commandé de dire… ce prophète-là sera puni de mort. Peut-être diras-tu : Comment connaîtrons-nous la parole que l’Éternel n’aura point dite ? Quand ce que dira le prophète n’aura pas lieu et n’arrivera pas, ce sera une parole que l’Éternel n’aura point dite : C’est par audace que le prophète l’aura dite : n’aie pas peur de lui”. Selon l’ordre divin, nous n’avons pas peur de dire que, si prophétie il y avait, son don est un leurre et que son don des langues, issu du même esprit, est taillé dans le même bois.
On dira que des grands hommes de Dieu se sont aussi trompés, ou trop avancés dans leurs commentaires des événements prophétiques. Peut-être, mais leur parole ou leurs écrits n’étaient que des commentaires ; jamais ils n’ont prétendu posséder le don, forcément infaillible, de prophétie. La nuance se doit d’être signalée car elle est immense.
Au risque de se répéter, quel esprit animait le don des langues de ces trois “prophètes” qui ont chacun prophétisé au nom de Jésus-Christ, deux guérisons et une résurrection sans qu’il y en ait aucune ? Quel autre esprit de mensonge dirigeait la langue de ceux qui ont annoncé que Dieu serait glorifié par la guérison d’une jeune femme et qui, le jour de son enterrement, ont poussé l’effronterie jusqu’à déclarer publiquement devant la tombe ouverte, que la promesse de Dieu s’était accomplie parce que cette sœur était maintenant entrée dans la parfaite guérison et que Dieu était glorifié dans cette journée par la prédication ! À quel genre de “don” ces conducteurs spirituels ont-ils eu accès, et par quel esprit ? Seul le père du mensonge pouvait être à la base de ces “charismes”. Mais loin de se voir appliquer la sanction prévue par le code divin (Deutéronome 18.20), ou simplement ne plus être tolérés suivant l’exemple de l’église d’Ephèse (Apocalypse 2.2), ces faux prophètes continuent d’être écoutés comme les oracles de Dieu.
C.H. Lang, dans son livre “D’où viennent ces langues”, à la page 86, enchaîne sur le même sujet : “…à Sutherland, un pasteur, le Révérend J.M. Pollock était un partisan enthousiaste du mouvement. C’était le frère de Mme Boddy. Il me raconta les faits suivants et me Les confirma par écrit : Le petit garçon d’un voisin était malade. Mme Boddy avait été avertie par les “langues” que l’enfant guérirait et serait à nouveau en parfaite santé, Elle demanda à son frère de communiquer ces bonnes nouvelles au père de l’enfant. En chemin, la “puissance” tomba sur M. Pollock qui, par les “langues” et l’interprétation, reçut la confirmation du message ; mais en arrivant à la maison, il apprit que l’enfant était déjà mort ! Il voulut faire admettre à sa sœur que, de toute évidence, c’était un esprit menteur qui avait agi ; après s’être remise du premier choc, elle dit qu’elle en avait reçu l’explication. Ils avaient mal compris le message dont le véritable sens était que l’enfant serait bien dans l’autre monde et non pas ici sur cette terre. En se pliant à cette échappatoire évidente, cette femme, activement engagée dans ce centre britannique du mouvement, fut encore davantage aveuglée et d’autant plus fortement liée. M. Pollock abandonna ensuite le mouvement, mais pendant plusieurs années, il fut cruellement tourmenté par les puissances du mal qu’il avait répudiées”.
L’affaire est plus sérieuse que certains voudraient le croire. Comme nous allons le voir un peu plus loin, l’erreur est appuyée par un miracle de prophétie, lui-même appuyé par un miracle en langues et le tout doublé d’un miracle d’interprétation. La gravité de la chose est confirmée par le langage très sévère de la Parole :
“À ceux qui prophétisent selon leur propre cœur… Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur propre esprit et qui ne voient rien !… Tels des renards au milieu des ruines, tels sont tes prophètes… Leurs visions sont vaines et leurs oracles menteurs ; ils disent : l’Éternel a dit ! Et l’Éternel ne les a point envoyés ; et ils font espérer que leur parie s’accomplira… Vous dites : l’Éternel a dit ! et je n’ai point parlé. C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur l’Éternel : parce que vous dites des choses vaines et que vos visions sont des mensonges, voici j’en veux à vous. ma main sera contre les prophètes dont les visions sont vaines et les oracles menteurs ; ils ne feront point partie de l’assemblée de mon peuple, ils ne seront pas inscrits dans le livre” (Ézéchiel 13.2-9).
“C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, je ne leur ai point parlé ; ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des tromperies de leur cœur qu’ils vous prophétisent” (Jérémie 14.14).
“Voici, dit l’Éternel, j’en veux aux prophètes qui prennent leur propre parole et qui la donnent pour ma parole. Voici j’en veux à ceux qui prophétisent des songes faux, qui les racontent, et qui égarent mon peuple par leur mensonge et leur témérité ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, et ils ne sont d’aucune utilité à ce peuple” (Jérémie 23.31-32).
Il n’y a plus de remède quand Dieu est obligé de constater que non seulement “mon peuple écoute le mensonge” (Ézéchiel 13.19), mais encore que “les prophètes prophétisent avec fausseté et mon peuple prend plaisir à cela” (Jérémie 5.31). On résiste rarement à ce qui fait plaisir, surtout quand c’est du domaine de l’âme, de l’irrationnel et du mystère. Salomon n’a-t-il pas dit : “Les eaux dérobées sont douces et le pain du mystère est agréable” (Proverbes 9.17). N’est-on pas en plein réalisme mystique, comme cela m’a été donné de le constater, quand on voit des gens jugés raisonnables, exhiber des photos grossièrement truquées, prises lors de baptêmes aux antipodes, et censés représenter, au-dessus des baptisés d’eau, des langues de feu pareilles à celles de la Pentecôte, que nul œil n’avait pu voir mais que la caméra avait saisi ?! Et voilà tout un monde “baptisé de l’Esprit” qui marche dans la combine, comme incapable de déceler un truquage à vous crever les yeux, aussi aveuglé intérieurement que Balaam le voyant qui ne voyait pas ce que voyait son âne : qu’il était sur un chemin d’égarement et que son euphorie n’était que de la démence (2 Pierre 2.16).
Un exceptionnel esprit de fraude et de dissimulation régit les plus virulents. Plus ils se réclament de l’Esprit de vérité, et moins la vérité les habite. Quand j’ai connu ces gens, ils avaient coupé les ponts avec leurs amis adeptes de la glossolalie. Ayant perdu un petit garçon, il leur fut prophétisé au nom d’un Dieu qui ne peut mentir ni se tromper, qu’un autre fils viendrait bientôt remplacer le premier. La jeune femme se trouva à nouveau en espérance et ils annoncèrent à la ronde la venue d’un garçon selon la promesse divine. Contrairement aux vrais prophètes qui souvent n’avaient qu’une chance sur un million de ne pas se tromper (et jamais ils ne se sont trompés), cet “esprit”, lui, n’en avait qu’une sur deux. Mais ce fut un garçon manqué qui naquit. Espéraient-ils un miracle transsexuel ? Toujours est-il que pour honorer cette prophétie, ils donnèrent à l’enfant un prénom ambisexué, l’habillèrent comme un garçon et le présentèrent comme tel jusqu’au jour où ils durent passer par l’humiliation et reconnaître ouvertement que les responsables de cette Église les avaient abusés à l’aide des “dons de l’Esprit”. L’addition s’établissait comme suit :
1 langue + 1 prophétie + 1 interprétation = 1 mensonge.
Ils n’ont dès lors plus jamais eu aucune peine pour savoir si l’initiale de cet “esprit” s’orthographiait ou non avec une majuscule. Ce qui pouvait leur arriver de pire pour leur avenir spirituel a été évité : que la chance ait été du côté des faux-prophètes. N’ayant de loin pas le discernement de Paul, ils se seraient prévalus de cette expérience pour s’enfoncer toujours plus dans des “vérités” qui auraient fait leur perte, car le chemin de la repentance et de la restauration leur aurait été barré à toujours.
Comment des gens qui se disent nés de nouveau par l’Esprit de vérité peuvent-ils se complaire dans ce qu’ils savent ne pas être vrai ? Parce qu’ils subissent à leur insu l’effet d’une cause première. Comme les charismatiques auxquels on a imposé les mains pour qu’ils reçoivent l’Esprit et qu’on accuse d’avoir un mauvais esprit, beaucoup, de ces mêmes mains, ont reçu au départ de leur “deuxième expérience” le même esprit d’erreur auquel on a accolé un label biblique. Ils se sont abandonnés à des “puissances” psychiques et se sont ouverts à un esprit de langues inexistantes qu’on leur a dit venir du Saint-Esprit ; l’ennemi trouvant la porte ouverte s’est installé dans la place, d’où tous les excès mensongers dont nous parlons. C’est pourquoi on assiste à cette dualité que dénonce D. Cormier au chapitre 1 : “Le propre du Saint-Esprit, c’est de conduire dans toute la vérité ; le propre de l’esprit mauvais c’est de conduire dans une partie seulement de la vérité”. Ce qu’ils dénoncent chez les autres se reproduit chez eux. À l’exemple des charismatiques, les vérités les plus sublimes côtoient des abîmes de mensonges auxquels ils ne peuvent résister car ils en sont pénétrés depuis l’intérieur. Cela donne des déraillements de ce genre : dans un grand rassemblement où j’avais la charge d’apporter le message final, un jeune homme s’offrit à donner le témoignage de sa conversion. Il en profita pour raconter la grande bénédiction de sa vie en ces termes : “Croyez-moi ou ne me croyez pas, mais quand j’ai reçu le Saint-Esprit, il m’est entré par la plante des pieds !!!”. La suite de sa vie a prouvé qu’il n’avait rien reçu du tout et qu’il se servait de ses pieds pour les essuyer sur l’Esprit de sainteté.
Quel esprit leur à communiqué le goût prononcé de la fabulation et créé en eux un état proche de la mythomanie ?
Lorsque j’étais étudiant à l’institut biblique en Angleterre, j’ai fait partie d’une équipe d’évangélisation itinérante. Un soir, nous avons été bien accueillis dans une petite communauté pentecôtiste. Le pasteur s’est montré très fraternel avec nous. Il revenait d’une convention de quelques jours dans l’East Anglia. Il en paraissait dynamisé tant il semblait heureux. Il nous a raconté qu’ils avaient vécu des choses extraordinaires. Il précisa : “Il y a eu trois mille conversions !”. Nous étions muets de stupeur. Un des nôtres lui demanda timidement d’une voix étranglée : Combien ? Il nous répéta sans vergogne : “Oui, trois mille conversions !”. Or, nous savions qu’à cette convention, chrétiens compris, il n’y avait même pas la moitié de participants que le chiffre avancé. Comment pouvait-il y avoir dix fois plus de conversions qu’il n’y avait d’inconvertis ? Pourquoi ? Parce qu’il y a eu 3.000 conversions le jour de la Pentecôte et cela est devenu leur nombre fétiche que l’on rencontre dans leurs prières, leurs attentes et leurs rapports. D’où leur vient cet esprit d’illusionnisme aveugle que n’ont pas les autres évangéliques qui eux, se tiendront en-dessous de la réalité de peur d’offenser et de mentir au Saint-Esprit ?
Des gens qui décollent de la réalité de pareille façon, ne sont de toute évidence plus dans un état normal. C’est souvent après s’être mis dans un état second, à la limite de l’inconscience tant prisée par les religions orientales, qu’ils ont reçu un baptême à l’image des tristes fruits qu’ils portent.
Quelqu’un nous fera peut-être le reproche de rapporter des histoires de corps de garde, même si elles sont vraies, et qu’on ne juge pas tout un mouvement par les bévues de quelques sous-fifres. Mais justement, ce ne sont pas que des caporaux qui commandent la manœuvre ; ce sont au contraire les chevronnés qui s’égarent et égarent les autres dans des expériences et des explications extra-scripturaires.
Feu Thomas Roberts, incontestablement un des leaders pentecôtistes du monde francophone, disait haut et clair, que, vu son âge avancé et la fatigue occasionnée par ses nombreuses prédications, il lui suffisait de parler en langues quelques instants pour être renouvelé dans son corps. Ainsi, il saluait le don des langues et le recommandait comme défatiguant anti-sénile. Tel était l’un des usages qu’il faisait de ce don de l’Esprit.
Mais tous les records du rocambolesque sont battus par Gaston Ramseyer, prédicateur pentecôtiste très écouté qui jouit d’une large audience et a ses entrées dans des Eglises autres que celles dites du Réveil. Dans son livre intitulé “Vous raisonnez trop”, à côté de quelques pages de bon sens, on est consterné de lire la recommandation qu’il fait du parler en langues. Il traite l’insomnie par le don des langues en des termes que chacun peut vérifier : “Je dis donc à tous ceux qui on des problèmes d’insomnie faute de pouvoir stopper leurs pensée et raisonnements : Parlez en langues et vous dormirez. Si vous n’avez pas encore reçu ce cadeau divin, demandez-le à Dieu, Il vous l’accordera. Si vous parlez en langues intérieurement sur votre couche, vos raisonnements cesseront et vous ne tarderez pas à dormir. (…) Permettez-moi d’insister. Au lien de vous retourner dix fois dans votre lit, parlez en langues, et priez Jésus. Vous n’aurez plus besoin de somnifère. Le remède est infaillible” (sic). Rejoignant en cela Thomas Roberts, il ajoute : “Même votre fatigue physique et cérébrale disparaîtra” (Page 113). Quel non-sens ! Ce que G. Ramseyer prend soin de ne pas dire c’est que, réciter des Ave Maria ou “compter des moutons”, ont les mêmes résultats soporifiques.
Que de balivernes ! Et ce sont ces gens qui prétendent nous expliquer la Bible ! Leur doctrine sur le sujet est nécessairement à la hauteur de leurs sornettes. L’Académie confierait-elle des travaux d’histoire à des pareils fantaisistes ? Au lycée, nos potaches apprendraient alors qu’à Waterloo, Wellington et Ney combattaient côte à côte contre Blücher et Napoléon. Quelle salade si l’Histoire était enseignée comme certains expliquent la Bible ! Pauvre, pauvre christianisme que celui qui se repait de telles niaiseries. Avec quelle sévérité Paul ne dit-il pas : “Repousse les contes profanes de vieilles femmes” (1 Timothée 4.7). Roberts et Ramseyer pour ne citer qu’eux, tombent dans la triste catégorie de ceux qui changent les choses sacrées en choses profanes et qui, d’un don spirituel destiné à être un signe public pour l’Israël incroyant quant au salut des païens, en font une absurde ordonnance de médecine parallèle. Dans le même paragraphe où il parle de contes de vieilles femmes, Paul parle aussi de deux esprits : “Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi (doctrine) pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons par l’hypocrisie de faux docteurs, portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience” (1 Timothée 4.1). Jamais, au grand jamais, une telle profanation n’est apparue dans l’enseignement d’aucun homme de Dieu qui récuse l’enseignement pentecôtiste du baptême du Saint-Esprit.
À cette profanation s’ajoute un esprit de mauvaise foi et de distorsion des faits, surtout au niveau des responsables. G. Ramseyer dans une autre occasion, commentant mon premier livre sur le sujet “Je parle en langue plus que vous tous”, dit qu’il commence par l’argument usé jusqu’à la corde que le don a cessé dès le temps des apôtres. Or, justement le livre incriminé commence par l’argument contraire ! Non, le Saint-Esprit n’est pas dyslexique ; Il ne lit pas à l’envers et ne se spécialise pas dans la désinformation. Plus quelqu’un parle en langue et le recommande, et plus ce que dit sa langue (ou sa plume) est sujet à caution. C’est ainsi que pour récupérer la puissance qui accompagnait la prédication de Moody ou de Finney, on n’hésite pas à affirmer et à écrire qu’ils parlaient en langues, signe de leur baptême de l’Esprit et de leur revêtement de puissance. La même chose est colportée de Billy Graham. Et comme il s’en défend, il l’aurait fait “sans le savoir” ! Voulant en avoir le cœur net, R. Cherix, le regretté pasteur de l’Église Libre de Neuchâtel à écrit au directeur du Moody Bible Institute pour s’enquérir à la source si, comme cela est publié, Moody avait fait l’expérience du baptême du Saint-Esprit dans le sens pentecôtiste et s’il l’avait enseigné. J’ai personnellement vu la réponse qui dit qu’on ne trouve nulle trace de cette doctrine dans l’enseignement de Moody. Mais parce qu’il avait dit un jour, en parlant de quelqu’un, qu’il avait bien besoin d’être baptisé du Saint-Esprit, on s’en est emparé pour donner l’impression que Moody parlait de la même chose et qu’il la recommandait. Comme ces gens tirent leur citation de “The life of D.L. Moody”, il est certain que c’est par malhonnêteté qu’ils se sont exprimés de la sorte.
Toujours à propos du même homme, Emirian, aux pages 182-184 de son livre s’accommode de cette désinformation et la transmet, y confondant en outre les deux expressions : baptême et plénitude de l’Esprit.
Un esprit de déloyauté quasi inconnu des autres milieux anime ce mouvement. Il y a quelques années, j’étais l’orateur invité de l’Action Commune d’Évangélisation, pour une campagne qui se faisait à échelle d’une grande ville de l’Est de la France. Cet effort en commun regroupait tout ce que la ville comptait d’Églises évangéliques et parmi elles celle de pentecôte. Des conseillers issus de chaque communauté, et en nombre bien défini, avaient été choisis et formés pour accueillir ceux qui répondraient à l’appel. Pour autant qu’on puisse en juger de ce côté-ci de la vie, l’Esprit de Dieu était à l’œuvre et beaucoup s’avancèrent à l’appel, surtout le dernier soir. C’est dans cette soirée d’apothéose qu’on découvrit que les amis pentecôtistes avaient en secret doublé leurs conseillers dans le but de s’accaparer les nouveaux convertis. Et ce soir-là, comble de la trahison, sans que les autres Églises en fussent avisées, ils distribuaient à la sortie des invitations à venir, quelques jours plus tard, écouter chez eux une série de conférences sur des thèmes que l’on devine. De toutes les communautés engagées, une seule a trompé les autres, et c’est justement celle qui avait un plus de l’“esprit”. Mais quel esprit ? Ceci a amené un de mes amis à leur dire : “Mon Saint-Esprit à moi, n’est pas malhonnête !” Qu’il y ait une relation de cause à effet, cela ne fait aucun doute. L’affaire ci-dessus l’atteste à suffisance “découverte”, il était spirituellement trop honnête pour descendre si bas. C’est son accès au pseudo-don d’un esprit auquel il s’est abandonné qui ont fait de lui un fabulateur et un parjure. Car, à ma connaissance, il était le seul de ce grand et grave colloque à avoir ce “plus”. À ma connaissance encore, il est le seul à être descendu dans cet abîme de forfaiture. Le titre de ce chapitre était, ne l’oublions pas, LA RELATION DE CAUSE À EFFET !
En fait de cause et d’effet, l’argument le plus souvent employé pour tenter d’occulter ces graves problèmes moraux, c’est celui de la croissance numérique comparativement plus rapide des Églises du type pentecôtiste, comme si le succès et le nombre étaient une garantie de vérité. Le bois, le foin et le chaume de 1 Corinthiens 3 tiennent beaucoup plus de place et se voient bien mieux que l’or, l’argent et les pierres précieuses. Si l’expansion est un sujet de réjouissance, elle n’est pas un critère de vérité. Non, même en démocratie, le plus grand nombre n’a pas toujours raison. S’il en était ainsi, à qui faudrait-il se rallier : aux Témoins de Jéhovah, aux Mormons, au Nouvel Age ou à l’Islam qui ont connu ces dernières décennies un réveil aussi étendu qu’inquiétant ? Nul ne songerait à nier que beaucoup ont connu le salut, justement par le côté fidèle, le côté vrai de la doctrine pentecôtiste, c’est-à-dire la prédication de l’évangile biblique de la grâce. Mais beaucoup ne veut pas dire tous. Là comme ailleurs, ces amis font de terribles écorchures à la vérité, même historique comme, par exemple, à propos du réveil du Pays de Galles. Le mouvement des langues essaye, encore aujourd’hui, de le récupérer à son profit et de s’en attribuer la paternité. Or, tous les témoins de l’époque, qui nous en ont narré l’extraordinaire puissance, démentent cette appropriation. Les manifestations en langues ont été, comme dans d’autres réveils, une infiltration de plusieurs années postérieures au début du réveil. Il ne faut jamais oublier que les plus grandes entreprises missionnaires qui ont gagné des millions d’âmes à Christ, ne sont pas du type charismatique. Dieu a établi, et continue d’établir dans le monde, de très vivantes communautés en se servant d’Églises qui rejettent la doctrine particulière qui fait l’objet de notre étude. Dans plusieurs villes de notre Europe francophone, on assiste parfois à une situation inverse : des Églises pentecôtistes végètent et disparaissent là où d’autres prospèrent et vont jusqu’à dédoubler leurs cultes, faute de place.
Plutôt que de donner notre avis qui, nous le savons, ne ferait pas autorité, nous préférons laisser la conclusion aux pentecôtistes conservateurs. Face à la croissance rapide de leurs alter ego charismatiques (qui ont la même doctrine que la leur quant aux langues et au baptême de l’Esprit) ils croient toujours que “guérisons, prophéties, miracles… ne sont pas du Saint-Esprit, mais c’est bel et bien un esprit réel (autre que l’Esprit) qui a amené ce mouvement à se développer avec tant de vigueur” (Le renouveau charismatique, page 13).
Prenant la place de Candide, on aimerait qu’on nous explique, à nous les simples, comment une doctrine bibliquement insoutenable, doublée d’une moralité de bas-étage, a les faveurs du Saint-Esprit chez les uns et sa désapprobation chez les autres ?