Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XIII

Sur la Vieillesse

Pauvre homme, dont la force est la force d’un verre ;
Vieillard faible et tremblant, à toi-même ennuyeux,
A qui tant d’ennemis font ensemble la guerre,
Ne veux-tu point songer à quitter ces bas lieux ?

Ne sens-tu point la mort, qui te suit, qui te serre ?
As-tu perdu l’esprit ? et ton cœur vicieux,
Endurci par les ans, et tenant à la Terre,
N’a-t-il ni mouvement, ni chaleur pour les Cieux ?

Vois ces monts sourcilleux, dont les cimes chenues
Portent leur front de neige à la hauteur des nues,
Et dont le sein répand un déluge de feux.

Ainsi, pour t’élever à la gloire éternelle,
La neige sur le poil, le cœur brûlant de vœux,
Corrige ta froideur, par le feu de ton zèle.


1 : C’est un pot cassé, et la vieillesse est une couronne d’orties disent les Juifs. 9 : Ce sont les trois montagnes d’Islande, Helga, Hécla, et la Croix. 13 : La montagne est devenue neige, disent les rabbins, en parlant d’une tête blanche. Que ta vieillesse blanchisse des cheveux blancs de la sagesse et des bonnes œuvres ; et qu’il ne s’y trouve aucune noirceur de péché. (St. Augustin) La vieillesse a assez d’autres laideurs, n’y ajoute point celle du vice. (Caton)

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