Après avoir examiné les moyens que vous devez employer pour amener vos paroissiens à se soumettre à vos instructions, — considérons la manière dont vous devez les leur dispenser.
Comme cette œuvre particulière soulève la répugnance de quelques pasteurs, elle servira à éprouver leurs dons, et montrera plus sûrement qu’une autre la différence qu’il y a entre eux. Que l’on me permette de rapporter ici les paroles d’un savant et pieux théologien, l’archevêque Ushera : elles sont tirées du sermon qu’il prononça à Wansted, en présence du roi Jacques, sur ce texte. (Éphésiens 4.13)
a – Le même qui estimait que Dieu a créé le Ciel et la Terre le soir du 22 octobre 4004 avant Jésus-Christ ; ce qui n’incite pas vraiment le lecteur du XXIe siècle à le prendre au sérieux… mais on peut se tromper beaucoup sur la chronologie, et rester digne d’attention sur le sujet de la piété. (ThéoTEX)
« Des pasteurs instruits pourront penser qu’il ne leur convient pas de descendre à l’enseignement de ces vérités élémentaires, de ces premiers rudiments de la doctrine de Jésus-Christ ; mais qu’ils se rappellent que le soin de poser un fondement est le premier et le plus important d’un habile architecte. J’ai posé le fondement comme un sage architecte, suivant la grâce qui m’a été donnée de Dieu, dit saint Paul. (1 Corinthiens 3.10) Le soin de poser ce fondement, c’est-à-dire de proportionner notre enseignement à la capacité intellectuelle du plus humble auditoire, et de faire comprendre aux plus ignorants les mystères de la révélation, est une tâche qui mettra nos talents à l’épreuve, et qui nous donnera plus de peine que la discussion d’un point de controverse ou que les subtilités de la scolastique. Et cependant, Jésus-Christ a ordonné aux apôtres, aux prophètes, aux évangélistes, aux pasteurs, d’amener tous les hommes, les ignorants comme les savants, à l’unité de la foi et de la connaissance. Négliger ce devoir, c’est vouloir perdre tout le fruit du ministère évangélique. Car nous aurons beau prêcher ; si nous ne posons ce premier fondement, si nous n’insistons pas sur la connaissance des premiers principes, nous aurons travaillé inutilement. » Voici les directions que je crois à propos de vous donner pour l’accomplissement de cette œuvre :
1° Lorsque vous avez réuni auprès de vous une ou plusieurs familles, efforcez-vous d’adoucir leurs esprits, d’éloigner tout sujet de mécontentement ou de répugnance, en leur parlant, sinon en ces termes, du moins dans ce sens. « Mes amis, il semblera peut-être à quelques-uns d’entre vous que je vous impose un devoir inusité et difficile ; mais j’espère que vous ne le jugerez pas inutile ; car, s’il l’était réellement, je me serais épargné la peine de vous le recommander. Mais ma conscience et la parole de Dieu m’ont appris ce que c’est que d’avoir la charge des âmes : je sais que, si elles périssent par ma négligence, leur sang me sera redemandé, et je ne veux pas encourir une aussi redoutable responsabilité. Notre premier soin sur cette terre doit être de nous préparer à notre passage dans un autre monde, et Dieu a établi ses ministres pour être les conducteurs de son peuple. Dieu seul sait combien de temps nous avons encore à passer ensemble ; je dois donc m’efforcer de travailler à votre salut, avant l’instant de notre séparation. Tout autre soin n’est qu’un vain amusement auprès de celui-ci. J’espère donc que vous ne refuserez pas le secours que je viens vous offrir dans une affaire qui est pour vous de la plus extrême importance. » Ces paroles, ou d’autres dans le même sens, disposeront du moins, il faut l’espérer, vos auditeurs à recevoir vos instructions, et à vous rendre compte de leurs connaissances et de leur expérience chrétienne.
2° Adressez-vous ensuite, autant que cela sera possible, à chacun d’eux en particulier, de manière à ne pas être entendu des autres. Car quelques-uns auraient de la répugnance à exposer devant des témoins l’état de leur âme ; d’autres se défieraient de leur facilité à s’exprimer, et craindraient de devenir un sujet de risée. Evitez soigneusement tout ce qui pourrait leur inspirer de semblables craintes. D’ailleurs, ils parleront plus librement de leurs péchés et de leurs misères dans un entretien particulier. Ayez égard aussi à la différence des sexes et des âges, afin de ne réunir ensemble que des personnes placées sous ce rapport dans des conditions analogues ; évitez avec soin tout ce qui pourrait donner lieu à de fâcheuses interprétations, et faites en sorte de ne questionner une personne du sexe que devant les membres de sa famille.
3° Traitez dans ces entretiens les points les plus importants, et assurez-vous si vos auditeurs les comprennent bien. Demandez-leur, par exemple : « Que pensez-vous de la condition des hommes après leur mort ? Croyez-vous être soumis au péché, et quelle est la peine que mérite le péché ? Quel moyen Dieu a-t-il établi pour sauver les âmes misérables et pécheresses ? — Quelqu’un a-t-il souffert pour nous la peine du péché, ou devons-nous la souffrir nous-mêmes ? Quels sont ceux à qui Dieu pardonnera, et qui seront sauvés par le sang de Jésus-Christ ? Quel changement doit s’opérer dans ceux qui veulent être sauvés, et comment s’opère-t-il ? Quel sera pour nous la suprême félicité, et à quoi devons-nous surtout nous attacher ? »
Abstenez-vous des sujets douteux, obscurs, même quand ils peuvent se lier avec des vérités très importantes. Les personnes présomptueuses s’occupent en général de semblables matières, et méprisent ceux qui ne peuvent les résoudre aussi bien qu’elles.
Adressez-leur vos questions d’une manière claire et précise, en sorte qu’ils comprennent bien que vous leur demandez une réponse et non une définition. Ne vous inquiétez pas de l’expression, et contentez-vous quelquefois d’une simple réponse affirmative ou négative. Par exemple : « Qu’est-ce que Dieu ? Est-ce un être comme nous, ou un Esprit invisible ? a-t-il eu un commencement ? peut-il avoir une fin ? Qu’est-ce que la foi ? est-ce la croyance à la parole de Dieu ? Qu’est-ce que devenir véritablement chrétien ? Est-ce croire que Jésus-Christ est le Sauveur des pécheurs, se confier en lui, et attendre de lui le pardon, la sanctification et la rédemption ? Qu’est-ce que la repentance ? Est-ce seulement le regret d’avoir péché, ou une conversion du péché à Dieu, un renoncement complet au péché ? »
Lorsqu’ils ne comprennent point vos questions vous devez les éclaircir en les exposant en d’autres termes ; ou bien, faire vous-mêmes la réponse et leur demander s’ils y adhèrent. Car, il y a beaucoup de personnes qui ne peuvent facilement exprimer ce qu’elles conçoivent bien ; cela tient à leur manque d’éducation. Vous devez donc avoir les plus grands ménagements pour les personnes sans instruction. — Il n’est pas rare non plus de voir des hommes pieux avoir beaucoup de peine à exprimer des sentiments qu’ils ont cependant éprouvés. J’ai connu des chrétiens pieux et expérimentés, qui n’avaient jamais pu parvenir à retenir l’expression des vérités les plus élémentaires ; devons-nous donc nous étonner de l’impuissance et de l’inhabileté d’hommes ignorants et grossiers, et devons-nous les rejeter comme ne valant pas la peine que l’on prendrait à les instruire ?
4° Après vous être assurés du degré de leur capacité, de leur connaissance, ayez soin d’y proportionner vos enseignements. Si vous avez affaire à un homme connaissant les vérités fondamentales de la religion, — expliquez-lui plus complètement quelques-uns des mystères de l’Évangile ; insistez sur la pratique des devoirs qu’il montre quelque penchant à négliger ; faites-lui-en comprendre l’importance et la nécessité. Si, au contraire, vous avez affaire à un homme complètement ignorant, exposez-lui un résumé clair et familier de la vérité évangélique ; car quoiqu’il puisse trouver ce résumé dans un catéchisme, cependant une exposition familière le lui rendra plus intelligible : et si vous vous apercevez qu’il ne vous comprend point, ne vous lassez point de répéter les mêmes vérités, en variant vos expressions.
5° Mais, ignorants ou non, si vous soupçonnez qu’ils ne sont pas convertis, efforcez-vous de vous en assurer. Le meilleur moyen de sonder leur conscience sans les offenser, est de les préparer à cet examen, en leur en faisant comprendre la nécessité, et de profiter ensuite d’une occasion, ou d’un passage du catéchisme pour les amener sur ce terrain. Par exemple : « Vous voyez que le Saint-Esprit éclaire l’intelligence des hommes, qu’il change leur cœur, qu’il les convertit de la puissance de Satan à Dieu par la foi en Jésus-Christ, qu’il les sanctifie, et que ceux-là seuls en qui s’est opéré ce changement jouiront de la félicité éternelle. Et maintenant, quoique je n’aie aucune envie de pénétrer vos secrets, cependant comme il est de mon devoir de vous donner des conseils pour tout ce qui concerne votre salut, et qu’il est extrêmement dangereux de se faire illusion, quand il s’agit de la vie et de la mort éternelles, j’espère que vous voudrez bien me parler franchement, et me dire si vous pensez que ce changement se soit opéré dans votre cœur. Votre intelligence a-t-elle été éclairée par l’esprit de Dieu ? Etes-vous devenu une nouvelle créature ? — Dites-le-moi franchement. »
S’il vous répond qu’il espère qu’il est converti, que tous les hommes sont pécheurs, mais qu’il se repent de ses péchés, etc., rappelez-lui en peu de mots quelles sont les véritables marques de la conversion, et recommencez ainsi votre examen : « Comme il s’agit ici de votre salut ou de votre condamnation, je voudrais vous aider à éviter toute méprise sur un point de cette importance. Comme Dieu nous jugera impartialement, nous avons sa parole, d’après laquelle nous pouvons nous juger nous-mêmes ; car cette parole nous apprend quels sont ceux qui seront sauvés et ceux qui seront condamnés. Maintenant, voici, d’après l’Écriture, l’état d’un homme inconverti. Il ne trouve pas un grand bonheur dans l’amour et la communion de Dieu. Son cœur est toujours attaché au monde visible. Il vit pour lui-même ; il se contente d’un bonheur charnel et terrestre. — Toute sa religion consiste dans la crainte de l’enfer. Le monde et la chair occupent la première place dans ses pensées, et il ne donne à Dieu que les restes dont le monde ne veut plus. Telle est la situation morale d’un homme inconverti, et cette situation est profondément misérable. — Mais celui qui est vraiment converti, celui qui, à la lumière du Saint-Esprit, a reconnu la grandeur de son péché et de sa misère ; celui qui connaît Jésus-Christ et ce qu’il a fait pour les pécheurs, et qui a connu les richesses de la grâce divine, se réjouit dans l’espoir du salut ; il accepte avec joie le pardon qui lui est offert ; il se donne tout entier à Jésus-Christ. Il contemple avec ravissement la perspective de la gloire et de la félicité célestes, et le monde n’est plus rien à ses yeux. Les choses de la vie présente ne sont pour lui que des obstacles ou des moyens de salut : son principal souci est de s’assurer le bonheur dans la vie à venir. — Est-ce là ou non votre situation ? Avez-vous éprouvé ce changement dans votre cœur ? »
S’il vous répond qu’il le croit, — soyez plus précis dans vos questions : demandez-lui : « Pouvez-vous dire avec vérité que les péchés de votre vie passée sont votre plus grand chagrin, et que vous avez reconnu qu’ils vous rendent digne d’une misère éternelle ; que vous vous êtes reconnu perdu, et que vous avez embrassé avec joie Jésus-Christ comme votre unique sauveur ? Pouvez-vous dire avec vérité que votre cœur est tellement éloigné du péché, que vous haïssez les péchés que vous aimiez autrefois, et que vous aimez cette vie sainte que vous détestiez auparavant ? Pouvez-vous dire que maintenant vous ne vivez pas volontairement dans la pratique de quelque péché connu ? N’y a-t-il pas quelque péché que vous ayez de la peine à abandonner ? quelque devoir que vous ayez de la répugnance à accomplir ? — Pouvez-vous dire avec vérité que l’union avec Dieu fait votre félicité au point d’être tout votre désir, tout votre espoir, tout votre amour ? — que vous êtes résolu, avec le secours de la grâce divine, à renoncer à tout dans le monde plutôt qu’à Dieu, et que votre unique soin est de le chercher ? Pouvez-vous dire avec vérité que, malgré des faiblesses et des imperfections, le grand objet de votre vie est de plaire à Dieu ? — que vous vous considérez comme un voyageur, et le ciel comme le grand but de votre pèlerinage ? »
S’il répond affirmativement, — demandez-lui alors s’il remplit soigneusement tel ou tel devoir, que vous le croyez porté à négliger. — Gardez-vous toutefois de juger avec trop de précipitation de l’état de son âme ; il est difficile de décider d’une manière absolue si un homme est ou n’est pas converti ; et d’ailleurs vous n’avez pas besoin de vous prononcer là-dessus pour donner efficacité à vos enseignements.
6° Si des informations précédentes, ou par suite de cet examen, vous avez lieu de croire que votre auditeur n’est point encore converti, vous vous efforcerez de bien lui faire sentir sa position. « En vérité, mon ami, lui direz-vous, je n’ai nullement l’intention de vous représenter votre condition comme plus déplorable qu’elle ne l’est réellement, ni de vous causer une frayeur inutile ; mais si je cherchais à vous abuser, vous me regarderiez comme un ennemi perfide, et non comme un fidèle ministre. Si dans une maladie, vous vous adressiez à un médecin, vous voudriez qu’il vous dît la vérité sur votre état, quand même cette vérité pourrait, en vous effrayant, faire empirer votre mal. Ici, la vérité vous est encore plus nécessaire, car elle est votre seule chance de rétablissement. Je crains bien que vous ne soyez étranger à la vie chrétienne ; car, si vous étiez chrétien, et véritablement converti, votre cœur serait tourné vers Dieu et vers la vie à venir ; vous regarderiez le soin de votre salut comme votre principale affaire ; vous ne vivriez pas dans la pratique volontaire du péché, ou dans la négligence d’un seul devoir reconnu. Hélas ! qu’avez-vous fait ? Comment avez-vous employé votre temps jusqu’à ce jour ? Ne saviez-vous pas que vous aviez une âme à sauver ; que vous deviez vivre éternellement dans le ciel ou dans l’enfer ; et que la vie présente ne vous était donnée que pour vous préparer à la vie à venir ? Si vous aviez pensé au ciel autant qu’à la terre, vous connaîtriez bien mieux vos intérêts spirituels, et vous auriez fait beaucoup plus pour les avancer. Croyez-vous qu’il ne vaille pas la peine de vous en occuper ? croyez-vous que vous puissiez obtenir le ciel sans rien faire, quand vous êtes obligé de prendre tant de peine pour obtenir des choses périssables, quand Dieu vous recommande de chercher avant tout son royaume et sa justice ? Où seriez-vous maintenant, si vous étiez mort dans l’impénitence ? Ne saviez-vous pas que vous devez bientôt mourir, et que vous serez jugé tel que vous serez à l’heure de votre mort ? Croyez-vous que tout ce que vous avez acquis dans ce monde pourra vous consoler à cet instant suprême ? Croyez-vous que tous vos biens pourront vous acheter le salut, et vous sauver de la condamnation ? »
Soyez pressant et sérieux dans ces exhortations ; car si vous ne touchez pas le cœur, elles demeureront sans effet et seront bientôt oubliées.
7° Ne négligez pas le soin de faire une exhortation pratique, en insistant sur la nécessité de croire en Jésus-Christ, de faire usage des moyens de grâce, et de renoncer au péché. « Mon ami, je suis vraiment affligé de vous voir dans cet état, mais je serais encore plus affligé de vous y laisser. Je vous supplie donc de faire attention à ce que je vous dis dans votre intérêt, au nom du Seigneur. C’est par un effet de sa miséricorde que Dieu ne vous a point encore retranché de ce monde, qu’il vous laisse encore du temps, qu’il vous offre, par le sang de Jésus-Christ, le pardon, la sanctification, la vie éternelle. Dieu n’a pas abandonné l’homme pécheur à une entière destruction, comme il y a abandonné les démons : il ne vous a point excepté, vous pas plus qu’un autre, du pardon qu’il offre à tous les pécheurs. Si vous vous repentez sincèrement de vos péchés, si vous voulez, par la foi, venir à Christ et vous confier à lui comme à votre Sauveur, Dieu aura pitié de vous, vous pardonnera et vous sauvera. Il opérera cette œuvre par sa grâce ; il vous donnera un cœur nouveau, il vous fera sentir la gravité et l’énormité de votre péché ; il vous fera comprendre combien ce péché est odieux en lui-même, et comment il vous a exposé à la condamnation éternelle. Il vous fera sentir que vous êtes entièrement perdus, et que vous n’avez d’espoir de pardon que par le sang de Jésus-Christ, et d’espoir de sanctification que par son Saint-Esprit. Il vous montrera la vanité de ce monde, et comment tout votre bonheur est en Dieu, dans cette vie éternelle où vous pourrez, avec les saints et les anges, contempler sa gloire, jouir de son amour et célébrer ses louanges.
Jusqu’à ce que cette œuvre soit opérée en vous, vous êtes dans une profonde misère ; si vous mourez avant qu’elle soit accomplie, vous êtes perdu pour toujours. Vous avez encore de l’espoir et un moyen de salut ; alors vous n’en aurez plus. Si donc vous avez quelque souci de votre âme, ne demeurez pas dans l’état où vous êtes. N’ayez point de repos que votre cœur ne soit changé. Lorsque vous vous levez, dites-vous : Oh ! si c’était aujourd’hui mon dernier jour ; si la mort me surprenait dans mon impénitence ! — Lorsque vous êtes à vos occupations, dites-vous : Oh ! n’ai je pas une tâche plus importante encore à remplir ? Celle de ma réconciliation et de ma sanctification ? En voyant tout ce que vous possédez dans ce monde, demandez-vous à quoi vous serviront toutes ces choses, si vous vivez et si vous mourez dans un état d’inimitié avec Dieu, étranger à Jésus-Christ et à son Esprit. Que ces pensées ne vous quittent point jusqu’à ce que votre âme soit régénérée. — Pensez à la vanité de ce monde, au peu de temps qui vous sépare de l’éternité. Demandez-vous si ce n’est point une criminelle folie de dédaigner la gloire éternelle, et de lui préférer des objets terrestres et périssables. Occupez-vous sans cesse de semblables méditations, qu’elles absorbent toute votre attention. — Acceptez sans délai la félicité éternelle que vous offre votre Sauveur, saisissez-vous du pardon qu’il vous présente. — Renoncez au péché qui a souillé votre cœur et votre vie, rejetez-le loin de vous comme un poison mortel. — Usez avec empressement des moyens de grâce, jusqu’à ce que ce changement soit opéré en vous, et jusqu’à ce que vous soyez complètement affermi. Comme vous ne pouvez opérer vous-même ce changement, adressez-vous à Dieu par la prière ; demandez-lui le pardon, la conversion, la régénération. Ne cessez point de le solliciter nuit et jour. — Evitez les tentations et les occasions de chute, renoncez aux sociétés dangereuses, et recherchez la compagnie de ceux qui craignent Dieu, et qui peuvent vous aider dans vos efforts pour le salut. — Consacrez le jour du Seigneur à de pieux devoirs, soit en public, soit en particulier, et ne perdez pas une minute de ce temps précieux que Dieu vous a donné pour vous instruire, et pour vous préparer à votre fin dernière. — Voulez-vous suivre ce conseil autant que vous le pourrez ? Voulez-vous m’en faire la promesse et vous efforcer de la tenir ? »
Ne négligez rien, mes frères, pour obtenir de celui à qui vous adressez ces conseils la promesse qu’il fera usage des moyens de grâce, qu’il renoncera aux mauvaises compagnies et aux mauvaises habitudes ; car c’est là ce qui est le plus en son pouvoir, en attendant que Dieu ait opéré ce changement de son cœur. Rappelez-lui que Dieu est témoin des engagements qu’il prend, et qu’il en exige l’accomplissement.
8° Avant de vous séparer des personnes que vous avez ainsi exhortées, adressez-leur quelques paroles pour adoucir la peine qu’elles auraient pu ressentir. « J’espère que vous ne trouverez pas mauvais que je vous aie parlé avec cette liberté. Si je n’étais pas moi-même convaincu de l’importance des vérités que je viens de vous exposer, je vous aurais épargné, à vous et à moi, la peine de cet entretien. Mais je sais que nous n’avons plus qu’un peu de temps à être ensemble, et j’ai dû vous préparer, ainsi que moi, à paraître devant Dieu, quand il lui plaira de nous appeler à lui. »
Comme vous n’aurez pas toujours l’occasion de vous entretenir avec les mêmes personnes, indiquez-leur les moyens de poursuivre l’œuvre que vous avez commencée. Engagez chaque père de famille à communiquer tous les dimanches à ses enfants ce qu’il aura lui-même appris. Cette pratique leur sera d’un utile secours pour se fortifier dans la connaissance des vérités élémentaires de la religion.
9° Dans tout le cours de ces conférences, usez de la méthode la plus sûre pour arriver au résultat désiré.
Variez vos enseignements suivant le caractère des personnes auxquelles vous avez affaire. Avec les jeunes gens, insistez particulièrement sur le danger des plaisirs sensuels et sur la nécessité de mortifier la chair. Avec les gens avancés en âge, insistez sur le détachement du monde, sur l’incertitude et la brièveté de la vie, sur le danger de l’impénitence finale. — Libre et familier avec les jeunes gens, soyez respectueux avec les vieillards. Parlez aux riches de la vanité du monde et de la nécessité du renoncement à soi-même ; aux pauvres, des richesses et de la gloire que leur offre l’Évangile, et de l’abondante compensation qu’ils trouveront à leurs privations présentes. Examinez quelles sont les fautes auxquelles les personnes sont le plus exposées suivant leur âge, leur sexe, leur tempérament, leur profession, et cherchez à les prémunir contre ces fautes.
Soyez aussi indulgents, aussi familiers, aussi simples que possible avec les personnes d’une intelligence bornée.
Citez l’Écriture à l’appui de vos enseignements, afin qu’ils voient que ces enseignements viennent de Dieu et non de vous.
Soyez sérieux et pressants, surtout lorsque vous en venez à l’application. Il n’y a rien de plus dangereux que la froideur et l’insouciance de certains ministres, qui s’acquittent de leur devoir d’une manière superficielle, dépourvue de chaleur et de vie ; qui se bornent à adresser à leurs auditeurs quelques froides questions, quelques exhortations glacées, incapables de toucher le cœur ou la conscience.
Avant donc d’entreprendre cette tâche, ayons soin de nous y préparer, en fortifiant notre croyance à la vérité de l’Évangile. Cette œuvre sera pour notre foi une véritable épreuve. Celui qui n’est que faiblement et superficiellement chrétien verra probablement son zèle défaillir, faute d’une foi vive et profonde aux vérités qu’il a à traiter. Une ferveur hypocrite et affectée ne se soutiendra pas longtemps dans la pratique d’un semblable devoir. Elle s’accommode mieux de la prédication publique que de ces conférences particulières. La chaire est le véritable théâtre d’un ministre hypocrite. C’est là, ainsi que dans ses fonctions publiques, qu’il aime à se montrer et qu’il se montre tout entier. Il faut d’autres hommes pour accomplir fidèlement le devoir que nous recommandons ici.
Nous devons donc nous y préparer et y préparer nos auditeurs par la prière.
Dans ces enseignements particuliers, nos reproches, même les plus sévères, doivent être accompagnés de témoignages d’amour ; il faut que nos auditeurs soient bien convaincus que nous ne cherchons que leur salut.
Si nous n’avons pas assez de temps pour entretenir ainsi tous nos paroissiens en particulier, faisons au moins ce qui est le plus nécessaire. Réunissons-en plusieurs ensemble, et adressons-leur des exhortations qui puissent convenir à tous.
Et maintenant, mes frères, c’est à vous à mettre en pratique les conseils que je viens de vous donner. S’ils blessent l’orgueil de quelques-uns de vous, ou la paresse et l’égoïsme de quelques autres, je suis convaincu que, malgré l’opposition de Satan et du péché, Dieu permettra que ces conseils ramènent plusieurs d’entre vous au sentiment de leur devoir et les engagent à travailler à la réformation de l’Église. J’espère que sa bénédiction les accompagnera pour les faire contribuer au salut des âmes, à la paix et à la consolation de ceux qui les mettront en pratique, à en encourager plusieurs à vous seconder dans cette sainte tâche, et à maintenir la pureté et l’unité de l’Église de Jésus-Christ. — Amen.