« Que chacun s’éprouve lui-même. »
Un vieux chrétien rend visite à des amis qu’on ne voit plus à l’Église. Parvenu à l’étage, il appuie sur le bouton de la sonnette… et brusquement, cesse le vacarme venant de l’appartement. Donc la famille est bien là.
Il attend…
Il tend l’oreille et perçoit un bruit léger : quelqu’un s’approche de la porte à pas feutrés, certainement pour lui ouvrir.
Pas du tout !
Nouvelle attente dans le silence et nouveau coup de sonnette. Puisqu’il est sûr de trouver à qui parler, le visiteur persévère ; il insiste une, deux, trois fois. Toujours sans résultat. Notre homme s’impatiente mais espère encore. La curiosité l’emportant, il s’autorise alors – une fois n’est pas coutume – à courber l’échine et à baisser la tête pour lorgner par le trou de la serrure. Pas pour longtemps d’ailleurs car aussitôt il se redresse et recule, tout penaud. C’est qu’il a aperçu de l’autre côté… devinez quoi ? Un œil brillant qui le regardait.
Cette illustration, que je dois au regretté pasteur Chapal, nous rappelle qu’il est chose aisée d’accuser les autres. Comme il serait préférable de se laisser sonder d’abord par “l’œil” divin ; élémentaire précaution pour qui redoute d’accabler injustement un frère éprouvé.
En effet, si les prières de l’Église, l’imposition des mains ou l’onction d’huile ne sont pas suivies d’effets, n’allons pas charger sans preuve le malheureux patient de je ne sais quel affreux péché en lui disant, l’air soupçonneux :
« Frère, je crois savoir pourquoi la délivrance ne vient pas : chez vous, doit se cacher un interdit que vous tolérez. Confessez-le sans délai en l’abandonnant résolument. Mettez de l’ordre dans votre vie… et Dieu vous bénira. »
Halte-là !
Ce serait cruauté que de parler ainsi. A-t-on le droit de “supposer” l’interdit dans un cas pareil, à moins que l’inconduite du patient ne soit notoire ? Et encore ! Si tel était le cas et avant de parler de guérison, il serait de mon devoir de dénoncer le péché en invitant le malade à y renoncer. Démarche difficile mais nécessaire. Elle sera sans doute mieux accueillie si je me présente devant le coupable comme un pécheur qui veut le bien de son interlocuteur. Quoi qu’il en soit, l’amour m’interdit de “soupçonner le mal ou le pire” (1 Corinthiens 13.5). Après tout, Dieu ne guérit que des pécheurs.
En examinant les Écritures il est possible de relever cinq motifs de non-guérison suite à une imposition des mains ou à une intervention des anciens. En effet :
1. Il est des cas où l’obstacle à la guérison est imputable à ceux-là même qui ont exercé ce ministère, qu’ils soient pasteurs ou anciens. Jésus nous autorise à y croire lui qui, descendant de la montagne de la Transfiguration, voit venir à lui un père éploré, désespéré devant son enfant épileptique : « Je l’ai amené à tes disciples et ils n’ont pas pu le guérir. »
La réponse du Maître est sévère, non pas à l’endroit du malade mais à l’égard des neuf qui ont tenté vainement de délivrer l’enfan : « Race incrédule et perverse… jusqu’à quand serai-je avec vous ? » (Matthieu 17.17).
Plus tard, en tête à tête avec eux, Jésus précise la cause de leur échec : votre incrédulité (v. 20). Ici, le Sauveur n’incrimine nullement le père, lequel n’a pas manqué de foi ni refusé de croire : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité. » Non seulement le Sauveur s’en prend à l’incrédulité de ses disciples mais il dénonce, indirectement sans doute, leur paresse, le manque de sérieux et de persévérance dont ils ont fait preuve. En disant : « Cette sorte de démon ne sort que par la prière et le jeûne », Jésus laisse entendre aux siens qu’ils ont négligé d’assiéger le trône de Dieu avec détermination ; la délivrance était à ce prix. Belle leçon pour nous qui lâchons si vite le combat, oubliant les malades une fois franchie la porte de l’Église ou de l’hôpital.
2. Parfois, c’est l’incrédulité de l’assemblée qui retient le bras du Seigneur. Dans les rencontres de prières les chrétiens intercèdent bien pour les malades mais trop souvent sans grande conviction et sans ardeur parce qu’ils n’attendent pas vraiment leur rétablissement. Savez-vous que le paralytique dont parle l’Évangile (Marc chapitre 2) fut guéri à cause de sa foi mais aussi de celle de ses brancardiers : « Voyant leur foi » (v. 5). Ces hommes, décidés à obtenir coûte que coûte la délivrance de l’impotent, ont eu l’audace de le faire descendre par le toit de la maison afin de le placer devant Jésus. Un bel exemple à méditer ! Grâce à eux, l’infirme obtint pardon et guérison devant la foule émerveillée. Il ne serait pas inutile parfois que les membres d’une même communauté se retrouvent pour laisser au Saint-Esprit le soin de leur révéler, s’il y a lieu, leur incrédulité, leur peu de zèle et de persévérance résultant de leur manque de foi. Rares sont les vrais intercesseurs que les silences de Dieu ne découragent pas. Soyons de ceux-là.
3. Si la guérison ne vient pas, peut-être faut-il incriminer la personne qui a pris l’initiative d’imposer les mains sans avoir, semble-t-il, qualité de le faire, c’est-à-dire sans avoir reçu de Dieu le don de guérison, un charisme que l’Église ne lui a pas reconnu (ceci ne concerne pas les anciens appelés à pratiquer l’onction d’huile). Oublierait-on que le Saint-Esprit qualifie et distribue ses dons comme il lui plaît (1 Corinthiens 12.11) ? Et si j’en crois la Bible, le don des guérisons n’est pas accordé à n’importe qui, fût-il ancien ou pasteur. « Tous ont-ils le don des guérisons » (v. 30) ? Certainement pas.
4. En considérant certains textes bien connus (Jacques 5.15-16 ; Psaumes 32.3-5 ; 1 Corinthiens 11.28-32) il est clair que dans nombre de cas c’est le péché non confessé qui fait obstacle à la réponse de Dieu. Aussi n’est-ce pas pour rien que l’apôtre Jacques parle de confession mutuelle lorsqu’il traite de la guérison des malades dans l’Église, le patient n’étant pas le seul à devoir examiner sa vie pour y mettre bon ordre ; ceux qui l’entourent sont invités à en faire autant. Il ne faudrait pas que le malade ait l’impression de comparaître devant un tribunal, les anciens faisant office de juges. Ah ! Si nous étions assez simples et plus libres entre nous pour reconnaître et avouer nos chutes lorsque Dieu nous le demande, que de progrès ferions-nous et que de changements s’opéreraient dans l’Église !
Il est reconnu que certains péchés peuvent entraîner la maladie et nuire ainsi à la guérison aussi longtemps qu’ils sont tolérés. D’où la nécessité d’en faire l’aveu et d’y renoncer. Les soucis, les excès de toute sorte, l’avarice, les désordres sexuels, la suractivité, l’inobservation du jour du repos… affaiblissent l’organisme et le rendent plus vulnérable. (À ce sujet lire : Maladie ou santé à votre choix – Bible et santé…).1
1 Maladie ou santé à votre choix (Mc Millen). Éd. Weber, Villa Emmanuel ; Monnetier-Mornex.
La Bible et la santé (Dr. C. Klopfenstein) ; Éd. La Pensée Universelle, 4 rue Charlemagne, Paris 4°.
5. Enfin et surtout il faut garder à la pensée le fait que notre Dieu est souverain. « Il est au ciel et nous sur la terre » (Ecclésiaste 5.1). Le Seigneur a-t-il promis à ses enfants qu’ils échapperaient à toute maladie et conserveraient jusqu’au bout une pleine santé (voir page 119) ? Ce serait oublier que l’homme extérieur se détruit, que la décrépitude fait inexorablement son œuvre. Et pourtant, « c’est l’Éternel qui guérit ». Il guérit certes, mais… à sa façon et le moment venu (revoir chapitre 5). Ne dictons pas au Seigneur sa ligne de conduite en brandissant ses promesses.
En conclusion, ne nous laissons pas troubler si tel malade ne guérit pas malgré l’intervention des frères. Continuons à croire et à implorer le Seigneur aussi longtemps que le mal n’est pas enrayé ou que le patient n’a pas été apaisé et relevé par le « Ma grâce te suffit » du Dieu d’amour.
Questions :