« A ceux qui disent :
— je n’éprouve pas le désir de prier,
— je ne me sens pas poussé à implorer le Seigneur,
— je n’ai pas envie de m’adresser à Dieu... »
Dans un passé déjà lointain, je fus appelé à travailler aux côtés d’un ami, serviteur de Dieu. Quoique vivant dans le même immeuble et partageant le même bureau, nous avions convenu, d’un commun accord, de ne pas inaugurer systématiquement chaque journée par un moment de méditation et de prière. La crainte de céder à la routine, de prier pour prier, nous retenait car nous avions soif, disions-nous, d’authenticité.
— Nous prierons lorsque nous en éprouverons le besoin, pour des sujets importants qui nous tiendront à cœur, lorsque nous nous sentirons vraiment poussés à prier ensemble.
Le résultat de cette décision hautement spirituelle fut bien décevant, car l’année s’écoula sans que nous ayons eu l’occasion ou même le désir de nous rencontrer une seule fois pour implorer le Seigneur… et cela malgré de sérieux motifs de le faire.
Dommage !
Les belles idées peuvent cacher de fort beaux prétextes pour ne pas agir. En tous cas, si vous attendez d’être « poussé » pour vous approcher de Dieu, certainement vous ne parviendrez jamais à une vraie vie de prière et vous ne goûterez jamais les joies d’une intime communion avec le Maître. Qu’on me permette ici d’évoquer les propos d’une vieille dame que je revois encore. Femme énergique et résolue malgré son âge avancé, elle nous racontait les immenses difficultés qu’elle avait dû surmonter, seule, tout au long de sa vie. Elle était repasseuse de son état et devait, de ce fait, rester de longues heures debout et immobile devant sa table, poussant sans relâche un fer à repasser lourd et brûlant.
— Mais comment pouviez-vous tenir ainsi du matin jusqu’au soir avec tout ce qui vous attendait à la maison ?
— C’est simple ! Quand la fatigue ou le découragement me guettait, je me secouais et me répétais pour ne pas céder à la pitié : « Ah ! il faut ! Ah ! Il faut, il le faut… »
J’entends encore résonner à mes oreilles ce « il faut » sans discussion de la vieille dame. « Il faut ! Ah ! Il le faut… »
Nous ferions bien d’imiter cette femme énergique, sans attendre de « nous sentir poussés » pour passer aux actes. Les réalisateurs ne sont jamais de ceux qui n’agissent que lorsqu’ils en ont envie.
Et d’ailleurs…
— Vous êtes-vous « senti poussé » une seule fois à vous rendre chez le percepteur pour régler vos impôts ? Cependant… « IL LE FAUT ».
— Vous êtes-vous « senti poussé » à quitter votre maison par un vent glacial pour aller à l’église un dimanche matin ? Et pourtant… IL LE FAUT puisque Dieu vous y attend.
— Vous êtes-vous « senti poussé » à vous rendre à l’hôpital pour visiter les malades et encourager ceux qui souffrent ? Ou à pénétrer dans une maison de deuil pour y apporter consolation et réconfort alors que la nature, gorgée de soleil, vous invitait à la promenade ? Et pourtant l’amour qu’inspire le Maître vous répétait : « IL FAUT. AH ! IL LE FAUT. »
— Vous êtes-vous « senti poussé » à rendre témoignage devant des personnes notoirement hostiles, moqueuses ou simplement indifférentes ? Et pourtant, le sort à venir et la détresse présente de ces gens vous redisaient : « IL FAUT. AH ! IL LE FAUT. »
— Enfin, de grand matin alors que vos paupières étaient lourdes de sommeil, vous êtes-vous « senti poussé » à sauter hors d’un lit douillet pour consacrer la première heure de votre journée à celui qui veut la remplir de sa présence ? Et pourtant, une voix vous redisait : IL FAUT. AH ! IL LE FAUT… pour lui faire plaisir.
Un jour, je fus invité à m’entretenir avec un jeune homme de trente ans à peine qui avait touché à la drogue. Autrefois brillant élève, il était devenu, à cause de ce fléau, un être amorphe totalement dépendant de ses parents. Il ratait sa vie et son avenir était sérieusement compromis, ce qui consternait les siens.
Avant de quitter ce garçon bien sympathique, je l’invitai à assister au culte de la paroisse.
— Tu dois savoir, lui dis-je, que demain c’est dimanche. Je pense que tu seras avec tes parents sur le banc de l’église, dès neuf heures…
— Euh ! Peut-être ! Si demain je me sens bien et en ai le courage, je les accompagnerai. Mais je ne puis promettre…
— Pas du tout ! C’est ce soir, maintenant même, que tu dois prendre la résolution de te rendre au Temple pour 9 heures. Si tu te décides ici devant moi, je t’assure que demain matin, tu te « sentiras disposé » à y aller.
Puis j’ajoutai en insistant :
— N’est-ce pas Jacques que tu viendras nous rejoindre à l’église ? En forme ou pas, y seras-tu ? Veux-tu me promettre que tu y seras dès 9 heures ?
Le jeune homme acquiesça timidement en me regardant. et le lendemain, à l’heure dite, j’eus la joie de le voir dans l’auditoire au milieu des siens.
Il y a des décisions qui rendent fort, en particulier celles qui sont prises à plusieurs. C’est pourquoi, si vous craignez de ne pas tenir, parlez-en à votre conjoint ou à un ami chrétien. En tout cas, ne dites pas : « Demain je prierai ou ferai telle visite si j’en ai envie, si je me sens disposé à agir. » Parler ainsi, c’est prévoir l’éventualité d’un abandon, c’est déjà s’y préparer, aussi faudrait-il fort peu de chose pour renoncer à passer aux actes. C’est pourquoi le soir, avant de vous enfoncer dans les draps, prenez la ferme décision de sortir du lit une demi-heure à l’avance pour Le rencontrer. Et pour que cette décision ne reste pas sans effet, confiez-la d’abord au Seigneur pour qu’il vous rende capable de tenir parole. S’il le faut, et parce que vous doutez de vous-même, réglez votre réveil à l’heure prévue en montant la sonnerie à fond. Pour être plus sûr, faites part à votre conjoint ou à l’un de vos proches de votre intention d’être tôt levé pour « vaquer à la prière ». Autrement dit, faites « tous vos efforts » (l’expression est biblique, 2 Pierre 1.5) pour passer aux actes.
Nous devons savoir que la prière exige parfois un choix difficile, un renoncement qui coûte et sera la preuve que Dieu occupe la première place dans notre cœur… car il faut reconnaître que nous préférerions parfois converser avec des amis, où regarder un documentaire passionnant à la T.V… ou rester une heure de plus sous les couvertures à sommeiller dans une douce tiédeur, plutôt que de nous retirer à l’écart pour prier…
Êtes-vous hésitant ? Alors rappelez-vous le ‘‘IL FAUT’’ de l’octogénaire. En un mot, soyez déterminé à faire plaisir au Seigneur.
A demain donc, sans faute, en compagnie de Jésus.
Questions :