Propos sur le temps

MAÎTRISE DE SOI ET DISCIPLINE

Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi… la maîtrise de soi.

2 Pierre 1.5-6

— C’est décidé ! Demain, je serai debout à 6 heures. Sans faute ! Avant d’aller au bureau, je tiens à lire ma Bible et à prier.

La résolution est ferme, le désir réel… et le réveille-matin remonté à fond. Hélas ! Le lendemain, la sonnerie a beau ébranler la chambre, l’homme ensommeillé soulève à peine la tête, puis se retourne dans ses draps. Il fait si bon sous les couvertures !

— Encore cinq minutes, puis je me lève.

Au bout d’une heure, et parce que le travail appelle, brusquement le bonhomme saute du lit… tout penaud d’avoir failli. Il a pu expérimenter cette constatation de Jésus : L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible (Matthieu 26.41).

Beaucoup se reconnaîtront dans ce personnage. Quand l’acte à accomplir réclame un effort ou requiert un sacrifice, on en reste aisément aux vœux pieux. Et il est vrai qu’on ne peut maîtriser le temps sans maîtrise de soi. Qui veut racheter le temps doit posséder cette vertu ; sinon il vaut mieux ne pas en parler.

Maîtrise de soi et discipline sont synonymes à quelques nuances près. Est maître de soi l’homme capable de contenir ses émotions, de dominer ses passions, de neutraliser ses réactions, de résister aux sollicitations de la chair, d’agir en dépit de ses réticences ou de ses désirs. C’est un être libre. Quant à l’homme discipliné, il contrôle ou module ses faits et gestes et ne laisse rien au hasard. Le contraire de « maîtrise de soi » est : faiblesse (de caractère), mollesse, abandon. « Discipline » a pour antonyme : désordre, anarchie. L’indiscipliné est brouillon, nonchalant, inconstant, négligent.

Maîtrise de soi et discipline : ces deux vertus se trouvent-elles en moi ? « Faites tous vos efforts, conseille l’apôtre, pour joindre à votre foi… la maîtrise de soi (2 Pierre 1.5-6). La chose est possible, puisque la maîtrise de soi est un fruit de L’Esprit (Galates 5.22) (1). A condition que je sois déterminé à l’acquérir.

(1) Maîtrise de soi qui est parfois traduit par « tempérance ».

La maîtrise de soi exige de ma part une ferme volonté de résister, quoi qu’il en coûte, aux sollicitations du « Moi » égoïste. Elle exige aussi une vigilance de tous les instants afin de ne pas lui céder. C’est ce qu’écrira à sa façon l’apôtre Paul : Courez de manière à obtenir le prix. Tout lutteur s’impose toute espèce d’’abstinences ; eux, pour recevoir une couronne corruptible, nous, pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, mais non pas à l’aventure ; je donne des coups de poing, mais non pour battre l’air. Au contraire, je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être moi-même disqualifié (1 Corintiens 9.24-27). Vous n’ignorez pas que les coureurs du Tour de France cycliste s’entraînent sérieusement durant des semaines afin de remporter cette grande épreuve. Et pendant la course, ces mêmes hommes luttent et pédalent rageusement, d’une part pour tenter d’arriver en tête sur les Champs-Élysées à Paris… et d’autre part, pour terminer chaque étape dans les délais, de peur d’être éliminés de la compétition.

De son côté, l’enfant résolu à devenir un bon pianiste doit monter et descendre des gammes sans se lasser, durant des mois et des années. C’est fastidieux, mais payant. Ce travail de longue haleine, souvent décourageant, porte à terme de beaux fruits. Il n’y a pas de victoire sans motivation, sans exercices réguliers et sans ténacité. Ce sont les violents qui s’emparent du royaume des cieux (Matthieu 11.12). Ici, pas de place pour les négligents et les indolents.

Lorsque j’aborde la question du jeûne — rarement il est vrai — la plupart des chrétiens s’exclament :

— Ah ! Ne me parlez pas de « sauter » un repas ! J’en suis incapable. Non je ne le peux pas.

Alors je rétorque :

— Qu’en savez-vous puisque vous n’avez jamais essayé ? Dites plutôt : « Je ne tiens pas à tenter l’expérience. » Ou encore : « Je ne veux pas me priver de nourriture… »

Tenir son corps, se montrer sobre en tout, sont pourtant des impératifs de l’Écriture (1 Thessaloniciens 4.4 ; 2 Timothée 4.5). Sans en faire une règle, j’affirme cependant que le jeûne a une valeur certaine : il consiste à remplacer un repas par un autre, plus excellent. En l’observant, même occasionnellement, le croyant au moins se prouve à lui-même qu’il est un homme libre, capable de dominer ses appétits. Et cela n’est pas sans importance. Que de personnes s’avèrent incapables de suivre un régime qui leur serait bénéfique ! La ligne de conduite de l’apôtre devrait être la nôtre : Je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit (1 Corinthiens 6.12).


♦   ♦

La vie collective a ses contraintes. Sujets d’irritations pour certains — les égoïstes — elles paraissent fort légères à quiconque est soucieux d’autrui. Sans un minimum de soumission aux règles établies, la société deviendrait une jungle et la vie un enfer. Le désordre n’est bon pour personne. Et pourtant, le terme de discipline est généralement mal perçu. Pour beaucoup de gens il est synonyme de joug pesant, d’obstacle à la liberté, de contrainte insupportable. De fait, l’ordre et la discipline sont plutôt un sujet de joie qu’un fardeau. Peut-on concevoir un seul instant la circulation sur un réseau routier encombré sans l’observation scrupuleuse du code de la route ? Quelles seraient vos réactions si votre voisin de palier embouchait la trompette toutes les nuits à deux ou trois heures du matin ? Après tout, ne sommes-nous pas des disciplinés qui s’ignorent, sans en souffrir pour autant ? N’est-ce pas à l’heure prévue que nous nous rendons à l’église le dimanche matin ? Ou au travail durant la semaine ?

L’homme discipliné n’est insupportable qu’aux… indisciplinés. Nous l’apprécierons davantage si nous habituons nos yeux à contempler ce qui est beau, harmonieux, propre et net. Prenons plaisir à ouvrir une armoire bien rangée, à nous attarder devant une bibliothèque où tout est classé en bonne place. Le cadre de vie est important. Soignons-le. Est-elle réellement heureuse, la ménagère qui traîne la savate en robe de chambre jusqu’à midi ? Est-elle épanouie, la maîtresse de maison qui évolue dans un appartement du genre « débarras » ? Des lits défaits, une vaisselle entassée sur l’évier, une salle d’eau où s’amoncelle le linge sale… tout cela n’incite guère à la joie dynamique. Tout autre est l’épouse fraîche et pimpante dès le matin. Chambres aérées, table débarrassée, armoires impeccables. communiquent la joie de vivre à tous les membres de la famille. Cette femme, certainement plus occupée que l’autre, ne semble pas porter le poids de sa tâche – elle l’accomplit avec plaisir – alors que la première, maussade et sans ressort, paraît trimer dans un cadre hostile qu’elle s’est fabriqué.

Ah ! Comme les parents seraient bien inspirés de donner à leurs enfants le goût de l’ordre, de la ponctualité, de l’amour du travail bien fait… bref, d’une vie disciplinée. Pourquoi ne pas exiger des siens qu’ils soient régulièrement présents à l’heure des repas. Pas de retard toléré. Tenez bon pour qu’ils prennent l’habitude de se coucher à des heures fixes, raisonnables. Ne souffrez pas que leurs armoires servent de fourre-tout. Félicitez-les lorsqu’ils ont le souci de bien ranger leurs affaires, leurs vêtements, leurs livres de classe. Enseignez-leur à faire leur lit avant de partir à l’école. Ce n’est pas leur faire tort que d’exiger ce minimum. Plus tard, ils vous sauront gré de leur avoir appris la discipline. Les habitudes contractées dans l’enfance marquent la vie. Ce n’est donc pas à négliger.

Jadis au pied du Sinaï et sous la houlette de Moïse, le peuple Israël s’organisa selon les directives reçues de l’Éternel. Chacun devait s’y conformer. Dans le camp, chaque tribu était tenue de dresser ses tentes à l’endroit indiqué par Dieu. Lors des déplacements, ces mêmes tribus occupaient une place déterminée dans le convoi, haltes et marches s’effectuant au rythme de la nuée. Sans discipline, ces deux millions de personnes auraient progressé dans une cohue indescriptible, pour ne pas dire plus…

Comme c’est vrai ! Un peu de discipline fait gagner du temps. Beaucoup de temps. Qui se veut efficace ne se borne pas à penser le programme de ses journées, à faire des choix judicieux : il s’applique avec autant de soin à bien réaliser toutes les tâches prévues à son programme.

Au début de l’année scolaire, l’instituteur dresse un emploi du temps qu’il affichera en bonne place dans la classe. Rien n’est laissé au hasard. Leçons et devoirs ne se succèdent pas au gré de son humeur. Non ! La géographie, le calcul, la lecture viendront au « temps marqué  ». Comme prévu, il consacrera trois quarts d’heure à l’orthographe et, s’il ne veut pas escamoter la leçon suivante, au bout de quarante minutes il ordonnera : « Fermez vos cahiers et prenez votre livre d’histoire. » Plus tard, lorsque sonneront les douze coups de midi, il congédiera la classe, même s’il s’avérait passionnant de s’attarder sur les causes de la défaite de Trafalgar ou sur l’épopée des taxis de la Marne. Tenir le temps est l’un de ses soucis constants. Il veut boucler l’année en ayant épuisé la matière inscrite au programme.

De la discipline, il en faut. Il en faut pour être fidèle au rendez-vous du matin. Dieu nous attend. Quelqu’un a dit : « Entourons ce moment de culte personnel du matin comme d’un fil de fer barbelé, afin que rien ne vienne l’interrompre ou le perturber. » L’âme sans recueillement est comme un corps sans sommeil.

Discipline encore pour s’accorder un temps suffisant de repos et de détente. Je veux rester fort. « Pour éviter à échéance de graves accidents, payons nos dettes de sommeil. »

Discipline toujours. Je ne déserterai pas les diverses rencontres de l’église. Dieu me convoque le dimanche matin : je répondrai à son invitation et me ferai un devoir d’arriver à l’heure. Un peu à l’avance si possible…

Discipline enfin ! Je consacrerai un temps suffisant à la lecture et à la méditation des Écritures. Qui s’en nourrit abondamment devient plus fort. La Parole inspirée est utile pour redresser… afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne (2 Timothée 3.16).

C’est à chacun de discerner dans quels domaines il doit se discipliner pour « racheter le temps ».

QUESTIONS

  1. Dans quels domaines de votre vie « flanchez »-vous régulièrement ? Lesquels par exemple ?
  2. Êtes-vous discipliné ? Réalisez-vous, en son temps, les choses que vous avez programmées ?
  3. Si vous êtes négligent et indiscipliné, dites-le à Dieu. Avez-vous le désir de changer ? Croyez-vous que le Saint-Esprit peut vous accorder la maîtrise de soi ?

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