Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra.
Le service terminé, la foule sort de l’église et s’attarde sur le parvis. Un ami de petite taille s’approche de moi pour me parler. Le brouhaha, autour de nous, est tel que mon interlocuteur se voit obligé de répéter ses phrases et de parler lentement en détachant ses mots. Peine perdue ; je ne saisis que des bribes de ce qu’il s’évertue à me dire ; aussi dois-je me pencher vers lui en tendant l’oreille, ma main servant de pavillon. Hélas ! Cet ami a beau forcer le ton et s’appliquer à articuler distinctement chaque syllabe, nous devons nous éloigner un peu pour arriver enfin à nous comprendre. Nos efforts conjugués finissent par avoir raison de cette pléthore de décibels.
Dois-je pour autant me culpabiliser d’avoir eu tant de peine à saisir les paroles de cette personne et tant de peine à établir un vrai contact avec elle alors que nous y étions l’un et l’autre bien déterminés ? Mon interlocuteur pouvait-il raisonnablement me reprocher de ne pas posséder une ouïe assez fine pour recevoir son message ? Devais-je me sentir coupable de l’avoir invité à répéter ses phrases ? Bien sûr que non. Au milieu de gens bruyants, il ne pouvait en être autrement.
De même, trop de chrétiens se culpabilisent sans motif. Je ne dois pas être étonné ni m’accuser si, d’aventure, j’éprouve une réelle difficulté à trouver le contact avec Dieu, même si la veille au soir, avant le coucher, je me suis sérieusement préparé pour le rencontrer. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Tel matin, Dieu peut être très présent dès que je le rejoins alors que, le lendemain, sans raison valable semble-t-il, j’ai l’impression de me trouver devant un mur. Mais, fi des impressions !Torrey, l’auteur de « Comment prier », disait : « Beaucoup de moments de prières les plus bénis ont souvent commencé dans un sentiment profond de mort spirituelle et une absence complète d’esprit de prière. Dans cette froideur je me suis abandonné à Dieu et il a répondu ».
Ne soyons pas incrédules. Dieu veut ardemment dialoguer avec nous mais l’adversaire s’y oppose ; d’où ce combat que déclenche inévitablement celui qui s’approche du Seigneur. Cette lutte fait partie de la vie chrétienne, c’est un pan de la persécution que doit subir l’enfant de Dieu. Satan, plus que quiconque, mesure l’importance de ce tête à tête quotidien ; aussi pèse-t-il de tout son poids pour que nous y renoncions. Et s’il nous voit réellement déterminés à chercher sa face, il s’emploiera à perturber la rencontre et à nous empêcher de concentrer nos pensées sur Jésus. Ne nous laissons pas arrêter par le rideau de fumée qu’il jette entre Dieu et nous. Il se dissipera le moment voulu et c’est le Père qui s’en chargera. Que les brouillards du diable ne nous impressionnent pas. Il nous suffit de savoir que le Père est là, dans le lieu secret, donc à nos côtés (Matthieu 6.6).
Et puis, une chose retient la plupart des chrétiens. C’est la pensée de perdre leur temps chaque fois qu’ils s’isolent pour prier Dieu alors qu’il y a tant à faire dans le foyer, dans la société ou dans l’église. L’action plaît davantage parce qu’elle laisse des traces. En effet, lorsque nous annonçons la Bonne Nouvelle, que nous rendons visite à des malades ou portons secours à des malheureux, nous avons le sentiment réconfortant d’être utiles, de vivre réellement l’Evangile… alors qu’une heure de prière ne laisse, semble-t-il, rien de palpable. Détrompons-nous. C’est de notre communion avec Dieu que naît, par exemple, notre angoisse pour le monde perdu. Près de lui, nous ne pouvons garder l’amour de Dieu pour nous seuls. Il déborde ; il nous presse. Il nous rend conscients des besoins du monde et nous donne l’occasion d’y répondre selon nos moyens. Bref, notre vie se simplifie et la présence de l’Esprit Saint « nous éloigne de l’intolérable essoufflement d’une activité fébrile ». (T. Kelly) Tout change quand Dieu est au gouvernail de notre vie.
Certes, il n’y a aucune obligation pour le croyant d’inaugurer chacune de ses journées par un moment de culte personnel. Il est un homme libre et Dieu respecte sa liberté. Mais parce que sa vie et sa santé spirituelle ainsi que la qualité de son service dépendent de ces précieux moments, il serait déraisonnable, pour ne pas dire dommageable, de négliger le rendez-vous du matin. On ne peut impunément décliner avec désinvolture la pressante invitation de Dieu : Cherchez ma face (Psaumes 27.8) sans attrister le Saint-Esprit. Puisque Jésus ne jugeait pas inutile de consacrer à son Père de longs instants aux premières lueurs du jour, soyons conscients de l’importance de ce face à face quotidien.
Avant de se présenter devant Dieu, il n’est pas superflu de se rappeler les sept vérités mentionnées ci-dessous. Inscrivez-les sur la page de garde de votre Bible. Lisez-les avec soin, mémorisez-les, cherchez à vous en pénétrer chaque fois que vous vous disposez à lui rendre votre culte quotidien qui est, ne l’oubliez pas, un service que Dieu attend de vous. Chaque vérité reconnue et acceptée fortifiera votre assurance et deviendra un puissant motif d’adoration.
Première certitude : Le Père est là dans le lieu secret (Matthieu 6.6). Donc il est déjà là. Soyez-en conscient. Il vous a précédé et vous attend, preuve qu’il vous est favorable. Plus que quiconque il désire votre amitié. A vous de répondre à cette divine présence par un acte de confiance. C’est un premier sujet de louange. Le Père est là.
Deuxième certitude : Le Père vous voit dans le lieu secret (Matthieu 6.6). Donc il s’intéresse à vous. Vous n’êtes pas un être oublié ou perdu dans la foule de ses créatures. Et si vous avez quelque difficulté à discerner sa présence, il se réjouira de « voir » que vous le cherchez avec détermination. Ne soyez pas pressé et attendez avec confiance qu’il entame le dialogue avec vous. Puis, bénissez-le pour l’intérêt qu’il vous porte et le bien qu’il veut vous accorder.
Troisième certitude : Le chemin jusqu’à Dieu vous est ouvert par le sang de la croix (Hébreux 10.19). Le cœur purifié, approchez-vous donc sans réticence de Celui qui ne repousse pas quiconque le cherche. Exprimez-lui ce nouveau sujet de reconnaissance.
Ici, je crois utile de citer quelques paroles de L. S. Chafer (1) : « Jésus a dit : Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi (Jean 6.37). Etant venu vers lui, je n’ai plus qu’une question à me poser : « M’a-t-il mis dehors ? » Cette question est excessivement sérieuse car la sincérité et l’honnêteté du Christ sont en jeu. Celui qui doute (du salut) à ce point ne commet pas un acte d’humilité, il commet au contraire le péché de méfiance envers Dieu. Il fait Dieu menteur. Sans la foi, il est impossible de lui être agréable (Hébreux 11.6). Douter est faute grave.
(1) Lewis Sperry Chafer, Le Salut (Mission Evangélique Belge).
Quatrième assurance : Et le Père te le rendra (Matthieu 6.6). Lui offrir notre culte dans le secret c’est un service que Dieu « demande » (Jean 4.23) ; un service qui recevra une récompense exceptionnelle puisque la louange lui est plus agréable que les plus grands sacrifices (Psaumes 69.31, 32). Quel insigne privilège et quel merveilleux sujet de louange que d’être admis au service du Roi des rois, du Seigneur des seigneurs ! Alors, sans parcimonie, servez-le avec joie.
Cinquième certitude : La communion avec Dieu si précieuse est un don, une grâce, une faveur imméritée. Alors pourquoi douter et ne pas s’en saisir ? A vous d’accepter maintenant ce cadeau du ciel en bénissant avec reconnaissance le divin Donateur. Jésus lui-même nous y encourage : Que celui qui a soif (de vraie communion) vienne à moi et qu’il boive (Jean 7.37), c’est-à-dire saisisse maintenant, par la foi, ce que JE lui accorde.
Sixième assurance : Dieu, tel un refuge, nous protège de l’adversaire. L’essentiel est donc de « demeurer en Lui », d’habiter dans ce lieu sûr en l’invitant à capter et à garder nos pensées en Jésus-Christ (Philippiens 4.7). Ce n’est donc plus notre affaire de chasser ou de juguler des pensées vagabondes, c’est l’affaire du Seigneur. Notre part est de le vouloir et d’attacher du prix à son action, de le laisser agir en nous, d’entrer dans le repos de nos vains efforts en nous abandonnant avec confiance au Tout-Puissant puisque c’est lui qui le fera. Jérémie nous rappelle qu’il est bon d’attendre en silence le secours de l’Eternel (Lamentations de Jérémie 3.26).
Septième assurance : Le juste vit par la foi (Habakuk 2.4 et Romains 1.17) et non par la joie ou les sentiments. Peu soucieux de ce que je peux ressentir, indifférent à mes états d’âme, qu’ils soient merveilleux ou non, je détourne les yeux de ce que j’éprouve pour les fixer sur Jésus, le chef de la foi. Quand bien même j’aurais l’impression de me trouver devant un mur, je dirai avec conviction : « O Dieu, peu importe ce que je ressens pourvu que je sois entre tes mains ». Alléluia !
N’est-ce pas le Père qui, le premier, s’est présenté devant nous ? Croyons-le et répondons à sa présence avec un cœur sincère. Les impressions, quelles qu’elles soient, ne doivent pas nous arrêter ou nous faire douter. Et puisqu’il nous accorde gratuitement, tel un don, cette précieuse relation d’amour avec le ciel, saisissons-la dans la louange, en toute simplicité. Qu’elle éclate, mais pour Dieu seul.
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