Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
Mes chers frères, et vous en particulier, chers candidats au saint ministèreb,
b – Sermon prêché au temple de Codognan (Gard), le 24 septembre 1878, pour la consécration de MM. G. Merle et W. Milsom.
A l’origine des institutions ou des œuvres de Dieu, il y a souvent une parole qui les définit en les produisant, et qui leur donne à la fois le nom et l’existence ; et l’on conçoit alors que pour connaître l’esprit de l’institution, le caractère spécial de l’œuvre dont il s’agit, il n’y a rien de plus utile ni de plus instructif que de remonter à cette parole primitive. Par exemple, si vous voulez vous faire une idée de la création elle-même, et du rapport qu’elle implique entre l’œuvre et l’ouvrier, entre le Créateur et la créature, nulle parole de la Bible ne sera méditée avec plus de fruit que ce verbe divin initial, ce mot sublime et fécond du premier jour : « Dieu dit : Que la lumière soit ! et la lumière futc. » Si vous cherchez à vous rendre compte du privilège spécial du peuple d’Israël et de la mission qui lui a été confiée, vous n’avez qu’à consulter, soit la parole qui est comme la préface de l’Alliance du Sinaï : « Vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainted » ; soit, en remontant plus haut encore, la vocation adressée à Abraham, et surtout la promesse qui la termine : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toie ». Si, parmi les paroles de Jésus, j’avais à en choisir une qui exprimât avec une clarté particulière l’esprit de sa vie et de son activité, et qui résumât mieux que toute autre ce qu’on pourrait appeler sa religion et sa morale, je ne sais si, après un mûr examen, je ne m’arrêterais pas à la première de ces paroles, au mot que Jésus âgé de douze ans prononça dans le temple de Jérusalem : « Ne saviez- vous pas qu’il me faut être occupé aux affaires de mon Pèref ? »
c – Genèse 1.3.
d – Exode 19.6.
e – Genèse 12.3.
f – Luc 2.49.
Aujourd’hui, c’est du ministère évangélique que nous avons à nous entretenir. Au moment où vous mettez le pied, mes chers jeunes frères, sur le seuil de cette sainte vocation, je dois, autant qu’il est en moi, et autant que le permet le temps dont nous disposons, vous en retracer le but, la grandeur, les conditions, les devoirs ; eh bien ! il m’a semblé que je n’avais rien de mieux à faire pour cela que de remonter à la première parole de la Bible où il soit question de ce ministère, à celle par laquelle notre divin Maître l’a tout à la fois institué et défini : « Suivez-moi, dit-il aux fils de Jona et à ceux de Zébédée, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Il est vrai que tous ne conviennent pas que cette parole renferme l’institution du ministère évangélique. Quelques-uns en veulent borner l’application aux seuls apôtres. Assurément les apôtres ont été des pêcheurs d’hommes exceptionnellement puissants et bénis, et dans toute l’histoire du royaume de Dieu, il n’y a pas eu de coup de filet égal au premier, par lequel l’ancien pêcheur de Bethsaïda prit à la fois trois mille âmes. Cependant, la qualité de pêcheurs d’hommes ne saurait être comptée parmi les privilèges que les apôtres ont emportés avec eux dans la tombe. Il y a bientôt dix-huit siècles que le dernier survivant du collège apostolique a été recueillir dans l’éternité le fruit de ses travaux ; depuis ce temps, combien n’y a-t-il pas eu, combien n’y a-t-il pas encore de milliers d’hommes à pêcher, je veux dire d’âmes à sauver ! Leur salut serait impossible, s’il n’y avait plus de pêcheurs d’hommes.
D’autres soutiennent au contraire que ces mots : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes », s’appliquent à tous les chrétiens. Bien loin de combattre cette application générale de la promesse du Sauveur, je la considère comme très vraie, très légitime, très importante ; je demande seulement qu’on ne la préconise pas au détriment de l’application plus restreinte qui exprime mieux ici l’intention première et directe de Jésus. Il est certain que Jésus n’aurait pas dit aux premiers venus de ceux qui croyaient en lui, dans le même sens qu’aux futurs apôtres : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » « Les Évangélistes, comme le dit très bien Calvin, ne décrivent pas ici seulement une vocation générale à la foi, mais une vocation spéciale à la charge. » Ces hommes avaient une profession, celle de pêcheurs de poissons ; Jésus les appelle à la quitter pour se préparer sous sa direction à l’exercice d’une profession nouvelle, celle de pêcheurs d’hommes. Travailler à gagner des âmes pour le royaume de Dieu, est le devoir de tout croyant ; mais Jésus a voulu que, parmi ses disciples, il y en eût quelques-uns qui eussent pour office spécial et unique l’accomplissement de ce devoir.
Je crois donc que notre texte est de ceux dont on peut inférer, en écartant avec le plus grand soin toute idée et toute prétention sacerdotales, et la légitimité du ministère évangélique, et son institution par le Seigneur Jésus lui-même. Mais je ne juge pas nécessaire d’insister sur ce point en ce jour et devant cette assemblée. J’ai à cœur de vous présenter des réflexions d’un caractère plus pratique et, m’efforçant de m’attacher d’aussi près que possible à la lettre comme à l’esprit de mon texte, je les rangerai sous ces trois chefs principaux : la nature et le but du saint ministère, « Vous serez pêcheurs d’hommes » ; la source où il puise toute sa vertu, « Je vous ferai pêcheurs d’hommes » ; les conditions de son exercice fidèle et efficace, « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes ».
La comparaison contenue dans les paroles de notre Seigneur est claire est frappante. Comme les poissons dans les flots, ainsi les âmes des hommes sont errantes et comme plongées dans ce monde de péché, une mer vaste comme l’autre et, comme elle, pleine de trouble et d’agitation. les « retirer du présent siècle mauvais », comme s’exprime saint Paul, pour les recueillir dans le royaume de Dieu, c’est la tache du ministre de l’Évangile, c’est le but de tous ses efforts. Au reste il y a entre l’image et la réalité, entre la pêche matérielle et la pêche spirituelle, un contraste qui frappe à première vue. On pêche de des poissons pour les faire périr ; on pêche des hommes pour les sauver. Car l’eau est l’élément naturel des poissons, et ils n’en peuvent sortir sans perdre bientôt la vie. Mais le péché n’est pas l’élément naturel de l’homme, et s’il s’y trouve à l’aise, s’il y croit être heureux, c’est le résultat et le signe de la dépravation profonde de sa nature. Non, l’âme humaine n’est pas faite pour vivre dans ces basses profondeurs de la sensualité et de l’égoïsme ; comme les poissons dans l’eau du Nil changée en sang, elle ne peut qu’y mourir ; elle est faite pour respirer l’air du ciel ; elle est faite pour vivre de vérité, de pureté, d’amour, de communion avec Dieu ; elle est faite enfin pour ce royaume de Dieu que Jésus-Christ lui a ouvert et où elle entre par la foi.
Elle nous est familière, mes chers frères, mais qu’elle est solennelle, qu’elle est émouvante, cette vérité, que toute âme d’homme va vers la mort, que dis-je ? qu’elle est comme plongée dans la mort, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé la vie et le salut en Jésus ! Et qui pourrait dire ce qu’éprouvait le Rédempteur des hommes durant ses nuits de méditation et de prière, alors que contemplant, comme du haut d’un promontoire, d’une part ce lac bourbeux qui s’appelait Israël, d’autre part cette mer presque sans bornes du monde païen, il se disait : « Toutes ces âmes seraient perdues, si je n’étais pas venu les chercher et les sauver ! que dis-je ? elles seront perdues, si je ne réussis pas à les amener à la foi et à les gagner par mon Évangile ! » Oh ! comme on comprend, à ce point de vue, l’empressement que mit le Seigneur Jésus, dès les premiers jours de son ministère, à recruter des pêcheurs d’hommes, et la joie qu’il dut éprouver lorsque les premiers répondirent à son appel avec une si prompte docilité !
Il y a quelque chose de cette joie aujourd’hui à votre sujet dans le cœur de votre Sauveur, chers candidats au saint ministère, si, comme tout nous le fait espérer, vous êtes vraiment de ceux qu’il a appelés ; si c’est avec une foi sincère, avec un désir ardent de vous consacrer à Dieu, avec un amour généreux pour les âmes qui périssent, que vous acceptez à votre tour la vocation de pêcheurs d’hommes. En est-il une qui puisse se comparer à celle-là ? L’élévation du ministère évangélique au-dessus des soins vulgaires qui remplissent la vie de la plupart de nos semblables, éclate dans ce contraste : pêcheurs de poissons, – pêcheurs d’hommes ! Là, une occupation toute matérielle ; ici, une œuvre toute spirituelle. Là, le souci légitime, mais étroit, de gagner sa vie et de se procurer, si possible, une modeste aisance ; ici, la soif toute désintéressée de gagner les âmes à Dieu. Là, un labeur dont l’objet et le résultat sont purement temporels ; ici, un travail qui porte déjà dans le temps des fruits inexprimablement précieux, mais qui ne recueillera les plus beaux que dans l’éternité.
Certes, je n’oublie pas, mes frères, qu’il y a aussi d’autres vocations dont l’objet est fort élevé, comme celles de l’instituteur et du médecin, et que toutes les occupations honnêtes peuvent et doivent être ennoblies par l’esprit chrétien et tournées vers la gloire de Dieu. Mais enfin, le pasteur est appelé plus directement, plus constamment que tout autre, à imiter l’œuvre de Jésus et à s’y associer ; son droit, comme son devoir, est de ne vivre, de n’agir, de ne parler, de ne respirer que pour un seul but, le salut des âmes ; et ce but est celui-là même pour lequel Dieu a créé l’homme et pour lequel le Fils de Dieu est venu sur la terre et a versé son sang sur la croix. Assurément, chers candidats au saint ministère, il y a dans cette perspective de quoi enflammer vos cœurs d’un saint enthousiasme, et non seulement les vôtres, mais tout cœur capable de comprendre ce qui est grand et beau. J’ose espérer qu’aujourd’hui même, parmi les jeunes gens ou même parmi les très jeunes garçons qui m’entendent, il y en a plus d’un qui se sentira pressé de marcher sur vos traces, et qui en ce moment dit tout bas à son Dieu : « O Dieu ! si tu veux bien agréer et exaucer le vœu que je te présente, moi aussi je serai un pêcheur d’hommes. »
Pour vous, chers futurs collègues, l’exhortation pressante que je vous adresse comme je me l’adresse à moi-même, est celle-ci : Ne perdez jamais de vue ce but précis de votre vocation, cette définition que Notre Seigneur en a donnée le jour où il a institué le ministère. Vous allez être pasteurs, pourquoi ? Non pas pour vous faire, comme on dit, une situation ; vous l’auriez sans peine trouvée ailleurs plus brillante. Non pas pour occuper un poste qui concilie assez généralement à ceux qui le remplissent d’une façon honorable un certain degré d’estime et de bienveillance ; celui qui cherche ces avantages ne les mérite pas ; « celui qui veut plaire aux hommes, dit saint Paul, a cessé d’être serviteur de Christg ». Non pas pour faire briller vos talents dans la chaire ; si c’était là votre principal souci, vous ne seriez plus des pêcheurs d’hommes, mais des acteurs et des charlatans ; – ô Dieu, sauve-les, sauve-nous de ce péché ! – Non pas avant tout, pour travailler, dans le milieu où vous serez placés, à cultiver les intelligences, à redresser et à polir les mœurs ; si vous êtes fidèles, ces choses vous seront données par surcroît. Si vous êtes de vrais ministres de Jésus-Christ, vous n’aurez plus désormais qu’une ambition, celle de sauver des âmes. Sans doute, la mission du pasteur a plusieurs aspects ; ses moyens d’action sont divers ; dans un village surtout, – vous allez commencer l’un et l’autre, et je vous en félicite, par être pasteurs de campagne, – le pasteur est l’auxiliaire et l’appui de l’instituteur, l’ami et le pacificateur des familles, le conseiller naturel de ses paroissiens dans un grand nombre de circonstances ; il est à tous égards un agent de progrès et de civilisation ; mais tout cela doit être subordonné au but suprême que nous avons rappelé et défini. Voyez le pêcheur : son affaire, à lui, est de prendre des poissons ; soit qu’il parte pour une expédition, soit qu’il en revienne, soit qu’il jette ses filets, soit qu’il les retire, soit qu’assis sur le rivage il les raccommode, comme faisaient justement les fils de Zébédée quand Jésus les appela, c’est à prendre des poissons qu’il travaille ; s’il n’a pas pris de poissons, il n’est pas content, alors même qu’il aurait conduit fort habilement sa barque, que ses filets seraient en bon état et son bateau richement décoré. Voilà votre modèle, mes chers jeunes frères. Quand vous aurez acquis la réputation de pasteurs évangéliques, dévoués, consciencieux ; quand vous vous serez concilié les sympathies de vos paroissiens ; quand vous aurez même réalisé dans vos Églises des progrès extérieurs ; quand le culte public et l’école du dimanche y seront mieux fréquentés ; quand les élections presbytérales s’y feront paisiblement et donneront des résultats satisfaisants ; quand les divers organes de la vie ecclésiastique fonctionneront avec régularité, réjouissez-vous, rendez grâces à Dieu, j’y consens ; ce sont des encouragements, des signes favorables, je l’accorde ; mais enfin tout cela ne peut pas vous suffire, tant qu’il n’y a pas d’âmes sauvées. Vous ne pouvez pas non plus vous contenter de voir ici et là de bonnes dispositions ; c’est comme si un pêcheur se contentait de voir un poisson tirer et agiter l’hameçon au lieu d’y mordre franchement. Il faut que les confidences que vous recevrez dans des entretiens particuliers et spécialement au chevet des malades et des mourants, et surtout le spectacle de vies amendées et transformées, témoignent que quelques âmes au moins ont passé des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu. Ne vous payez pas de beaux raisonnements sur l’invisible croissance de la semence ; on ne la voit pas croître, sans doute ; mais quand elle a crû pendant quelque temps, on finit bien par s’en apercevoir. Rien ne nuit plus à l’efficacité du ministère de pasteurs pieux et bien intentionnés que cette lâche résignation à l’insuccès spirituel, qui n’est que trop commune parmi nous. Sans doute un pêcheur n’est pas toujours responsable du succès de sa pêche ; mais que penserait-on d’un pêcheur qui, par habitude et presque par principe, aurait pris son parti de ne rien prendre ? Eh bien ! il ne manque pas de pasteurs qui voient s’écouler cinq, dix, vingt années de leur ministère sans être témoins d’une seule conversion, et qui ne s’en étonnent ni ne s’en affligent beaucoup. Naturellement, il leur est fait selon leur foi, je veux dire selon leur incrédulité.
g – Galates 1.10.
A la vérité, mes frères, la mission pastorale telle que je viens de la définir est effrayante en même temps qu’imposante par sa grandeur ; et si c’était sur nos forces et notre sagesse que nous étions appelés à compter, le découragement et la défiance qu’éprouvent beaucoup de pasteurs ne seraient que trop concevables ; on pourrait même y voir la preuve d’une louable humilité. Mais Jésus-Christ n’a pas dit : « Faites-vous pêcheurs d’hommes » ; il a dit : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Notre texte – ou du moins cette partie de notre texte – ne contient pas un commandement que le Seigneur nous charge d’accomplir, mais une promesse qu’il veut accomplir lui-même en nous et par nous.
Jésus-Christ est en effet le vrai pêcheur d’hommes, c’est-à-dire l’unique Sauveur. S’il daigne nous associer à son œuvre, il est clair que nous ne pouvons recevoir cet honneur qu’à la condition d’être des instruments dociles qu’il a formés et par lesquels il agit.
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Cette magnifique promesse résume en peu de mots toute l’œuvre de grâce que Jésus-Christ a accomplie chez ses apôtres, et qu’il accomplit encore chez tout ministre de l’Évangile digne de ce nom. Essayons d’en marquer les principaux degrés.
Le premier est la conversion. Pour devenir pêcheur d’hommes, il faut avoir été, pour ainsi dire, péché soi-même ; pour travailler à la conversion de ses semblables, il faut être converti ; pour faire des chrétiens, il faut être chrétien ; pour annoncer efficacement le Sauveur des hommes, il faut avoir trouvé en lui son propre Sauveur. Rien n’est plus évident, ni plus élémentaire. Et pourtant, mes frères, qui pourrait soutenir qu’il n’y a pas de ministres de l’Évangile chez qui manque ce premier fondement, sur lequel tout le reste doit reposer ? Hélas ! il ne nous est pas permis d’en douter : il y a des pasteurs inconvertis ; il y en a d’autres qui demeurent pendant des années, peut-être toute leur vie, au sujet de leur état de grâce et de leur participation personnelle au salut, dans un état d’incertitude qui les ronge et qui paralyse leur activité. Mes chers et vénérés frères dans le ministère, s’il y a quelqu’un de vous qui se reconnaisse à ces traits, oh ! pour l’amour des âmes dont il a charge, si ce n’est pas pour l’amour de la sienne propre, qu’il se convertisse aujourd’hui même ! qu’il vienne au Sauveur comme le premier des pécheurs ! – en vérité il n’y en a pas de plus coupable que le pasteur inconverti, ni de plus malheureux ; – qu’il s’attache à sa croix ! qu’il reçoive et qu’il saisisse pour son propre compte cette bonne nouvelle du pardon gratuit en Jésus que sa bouche a souvent proclamée, mais à laquelle son cœur est resté plus ou moins étranger !
Le deuxième degré de l’œuvre divine dont nous parlons, est la vocation. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, disait Jésus à ses apôtres, c’est moi qui vous ai choisis » ; et c’est encore lui qui choisit et qui appelle les vrais pasteurs. Il est vrai qu’aujourd’hui les futurs ministres de l’Évangile ne peuvent pas entendre un appel extérieur comme celui qui fut adressé à Pierre et à Jean, et qu’ils n’ont pas le droit non plus d’attendre un appel intérieur surnaturel, mystique, comme celui que recevaient les anciens prophètes. La vocation au saint ministère se manifeste de diverses manières : par les aptitudes que Dieu a données au jeune homme, par les bons désirs qu’il lui inspire, par l’œuvre que son Esprit a commencée dans son cœur, par les circonstances mêmes où sa Providence l’a placé. Mais il faut qu’après beaucoup de réflexions, de prières, d’hésitations et de luttes intérieures peut-être, il arrive pourtant à la conviction profonde que c’est le Seigneur même qui l’autorise et qui l’appelle à paître ses brebis. Cette conviction, Dieu vous l’a donnée, n’est-ce pas, mes chers jeunes frères ? Chez vous le sentiment de votre vocation pastorale a coïncidé peut-être avec le premier éveil de la foi chrétienne ; les tentations, les désirs de la jeunesse, les doutes plus ou moins inséparables des études théologiques, ont pu un moment ébranler votre vocation, mais cette épreuve même a constaté qu’elle avait de solides racines. Qu’il plaise à Dieu, toutefois, de l’affermir aujourd’hui même et de la renouveler dans vos cœurs chaque jour de votre carrière pastorale !
Le troisième degré est la préparation et l’éducation spirituelle des futurs pêcheurs d’hommes. Que n’y aurait-il pas à dire sur celle des apôtres ! C’étaient des gens sans lettres et sans culture, imbus de tous les préjugés de leur nation ; il fallait faire d’eux les instituteurs religieux du genre humain, et pour les former à cette tâche incomparable, Jésus n’avait pas trois ans. Aussi peut-on dire que l’éducation de ses apôtres a été, non pas la partie la plus éclatante, mais, à coup sûr, la principale de son activité et comme le triomphe de sa charité et de sa sagesse. Non seulement il les a pris partout avec lui ; il les a fait assister à ses discours publics et à ses miracles ; mais, dans des entretiens particuliers, il leur expliquait les mystères du royaume de Dieu ; il reprenait leurs fautes et leurs erreurs avec une douceur qui n’excluait pas la sévérité ; tantôt il confondait par ses prédictions leur ambition et leurs espérances charnelles, tantôt il relevait par ses promesses leur courage abattu ; il les associait à ses privations et à ses épreuves, et par les missions temporaires qu’il leur confiait, les préparait à leur ministère futur. Tel est le modèle d’éducation en vue du saint ministère que Jésus-Christ nous a donné, et que les Églises chrétiennes, il faut le reconnaître, n’ont que bien faiblement imité ou même essayé d’imiter. Vos années de préparation ont été loin, je le crains, chers candidats au saint ministère, de valoir celles des apôtres ; en partie, vous me reprocheriez de l’oublier, par votre propre faute ; en partie par celle de nos institutions, trop froidement intellectuelles et académiques. Toutefois, j’ose croire que ces belles années de vos études théologiques ont pourtant été passées dans la communion du Seigneur et vous ont fait faire quelques progrès dans sa connaissance. Il y a, je le sais, une théologie superbe qui, loin de suivre Jésus, se flatte de l’avoir dépassé et le cite à son tribunal ; il y a une théologie aride qui s’absorbe dans les questions d’érudition et de détail et que les arbres, comme dit un proverbe allemand, empêchent de voir la forêt ; il y a une théologie verbeuse qui n’est guère qu’une application de la rhétorique à la religion, et qui couvre avec des phrases pompeuses le vide de l’esprit et du cœur. Mais, grâce à Dieu, telle n’est pas la théologie qui vous a été enseignée dans notre chère école de Montauban. Vos maîtres ont eu à cœur de glorifier devant vous leur Sauveur et le vôtre. Ils vous l’ont montré, par l’exégèse, salué, entrevu, nommé d’avance par les prophètes, célébré par les apôtres, qui ont tous puisé dans sa plénitude divine, et dont chacun semble avoir eu pour mission de mettre en lumière une face de sa personne et de son œuvre. Ils vous ont montré Jésus-Christ dans l’histoire de l’Église, établissant et étendant son. règne malgré la résistance opiniâtre et les vains cris de triomphe de ses ennemis, les défaillances et les égarements souvent si lamentables de ses disciples, et communiquant à son Évangile cette vertu de vie et de résurrection qui lui est propre. Par la dogmatique, ils vous l’ont montré réunissant en sa personne divine et humaine les rayons épars de la vérité, et versant en quelque sorte de son sein les trésors de la sagesse et de la science. Tandis que vous écoutiez ces savantes et pieuses leçons, vous cherchiez la présence du Sauveur dans le silence et dans la retraite ; vos chambres d’étudiants devenaient des chambres hautes où vous parliez et où il vous répondait ; vous essayiez vos jeunes forces à son service dans des œuvres d’évangélisation et de bienfaisance ; et pendant tout ce temps, par tous ces moyens, malgré leur imperfection, le Seigneur vous préparait, incomplètement je le veux, mais plus efficacement que vous ne le savez et ne le pensez encore aujourd’hui, à devenir pêcheurs d’hommes.
Que si toutefois le sentiment des lacunes de votre préparation vous attriste, consolez-vous par cette pensée, qu’elle se poursuit pendant toute la vie. Grâces à Dieu, vous n’êtes pas appelés, à partir d’aujourd’hui, à voler de vos propres ailes, à travailler par vos seules forces ; ou du moins, si vous êtes désormais indépendants à l’égard des hommes, ce n’est que pour être plus complètement dépendants à l’égard du Seigneur. Non seulement il vous a préparés à devenir pêcheurs d’hommes par une discipline antérieure, mais il vous rend et vous rendra tels par sa grâce présente ; c’est là le quatrième degré de cette œuvre divine qui nous occupe en ce moment. Il vous appelle à être pêcheurs d’hommes, ai-je dit, mais il vous donne le filet ; le filet, c’est sa parole, et quand je dis la sienne, je n’en sépare pas celle des apôtres qu’il a inspirés ; il n’y a que ce filet qui soit bon pour prendre des âmes ; tout autre a les mailles trop lâches, et les laisse échapper. Étudiez donc les saintes lettres ; consacrez à cette étude vraiment royale la meilleure partie du temps que vous pourrez accorder à votre travail de cabinet ; apportez-y cette régularité, cette persévérance sans laquelle rien ne réussit ; ne substituez jamais votre parole à celle de Dieu, mais faites en sorte que par la méditation, par la foi, par la prière, par l’expérience chrétienne, la Parole de Dieu devienne vraiment vôtre, tellement que vous puissiez dire comme saint Paul : « Il a mis en nous la parole de la réconciliationh. »
h – 1 Corinthiens 5.19.
Le Seigneur, disais-je, vous a donné le filet de sa parole ; et j’ajoute que pour vous instruire à le manier avec habileté, pour vous apprendre comment, de quel côté, à quel moment il faut le jeter, il vous a promis les directions de son Esprit. Cet Esprit de force, de charité et de prudence, appelé en vous journellement par la prière, retenu et cultivé pour ainsi dire par la droiture de cœur, par la promptitude à confesser le péché et la vigilance à le fuir, vous apprendra, soit dans vos discours publics, soit dans vos entretiens particuliers, à parler des choses de Dieu comme il faut en parler. Il vous donnera cet accent de hardiesse et en même temps d’humilité, de vérité, d’expérience personnelle, d’amour surtout, qui est plus puissant que tous les raisonnements. « Je vous donnerai une bouche et une sagesse, disait Jésus à ses apôtres, à laquelle personne ne pourra résisteri. » Vous vous rappelez cette nuit pendant laquelle les apôtres avaient travaillé sans rien prendre. Le lendemain matin, Jésus ressuscité leur apparaît et leur dit : « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverezj. » Ils obéirent, et vous savez comment ils furent récompensés. Si nous étions attentifs et dociles à toutes les directions de l’Esprit du Seigneur, nous aurions plus souvent de ces joyeuses surprises.
i – Luc 21.15.
j – Jean 21.6.
Car c’est au Seigneur qu’il appartient (dernier degré de l’œuvre que nous retraçons) de donner le succès ; après avoir agi par son Esprit sur l’esprit et le cœur de ses témoins, il agit par ce même Esprit sur les âmes de ceux qui entendent leur témoignage. Nous semons, il donne l’accroissement ; nous jetons le filet, il amène les poissons dans le filet. Cette conviction doit nous préserver de toute impatience fiévreuse, de toute confiance exclusive dans tel ou tel procédé extérieur, car le Seigneur nous bénira à son heure et à sa manière, et non pas à la nôtre ; mais aussi de quelle confiance ne doit-elle pas nous remplir ! Car, en disant que c’est au Seigneur qu’il appartient de nous donner le succès, nous ne voulons pas dire qu’il se réserve de nous le donner ou de nous le refuser selon son bon plaisir. Nous connaissons son intention, nous avons sa promesse : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Cette promesse n’est ni moins claire, ni moins ferme, ni moins divine que ne l’est, par exemple, cette autre promesse que nous rappelons sans cesse aux pécheurs : « Je ne mettrai pas dehors celui qui viendra à moik. » Si nous n’osons pas compter sur celle-là, de quel droit invitons-nous nos auditeurs à se reposer sur celle-ci ? O mes chers jeunes frères, je vous en conjure ne vous laissez pas appesantir et endormir par l’atmosphère de découragement que nous respirons ; entrez et marchez en avant dans le ministère, le cœur plein d’une joyeuse espérance, fondée, non sur vous-mêmes, mais sur la seule promesse et la seule grâce de votre Dieu. Vous vous sentez faibles et indignes, soit ; ce sentiment était plus vif et plus douloureux chez Simon-Pierre que chez vous, car il venait de tomber aux pieds de Jésus en s’écriant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur ! » Mais le Seigneur le relève et lui dit…. quoi ? ce qu’il vous dit à vous-mêmes : « N’aie point peur, car désormais tu seras pêcheur d’hommes vivants. »
k – Jean 6.37.
Je crains de toucher déjà, mes chers frères, aux limites du temps dont je puis disposer, et pourtant il me semble que le plus important me reste à vous dire, puisque j’ai à parler des conditions de l’efficacité du ministère. Ce qui me console de ne pouvoir traiter comme je le voudrais cette partie de mon sujet, c’est qu’au fond je l’ai déjà traitée.
En vous entretenant, chers candidats au saint ministère, de l’œuvre que Dieu veut accomplir en vous et par vous, je n’ai pu faire autrement que de vous exhorter à y répondre et qu’essayer de vous montrer ce que vous aviez à faire pour cela. Toutefois, puisque j’ai beaucoup insisté sur la grâce de Dieu, il sera peut-être utile de rappeler que si cette grâce est souveraine, elle n’est pourtant pas inconditionnelle. Dieu lie en quelque manière son action à la nôtre ; ce lien est exprimé dans notre texte par le petit mot et : « Suivez-moi, dit Jésus, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Appelé par ces paroles du Seigneur à retracer très brièvement les conditions d’un ministère béni, je pourrais les déduire sans effort de ce seul mot, de cette seule image : pêcheurs d’hommes. En vérité, il y a autant d’analogies que de contrastes entre la première vocation des fils de Jona et de Zébédée et la seconde. Comme le pêcheur, le ministre de l’Évangile doit être muni d’un bon filet, c’est-à-dire, d’après ce qui vient d’être expliqué, qu’il doit être nourri de la Parole de Dieu et « puissant dans les Écrituresl ». Comme le pêcheur, il doit connaître la mer, je veux dire le monde, en particulier cette petite partie du monde où s’exerce son activité, et ne pas craindre d’en affronter les périls dans l’intérêt de sa pêche. Comme le pêcheur, il doit tour à tour raccommoder et jeter ses filets ; je veux dire qu’il doit partager son temps entre l’activité extérieure et la préparation spirituelle. Comme le pêcheur, il doit savoir travailler avec persévérance et attendre avec patience. Comme le pêcheur, il doit avoir l’esprit et le goût de son état, je veux dire l’enthousiasme du saint ministère, qui s’appelle d’un autre nom : l’amour des âmes. Comme le pêcheur, il ne doit pas craindre d’exposer sa vie. « Ma vie ne m’est point précieuse, dit saint Paul, pourvu qu’avec joie j’achève ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieum » Je laisse toutes ces idées à vos réflexions, pour insister un peu plus sur un conseil qui n’est pas de moi, mais du pêcheur d’hommes probablement le plus laborieux et le plus heureux qu’il y ait aujourd’hui dans le monde, l’évangéliste américain Moody. Un jour, – jour mémorable pour moi, car c’est le seul où j’aie eu le privilège., de l’entendre, – parlant de l’insuccès dont se plaignent plusieurs pasteurs, il ajoutait : « L’explication en est simple, c’est qu’ils ne retirent pas le filet. Que pourrait bien prendre un pêcheur qui jetterait le filet et ne le retirerait pas ? » Ce qu’il voulait dire, le voici : Ce n’est pas assez d’annoncer l’Évangile aux multitudes ; il faut agir directement, individuellement, sur les âmes que la prédication a touchées, que le filet de l’Évangile a enveloppées, pour ainsi dire, afin de les amener à la délivrance et au salut. Le moyen qu’il emploie pour cela, lui, c’est, à la suite de chacun de ses pressants appels, de convoquer les âmes remuées et travaillées dans une salle attenante au principal lieu de culte, où lui-même et d’autres amis chrétiens s’entretiennent et prient avec chacune d’elles en particulier. Il est certain que c’est là, comme le veut un proverbe, battre le fer pendant qu’il est chaud, et qu’avant de rejeter ce moyen d’action comme trop contraire à nos idées françaises, il vaudrait la peine de l’essayer avec plus de hardiesse et de suite qu’on ne l’a fait encore parmi nous. Mais enfin, si cette innovation paraît difficile, il y a, pour arriver au même but, d’autres moyens faciles à pratiquer, surtout dans nos paroisses de campagne : réunions familières du dimanche après midi, où l’on peut revenir sur le sujet traité le matin ; visites aux membres de vos paroisses, surtout à ceux qui auront paru attentifs et sérieux, où vous chercherez à constater les impressions reçues et à les rendre plus profondes ; heures de réception spécialement destinées aux personnes qui se proposent sérieusement de mettre en pratique les exhortations entendues le dimanche et qui réclameraient de nouveaux encouragements. Quoi qu’il en soit, souvenez-vous du conseil de ce maître dans l’art de pêcher des hommes, que je nommais tout à l’heure ; si vous voulez faire de bonnes pêches, arrangez-vous de manière à retirer le filet.
l – Actes 18.24.
m – Actes 20.24.
Toutefois ces diverses conditions de l’efficacité du ministère évangélique ne sont qu’implicitement contenues dans notre texte. Le Seigneur n’en désigne expressément qu’une seule, c’est de le suivre : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Ce langage est admirablement propre tout ensemble à stimuler notre activité et à nous faire sentir notre dépendance. Nous avons bien quelque chose à faire pour que Jésus-Christ puisse sauver des âmes par notre moyen ; mais ce quelque chose, ce n’est pas de nous livrer à une initiative qui procéderait de notre volonté ou de notre génie propre ; ce n’est pas de marcher devant le Seigneur, c’est de le suivre. Suivre Jésus, en vérité tout était là pour ses apôtres et tout est là pour nous. Ce mot comprend, dans sa riche simplicité, toutes les vertus du chrétien, tous les devoirs du pasteur. S’agit-il de la foi ? c’est suivre Jésus avec la pensée ; de l’amour ? c’est suivre Jésus avec le cœur ; de l’obéissance ? c’est suivre Jésus avec la volonté ; de la sanctification ? c’est suivre les traces de Jésus ou imiter son exemple ; du renoncement, de l’esprit de sacrifice ? c’est tout quitter pour suivre Jésus, comme le firent les pêcheurs du lac de Génézareth. Je bénis Dieu, mes frères, de ce que tout le secret d’un ministère fidèle et fécond se résume dans une formule, ou, pour mieux dire, dans une relation aussi simple. Ne jamais perdre Jésus de vue, – c’est la première condition quand on veut suivre quelqu’un, – et, le regardant, marcher après lui ; éviter tout sentier, si fleuri et si attrayant qu’il puisse être, où l’on ne parvient pas à discerner la trace de ses pas ; mais, dès que l’on aperçoit cette trace bénie, suivre sans hésiter, aujourd’hui peut-être sur le Thabor ; demain, au milieu des souffrances et des souillures de ce pauvre monde ; après-demain, à Gethsémané ; à la fin, dans la vie éternelle et dans la gloire, encore une fois, tout est là. Ceci vous regarde tous, mes bien-aimés frères. Venir à Jésus, c’est devenir chrétien ; suivre Jésus, c’est persévérer dans la vie chrétienne. Quiconque vient à Jésus sera sauvé ; quiconque suit Jésus, sera sauveur, je veux dire, ouvrier avec le Sauveur et pêcheur d’hommes.
Mes frères, celui dont nous parlons, Jésus-Christ, est au milieu de nous. Il vient de jeter sur cette assemblée le filet de son Évangile. Il dit aux pécheurs inconvertis qui sont encore sous la condamnation de la loi, qui savent qu’ils ne peuvent pas compter sur un jour de vie et qui tremblent de mourir : « Pourquoi, oh ! pourquoi mourriez-vous ? Ne voulez-vous pas venir à moi aujourd’hui pour avoir la vie ? » Il dit aux chrétiens inconséquents et aux cœurs partagés qui m’entendent, il dit à nous-mêmes, ministres de l’Évangile, qui nous appelons ses serviteurs et dont plusieurs, hélas ! sentent qu’ils l’ont jusqu’à ce jour si peu et si mal servi : « Pourquoi portez-vous si peu de fruit à ma gloire ? Pourquoi ce noble ministère dont vous êtes revêtus, ce ministère de la Nouvelle Alliance, ministère de lumière, de vie, de liberté, de réconciliation, vous a-t-il été trop souvent comme un joug pénible ? pourquoi votre incrédulité m’a-t-elle empêché jusqu’à ce jour de faire des miracles par vos mains et par votre parole ? Suivez-moi, oh ! quel qu’ait été votre passé, suivez-moi seul désormais, et je vous ferai pêcheurs d’hommes ! »
Mais à vous, chers jeunes frères, votre Sauveur adresse le même appel avec plus de tendresse et, si j’ose le dire, avec plus d’espérance encore. Plus heureux que nous, vous avez encore devant vous toute la carrière, et il ne tient qu’à vous qu’elle soit si belle ! Un jour, – je le rappelais en commençant, – Dieu dit à Abraham : « Sors de ton pays et de ta parenté, et je te ferai devenir une grande nation. » Abraham crut et obéit, et il devint le père, du peuple de Dieu, de l’Israël selon la chair, d’abord, puis de l’Israël selon l’Esprit, de la grande famille des croyants. Un autre jour, – c’est celui auquel nous ont ramenés notre texte et notre méditation, – celui qu’on appelait le fils du charpentier dit à quelques pêcheurs de la Galilée : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Ils crurent et ils obéirent, et le résultat de leur foi et de leur obéissance est sous nos yeux : c’est la fondation et le progrès de l’Église chrétienne, c’est-à-dire le nom du vrai Dieu manifesté aux hommes, un jour nouveau se levant sur les peuples assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, l’enfer vaincu, le ciel peuplé, la terre transformée. Aujourd’hui, le même Maître vous adresse le même appel et la même promesse ; croyez, vous aussi, et obéissez, aujourd’hui d’abord, puis demain, puis chaque jour de votre vie et de votre ministère, et le Dieu fidèle fera pour vous et par vous plus que vous n’osez demander et penser, plus que nous n’osons espérer nous-mêmes ; il réalisera en votre faveur, avec la promesse de mon texte, cette autre magnifique parole d’un prophète : « Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui en auront amené plusieurs à la justice luiront comme les étoiles, à toujours et à perpétuitén. »
n – Daniel 12.3.
Amen.