« Je serai transporté de joie sur Jérusalem et je me réjouirai sur mon peuple. » Ainsi parle l’Eternel par la bouche de son prophète Esaïe (Ésaïe 65.19). Ces paroles nous découvrent en notre Dieu des trésors d’amour dont la vue seule devrait nous transporter jusqu’aux cieux. Elles nous apprennent à juger des pensées du Très-Haut envers ses élus, et à voir combien nous nous en ferions des idées faibles et imparfaites en ne nous les représentant que comme celles d’un généreux monarque envers un coupable auquel il accorde la vie, ou comme celles d’un maître indulgent et affable envers son indigne serviteur. Nos yeux n’ont aperçu encore qu’une faible et obscure lueur des relations qui existent entre Dieu et ses fidèles, lorsque nous ne voyons en ceux-ci que les objets de son pardon et de sa miséricorde. Ils sont incomparablement plus que cela. Le Seigneur « est transporté de joie » sur son peuple. Il fait reposer sur ses élus toute la plénitude de sa dilection et de sa tendresse divine. Il fait d’eux ses délices, il les contemple avec amour, il met en eux sa joie et tout son bon plaisir. Car il les voit, non tels qu’ils sont en eux-mêmes, mais tout resplendissants de la magnificence de leur céleste garant ; les sombres profondeurs de leur nature déchue s’éclairent à ses yeux des rayons d’une gloire divine, il aperçoit en eux les traits de Celui qui est le seul beau, de son Fils unique, et à cette vue son cœur s’embrase de l’amour le plus saint et le plus ardent pour ses enfants régénérés, il les aime comme il aime le Reflet de sa gloire, l’Empreinte de sa personne, sa propre Image, qui se réfléchit, douce et sublime, dans les enfants de lumière.
Il me vient à l’esprit une comparaison que j’ai trouvée quelque part, et qui me semble si juste et si belle, que je ne puis m’empêcher de vous la rapporter. Voyez le bel astre de la lumière, et supposez que ce soleil qui éclaire, qui réchauffe, qui fructifie toutes choses, soit vivant, et qu’il puisse voir tous les effets qu’il produit. Il contemplerait ainsi sa propre image, dans chaque mer, dans chaque fleuve, dans chaque lac, dans chaque petit ruisseau, et même les cimes glacées des plus hautes montagnes la lui retraceraient. Oh ! dites, ne devra-t-il pas alors, dans l’excès du bonheur que lui cause cette magnificence, ne devra-t-il pas, s’oubliant lui-même, serrer dans ses immenses bras toutes ces mers, ces lacs, ces fleuves, et même les hauts glaciers, et plein d’une délicieuse joie, les presser contre son sein ? — Ainsi Jésus-Christ, le soleil de justice, a vu son image et son œuvre divine, comme dans un miroir, en chaque âme renouvelée ; ainsi dans la plénitude de son bonheur, s’oubliant en quelque sorte lui-même, il a pu s’abaisser humblement devant ses disciples et leur laver les pieds ; ainsi encore il n’a pu retenir devant la femme cananéenne, ce cri d’admiration : « O femme, ta foi est grande ! » Et de même le Père Eternel voit dans ses enfants la gloire de son Fils unique, un reflet de sa propre gloire, en sorte qu’il leur donne tout son amour. Quand bien même ces enfants ne ressemblent qu’au plus faible ruisseau, ou même qu’aux froids glaciers, comme nos jours en fournissent tant d’exemples, il ne les entoure pas moins des bras de sa dilection, à cause de l’image, de l’admirable et divine image qui se réfléchit en eux.
Mais ce bienheureux peuple, objet de tant d’amour, quel est-il ? Quels sont ses traits ? Où le trouvons nous ? Notre texte d’aujourd’hui nous donnera l’occasion de répondre à ces questions diverses, et de considérer l’église voilée.
18 Et je me suis réservé sept mille hommes de reste en Israël, à savoir tous ceux qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal, et dont la bouche ne l’a point baisé.
Ces paroles terminent le discours que Dieu adresse à Élie en Horeb. Après la sévère déclaration des terribles jugements qui allaient descendre sur la rebelle Samarie, et dont Hazaël, Jéhu, et Élisée devaient être les instruments, suit, pareille à un son doux et subtil, cette nouvelle réjouissante, qui devait chasser du cœur d’Élie, jusqu’à l’ombre de l’inquiétude et du chagrin, et ramener en son cœur l’heureuse clarté du jour. Nous nous arrêterons aujourd’hui à cette divine nouvelle, et après avoir vu les élus du Très-Haut cachés, voilés aux yeux des hommes, nous dirons comment Dieu les manifeste, et quelles promesses leur sont adressées.
O Seigneur ! ton nom est oublié, et les dernières colonnes de ton temple chancellent : « Je suis resté seul, et maintenant ils cherchent aussi à m’ôter la vie. » Ainsi criait Élie ; aurait-il pu faire autrement ? Les temps étaient mauvais, les jours de Noé semblaient revenus ; tout était sombre, mort, perdu, désolé, et le Royaume de Dieu, réduit à quelques âmes, paraissait effacé de dessus la terre. Voilà qui devait pénétrer jusqu’au fond du cœur un homme comme Élie. Depuis longtemps, ce pieux serviteur de l’Eternel n’avait eu aucun moment de joie, et voilà qu’il reçoit tout-à-coup de la bouche même de Dieu, la nouvelle si surprenante que bien loin d’être demeuré le seul fidèle, comme il le croyait, il en restait non pas un ou deux, mais un grand nombre, sept mille, qui n’avaient point fléchi le genou devant Bahal et ne l’avaient point baisé de leur bouche. Que devait ressentir le prophète à cette nouvelle ? « Je suis seul ! » avait-il dit. Oh ! comme il aurait voulu pouvoir retirer cette parole ! Comme il a honte maintenant de son peu de foi ! Il est confus, mais d’une bienheureuse confusion. Encore sept mille en Israël, qui servent Dieu, qui sont demeurés fidèles à l’Eternel !
Oh ! qui l’aurait pensé ? Son cœur tressaille, et la marche qu’il a reçu l’ordre de faire pour retourner à Samarie, lui semble maintenant un doux et agréable voyage.
Et que pourrait-il aussi, mes frères, que pourrait-il nous arriver de plus doux, de plus agréable, aux jours où nous sommes, que d’être surpris, comme Élie, par une semblable nouvelle ? Sans doute, notre temps nous paraît être en bonne partie meilleur que celui dans lequel ce prophète vivait ; mais ce mieux ne renferme-t-il pas beaucoup de trompeuses apparences ? Hélas ! qui pourrait le nier ? Oui, si tout ce qui, de nos temps, se présente avec l’extérieur de la vie divine, en avait toujours la réalité ; si tous les prédicateurs qui maintenant annoncent la vérité, évangélisaient par le saint Esprit et fléchissaient véritablement les genoux devant le Crucifié ; si les foules qui en divers lieux se pressent pour entrer dans les temples du Seigneur, disaient toutes du fond du cœur : » Venez, allons à l’Eternel », obéissant ainsi à une autre impulsion qu’à celle de la mode et de l’habitude ; si tous ces hommes marquants qui s’efforcent de ramener le peuple à la foi des ses pères, avaient prêté serment de fidélité au Roi des rois, et reçu la sagesse de David ; si les milliers, qui dans des sociétés bibliques ou missionnaires travaillent à l’arche du Royaume, entraient tous eux-mêmes dans cette arche ; si seulement tous ceux que nous voyons aujourd’hui se réunir dans des assemblées d’édification et de prières, étaient tous de vrais adorateurs de l’Agneau, — notre temps ne serait en effet pas si mauvais, quoiqu’il restât encore beaucoup à désirer.
Mais à quoi sert de se tromper ? Les choses ne vont jamais aussi bien qu’elles le paraissent, et ce qui brille de loin, perd beaucoup à être considéré de près, si même il ne se réduit pas à rien. Et quand, après tout, nous tiendrions pour vrais chrétiens ceux qui de nos jours revêtent l’apparence de la crainte de Dieu et de la foi, que serait leur nombre, comparé à celui des hommes qui dans la chrétienté se prononcent ouvertement contre. L’esprit dominant de nos jours est, comme autrefois, un esprit d’incrédulité et d’apostasie, un esprit d’opposition à la parole de Dieu et d’une présomptueuse confiance en sa propre sagesse ; on se contente des pâles clartés de la science humaine, on s’enorgueillit des connaissances les plus incomplètes ; ou déifie insolemment la raison tandis qu’on dédaigne de la manière la plus outrageante les mystères que Dieu a révélés. Pour le grand nombre des chrétiens, et je n’entends pas parler des gens instruits seulement, mais aussi de ceux qui ne le sont pas, c’est dès longtemps une chose décidée, que le dogme de la corruption humaine est dû uniquement aux sombres rêveries d’un cerveau malade, que la parole de la croix et du sang de Christ est une vieille folie. On reçoit comme incontestable dans le monde, que la misérable souillure d’une honnêteté extérieure, due à l’égoïsme et à l’intérêt propre, est plus que suffisante pour être agréable à Dieu, et qu’un médiateur est parfaitement inutile au salut. On est depuis longtemps unanime pour accorder à ce qu’ont dit quelques philosophes aussi insensés qu’orgueilleux, beaucoup plus de confiance qu’aux paroles du Saint de Nazareth ou de ses apôtres ; on trouve que la foi d’un Paul, d’un Pierre, d’un Jean, est quelque chose de vieilli, d’insipide, de mystique et d’indigne d’un homme instruit, et qu’elle doit être non seulement rejetée, mais combattue, persécutée, et, si possible, entièrement détruite. Voilà l’esprit dominant de la chrétienté de nos jours, l’esprit, qui, tantôt embelli et revêtu d’apparences chrétiennes, tantôt ouvertement et impudemment manifesté, souffle dans toutes les contrées, dans tous les états, dans toutes les relations de la société, et s’aspire presque déjà avec le lait maternel. Des millions d’hommes, baptisés au nom de Jésus-Christ, se prosternent de nos temps aux pieds de ce téméraire esprit de mensonge. Mettez-vous en voyage, vous le verrez prendre sa place à chaque table d’auberge ; allez dans les sociétés, vous l’entendrez mêler sa voix à presque toutes les conversations ; parcourez les églises, et dans la plupart d’entr’elles c’est lui que vous verrez monter en chaire, lui que vous entendrez expliquer l’Ecriture ; jetez un coup d’œil sur un grand nombre de livres de cantiques et de catéchismes modernes, et au lieu de l’Esprit de Dieu, c’est cet esprit de ténèbres que vous rencontrerez caché sous le masque d’une certaine religiosité ; et même dans les écoles, cet esprit n’est-il pas ça et là le Moloch auquel on consacre nos enfants. Oui, mes frères, en considérant la masse de la chrétienté de nos jours, nous ne pouvons que trembler tous ensemble ; car l’aspect en est sombre ; l’esprit de l’antéchrist est dans le monde à un degré où il n’y a jamais été encore, et c’est aujourd’hui le temps de s’écrier avec David : « Eternel, aie pitié, les saints ont cessé et les croyants sont devenus rares au milieu des hommes. »
Il est incontestable, mes frères, que beaucoup pensent trop avantageusement de notre temps, qui est bien un temps de la plus triste décadence. Mais beaucoup aussi ne le jugent-ils pas trop sévèrement ? Nous le pensons, et l’expérience d’Élie qui croyait être resté seul fidèle, tandis qu’il dut apprendre du Seigneur lui-même qu’il y avait encore sept mille hommes qui n’avaient point fléchi le genou devant Bahal, cette expérience est bien propre à nous confirmer dans cette opinion. Il est certain, mes frères, que le Seigneur a dans le monde, outre les fidèles que nous connaissons, un peuple caché que nous ne connaissons pas, et maint pays, mainte ville seraient depuis longtemps devenus semblables à Sodome et à Gomorrhe, si un « résidu » de justes, ignorés du monde, n’en eût éloigné les foudres célestes. « Le Royaume de Dieu ne vient point avec éclat, » il est dans le cœur de l’homme. Voilà ce que nous ne considérons jamais assez, et ce à quoi Élie ne fit non plus pas suffisamment attention. C’est ainsi que bien souvent nous repoussons comme inconvertis des gens qui sont réellement enfants de Dieu, et qu’au contraire nous tenons pour chrétiens des hommes qui n’appartiennent pas au peuple du Seigneur.
Il n’est pas rare, mes frères, que nous mesurions le temple de Dieu avec une échelle tout-à-fait fausse, et qu’ainsi nous nous trompions beaucoup sur son étendue et sur sa profondeur. On suppose ordinairement, par exemple, que là où il n’y a pas de prédicateurs éclairés, il ne peut pas non plus y avoir de chrétiens. Mais ne connaît-on pas la promesse que Dieu a faite, de se charger lui-même du troupeau dont les conducteurs sont mauvais ? et le Seigneur a-t-il fait dépendre absolument la conversion de ses élus des instruments humains ? Ne plante-il-pas souvent au milieu du désert et de sa propre main, les plus belles roses, et n’est-ce pas quelquefois du buisson le plus sauvage, qu’il fait retentir à nos oreilles les doux chants du rossignol ? On pense fréquemment aussi, que là où l’on ne parle pas de conversions, c’est qu’il ne s’y en opère point. Mais n’y a-t-il donc de pluie qu’alors qu’on l’entend tomber, et des enfants ne peuvent-ils naître au Seigneur comme la rosée naît de l’aurore, tranquillement, en secret, avant le lever du jour, quand les gens dorment encore ? On suppose, qu’il ne peut point y avoir de chrétiens décidés là où il n’y a pas de persécutions. Il est vrai que le Seigneur a dit : « je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée », et c’est là la règle générale. Cependant il peut y avoir des chrétiens qui, sans que ce soit par crainte, marchent d’un pas tranquille, avec si peu de bruit, que les enfants du monde ne les remarquent point, et si le Seigneur dit à Laban : « tu ne parleras à Jacob qu’avec douceur, » Laban pourra-t-il parler autrement ? On pense aussi qu’il est certaines positions, certains états, telle que le serait la cour d’un roi incrédule, dans lesquels il ne peut y avoir aucun enfant de Dieu. Mais ne voyons-nous pas par l’exemple d’un Joseph, d’un Abdias, d’un Daniel, qu’il est tout au moins imprudent de prononcer là dessus. Ou bien encore c’est d’après l’existence ou le manque de réunions dans un endroit, et d’après le nombre de ceux qui les fréquentent, qu’on croit pouvoir juger de l’état du Royaume de Dieu. Mais un tel jugement sera-t-il bien toujours juste ? Ne serait-il pas possible que, dans un endroit où il n’y aurait point de réunions, il y eût pourtant plusieurs enfants de Dieu qui ne fussent retenus que que par crainte et par peur (et ces sentiments peuvent se trouver chez de vrais chrétiens), et qui dussent se tenir cachés comme au temps d’Élie ? Et ne voit-on pas d’ailleurs beaucoup d’âmes conduites par diverses causes, à rechercher la communion paisible du Seigneur plutôt que la communion des frères ? On ne peut pas davantage conclure, de ce qu’il n’y a pas encore dans une contrée de participation à des œuvres chrétiennes telles que des sociétés de bibles ou de missions, en conclure, dis-je, qu’il n’y a point là de chrétiens vivants. Peut-être qu’on ne connaît pas ces œuvres, peut-être que les fidèles de cette localité ont trop à faire avec eux-mêmes, avec leurs pauvres cœurs, avec leurs expériences spirituelles, pour qu’il leur reste le temps, le loisir de penser à ce qui se passe au dehors, et de songer aux autres. Tout cela serait possible. Mais enfin, direz-vous, là où l’on ne désire et où on ne lit ni écrits évangéliques, ni nouvelles du règne de Dieu, ni traités, ni sermons, là au moins ne peut-on pas conclure avec certitude à un manque complet de fidèles ? Oh ! non, certainement pas. Je connais des saints que vous reconnaîtriez bien comme tels, si je vous les nommais, qui ne lisent au monde que la bible et le recueil de cantiques, et pour qui ces deux livres sont comme une bibliothèque qu’ils ne sauraient achever de toute leur vie. Qui pourrait les blâmer et leur imposer d’autres écrits, dans lesquels, comme ils disent, il ne fait pas aussi beau lire ? Et il peut y avoir beaucoup de ces âmes là.
Il n’est pas rare non plus, mes frères, que nous rapetissions à nos yeux le troupeau des croyants, en restreignant arbitrairement les caractères de l’état de grâce. Nous voulons, par exemple, assigner à l’Esprit saint, qui pourtant est libre et souffle où il veut, une route fixe qu’il devra suivre dans la conversion de tous les hommes. Il nous a cherchés et conduits de telle manière, il doit donc, pensons-nous, agir de même avec tous. Mais qui sommes-nous, pour donner à ce divin agent, des préceptes sur ce qu’il doit faire ? La sagesse éternelle « se joue sur la terre », et n’aime l’uniformité ni dans la nature, ni dans la grâce ; diversité dans l’unité, telle est sa devise. Parce que toi, tu as pénétré tout-à-coup dans la terre promise à travers les abîmes d’une repentance pleine de combats et d’angoisses, l’Esprit saint n’aurait donc pas dû y introduire ton frère par une route tranquille, comme en un songe, en lui montrant déjà, pour adoucir sa douleur, la bienheureuse espérance de la grâce de Dieu ! Une telle repentance diffère de la tienne uniquement par la forme. Toi, tu as dû, soupirer, gémir longtemps, avant d’obtenir l’assurance de ton pardon ; mais devras-tu, pour cela, ne pas te réjouir avec celui que le Seigneur a appelé plus tôt et d’une manière plus prompte à jouir de sa grâce ? Sera-ce une raison pour que tu le juges témérairement ? Non, laisse faire au Seigneur, car il est le maître. Il t’a été donné d’atteindre assez promptement un certain degré de sanctification, et à côté de toi, un pauvre impotent est là ayant nuit et jour à combattre, renversé chaque fois par l’ennemi, sans pouvoir sortir des douleurs de la repentance ; devra-t-il pour cela n’être pas un enfant de Dieu ? S’il t’a été donné de parler beaucoup du salut et de communiquer tes expériences, faut-il absolument que cela soit donné à tous, et n’y aura-t-il point d’enfants de Dieu qui puissent être silencieux, réservés ? Parce que tu aimes l’activité et que tu éprouves le besoin de prêcher, d’exhorter, tandis que d’autres ne s’y sentent pas appelés, veux-tu pour cela mettre en question la sincérité de leur christianisme ? Combien de tels jugements ne seraient-ils pas précipités ? Et pourtant, mes frères, qu’ils sont fréquents au milieu de nous. Oh ! si nous regardions davantage à ce qui constitue « la force » de la piété, au cœur brisé, à l’amour de Jésus, à la soif de sa grâce, et si nous nous tenions, pour ce qui n’est qu’accessoire, à cette vérité : « il n’y a qu’un seul Esprit, mais plusieurs sortes de dons, » — nous compterions peut-être parmi nos frères mainte âme fidèle que nous repoussons injustement loin de nous.
Notre prophète, comme vous l’avez entendu, reçut une révélation positive, divine, sur le nombre des croyants en Israël. Le Seigneur lui découvrit l’Eglise voilée, et l’on peut se représenter quel dut être l’étonnement de l’homme de Dieu, à la nouvelle que ce même peuple dont il s’était plaint si amèrement, renfermait encore 7000 hommes qui n’avaient point fléchi le genou devant Bahal. Il s’était cru la seule lumière au milieu des ténèbres de Samarie, et voilà que soudain brille à ses yeux un firmament tout parsemé d’âmes élues, que les seuls nuages de son peu de foi lui avaient voilées.
Il n’est pas rare de nos jours encore, Dieu en soit loué, que l’église soit restaurée par d’aussi réjouissantes nouvelles. Là où nous ne pensions rencontrer que ronces et épines, le Seigneur nous surprend souvent en faisant voir à nos âmes des roses et des lys tels que nous n’en avions pas contemplé de plus beaux dans les jardins de Dieu ; et là où nous n’apercevions tout autour de nous que les ténèbres de l’Egypte, il nous adresse ces paroles qu’il fit entendre à Abraham : « Lève les yeux vers le ciel, tu vois les étoiles, peux-tu les compter ? » — Ici, le Seigneur nous ouvre, et cela est arrivé il n’y a pas longtemps dans un village de la France, la cabane décriée d’une diseuse de bonne aventure, et c’est pour nous montrer la famille corrompue de la magicienne transformée, par la grâce toute puissante du Seigneur, en un petit et paisible troupeau d’heureux enfants de Dieu. Là il nous découvre, on l’a vu aussi de nos jours, dans une des villes les plus légères, les plus dissipées du monde, une plantation spirituelle dont nous n’aurions pas soupçonné l’existence au milieu d’un semblable désert, et qui pourtant croissait, prospérait, depuis plusieurs années, connue seulement du céleste jardinier qui l’avait plantée et qui en prenait soin. Ailleurs il nous conduit en une contrée — que vous connaissez bien, — où la prophétie a cessé de faire entendre sa voix depuis bien des années, auprès de tout un troupeau composé des fidèles les plus intérieurs et les plus vivants ; troupeau formé par Dieu seul sans intermédiaire humain apparent, dans le silence, tellement qu’on ne sait d’où il est venu, et qu’on pourrait presque le croire descendu des cieux comme la rosée des feux du matin. Ailleurs encore, ce sont les cachots, les demeures des criminels, qui rendent à l’église trois cents justes qui n’étaient pour ainsi dire connus de personne ; ils n’avaient point fléchi le genou devant Bahal, et c’était précisément à cause de cela, qu’ils gémissaient dans les fers ; leur pieux souverain l’ignorait, et c’est lui qui les a délivrés ; les douleurs de l’épreuve les avaient vus se rattacher plus intimement que jamais à leur divin cep, et ils reparaissent dans le monde parés d’une nouvelle verdure, chargés de fruits. Encore, mes frères, car les exemples ne manquent pas : au milieu d’un peuple de marins grossiers et sans frein, le Seigneur nous fait rencontrer, et j’ai souvent eu cette joie dans ma précédente paroisse, quelque vieux pilote qui cingle vers Jérusalem, et l’étoile qui le guide, c’est l’homme de douleurs ; ou bien un simple matelot, à l’apparence rude, élevé sur les bancs des moqueurs, dont le cœur est attaché à l’ancre qui pénètre au delà du voile. Enfin, ne sommes-nous pas nous-mêmes souvent entrés dans quelque demeure avec la pensée de prêcher la conversion à un mort spirituel, et nous avons été, oh douce surprise ! nous avons été désarmés par l’admirable sourire avec lequel on nous recevait, par un de ces sourires dans lesquels se réfléchit une âme dès longtemps en possession de la paix de Dieu, et qui peut-être est déjà plus intimement unie que nous au Seigneur Jésus. — De telles découvertes ne sont-elles pas plus propres à réjouir, que tout ce qu’un heureux navigateur pourrait trouver de trésors et de beautés ? Combien elles servent à nous humilier de notre peu de courage, à fortifier notre foi, à élargir notre cœur ! Combien elles doivent nous rendre plus circonspects et plus doux dans nos jugements, et nous faire porter sur le monde des regards plus sereins et plus confiants dans la grâce de Dieu ! Pour moi, mes frères, depuis que j’ai rencontré au milieu de vous aussi quelques-unes de ces fleurs cachées dont je ne me doutais pas, la paroisse entière m’apparaît sous un autre jour, et quand je la parcours, c’est comme si, plein d’espérance, je traversais une riche mine où chaque coup de marteau frappé à ma droite ou à ma gauche me fait découvrir de nouvelles richesses.
Oui, quelque misérable que puisse jamais être l’état de l’église, elle n’est certainement pas aussi vide de foi que notre incrédulité nous la représente. Je suis assuré, que s’il plaisait au Seigneur de soulever le voile, il pourrait nous surprendre par un spectacle comparable à celui de la résurrection des morts au dernier jour. Ainsi qu’un général qui place une embuscade, partage son corps d’armée en petits détachements, qu’il cache ça et là dans les cavernes, dans les défilés, derrière les buissons et les rochers, de sorte qu’on n’aperçoit que la montagne nue et ses bois silencieux : l’armée ennemie s’approche sans défiance ; alors la trompette donne le signal, et aussitôt, comme évoquée par une puissance magique, se précipite hors des grottes et des buissons une nuée de combattants dont les épées scintillent dans l’air ; l’ennemi prend l’épouvante et s’enfuit, et les confédérés qui de loin regardent la scène, triomphent et poussent des cris de joie. De même aussi l’Eternel des armées a encore une multitude cachée au milieu du monde ; et au son de la trompette dont parle Zacharie 10.8, on verra, car Il le fera en son temps, des choses pareilles à celles que vit un jour le serviteur d’Élisée sur la colline de Dothan (2 Rois 6.17). Que de fois n’est-il pas arrivé, que, dans une paroisse où depuis des années la parole de Dieu était rare, et qui semblait ne pas renfermer un fidèle, un seul sermon d’un évangéliste vivant a été un signal suffisant pour appeler hors de leurs cachettes un troupeau entier de brebis timides, qu’on vit se réunir après le service auprès du pieux étranger, afin de se réchauffer davantage aux rayons d’un soleil qui depuis longues années n’avait pas lui sur l’horizon de leur église ! Et de telles expériences ne sont-elles pas pour nous, comme la grappe énorme de Josué et de Caleb pour les Israélites, la promesse de toute une vigne que nous ne voyons pas encore ?
Ah ! que de surprises encore, lorsque l’éternité soulèvera tous ses voiles, et que cette partie du peuple de Dieu se découvrira, qui demeure ici-bas cachée à nos regards, ou par l’enveloppe d’une certaine humilité et modestie, ou sous le voile misérable de la crainte des hommes, ou enfin par les souillures, hélas si nombreuses ! qui s’attachent dans ce monde à notre sanctification, et obscurcissent l’œuvre de Dieu au dedans de nous ! Mais ce ne sera pas seulement dans l’éternité, disons-le, ce sera aussi dans ce monde, que nos yeux verront se manifester la semence cachée encore ; et qui sait combien ils peuvent être rapprochés de nous, les jours où cette question prophétique retentira dans l’église : « Qui est celle qui paraît comme l’aurore, qui est belle comme la lune, magnifique comme le soleil, terrible comme des armées ? » (Cantique des cantiques 6.10)
Si dans ce moment vous regardez au ciel, dites, où sont les étoiles de Dieu ? Elles sont comme toujours, au dessus de votre horizon, mais l’œil ne les distingue pas. Attendez jusqu’au soir, la nuit les appellera hors de leurs retraites, et vous les verrez de nouveau répandre leur clarté. — Il en est de même de ces astres spirituels qui ornent le firmament de l’église. Pendant la clarté des jours tranquilles et prospères, on les remarque à peine, et l’on ne voit que peu de différence entre eux et les meilleurs des enfants du monde. Mais ayez patience jusqu’au soir, et leur éclat s’allumera devant vous comme un flambeau. Ce fut sans doute au temps où le Syrien Hazaël pénétra dans le pays avec le feu et l’épée, que ces sept mille furent manifestés en Israël, et aussi ne sera-ce qu’au jour de cette grande visitation au devant de laquelle s’avance la chrétienté, que nous serons en état de mesurer avec exactitude le temple de Dieu sur la terre.
Ces jours d’épreuve s’approchent avec rapidité. Des signes de tout genre, pareils à ces oiseaux qui précèdent la tempête, nous annoncent l’arrivée des temps où le Seigneur paraîtra avec son van et nettoiera parfaitement son aire. Le cri des gardes placées sur les murs de Sion devient de jour en jour plus pressant et plus sérieux. Ils voient d’étranges images se former au lointain ; une sombre rougeur se répand à l’horizon, elle s’élève, comme une rougeur de sang, du sein de la mer agitée de nos temps. « L’enfant de perdition » est peut-être déjà conçu ; l’heure de sa naissance sonnera sans que nous nous en doutions ; « l’homme de péché », qui viendra par l’action de Satan, avec toutes sortes de signes trompeurs, de puissances et de miracles, va paraître, et déjà sont là ces jours de trouble où les élus même seraient séduits, si cela était possible. Quand au milieu des épées levées sur nos têtes, le signe de la bête nous sera présenté, et que rien qu’une apostasie publique de Christ et de son Evangile ne pourra nous sauver des tortures et de la mort, alors on verra se séparer dans l’église l’or et les scories, et il sera rendu manifeste où était la force, et où était l’apparence de la piété. Que d’étoiles tomberont alors du ciel, parce que, quelque beau que fût leur éclat, elles ne brillaient que de leur propre lumière et non de celle de Dieu ! Que de nuages de balle nous verrons alors tourbillonner dans l’air, là où maintenant nos yeux obscurs ne voient qu’une moisson abondante ! Car rien de ce qui n’aura pas été purifié par l’Esprit de Dieu, ne résistera au feu de ces jours là, et celui qui s’était paré lui-même de sainteté et que le Seigneur n’avait point revêtu, sera vu alors par tous les yeux dans la honte de sa nudité.
Mais aussi, en ce même temps où tomberont les plantes sans racine, en ce temps où l’on verra sortir des rangs de l’église une multitude infinie de faux chrétiens, des milliers qui nous sont encore inconnus et cachés, lèveront le voile qui les couvre, et se rassembleront avec un cri d’hosanna sous la bannière des martyrs. Quand il faudra absolument choisir entre Bélial et Christ, les Nicodèmes ne balanceront plus à se déclarer librement et ouvertement pour Christ, et les trop nombreux chrétiens qui maintenant ne peuvent supporter un regard ironique et se laissent aller sans cesse à renier leur Maître pour le plus vil prix, se montreront tout-à-coup, quand les dangers seront devenus plus grands, pleins d’un courage héroïque. Simon se laisse maintenant déconcerter par une servante railleuse, mais il se fera attacher à la croix pour son Maître, alors qu’il ne suffira plus d’un reniement, mais qu’une abjuration formelle pourra seule l’arracher au supplice ; et cette âme douce et tranquille, qui jusqu’ici s’était reposée dans le sein de Jésus, jouissant de sa communion, et s’occupant peu du monde extérieur, comme elle se sentira, alors que le blasphème contre le Seigneur de gloire sera porté au plus haut point, animée d’un saint zèle, pressée de sortir de sa retraite, et de partager l’opprobre d’Emmanuel ! Ces milliers qui dans les jours de repos laissent timidement retomber leurs ailes, nous les verrons alors que le ciel se chargera de nuages, nous les verrons, semblables à de jeunes aigles, planer à travers l’orage ; et ces membres les plus faibles de l’église de Dieu, qui ne font entendre que plaintes et soupirs, échangeront leurs gémissements contre ce cri de joie : « Prenez-nous corps, biens, honneurs, femmes, enfants, vous ne pourrez nous ôter le royaume. » — C’est ainsi qu’en ces jours là nous serons surpris par une succession de réjouissantes découvertes. Plus la nuit sera effrayante, et plus aussi le firmament de l’église se parera richement, et les astres reluiront d’un brillant éclat. Semblable à une nouvelle et florissante création, l’église des élus sortira de ses voiles, et nous entendrons, pleins d’admiration, notre hosanna retentir de tous les bouts de la terre en échos mille fois répétés.
Mais ce qui nous surprendra surtout, à supposer que nous vivions alors, c’est qu’il nous sera donné, à nous pauvres et timides brebis, de descendre s’il le faut dans le feu de l’épreuve, pour l’amour du Seigneur Jésus, et de le glorifier au prix de notre sang. Qu’à cette pensée la joie et non la crainte fasse battre vos cœurs ! Le Seigneur dit en notre texte : « Je me les suis réservés », c’est à-dire, « je les ai mis à part et je les garde, nul ne me les ravira et ils subsisteront à toujours ; » et ces paroles sont vraies de nous comme des sept mille. Les enfants de Dieu sont réservés et gardés, quels que soient les tentations, les combats, les orages à travers lesquels ils doivent passer. Le péché peut leur faire la guerre, les blesser, mais non les tuer ; ils sont réservés. Satan peut leur tendre des pièges et les tourmenter, mais non se rendre maître d’eux ; ils demeurent les derniers sur le champ de bataille. Le monde leur livre de dangereux combats et peut les tenir un certain temps sous son joug ; mais ils sortiront victorieux de la mêlée, bien que leurs vêtements soient peut-être couverts de poussière. Ils sont réservés. « J’ai vaincu le monde, » dit le Seigneur. Et eux aussi, demeureront, quelque faibles qu’ils soient, lorsque les fourneaux de l’épreuve fumeront sur la terre, et que les verges des dernières tentations nettoieront l’aire. Consolation, consolation donc, à celui qui est du Seigneur ! Quoi qu’il arrive, la postérité de Jacob demeure. Le Tout-Puissant lui-même est le Rocher sur lequel son Eglise est fondée ; comment les portes de l’enfer pourraient-elles prévaloir contre elle ? Laissons les nuages passer sur nos têtes, et que les signes des temps se multiplient, que Hazaël et Jéhu aiguisent leurs épées ! Nous ne craignons rien ! « Voici, a dit le Seigneur, je me suis réservé tous ceux dont les genoux n’ont point fléchi devant Bahal. »
Puis, mes chers frères, donnons lieu au dedans de nous à la douce espérance, que nous ne serons certainement pas les seuls de réservés et de gardés, lors même que des milliers tomberaient à notre droite et des dix mille à notre gauche ; non, mais au son de la trompette des jugements de Dieu, nous verrons se dévoiler autour de nous toute une église, que notre peu de foi nous empêche maintenant d’apercevoir. « Voici, dit le Seigneur (Zacharie 10.9), voici, je sèmerai mes élus parmi les peuples, afin qu’ils se souviennent de moi dans les pays éloignés, et ils vivront et reviendront avec leurs enfants. » Oui, ce grand Dieu n’a-t-il pas répandu dans tout le monde les grains de semence, pour que, sous la rosée de son Esprit, on en voie sortir des plantes divines et florissantes ? C’est pourquoi toute contrée, toute famille où repose un grain de cette divine semence, ne fût-ce qu’un seul, doivent être estimées bienheureuses, car qui sait combien ce grain produira et multipliera. Sans doute, il arrive souvent de cette semence ce que dit l’Apôtre : « le grain de blé ne produit point de fruit, s’il ne meurt auparavant ; » sans doute, il n’est pas rare que des parents fidèles, des amis, des maîtres chrétiens, soient appelés à descendre dans la tombe avant que leurs prières soient exaucées, avant que leur exemple ait manifesté son efficace, avant que leurs exhortations paraissent avoir pénétré les cœurs de ceux auxquels elles avaient été adressées ; sans doute, ce n’est quelquefois que sur la poudre de leur corps que verdissent leurs rejetons, ce n’est que sur leur tombe que coulent les larmes de la repentance, et c’est autour de leurs monuments funéraires que mûrit la moisson qu’ils ont semée. Mais tenons pour certain que cette semence divine ne demeurera jamais sans rejeton et sans fruit. « Ceux que j’ai semés, a dit l’Eternel, vivront avec leurs enfants et retourneront, ils se multiplieront d’âge en âge. »
Cessons donc de juger des choses du royaume de Dieu, avec cette témérité dont on semblait avoir pris çà et là l’habitude. Ainsi, parce qu’il n’avait pas plu au Seigneur de marquer telles de ses brebis d’une manière extérieure, on voulait le faire soi-même, et l’on inventait quelque signe auquel elles devaient être reconnaissables aux yeux de tous. Mais ils sont passés, les jours où l’on jugeait l’état de grâce ou de condamnation d’un homme par la couleur et la coupe de sa robe, où l’on ne reconnaissait pour chrétiens que ceux qui fréquentaient telle ou telle réunion religieuse, qui menaient un certain genre de vie, et dans la bouche desquels se trouvait le Schibboleth de telles ou telles opinions dogmatiques. Ces temps sont passés. On est, d’un côté, devenu plus rigoureux parmi les chrétiens dans les jugements que l’on porte sur les caractères et l’existence de la piété chrétienne, parce qu’on est devenu plus spirituel ; mais, d’un autre côté, l’on a pris de la largeur et de l’indépendance. On ne regarde plus à l’habit, mais à celui qui le porte ; c’est l’esprit et la vie qu’on recherche, et là où ces choses ne se trouvent pas, on ne se laisse pas séduire par des apparences. Mais là où cette vie se montre à nous, nous donnons lieu à la joie, et nous ne demandons point d’uniforme extérieur chez les soldats de Christ ; nous aimons même à considérer cette diversité qui s’unit si admirablement à l’unité. — Que cette règle, chers amis, vous guide donc aussi dans vos jugements, et selon que votre cœur sera élargi par la charité qui est en Christ, le monde vous paraîtra, en bonne partie du moins, sous un aspect plus ami.
Loin de nous aussi, cette hypocondrie spirituelle, dans les sombres miroirs de laquelle le côté lumineux même de l’Eglise du Seigneur se revêt d’obscurité, et qui se plaît à nous cacher par ses sinistres prédictions la perspective de meilleurs temps ! Chassons la avec les promesses de Dieu, comme l’oiseau de nuit est chassé par les rayons du soleil. Nous savons bien quel est Celui qui règne sur la sainte montagne, et à qui ont été donnés les bouts de la terre pour son héritage. — « Voici, le Seigneur vient avec puissance, et son bras dominera. Il bâtira le temple de l’Eternel, et ne se reposera point qu’il n’ait glorifié Jérusalem sur la terre. La terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent ; ils viendront de l’Orient et de l’Occident, comme les nuages du Ciel et comme les pigeons à leurs colombiers, et ils s’assiéront à table dans le Royaume des Cieux. » — Puisque nous savons ces choses, soyons remplis de joie, et considérons le monde, non à travers le sombre voile de notre peu de foi, mais à travers les brillantes clartés de la révélation. Christ dominera, et la montagne de Sion sera élevée par dessus toutes les montagnes de la terre.
Etablis sur ces précieux et inébranlables fondements, ne nous laissons pas troubler par les nuages du présent. C’est déjà du milieu de la mêlée que la foi plante la bannière de la victoire, car elle regarde à la fin, et quand les trophées de l’ennemi s’élèveraient jusqu’aux Cieux, elle ne s’en effraierait pas. Elle chante le triomphe de l’Eternel, sa bannière qui flotte porte pour devise cette grande parole du Seigneur : « Je l’ai juré par moi-même, et une parole de vérité est sortie de ma bouche, et demeurera, c’est que tous genoux fléchiront devant moi, et toutes langues jureront et diront : c’est en l’Eternel qu’est notre droit et notre force. » — Amen.