Analyse du parler en langues

Chapitre 15

B. La relation de cause à effet (La Dérive Doctrinale)

On se souviendra qu’au chapitre 1, nous livrions l’étude rigoureuse et biblique concernant les dons de l’Esprit exercés dans le mouvement charismatique. C’était il y a vingt ans. La quasi-totalité du mouvement pentecôtiste souscrivait encore à cette condamnation sans appel. C’était en filigrane, Belzébuth qui grimaçait et tirait les ficelles de ce baptême de l’Esprit et de ce don des langues. Mais le vent semble avoir tourné de 180°. Sans qu’aucune rectification doctrinale ne soit perceptible chez les charismatiques de tout bord, le pentecôtisme traditionnel se met tout à coup à adorer ce qu’il avait brûlé. C’est ainsi que l’on a vu les Assemblées de Dieu, au niveau de leurs sphères dirigeantes, rejoindre officiellement le C.O.E. (Conseil Œcuménique des Églises). La plupart d’entre elles sont maintenant bras dessus bras dessous, non seulement avec les charismatiques catholiques, mais avec l’Église catholique elle-même. (Comment pourraient-elles faire autrement puisque les grandes Églises traditionnelles sont devenues perméables à leur doctrine spécifique ? Comment encore voir dans le pape une figure de l’Antichrist puisqu’il récupère et bénit l’expérience pentecôtiste dans son Église ? Et pourquoi évangéliser des gens qui n’en ont plus besoin dès lors qu’ils parlent en langues par le Saint-Esprit qui est aussi l’Esprit de Jésus ? (Actes 16.7) Pourquoi parler d’aller au ciel à des gens qui, sans connaître d’autre nouvelle naissance que celle de leur baptême d’enfant, parlent déjà sur cette terre la langue des anges dans le ciel ? C’est que, en vingt ans, la mode a bien changé. À presque tous les niveaux on rencontre une démission face à l’ordre de “combattre pour la foi (la doctrine) qui a été transmise aux saints” (Jude 3). À la place de cette résistance à l’erreur s’installe l’esprit du siècle, esprit de neutralité, d’accommodement et même de capitulation au point de craindre d’encore dire la vérité par peur de froisser “l’autre”.

En voici un exemple : jusqu’à récemment des livres et de la littérature destinés à aider le travail d’évangélisation parmi les catholiques se trouvaient facilement et étaient exposés dans les librairies. Mais cela a changé. Rares sont les maisons d’édition qui proposent encore ce genre de littérature. Parce que l’idée qui prévaut dans les cercles chrétiens, c’est que les catholiques sont maintenant de vrais frères et sœurs en Christ. De même, la position pentecôtiste classique est très largement entamée. Il y a encore ici et là quelques îlots de résistance, des groupuscules qui ne livrent plus (et pour combien de temps encore ?) que des combats d’arrière-garde.

L’unité d’esprit avec l’Église romaine a été exprimée par des figures de proue du pentecôtisme conservateur. Kathryn Kuhlman, connue pour son extrême sensibilité aux atmosphères spirituelles, a eu une audience privée avec le pape en octobre 1972. Déjà à cette époque elle a dit : “Quand j’ai rencontré le Pape Paul, il y avait une unité d’esprit entre nous. Il y avait un interprète, mais nous n’avions pas besoin d’interprète”.

De sa rencontre avec le même pape, Rex Humbard a rapporté dans “Réponse” de mars 1980 : “Alors que nous marchions ensemble, je ressentais de plus en plus que notre mission était la même, bâtir le corps de Christ, soutenir nos frères dans le Seigneur, gagner le monde pour le Royaume et partager ce message que Jésus nous a donné à partager”.

De son côté, le cardinal Augustin Bea, Jésuite et secrétaire du Vatican pour l’œcuménisme, n’est pas en reste avec le pentecôtisme. Très rapidement, il perçut qu’il déversait une nouvelle énergie dans les efforts du Vatican pour arriver à l’unité. Sa satisfaction ne fit que croître quand le groupe des Hommes d’Affaires du Plein Évangile a accepté des catholiques fervents et pratiquants sur la seule base de l’expérience pentecôtiste (Nelson Ewin, Bible Baptist Church, Nashua, U.S.A.).

Le “Logos International”, organe du groupe précité a écrit : “Il est possible qu’aucune personnalité n’ait influencé le renouveau charismatique autant que David Du Plessis pour que ce renouveau spirituel soit à la fois charismatique et œcuménique” (jan.-fév. 1981). Dans cette même édition D. Du Plessis parle de l’unité pentecôtiste-catholique romaine en ces mots : “Pour le salut de l’humanité l’Église doit accepter la bénédiction de l’ Église de la Pentecôte comme unité”. D. Du Plessis, aussi appelé Monsieur Pentecôte, a expérimenté cette unité en miniature. C’était à la basilique St-Pierre où vingt mille charismatiques étaient assemblés au Vatican en 1975 pour le congrès charismatique dans l’Église catholique. Il à raconté l’histoire en ces mots : “Le Pape est monté sur son trône. Durant la célébration de l’eucharistie, on chantait en Esprit, gentiment, tendrement, avec révérence et de façon parfaitement adéquate. C’était en fait un culte pentecôtiste, avec des manifestations pentecôtistes et d’évidentes bénédictions pentecôtistes. Nous avions tous prié pour qu’il y ait un miracle pentecôtiste mais personne ne s’attendait à une manifestation aussi riche et positive d’une nouvelle Pentecôte. J’ai perçu cette nuit-là que trois courants étaient à l’œuvre dans le mouvement de pentecôte en général. Il y avait les pentecôtistes classiques, les néo-pentecôtistes et les Pentecôtistes catholiques. De plus en plus ces courants convergeaient, en coopération, en communion par rapport l’un à l’autre. “Gloire”, ai-je crié tout haut dans le noir, et m’adressant à moi-même : David, tu es maintenant un vrai œcuméniaque ! (sic). Oui, c’est bien ça, me suis-je redit. Je n’accepterai rien en dessous d’une pleine œcuménicité, toute la famille des nations” (Un homme appelé M. Pentecôte, pages 238-244).

Ainsi, c’est David Du Plessis, M. Pentecôte en personne qui répond à la question : Quelle est la position en ce qui concerne l’unité envisagée avec Rome ? Leur porte-parole, le seul homme qui porte le nom de M. Pentecôte dit : “RIEN MOINS QU’UNE PLEINE ŒCUMÉNICITÉ !” Et qu’est-ce qu’une pleine œcuménicité ? Elle a été soigneusement définie par le pontife romain quand il a rencontré les 523 délégués charismatiques de la quatrième conférence internationale des dirigeants charismatiques, tenue du 4 au 9 mai 1981 à Rome : “Votre choix de Rome comme site de cette conférence est un signe unique de votre compréhension de l’importance d’être enraciné dans cette unité catholique de foi et de charité qui trouve son centre visible dans le siège de Pierre”. Ces paroles étaient des lèvres du pape Jean-Paul II. L’événement a rassemblé 523 délégués du mouvement charismatique mondial. Dans quel But ? La définition des termes de l’unité. L’allocution se fit dans les jardins du Vatican et à la grotte de la Vierge Bienheureuse à Lourdes. Le pape a alors donné en plusieurs points ce qui devait guider le renouveau charismatique : “le premier de ces principes est la fidélité à l’authentique doctrine de la foi. Tout ce qui contredit cette doctrine ne vient pas de l’Esprit…”.

Cette doctrine…

Oui, mais de quelle doctrine s’agit-il ? En cette fin du XXème siècle notre méfiance du Romanisme peut paraître d’un autre âge. Pour rafraîchir nos mémoires défaillantes quant à cette doctrine, voici un extrait du serment des Pères Conciliaires de Vatican II qui, lui, ne date pas du Moyen-Âge. En lisant ce serment, souvenons-nous que tout subordonné, charismatique ou non, est tenu d’y adhérer, ayant personnellement prononcé ses vœux dans ce sens.

Je reconnais fermement et j’embrasse les traditions apostoliques et les autres coutumes et règlements de l’Eglise. De même, je reconnais l’Écriture Sainte, dans le sens où notre Sainte Mère l’Église l’a tenu et la tient encore. À elle appartient le jugement sur le véritable sens et l’explication des Saintes Écritures. Jamais je ne l’interpréterai et ne l’expliquerai autrement que par l’interprétation des Pères.

Je confesse aussi qu’il y a, au sens propre et véritable du terme, sept sacrements de la Nouvelle Alliance qui ont été institués par notre Seigneur Jésus-Christ, et qui sont nécessaires pour le salut du genre humain, quoiqu’ils ne le soient pas tous pour chaque individu, à savoir : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’extrême-onction, l’ordination, le mariage ; qu’ils communiquent la grâce, et que parmi eux le baptême, la confirmation et l’ordination ne peuvent être renouvelés sans sacrilège. J’accepte aussi et j’approuve tous les rites approuvés par l’Eglise lors de l’administration solennelle des dits sacrements.

J’accepte entièrement tout ce qui a été déclaré et décidé au Concile de Tente sur le péché originel et sur la justification.

Je confesse encore que dans les messes est consommé un sacrifice véritable et expiatoire pour les vivants et les morts, que dans le très saint sacrement de l’Eucharistie le corps et le sang, en même temps que l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, sont réellement et véritablement présents, qu’il se produit une transformation de toute la substance du pain dans le corps et de toute la substance du vin dans le sang. Cette transformation, l’Église catholique la nomme Transsubstantiation. Je confesse en outre que le Christ tout entier et le véritable sacrement sont présents même sous une seule espèce.

Je tiens fermement qu’il existe un purgatoire, et que les âmes qui y sont enfermées trouvent un secours dans la prière des croyants.

Je crois fermement que l’on doit vénérer et invoquer les saints qui règnent avec le Christ, qu’ils apportent pour nous des prières à Dieu, que l’on doit vénérer leurs reliques. J’affirme fermement que l’on doit avoir et conserver les images du Christ, de la mère de Dieu toujours vierge, ainsi que des saints ; qu’on doit leur témoigner le respect et la vénération qui leur sont dus.

Je dis aussi que le Christ a donné à l’Église plein pouvoir pour les indulgences et que leur usage apporte une grande bénédiction au peuple chrétien.

Je reconnais la sainte Église Romaine, catholique et apostolique comme la mère et l’éducatrice de toutes les Églises, Je promets et jure vraie obéissance au Pape romain, successeur de Saint Pierre, le prince des apôtres et vicaire de Jésus-Christ.

J’accepte aussi sans élever aucun doute et confesse toutes les autres choses qui ont été transmises, décidées et déclarées par les saints Conciles œcuméniques, avant tout par le saint Concile de Trente et bar le Concile œcuménique du Vatican, particulièrement en ce qui concerne la primauté de l’évêque de Rome et son magistère infaillible. Et de même je condamne, je rejette et j’anathématise tout ce qui est en contradiction avec cela et toutes les fausses doctrines que l’Église a condamnées, rejetées et anathématisées. Cette véritable foi catholique en dehors de laquelle personne ne peut être sauvé, que je confesse ici librement et à laquelle je tiens fermement, je veux la conserver constamment et la confesser, pure et sans mélange, jusqu’au dernier souffle de ma vie, et je veillerai, dans la mesure où cela dépend de moi, à ce qu’elle soit conservée, enseignée et prêchée par mes subordonnés et par ceux dont je dis avoir soin en vertu de mon office. Je le promets, j’en fais vœu et je le jure. Que Dieu et ses saints Évangiles me viennent en aide.

Quelques incorrigibles optimistes essaient, bien naïvement, de se convaincre que certains de ces subordonnés, avec qui ils partagent une chaude identité charismatique, ne sont pas liés par le système auquel ils adhèrent. Qu’ils demandent aux porteurs des doctrines précitées, qui les nient en aparté, de les abjurer publiquement. Leur réponse, ou plutôt leur non-réponse serait édifiante !

En plus, nous rapportons ici quelques extraits de la prière à Marie du pape actuel pour l’année mariale 1988. Outre l’abomination de s’adresser par la prière à un mort (Deutéronome 18 et 1 Samuel 28), qu’ils en pèsent chaque mot :

Le Saint-Esprit l’a aimée, comme sa mystique épouse. Il l’a comblée de dons singuliers. À la veille du troisième millénaire chrétien, nous te confions l’Église, qui te reconnaît et l’invoque comme Mère. À t toi, Mère des hommes et des nations, nous te confions avec foi l’humanité tout entière… Soutiens, ô Vierge Marie, notre chemin de foi et obtiens-nous la grâce du salut éternel, ô clémente, ô pieuse, ô douce Mère de Dieu et notre Mère, Marie.

Et pour être à la page, laissez nous rappeler que le 6 septembre 2000, le pape a publié sa stupéfiante lettre encyclique “Dominus Jesus” signée par le cardinal Ratzinger. Ce document réaffirme que seule l’Eglise Catholique Romaine possède la totalité des “voies du salut pour l’homme” et que l’Eglise de Christ n’existe dans sa plénitude que dans la seule Eglise Catholique. (19)

(19) Paragraphe repris de la version anglaise.

Cela se passe de commentaires ! Et cependant l’unité est exprimée, non seulement avec les catholiques charismatiques qui glorifient en langues l’Épouse Mystique, la Mère de Dieu tout comme le Souverain Pontife, mais aussi avec l’Église romaine elle-même, comme nous l’avons signalé, de la bouche de Mr. Pentecôte, chef de file des baptisés de l’Esprit.

Consentement silencieux

Le 28 avril 1980, cette force de gravitation avait déjà happé trois cent mille charismatiques qui participaient à Washington au Jesus Rally. Ce fut un chef-d’œuvre de coordination de pentecôtistes non-catholiques et de charismatiques catholiques. Parmi eux il y avait Pat Robertson, une des stars de l’Église électronique, Rex Humbard, Jim Bakker (de triste notoriété), David Du Plessis, Demos Shakarian et Thomas Zimmermann, le superintendant des Assemblées de Dieu, et beaucoup d’autres qui côtoyaient des pères catholiques comme J. Bertolucci, J. Randall et M. Scanlon.

Le 14 février 1988, s’est tenu à Thomson Hall à Toronto, un service interconfessionnel d’actions de grâces. Dans la liste des vingt-trois groupes représentés sur l’estrade, nous ne citerons que les Églises luthériennes, catholiques, orthodoxes, anglicanes, unitariennes, les Quakers et les Assemblées pentecôtistes du Canada.

Où sont les voix pentecôtistes de désaccord ? Le silence est assourdissant ! Comme Nelson Ewins l’a dit justement : les rencontres, les conférences, les journaux et les livres, tous sont unanimes, puisqu’ils font béatement la cour à l’Église romaine, il n’y a aucune expression de préoccupation à l’oral comme à l’écrit ! La scène pentecôtiste mondiale est d’un calme sinistre total – un calme sinistre que les hôtes du ciel pourraient même appeler un silence de mort.

Il y a un autre silence affreux. Il vient du mouvement du renouvellement charismatique catholique. Pourquoi n’y a-t-il aucun cri de protestation contre l’abandon de vérités apostoliques de leur église ? Après tout, Rome s’en tient toujours à la régénération du pécheur par le baptême d’eau. Le salut s’obtient par de bonnes œuvres, la grâce par sacrement, des sacrifices personnels et un système de mérites.

Il n’y a aucune assurance pour l’âme de l’individu. L’expiation pour le péché s’obtient par le jeûne, la pénitence, la prière et les indulgences. Le salut de l’âme n’est toujours complet que par les flammes du purgatoire. Marie est honorée comme la co-rédemptrice avec Christ et elle est toujours pour Rome “la Reine du Ciel”. L’on s’adresse aux saints comme à des médiateurs. La vénération de reliques, des statues et des saints est toujours acceptée. On offre à Christ chaque minute possible la messe pour les péchés des vivants et des morts. On adore le pain de communion ou l’Ostie comme un vrai dieu. Le salut par la foi seule en Christ et la mise à l’abri par son sang est officiellement rejeté. Dans un silence mortel de consentement, les leaders charismatiques et les millions d’adeptes adhèrent à ces dogmes, aux décisions des conseils et aux injonctions de leur église. De tels enseignements étaient inconnus dans l’église primitive et sont seulement apparus bien des siècles beaucoup plus tard. Aucune crainte ni avertissement ne sont exprimés par rapport à cette religion humaine par leurs 800 millions de catholiques. Au lieu de cela, ce système anti-biblique est maintenu silencieusement et avec un respect intact. Ce statu quo devra être maintenu à l’avenir. En réalité, l’élimination de toute nouvelle idée de changement a été réaffirmée par le pape présent peu avant qu’il n’ait accueilli la conférence charismatique. Il a dit : “Gardez à l’esprit que l’enseignement du Concile de Trente sur la nécessité de confession intégrale des péchés mortels est toujours en vigueur et sera en vigueur pour toujours dans l’Église…” Aucune contradiction, aucun murmure de désaccord, même pas un chuchotement de mécontentement ne s’est laissé entendre. (20)

(20) Pages 239-241, reprises de la version anglaise.

Au contraire, parmi nos nombreux documents, nous possédons la copie de la publication mensuelle pentecôtiste “Charisma” et de son homologue catholique “New Covenant”. La couverture du premier est occupée par la photo de Mère Angélica et celle du second par D. Du Plessis, M. Pentecôte. Comment continuer à être comme chien et chat quand on est obligé de reconnaître que, sans conversion et sans soucis de doctrine, les uns et les autres font les mêmes expériences dites de l’Esprit ? Si l’“Esprit” parle, œuvre, guérit, baptise, réveille et vivifie aussi bien les uns que les autres, cela rend la thèse des pentecôtistes conservateurs dont nous nous sommes servi, insoutenable et caduque. C’est ce que pense aujourd’hui l’immense majorité des pentecôtistes dans le monde.

Quand Rome réagit

Pourquoi Rome n’excommunie-t-elle pas tout le mouvement charismatique qui est dans son sein, et pourquoi est-elle si compréhensive envers le monde pentecôtiste qui le lui rend bien ? Parce que les premiers adhèrent entièrement aux dogmes romains et que les seconds ne les dénoncent plus. Car, quand Rome a affaire à des prises de position nettes, elle réagit avec la violence d’antan. L’Hebdo du 22 décembre 1988 à fait paraître un article intitulé : “Le curé excommunié”, où il est dit notamment que “l’abbé G. Daillard, curé de Grächen en Valais, a été non seulement déchu de son ministère, mais purement et simplement excommunié. Quelle foudre l’a donc frappé ?… Le curé de Grächen évoque les origines païennes de la dévotion de la Vierge dont on a fait un faux dieu. Marie est la mère de Jésus, sa vie exemplaire nous parle encore aujourd’hui, mais on n’a pas à l’adorer… Sa mise en doute de l’Assomption de la Sainte Vierge a été la goutte qui a fait déborder le bénitier… Cet ecclésiastique s’est mis lui-même en état d’hérésie, explique l’évêché.” Si donc les charismatiques de tout bord, y compris les pentecôtistes, ont la bénédiction de Rome, c’est qu’ils ne font plus déborder le bénitier. Tout ce qu’ils sont en train de faire, c’est de s’y noyer. Ils sont devenus moins dangereux pour Rome qu’un simple curé de campagne. Ils ne sont plus contagieux ; ils ont perdu le virus de l’hérésie. Relation de cause à effet aidant, leur “baptême de l’Esprit” les à aseptisés, spirituellement parlant.

En 1971, le Dr Synan, historien du mouvement de Pentecôte, ne pouvait pas encore se faire à l’idée que les catholiques faisaient du Saint-Esprit la même expérience que la sienne. Mais à South Bend, il vit des autocars déverser des milliers de participants qui appartenaient aux plus anciennes dénominations pentecôtistes, se joindre à ce grand rassemblement charismatique. Voici ce qu’il dit dans son livre “Ponts Charismatiques” : “J’ai couru au lieu de rencontre et j’ai été abasourdi de voir plus de dix mille personnes déjà rassemblées pour la réunion d’ouverture. Langues, prophéties, lectures bibliques, prédications, chœurs, jaillirent avec tellement de Puissance et de conviction que j’en étais littéralement submergé. Ils (les catholiques) chantaient “nos” cantiques et exerçaient “nos” dons. C’était plus que je n’en pouvais supporter. Une sorte de choc culturel et théologique me fit aller me réfugier dans une salle annexe où, pendant quinze minutes, je ne pus rien faire d’autre que pleurer”.

Aussi impressionnant que soit ce rapport, on notera d’emblée qu’il n’y est pas question de la conversion des catholiques, mais de l’exercice des dons spirituels pentecôtistes. C’est le vocabulaire qui est adopté et rien de plus. Langues, prophéties, cantiques, lectures bibliques, chants spontanés et langage évangélique comme : conversion, nouvelle naissance, baptême de l’Esprit. Mais qu’est-ce que cela veut dire pour un catholique ? Pas grand-chose et souvent rien du tout. L’émotion de V. Synan révèle un manque total de discernement qui est pourtant un des dons de l’Esprit (1 Corinthiens 12.10). Les mêmes mots recouvrent parfois des réalités fort différentes. Lors d’une exposition biblique, j’ai guidé un prêtre et j’ai eu avec lui un long entretien. Comme il semblait très attentif, je lui ai expliqué la nouvelle naissance dont Jésus a parlé à Nicodème comme étant la condition sine-qua-non du salut. Tout au long du développement du sujet il opinait de la tête. Jusqu’au bout il marqua son accord à ce que je lui disais, à tel point que je me demandais si je ne rêvais pas. J’ai donc redoublé de précision car ce que je lui exposais était tellement en contradiction avec la doctrine du salut de son Église que ses acquiescements m’auraient fait douter que j’avais devant moi un défenseur attitré de cette doctrine. Si l’entretien s’était terminé là, j’en aurais presque conclu que j’avais peut-être eu en face de moi un enfant de Dieu, un frère en Christ vraiment né de nouveau. Je lui ai alors posé la question : Monsieur l’abbé, quand avez-vous fait cette expérience décisive de la nouvelle naissance ? Il me répondit sans hésitation : Quand j’ai été baptisé. Ben voyons ! Il a suffi de cinq mots pour tout faire basculer. Sa référence à son baptême d’enfant était la négation de la doctrine biblique. “Est devenu enfant de Dieu par le baptême” restait sa devise. La nouvelle naissance passait par son sacrement. Un gouffre immense séparait nos deux positions. Quand c’est le pont du parler en langues, jeté par-dessus cet abime, qui permet à des gens de se réjouir de leur unité, on peut se poser sérieusement la question : À quoi ce pont est-il suspendu ? À une terminologie ambigu, à une doctrine erronée, à des sentiments euphoriques, à des expériences communes, en un mot à du vent ou, pour rester biblique, à du sable, du bois, du foin, du chaume. Quand tour à tour, l’eau et le feu du jugement passeront par là… Que restera-t-il ?

Chez d’autres, la confusion doctrinale est augmentée d’une démission de leurs convictions qui les fait se sentir et se comporter dans une famille étrangère comme s’ils étaient à la maison, et cela par une habile dialectique, une sorte de schizophrénie spirituelle dont voici un exemple. Une jeune fille catholique est venue se joindre au groupe de jeunes que j’avais chargé d’instruire, ce jour-là, sur le baptême d’eau selon la Bible. Cette jeune personne, instruite, est entrée dans l’étude avec ses brillantes qualités. Sa perception du baptême des adultes, et des adultes seuls, était surprenante. Bible en main, elle découvrait avec une remarquable facilité toute la vérité sur le sujet, et, du même coup, l’erreur sacramentelle de son Église. En public, la pertinence et la justesse de ses réponses pouvait faire croire que les jours de son appartenance à l’Église catholique étaient comptés. Mais dans une conversation privée, elle s’est révélée être une tout autre personne. Ce qu’elle avait saisi du baptême n’était que “le point de vue biblique”. Pour elle, seul comptait le point de vue catholique ; elle m’a bien fait comprendre qu’il n’entrait pas dans ses intentions de changer quoi que ce soit à sa façon de voir, ni envers le baptême ni envers son Église. Comme une femme adultère qui a un mari et prend un amant, elle pouvait très bien admettre une chose et son contraire et faire bon ménage avec les deux ! L’ami dont nous parlions au chapitre 2 n’a pas réagi autrement quand, forcé d’admettre que son don des langues n’était pas scripturaire, il se retrancha derrière ces paroles : “Bibliquement, vous avez raison, mais je ne peux pas renier une expérience”. Depuis quand la vérité s’accommode-t-elle de l’erreur ? Si Christ s’accorde avec Bélial (2 Corinthiens 6.15-16), c’est que sous le déguisement d’un ange de lumière un autre a pris Sa place. C’est cet “autre” que nous nous efforçons de dévoiler depuis le début. S’il suffit d’avoir un vocabulaire d’emprunt, de taper bruyamment dans les mains, de prendre des poses extatiques, de baragouiner des mots sans suite, de lancer des Alléluia à tort et à travers pour être reconnu comme faisant partie de la famille, il y a fort à parier que l’esprit qui est derrière cette Babel n’est pas le Saint-Esprit. Non, cet esprit qui par son baptême engendre des faussaires, et qui à tout vent distribue ses “dons”, même ceux qui n’existent plus, ne nous dit rien qui vaille. Être inconverti ou éloigné de la vérité et le rester ne serait rien, seule compterait une seconde expérience même s’il n’y en a pas eu de première ! Comment ! Faire une deuxième expérience sans repentance première, sans conversion première, sans une première soumission à la Parole de Dieu, sans un premier brisement, sans une volte-face doctrinale !!! Rien d’étonnant à ce que notre génération assiste à un amalgame religieux sans précédent qui ne laisse rien augurer de bon, et qui ne peut conduire qu’à la grande religion unique et syncrétiste, la dernière, celle que la Bible appelle la “prostituée”. Babylone semble déjà bien avancée. Le Conseil Œcuménique des Églises fut fondé en 1948 dans le but de faire l’unité religieuse globale à tout prix. C’est-à-dire l’unité sans discrimination de croyance, comprenant bouddhistes, hindous, sikhs, musulmans, sionistes et la chrétienté apostate. Cela n’a pas empêché l’esprit pentecôtiste d’y faire sa joyeuse entrée. Ce que l’œcuménisme n’est pas arrivé à faire, le “Saint-Esprit” est en train de le réussir : unir dans un même élan charismatique les positions les plus antagonistes. Le 24 juillet 1983, lors de la sixième assemblée à Vancouver, des foules y représentaient le mouvement pentecôtiste global. Son nouveau directeur pour l’Afrique, G. Cashmore, y a fait son entrée accompagné de la sœur franciscaine Joan Puls. David Du Plessis (M. Pentecôte), parlant à une assemblée plénière, a exprimé son enthousiasme par ces mots : “J’ai été aux cinq assemblées. Au début, je n’y voyais que de l’ivraie. Maintenant c’est le bon grain qui recouvre l’ivraie !”. Bien sûr qu’on ne voit plus l’ivraie quand elle parle comme le bon grain, se revêt de son apparence, opère les mêmes miracles par le même “Saint-Esprit” !

Le Dr Synan, l’historien le plus écouté du pentecôtisme est l’auteur entre autres, de “Ponts charismatiques”. En janvier 1984, il affirmait que “catholiques et pentecôtistes charismatiques sont appelés à faire bloc”. Il appuya cette assertion en apportant le témoignage de sa collaboration avec le catholicisme romain depuis plusieurs années. Dès 1973 il participait au dialogue œcuménique entre le Vatican et les théologiens pentecôtistes. En 1977 il prêta main-forte à l’organisation de la conférence de Kansas City. Il démontra sa totale indifférence envers la vérité quand N. Cavnar lui posa la question : “Comment voyez-vous le fait que nous (catholiques) avons pris beaucoup de précautions à faire de nos charismatiques de vrais catholiques ?” Il répondit : “Cela ne me pose aucun problème de voir un catholique charismatique aimer son Église. Je ne pense pas qu’il y aurait un intérêt quelconque à ce qu’il la quitte. Ce qui compte, c’est qu’il soit catholique fidèle à son Église et cependant baptisé du Saint-Esprit...”.

T. Spence, précédemment pasteur pentecôtiste qui a été éclairé sur son mouvement a écrit : “Dans le passé, l’œcuménisme avait besoin d’unir deux secteurs pour devenir effectif : l’esprit et la doctrine. Maintenant que l’unité se fait par “l‘Esprit”, on peut être sûr que l’unité doctrinale va suivre. D’abord vient l’erreur, puis le chemin, et enfin la doctrine. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est plus qu’une avancée en direction d’un nouvel œcuménisme par le truchement du charismatisme catholique, C’EST UN AMALGAME QUI VA DANS LE SENS D’UNE RELIGION FINALE QUI EST CELLE DE L’ANTICHRIST”.

Ne voit-on pas Demos Shakarian, fondateur du groupe d’Hommes d’Affaires du Plein Évangile, inviter comme prédicateurs des prêtres catholiques bon ton, tel le Père Braun, à leurs conventions, simplement parce qu’ils ont reçu l’expérience pentecôtiste. N’est-ce pas là, la preuve qu’on peut faire cette expérience en dehors de toute nouvelle naissance, de toute conversion morale ou doctrinale, exactement comme l’auront faite ceux qui, sans jamais avoir été connus du Seigneur, pourront prétendre avoir exercé les “dons de l’Esprit” en son nom ? (Matthieu 7.22-23).

L’Amérique, dira-t-on, c’est bien loin ! Alors, revenons chez nous. Tous ceux que je connaissais bien dans le mouvement pentecôtiste étaient tous fermement opposés au Romanisme. Quelle est la CAUSE qui les a amenés à composer avec un système qu’ils appelaient “une synagogue de Satan” d’après Apocalypse 3.9 ? La cause de cette capitulation se trouve dans leur propre erreur, l’expérience pentecôtiste, qu’ils ont inoculée aux Catholiques comme le confirme ce qui suit.

La poule qui couve des œufs de canard

Thomas Roberts décédé récemment, fut un prédicateur apprécié issu du pentecôtisme modéré. Avec les années, il devint le fer de lance du charismatisme francophone. Il fut le vecteur de l’expérience pentecôtiste dans les milieux catholiques. Il vit s’y produire sa “seconde bénédiction” avec les signes qui l’accompagnent. Il a travaillé inlassablement à promouvoir l’intercommunion entre les charismatiques protestants et catholiques au niveau de la Sainte Cène chez les premiers et de l’Eucharistie faussement ainsi nommée chez les seconds. Il s’y donna tant et si bien que son identité évangélique finit par se diluer. Voyant sa progéniture spirituelle s’adresser miraculeusement en langues à la Sainte Vierge Marie, il pouvait d’autant moins s’y opposer que c’était par son ministère et l’imposition de ses mains que ces catholiques avaient reçu ce don. N’ayant jamais contesté sa propre expérience, il ne pouvait contester la leur sans se renier lui-même. Il se retrouva comme une poule qui a couvé des œufs de cane et qui suit ses canetons jusqu’à se tremper dans l’eau. Il s’y est si bien trempé qu’il a fini par s’y noyer. Puisque ses enfants spirituels, animés du même “esprit” que le sien priaient la Vierge, il en fit autant. Un de mes amis lui en fit sévèrement la remarque et le reproche. Il ne nia pas la chose mais il tenta de l’atténuer, en disant que : “Il ne fallait pas voir la prière que l’on pouvait adresser à Marie comme la voient les catholiques mais comme une louange à Dieu pour le service de cette humble servante”. Quelque peu tirée par les cheveux que soit son explication, le fait est qu’il s’adressait à elle. Faut-il rappeler qu’au-delà de ce très grave péché doctrinal, on y trouve le péché d’abomination qui consiste à s’adresser à l’esprit d’une morte. Et cette morte fut-elle une sainte ne change rien à une affaire qui a des senteurs de nécromancie (Deutéronome 18). Comme l’avait très bien compris en son temps D. Cormier, l’esprit qui pousse les âmes dans cette direction ne peut pas être le Saint-Esprit.

Non, l’erreur n’est jamais gratuite. Il y a toujours une relation de cause à effet. Une doctrine qui tord les textes de l’Écriture, qui en passe d’autres sous silence et qui privilégie l’expérience à la Bible peut, dans l’immédiat, paraître agréable au palais, mais elle finira par être amère aux entrailles. Les pères du parler en langues ont mangé des raisins verts et maintenant les dents de leurs enfants sont agacées. Nous venons d’en donner un aperçu ; voyons où cela va conduire à plus longue échéance.

L’esprit qui tue

Toujours ramener quelqu’un à la lettre de l’Écriture, c’est courir le risque d’être accusé de légaliste.

En êtes-vous si sûr ? En 2 Samuel 6, à l’issue d’une bataille victorieuse, David et une foule de 30.000 personnes s’en vinrent retirer l’Arche de Dieu de chez les Philistins. La scène qui s’y passe pourrait être qualifiée de charismatique avant la lettre. Un vrai culte nouvelle vague. Ils sautent, dansent, chantent avec des harpes, des luths, des tambourins, des sistres et des cymbales. Le problème mineur à leurs yeux était celui du transport de l’Arche, problème qui fut vite résolu grâce à une charrette toute neuve et une bonne paire de bœufs pour la tirer. Aucune voix discordante ne s’est élevée, excepté peut-être, celle d’un légaliste rabat-joie comme moi pour leur rappeler que, selon la lettre de la Parole de Dieu, l’Arche devait être portée sur des épaules d’hommes (Nombres 4.17 ; 7.9) et que Dieu devait être obéi à la lettre. Y aurait-il eu un tel trouble-fête pour leur rappeler la chose qu’ils auraient rétorqué :

Est-ce qu’on ose raconter la suite ? “La colère de Dieu s’enflamma contre Uzza à cause de sa faute (et de la leur) et il mourut là”.

Cette joyeuse Assemblée engagée dans un esprit de renouveau spirituel et dynamisée par un esprit de conquête, de ferveur et de liberté n’a pas fait long feu. Le tout s’est terminé par un service funèbre. La conclusion reste valable pour les temps de dangereux relâchement comme ceux que nous vivons : Tout esprit qui ne sort pas de la lettre des Écritures, tue autant, sinon plus, qu’une lettre de laquelle l’Esprit serait absent.

Dieu avait donné l’ordre formel et irréversible de ne pas allumer l’autel des parfums avec un feu étranger. Ce devait être celui qui venait de l’autel des holocaustes (Lévitique 16.12-13). Les deux fils d’Aaron, Nadab et Abihu périrent pour n’avoir pas cherché la pensée de Dieu sur ce point (Lévitique 10.1-2). Nul doute qu’une ferveur nouvelle embrase diverses couches de la chrétienté, mais ferveur n’est pas synonyme de vérité. Saul de Tarse était fervent, réveillé et engagé comme on dit aujourd’hui. Ce feu vient-il de la conversion à Christ par la foi obéissante (Romains 1.5) à la Parole de Dieu ? Dans le cas de Nadab et d’Abihu, cela venait de leur ignorance et de leurs seules bonnes intentions. Nous l’avons vu, le baptême de l’Esprit et le parler en langues dans leur explication charismatique, ne sont pas des feux allumés par la Parole de Dieu. Que de bonnes intentions en soient la flamme initiale, nul ne le contestera, mais ne dit-on pas que l’enfer lui aussi est pavé de bonnes intentions. Or, tout est étranger dans cette affaire, le feu, le combustible et la ferveur religieuse qui s’en dégage. Rien n’est conforme au modèle scripturaire. Quand l’autel des parfums serait d’appellation évangélique, si c’est un feu étranger à la Parole qui l’allume, cela ne laisse augurer rien de bon pour la suite. C’est peut-être un feu chatoyant, éblouissant, bruyant qui captive et envoûte, mais ce n’est jamais qu’un feu d’ARTIFICE. Voici que justement le grand artificier est à la porte. Le jour approche où un surhomme viendra avec un nom d’emprunt, une super-Église et une panoplie complète d’instruments de séduction, semblable à un agneau et parlant comme un dragon (Apocalypse 13.11). Dieu appelle l’apparition de cet hyper-charismatique le “Mystère de l’iniquité”. Ce Mystère ira comme un gant à ceux qui se sont laissé aller au mysticisme., Rappelons brièvement que le mysticisme c’est, par définition “la croyance qu’il est possible d’avoir communion avec Dieu par la contemplation et l’amour sans la raison humaine” comme par exemple les Corinthiens qui priaient par l’esprit en écartant l’intelligence, ce que Paul corrige (1 Corinthiens 14.15). C’est dans le domaine de la mystique que s’exerceront les pouvoirs de l’Antichrist. Par la puissance de Satan, grand expert en la matière, il déploiera tout son éventail de séductions : atmosphères, signes et prodiges. Quels sont ceux qui seront séduits ? Ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité et qui ont pris plaisir aux injustices anti-scripturaires examinées dans ce livre (Lire : 2 Thessaloniciens 2.3-12). Et quels sont ceux qui échapperont à cette séduction ? C’est le même texte qui le dit : “Ils seront sauvés par la sanctification de l’Esprit (et non par les pseudo-dons) et par la foi en la vérité” (verset 13). La sauvegarde de l’Église de Philadelphie nous est rapportée en ces termes : “Parce que tu as gardé MA PAROLE… je te garderai aussi de l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier” (Apocalypse 3.8-10).

B. Creme, qui dit être le Jean-Baptiste, le précurseur du Nouvel Age, annonce la proche venue du “vrai Christ” en ces termes : “Le Christ opérera une fusion mentale simultanément avec l’humanité entière. Chaque personne entendra télépathiquement dans sa propre langue les paroles du Christ car il reproduira à l’échelle mondiale l’événement de la Pentecôte. Il se produira aussi dans le monde entier des centaines de milliers de guérisons spontanées. L’humanité saura d’après ces phénomènes que cet homme, et seul cet homme, est le vrai Christ”. Ces phénomènes auront-ils vraiment lieu ? Seul le temps pourra nous le dire, mais ils sont dans la ligne de l’apparition de l’antichrist, l’impie, de “l’homme de péché” que le Seigneur “détruira par le souffle de sa bouche” (sa Parole). Tous ceux qui vivent d’ambiances, d’expériences, de sentiments saupoudrés de quelques textes bibliques souvent arrachés à leur contexte, sont déjà mûrs pour acclamer l’Homme-Providence que sera ce nouveau Monsieur Super-Pentecôte qui (2 Thessaloniciens 2.4) s’assiéra dans le temple de millions de cœurs, lesquels dans un élan de mysticisme aveugle, voueront une dévotion sans borne à cet “autre Jésus” que sera l’hyper-pontife des temps de la fin. Le charismatisme prépare la voie de cette capitulation générale en semant la confusion de Babylone dans les esprits.

Interrogé : “Où pensez-vous que cela peut conduire ?”, le Dr Synan, porte-parole du mouvement pentecôtiste global répond : “Dans sa perspective historique, le pentecôtisme représente un mouvement qui a commencé avec le début du siècle dans les Églises de Sainteté (Holiness Churches), essaimant en de nombreux autres groupes pentecôtistes, essaimant encore et pénétrant les principales dénominations protestantes et pénétrant l’Église catholique… Il est clair que dans les dernières décennies de ce siècle et dans les premières du prochain, les affaires chrétiennes seront de plus en plus entre les mains des catholiques et des pentecôtistes. Le seul pont entre ces deux groupes, pour le moins au niveau populaire, ce sont les charismatiques… Le pentecôtisme qui met l’accent sur la puissance de l’Esprit est la plus grande force dans la chrétienté aujourd’hui. C’est la puissance qui révolutionnera le christianisme et c’est ce que pentecôtistes et charismatiques catholiques ont en commun…” (New Covenant, janvier 1984). Comme les choses et les doctrines changent vite ! En moins de vingt ans, l’analyse pentecôtiste du renouveau charismatique dont nous nous sommes fait l’écho au chapitre 1, est mise aux oubliettes. Ce qu’a dit Ewin Wilson (21) est tellement vrai : “L’appel à l’unité dans cet esprit-là est, il est vrai, une force extraordinaire qui unira les différentes parties d’une apostate, la fausse épouse de Christ, la Babylone mystique, la prostituée.

(21) Extrait d’E. Wilson : « The Spirit of Pentecostal Charismatic Unity, The Emerging 666 Peace » et « The Pied Piper of the Pentecostal Movement ».

Mais une autre voix se fait entendre. Son appel n’est pas basé sur les expériences mystiques de la glossolalie mais sur une unité qui naît de la séparation telle qu’elle est définie dans la Bible. Le vrai Saint-Esprit de Dieu dit : “Sortez du milieu d’eux, mon peuple, et séparez-vous dit le Seigneur ; ne touchez pas ce qui est impur et je vous accueillerai” (2 Corinthiens 6.17). L’esprit qui préside à la glossolalie actuelle ramène des millions de gens à pactiser avec les abominables erreurs d’un système idolâtre. C’est un système que Dieu hait et qu’il s’est engagé à détruire. C’est lui qui dit en Apocalypse 18.4 : “Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point part à ses fléaux”.

Exceptions ?

Il est vrai qu’ici çà ou là, certains groupes isolés Pentecôtistes ont officiellement pris leurs distances avec certaines de ces doctrines, mais doivent-ils être loués pour cela ? Si vous grattez la surface, vous constaterez que ce sont les mêmes qui, en proclamant officiellement leur croyance en la seule guérison divine, iront vers les médecins et prendront les médicaments en secret. Cette dualité hypocrite a si imprégné leurs vies qu’ils peuvent vivre avec une idée et son contraire sans nullement en rougir. Ainsi, des déclarations “courageuses” de désapprobation sont publiées contre la Parole de foi, la pensée positive, la Bénédiction de Toronto, la théologie de la prospérité et les enseignements concernant Marie etc. … comme préconisé par Yonggi Cho, Wagner, Bunkke, Wimber, Schuller, O. Roberts, les Pères Regimbald, Tom Forest et d’autres, mais ils, ou leurs lieutenants ont à peine franchi leur propre territoire que toute la prudence, les avertissements et la critique passée est jetée aux vents. Vous voyez que ces frères “prudents” les accueillent en hâte, faisant de la publicité pour leur arrivée, accueillant leurs comités et encourageant leurs propres congrégations à rejoindre les réunions où ce qui est expliqué est juste le contraire de ce qu’ils disent. Sur le papier, ils semblent désapprouver toutes sortes d’enseignement s’étendant de Marie à “l’évangile de prospérité” et pourtant ils travaillent la main dans la main, partagent la même chaire et ont des associations proches avec ceux qui s’en tiennent aux mêmes erreurs contre lesquelles ils ont averti. Cette attitude double est dénoncée en Romains 2.21-22, “Vous qui enseignez d’autres, vous ne vous enseignez pas ? Vous qui prêchez contre le vol, Vous-volez ? Qui dites que le peuple ne devraient pas commettre l’adultère, vous commettez l’adultère ?” Transposez-ceci dans notre débat et cela donnerai, “Tous qui pouvez discerner l’adultère spirituel chez d’autres, vous vous joignez à eux ! Ce que vous stigmatisez avec vos mots, vous passez outre avec vos actes !” Nous sommes confrontés ici avec une dichotomie spirituelle évidente ou une double personnalité, une maladie morale dont ceux qui sont infectés ne peuvent pas se débarrasser parce qu’ils ont tous ce qu’ils appellent eux-mêmes “une expérience sublime commune de base”, celui d’un baptême post-conversion non scripturaire de l’Esprit soutenu par un non moins biblique parler en langues. Tant que cette CAUSE est cultivée et entretenue, ce type de contradiction morale et doctrinale continuera à fleurir dans le mouvement. (22)

(22) Paragraphe « Exceptions ? » repris de la version anglaise.

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