Le supranaturalisme a été longtemps sans faire grand’chose pour la Théologie de l’A. T. Quelques productions isolées témoignent seules d’une intelligence vraie du fait historique qui s’appelle la révélation ; ainsi les ouvrages de Hess sur le Royaume de Dieu, et ceux de Menken, qui marche à certains égards sur les traces de Bengel. Hess s’applique surtout à montrer la sagesse du plan d’après lequel Dieu agit dans tout ce qu’il fait pour le salut du monde ; Menken, on peut bien le dire, a considéré comme sa tâche particulière de jeter quelque lumière sur la marche progressive de la révélation. Il a pensé que la meilleure manière de défendre la Bible contre ses nombreux ennemis, c’est de prouver que l’histoire du règne de Dieu présente un ensemble harmonique et complet. Il a ses imperfections : sa théorie de l’expiation est faussée par une opposition outrée à la manière ordinaire de présenter cette doctrinea ; mais il y a à prendre dans ses erreurs elles-mêmes. Il y a dans sa notion de la sainteté divine quelque chose de vrai, que méconnaissaient ceux qu’il combattait.
a – Voyez son Essai d’introduction à l’étude personnelle de la Bible, chap. 6, appendice B.
En général, ce qu’on est convenu d’appeler le supranaturalisme raisonnable ne se servait guère de l’A. T. que pour y trouver des pièces à l’appui des vérités chrétiennes, ou bien, dans un but apologétique, pour y montrer des prophéties que le N. T. est venu accomplir longtemps après. A cet égard, il s’agissait particulièrement de justifier les citations que le N. T. fait de l’Ancien ; mais on n’avait pas des principes bien arrêtés sur ce qu’on peut appeler un accomplissement de prophétie ; on prenait les prophéties au sens propre ou au sens figuré, suivant le besoin de la cause.
Il n’y a que Steudel qui, parmi les supranaturalistes, ait écrit une théologie de l’A. T. complèteb. Il reconnaît la nécessité d’étudier le contenu des livres de l’A. T. dans leur rapport intime avec l’histoire ; mais dans son ouvrage il se propose uniquement d’offrir un résumé systématique des idées religieuses de l’A. T. Il reconnaît également qu’il y a progrès dans ces idées religieuses, mais ce progrès ne lui apparaît pas tant comme un déploiement organique, que bien plutôt comme l’exploitation successive d’une veine qui était là dès le principe avec toute sa richesse. Le trésor était même exposé aux yeux de l’homme dès le commencement du monde ; mais l’homme qui le regardait était un enfant. La somme des connaissances religieuses de l’humanité s’est agrandie à mesure que les hommes ont mieux su voir. S’il y a imperfection, c’est le fait de l’élève et non du maître. — Il y a beaucoup de vrai en ceci, mais ce n’est pas toute la vérité. Comment expliquer alors St. Paul appelant la loi un pédagogue pour conduire à Christ ? Steudel fait trop d’honneur à l’A. T., et en même temps il lui fait tort. Il lui fait trop d’honneur, car nous disons à qui veut nous entendre, qu’il n’y a pas une seule doctrine biblique qui soit exposée d’une manière complète, qui soit achevée dans l’A. T., de telle sorte qu’elle ait pu passer telle quelle dans le Nouveau. Il lui fait tort, car le N. T. ne renferme aucune doctrine absolument nouvelle ; la vérité évangélique se trouve bien plutôt préparée par l’A. T. dans son ensemble et dans toutes ses parties.
b – Cet ouvrage n’a été publié après la mort de Steudel par Œhler, qui était son gendre. Note du T.
C’est pour cela qu’il a été réservé à Hengstenberg d’exercer une influence décisive sur l’emploi de l’A. T. dans la théologie, comme il l’a fait par sa Christologie de l’A. T.c Malgré ses bizarreries, et peut-être même à cause de ses bizarreries, cet ouvrage a fait époque. Les principes qui ont dirigé Hengstenberg dès le commencement de sa carrière et dont il ne s’est jamais sensiblement départi, sont ceux de l’ancienne, théologie protestante : il cherche à trouver dans l’A. T. toutes les principales doctrines du Nouveau, et cela non pas en voie de formation, mais toutes formées déjà. Prenons, par ex., la doctrine de la Trinité. Est-ce que, dans l’ancienne alliance, on se doutait qu’il y a en Dieu quelque chose qui se révèle et quelque chose qui ne se révèle pas ? Oui ! on pouvait le savoir aussi bien que dans la nouvelle alliance, à cette seule différence près, que cette distinction était un peu moins claire dans l’A. T. que dans le N. T., parce que, aussi longtemps que la Parole n’avait pas encore été faite chair, le Dieu qui se révélait et celui qui se cachait, étaient encore en quelque sorte confondus l’un avec l’autre. Ainsi s’exprime Hengstenberg ; mais le fait est qu’aussi longtemps que la Parole n’avait pas encore été faite chair, il était impossible de se représenter clairement un Dieu devenant homme, parce que Dieu ne l’était pas encore devenu. Il ne peut pas y avoir de connaissance anticipant sur les faits. L’A. T. nous montre d’une part l’Ange de l’Éternel, dans la personne duquel Dieu se manifeste de temps en temps d’une manière visible. D’autre part, il s’efforce de dépeindre un Messie plein d’une vie divine, après la venue duquel il soupire ; mais qu’arrive-t-il ? L’Ange de l’Éternel disparaît et s’absorbe toujours de nouveau en Dieu ; et quant au Messie, l’Esprit de l’Éternel repose bien sur lui, mais l’Éternel demeure toujours infiniment élevé au-dessus de lui. L’A. T. cherche donc, tant seulement, l’union réelle de Dieu avec l’humanité ; il ne la possède pas, ou du moins il ne la possède que dans le sens où l’on peut dire que le gland renferme le chêne.
c – En trois volumes. La première édition est de 1829 à 35 ; la seconde de 1854 à 57.
Avec de pareils principes, Hengstenberg devait évidemment spiritualiser les prophéties ; il ne pouvait tenir suffisamment compte de la manière concrète dont elles se sont réalisées dans l’histoire. Mais il faut lui laisser le mérite d’avoir puissamment réveillé l’intérêt des savants et des chrétiens allemands en faveur de l’A. T.d
d – Son Histoire du Royaume de Dieu sous l’ancienne alliance a été publiée en 1869 après sa mort.
L’Histoire de l’ancienne alliance de F. R. Hasse est un livre utile à consulter. L’auteur s’est placé au même point de vue que Hengstenberg. Mais il ne s’occupe guère du contenu doctrinal de l’A. T. ; il a besoin d’être complété par Hævernick, qui, lui, au contraire, dans sa Théologie de l’A. T., s’occupe exclusivement des doctrines révélées sous l’ancienne alliance.
Le livre d’Hævernick renferme d’excellentes choses, mais avec tout cela, le problème n’était pas encore résolu, la tâche n’était pas encore remplie ; nous ne possédions pas encore un ouvrage qui retraçât le développement organique de l’histoire du salut sous l’ancienne alliance, en ayant soin de montrer comme quoi Dieu, ne révèle jamais aux hommes par le ministère de ses serviteurs, que ce qu’ils peuvent comprendre au moment où ils vivent. Telle est la tâche que se proposa J. C. K. Hofmann, dans son ouvrage intitulé : Prophétie et accomplissement. Mais s’il réussit à éviter l’écueil contre lequel avait donné Hengstenberg, s’il tient compte des divers degrés de développement par où a passé la révélation de l’ancienne alliance, s’il montre bien le rapport intime qu’il y a entre les progrès de la parole prophétique et l’histoire, il commet la faute d’assigner par cela même à la parole prophétique une position secondaire par rapport à l’histoire ; il lui arrive souvent d’enlever à telle prophétie son caractère prophétique, tellement il en met le contenu à la portée de la compréhension des contemporains. Cet inconvénient se retrouve beaucoup moindre dans le second ouvrage du même auteur, Preuves scripturaires (Schriftbeweis), qui renferme une foule de choses du plus haut intérêt pour la Théologie de l’A. T.
Les travaux les plus récents dans le domaine qui nous occupe sont ceux de Samuel Lutze, de Ed. Nægelsbachf, de Kurtzg, de Auberlenh, de Delitzschi, de Hupfeld, dont le Commentaire sur les Psaumes renferme des remarques précieuses pour l’intelligence de l’A. T., et enfin de O. Hermann Schultz, qui est le savant auteur de la plus récente Théologie de l’A. T.
e – Dogmatique biblique, 1847.
f – L’homme de la nature.
g – Histoire de l’ancienne alliance.
h – La révélation divine.
i – Psychologie biblique.