Synonymes du Nouveau Testament

13.
Θάλασσα, πέλαγος
Mer, étendue océanique

Θάλασσα étant « ce qui est agité » ou « troublé », si le rapport qu’on lui prête avec ταράσσειν est exact (Pott, Etym. Forschungen, vol. ii, p. 56), exprime, comme le latin « mare », la mer, formant contraste avec la terre (Genèse 1.10 ; Matthieu 23.15 ; Actes 4.24). Πέλαγος, étroitement allié à πλάξ, πλατύς, « plat », c’est la vaste mer, l’immense étendue, « l’altum mare »a, comme distinct des portions brisées par les îles, enfermées par les côtes et les caps (Plutar. Timol. 8)b. C’est l’idée d’étendue qui est à la base du mot, celle de profondeur n’y est que tout à fait secondaire et probablement trouvera sa place dans cette mer infinie ; ainsi Sophocle (Œd. Col. 659) : μακρὸν τὸ δεῦρο πέλαγος οὐδὲ πλώσιμον ; de même aussi les murmurateurs Israélites, dans Philon (Vit. Mos. 35), sont comparés à un πέλαγος ; et aux immenses plaines de sable du désert. Dans Hérodote (2.92), le Nil, inondant l’Egypte, est dit πελαγίζειν τὰ πεδία, qu’il ne couvre cependant qu’à la profondeur de quelques pieds. Un passage du Timée de Platon (25 a, b) éclaircit bien la distinction entre les mots ; on y voit que la qualification de πέλαγος est refusée à la mer Méditerranée ; qui n’est qu’un port ayant pour entrée l’étroit espace des Colonnes d’Hercule ; il n’y a que le grand océan Atlantique qui, s’étendant au delà, puisse être reconnu comme un ἀληθινὸς πόντος, πέλαγος ὄντως. Comparez Aristote, De Mun. 3 ; Meteorol. 2.1 : ῥέουσα δ᾽ ἡ θάλαττα φαίνεται κατὰ τὰς στενότητας (le détroit de Gibraltar), εἴπου διὰ περιιέχουσαν γῆν εἰς μικρὸν ἐκ μεγάλου συνάγεται πέλαγος.

a – Il n’est pas nécessaire de faire remarquer que pelagus, adopté par les Latins, a la même signification :
Ut pelagus tenuere rates, nec jam amplius ulla
Occurrit tellus, maria undique et undique cælum.
Virgile, Æn. v, 8,9.

b – Hippias, dans le Protagoras de Platon (338 a), accuse l’éloquent sophiste d’un φεύγειν εἰς πέλαγος τῶν λόγων, ἀποκρύψαντα γῆν. Cette dernière expression reparaît en français dans le terme « noyer la terre », appliqué à un vaisseau faisant voile et perdant de vue la terre ; comparez, du reste, aussi le « Phæacum abscondimus urbem » de Virgile.

Il pourrait sembler que cette distinction ne soit pas bonne dans un ou deux cas où πέλαγος se présente dans le N. T., ainsi dans Matthieu 18.6 : « Il vaudrait mieux qu’on lui pendît une meule d’âne au cou, et qu’on le jetât au fond de la mer (καὶ καταποντισθῇ ἐν τῷ πελάγει τῆς θαλάσσης). Mais l’idée de profondeur, que le passage réclame sans aucun doute, il faut la chercher ici dans καταποντισθῇ, car πόντος, qui n’est pas dans le N. T., est allié à βάθος, à βυθός (Exod.15.5), à βένθος ; (peut-être que ce dernier vocable est le même que le précédent), et signifie la mer dans sa profondeur perpendiculaire, tandis que πέλαγος (« æquor maris ») signifie la mer dans ses dimensions horizontales et dans son étendue. Comparez Dœderlein, Latein. Syn., vol. iv, p. 75.

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