Fragment du discours prononcé à Thoune, le 26 mars 1922
Le salut ne consiste pas uniquement dans le pardon des péchés, mais bien dans l'affranchissement du péché. Il peut parfaitement arriver que même après avoir obtenu le pardon de nos péchés, nous mourions dans notre péché. Christ nous sauve. Il ne se borne pas à nous pardonner nos fautes.
Un homme, dans l'Hymalaya, avait été malade si longtemps qu'il avait fini par perdre la tête. Un jour, un de ses parents vint le voir et s'assit à côté de lui pour lui parler. Tout à coup, le malade s'empara d'un couteau tranchant et coupa la gorge de son visiteur. Il fut arrêté et condamné à être pendu. Ses parents firent appel de cette sentence et demandèrent sa grâce en alléguant le fait que sa longue maladie l’avait rendu fou. Le Raja, un homme de cœur, trouva cette requête raisonnable. Cet homme avait tué son parent le 20 du mois et avait été condamné à être pendu le 22 ; il fut gracié le 21, mais il mourut néanmoins le 22, de sa maladie. Son péché lui avait été pardonné, mais à quoi cela lui servit-il puisqu'il mourut quand même ? Son salut aurait été la guérison de sa maladie, car il avait commis cet affreux crime sous l'empire de cette maladie, dont il ne fut pas guéri et dont il mourut.
C’est ainsi que beaucoup de gens, après avoir reçu le pardon de leurs péchés, meurent néanmoins dans leur péché, car la chose essentielle, la chose qui importe avant tout, c'est d'être sauvé du péché. Christ est venu pour nous sauver de nos péchés. Si nous sommes guéris du péché, nous sommes vraiment sauvés, mais si nous continuons à pécher, nous mourrons dans le péché. Bien des hommes se trompent en croyant qu'il suffit que leurs péchés soient pardonnés pour qu'ils soient sauvés. Tant que leur nature pécheresse n'a pas été transformée, ils ne sont pas sauvés ! Dieu est amour ; Il témoigne de son amour envers nous en nous donnant l'occasion de nous repentir, mais au lieu de la saisir et d’être ainsi sauvés de nos fautes, nous continuons à pécher. Cette occasion que l'amour divin place devant nous, nous la laissons passer ! L'amour de Dieu est infini ; voilà pourquoi Il nous offre le pardon.
Je vous parlerai d'un autre Raja, un homme très bon et très sage. J'ai été impressionné en entendant parler de son amour, surtout lorsqu'on m'a raconté ceci ! Un jour qu'il passait en voiture dans les rues de sa ville, il rencontra un attroupement et on lui amena un homme surpris en flagrant délit de vol, pour qu'il le punisse. Le Raja dit simplement : Je ne suis pas en Cour de justice et je pardonne à cet homme. Puis il exhorta le voleur à changer de conduite. Celui-ci était bien content de se voir remis en liberté ; il avait là une belle occasion de devenir un homme honnête. Au lieu de cela, il continua à voler et finit par commettre un meurtre. Arrêté et conduit devant le Raja, en Cour de justice cette fois-ci, il fut condamné à être pendu. Il avait cru que, sûrement, le Raja lui pardonnerait comme la première fois.
Aujourd'hui aussi, tant de gens pèchent jour après jour sans que Dieu les punisse. Il nous semble parfois que les bons souffrent davantage que les méchants, mais c'est que Dieu, dans son amour, donne aux pécheurs l'occasion de se repentir. Combien peu en profitent ! Le temps vient où nous comparaîtrons devant le trône du jugement et alors, peut-être qu'il se trouvera des pécheurs qui se réjouiront en voyant Jésus-Christ et qui diront : Nous sommes affranchis. Il nous a sauvés. Il a donné sa vie pour nous. Mais ce sera trop tard ! Dieu nous donne chaque jour une occasion de nous repentir ; si nous la négligeons, nous n'en aurons pas d'autre après la mort. Christ ne serait pas descendu sur cette terre s'il y avait eu pour nous encore une occasion d'être sauvés plus tard. Il serait resté au Ciel !