Vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis.
Interrogez un professeur de conservatoire de musique et vous apprendrez, par exemple, que la classe de piano de première année affiche complet. Il faut refuser de nouvelles inscriptions. Pourtant, au fil des mois, le nombre des élèves va s’amenuisant et déjà, la deuxième année, le tiers de l’effectif s’est « volatilisé ». A partir de la quatrième, les défections ne se comptent plus ; seuls, quelques élèves s’accrochent, bien décidés cette fois à aller jusqu’au bout. On commence plein d’ardeur, persuadé qu’on deviendra rapidement un pianiste émérite. Hélas ! Dès qu’un effort est demandé ou que l’exercice « perd de son charme » (monter des gammes n’est pas folichon), le découragement saisit le jeune qui trouve un bon prétexte pour abandonner quand les parents sont dépourvus d’autorité.
« Commencer… et ne pas achever » est un mal qui guette même les plus déterminés. On commence une broderie… sans la terminer. On entreprend une ascension. et l’on rebrousse chemin à mi-parcours. Après le passage du missionnaire, on s’engage à prier pour lui et l’église qu’il a fondée. mais bientôt on oublie… Généralement, quand une tâche exige un effort de longue haleine, il y a, tôt ou tard, un passage difficile, un bout de tunnel à traverser, qui freine le zèle et arrête les gens non motivés. Persévérer c’est franchir cette passe difficile et poursuivre le travail commencé jusqu’à son achèvement. C’est, précise le dictionnaire, continuer de faire ou d’être ce qu’on a résolu, par un acte de volonté toujours renouvelé. Seuls, les « violents » y parviennent, d’où l’importance d’obliger, l’enfant à la lutte, de l’encourager à tenir ferme au lieu de céder à ses premiers gémissements.
La persévérance est une vertu chrétienne, souvent relevée dans l’Écriture (1). Si Dieu lui-même est appelé le Dieu de la persévérance (Romains 15.5), c’est qu’il a mené à terme son œuvre créatrice (Genèse 2.2) et qu’il achèvera sûrement son œuvre de rédemption : Je suis persuadé, dit l’apôtre, que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour du Christ-Jésus (Philippiens 1.6). Il est rassurant de le savoir. Mais attention ! La persévérance du Dieu fidèle implique aussi la nôtre, Elle n’encourage pas les abandons. La Bible non plus :
(1) Persévérance et patience sont des termes très proches, presque interchangeables.
La Bible est pratique ; elle indique dans quels domaines il convient de persévérer. Dans la foi (Hébreux 6.12), dans les prières (Romains 12.12) ; dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle et la fraction du pain (Actes 2.42), dans l’alliance (Hébreux 8.9), dans le service (Apocalypse 2.2 ; Luc 9.62), etc. Les hommes de Dieu authentiques se signalent par leur persévérance. Noé acheva la construction de l’arche (Genèse 6.22) ; Abraham persévéra dans l’intercession et obtint la délivrance de son neveu Lot (Genèse 18) ; Moïse termina la construction du tabernacle (Exode 40.33) et Salomon acheva de bâtir le temple de Jérusalem (1 Rois 9.1). Malgré une opposition farouche, Néhémie put mener à terme la reconstruction des murailles de la ville (Néhémie 6.15). Quelques siècles plus tard et avant de réintégrer sa gloire, Jésus déclara à son Père : J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire (Jean 17.4). Quant à l’apôtre Paul, malgré d’innombrables embûches, il acheva sa course (2 Timothée 4.7) sans jamais abandonner son Maître et sa vocation d’évangéliste.
Pourquoi sommes-nous si peu persévérants ? Voici plusieurs raisons :
1. La tâche est pénible et monotone. N’est-ce pas décourageant de monter et de descendre des gammes durant des semaines, sans voir de réels progrès ? De se rendre tous les mardis soirs à la réunion de prière ? D’enseigner dimanche après dimanche des enfants indisciplinés à l’église ? De visiter des malades ou de distribuer des traités sans résultats apparents ? Un prédicateur disait, non sans humour : Ah ! Si, à Jérusalem au début de notre ère, un certain coq avait cessé de lancer son « cocorico » en se disant : « A quoi bon, puisque cela ne change rien à rien ! Donc, je cesse de chanter à partir d’aujourd’hui… » quel malheur et quelles conséquences pour l’apôtre Pierre ! Il ne se serait pas repenti et son œuvre d’évangéliste n’aurait pu s’accomplir.
2. L’imprudence. On peut se jeter dans une action avec fougue simplement parce qu’on n’a considéré que les « beaux côtés », les avantages de cette action, sans réfléchir aux obstacles possibles. Le Seigneur nous rappelle justement qu’avant de bâtir, il faut s’asseoir et calculer la dépense si l’on veut terminer sa maison (Luc 14.28).
3. L’insuccès apparent ou des résultats qui se font attendre ont arrêté beaucoup de gens. J’ai lu récemment le récit authentique d’un colporteur écossais qui, déposant un traité en un certain endroit, soupira : « C’est le dernier. Je perds mon temps à distribuer ainsi de la littérature. J’abandonne, car je ne vois aucun fruit de mon travail… je vais reprendre mon métier. » Ce qu’il fit. Vingt ans plus tard, conversant avec un prédicateur de renom, il eut la joie d’apprendre que cet homme avait trouvé le traité à un moment crucial de sa vie, et son contenu avait été le moyen de sa conversion. La joie du colporteur fut réelle, mais cependant mêlée de tristesse ; il éprouva le profond regret d’avoir abandonné un ministère pour lequel Dieu l’avait qualifié.
4. Les difficultés, l’incompréhension des autres, l’opposition peuvent entamer notre zèle et nous amener à cesser une activité, pourtant valable. Après l’épisode du Carmel, et malgré l’intervention puissante de l’Éternel, le prophète Élie, menacé par Achab et Jézabel, se laisse abattre et « craque » ; il fuit dans le désert et abandonne sa mission… Heureusement, le Dieu compatissant et fidèle relève et réhabilite l’homme découragé… pourvu qu’il accepte de prêter l’oreille à sa voix (pareille à « un son doux et subtil » — 1 Rois 19).
5. Le manque de volonté, la nonchalance et la mollesse ne cohabitent pas avec la persévérance. Certes, les tempéraments diffèrent : les uns sont, par nature, pleins d’énergie, alors que les autres ont peu de ressort. C’est vrai. Mais on oublie qu’une éducation bien menée vise à corriger ce qui est excessif et à améliorer ce qui est imparfait. Tâche difficile car il faut aller à l’encontre des penchants naturels de l’enfant. Et parce qu’il ne s’y prête pas volontiers, beaucoup de parents renoncent à corriger et préfèrent adopter les théories en vogue, selon lesquelles il ne faut pas contrarier le petit. Adoptons les principes bibliques en matière d’éducation, et gardons-nous de faire croire à notre rejeton qu’il n’a qu’à demander pour être servi. Il vaut mieux le former pour la lutte au lieu d’aplanir devant lui toutes les difficultés. Il apprendra à les surmonter, ce qui lui sera utile pour la suite. Les hommes de Dieu ont été des lutteurs, tel le missionnaire Paton qui travailla dans certaines tribus cannibales des Nouvelles Hébrides. Son autobiographie est tonique, car elle ne présente pas un serviteur au ministère sensationnel, qui triomphe de tout avec aisance. Au contraire. Cet homme bien trempé connaît échec sur échec, épreuve sur épreuve, abandon sur abandon. La mort le guette à chaque pas. S’il poursuit sa tâche envers et contre tout, c’est qu’il p0ssède l’assurance que Dieu l’appelle à travailler en ces lieux. Il ne dit jamais : « Je perds mon temps ici. Il n’y a rien à espérer de ces tribus sanguinaires. A quoi bon ? Vaut-il la peine de poursuivre ? Et puis, cela coûte beaucoup d’argent à la mission pour si peu de fruits… » Pas du tout ! Ni les épreuves ni les échecs ne peuvent faire céder ce lutteur. Les piétinements ne sont pas, à ses yeux, du temps perdu pourvu qu’il se trouve là ou Dieu le veut. Après de longues années de souffrances et de désert, Paton a – enfin ! – la grande joie de voir l’action du Seigneur. Le Saint-Esprit embrase l’île d’Aniwa et la population, d’une façon assez étrange, se tourne vers le Christ sauveur. Après les semailles, la récolte. Après les larmes… les chants de triomphe. Un ami avait raison de dire : La persévérance paie toujours.
6. Le doute. L’incrédulité paralyse et décourage. Dès l’instant où je ne crois pas au succès de ce que j’ai entrepris, je suis tenté d’y renoncer au premier contretemps. De même, je ne devrais jamais m’engager dans une action lorsque je suis perplexe quant à la volonté de Dieu. Si je ressens un malaise, une incertitude à ce sujet, je dois m’abstenir. Mais si le feu vert du Seigneur m’est accordé, je serai soutenu et capable de poursuivre ma tâche en dépit des difficultés.
7. Les « retards » de Dieu. Le Seigneur tient parole : ses promesses sont certaines et il répond à la prière confiante (Marc 11.24). Qui en douterait ? Pourtant, la tentation est grande d’abandonner la lutte quand l’exaucement tarde à venir. Or, ces retards sont voulus de Dieu pour exercer notre foi ; ils n’expriment pas nécessairement un refus. Dans sa lettre aux Corinthiens, l’apôtre nous raconte qu’il s’est adressé au Seigneur à trois reprises pour être délivré d’une écharde qui l’éprouve beaucoup. N’ayant pas obtenu de réponse la première fois, il se garde de dire : « Inutile d’insister. Telle n’est pas la volonté de Dieu… » Au contraire, il persévère, assuré qu’il y aura une intervention du ciel. La deuxième fois, il ne cède pas davantage devant le silence de Dieu. Dire comme certains : « Ta grâce me suffit », serait un nouveau prétexte pour lâcher prise. L’apôtre poursuit avec plus d’ardeur encore (Peut-être a-t-il jeûné et lutté toute une nuit avec ses amis). Et c’est alors que vient la réponse étrange : Ma grâce te suffit… (2 Corinthiens 12.9). Est-ce la délivrance espérée ? Certainement. La grâce accordée à l’apôtre est la capacité de vivre avec son écharde jusqu’à en tirer gloire. Ainsi « réconcilié » d’avec cette épreuve il peut parler de délivrance. Paul a persévéré jusqu’à l’exaucement et il l’a obtenu. Retenons ici ce que dit l’épître aux Hébreux : … en sorte que vous ne Soyez pas nonchalants, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et l’attente patiente (ou persévérance), reçoivent l’héritage promis. (Hébreux 6.12).
Pour conclure, voici trois conseils :
Que le Dieu de la persévérance nous stimule et nous donne de le servir avec joie, sans faiblir !
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