Montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est un feu dévorant.
Vous vous êtes sans doute penché sur des croquis ou des reproductions représentant un roi vêtu d’habits somptueux, entouré de hauts dignitaires et qui, de son trône élevé, considère l’un de ses sujets qui s’avance lentement entre deux haies de gardes impressionnants. La personne introduite s’arrête à distance, met un genou en terre, garde le silence et attend que le monarque lui ordonne de se relever et l’autorise à lui exposer ses requêtes ou à lui rendre compte de ses services. Le sujet, soumis et respec- tueux, ne parlera pas avant d’y avoir été invité. Imaginez un instant la scène.
La Bible nous cite le cas de Bath-Schéba qui vint implorer David pour son fils (1 Rois 1.16-17), et celui de la reine Esther qui, dans un grand tremblement, osa s’adresser au roi pour l’inviter à un festin préparé pour confondre Haman le persécuteur des Juifs (Esther 5.1-5). Ces deux femmes, bien que reines, se prosternèrent humblement et avec crainte devant leur époux, attendant, elles aussi, dans un silence respectueux, l’ordre royal d’exprimer leur requête. Qui s’approche de Dieu pour lui offrir son culte devrait garder à l’esprit cette scène de la salle du trône afin de se présenter devant le Roi des rois avec respect et soumission, conscient que Dieu est au ciel et nous sur la terre (Ecclésiaste 5.1). Trop de chrétiens traitent le Seigneur avec désinvolture, « en copain », s’autorisant de réduire orgueilleusement la distance qui les sépare du Créateur de gloire. Certes, le Christ consentit, il y a deux mille ans, à descendre parmi les hommes, à revêtir un corps humain pour les fréquenter ; plus encore, il se laissa clouer sur une croix tel un malfaiteur pour les sauver ; aussi l’enfant de Dieu a-t-il désormais la liberté de s’approcher du trône de la grâce avec une pleine assurance. Cette invitation ne signifie nullement qu’il lui appartienne d’amener le Seigneur des seigneurs à son propre niveau, de le « rapetisser » en quelque sorte pour converser plus familièrement avec lui. Le conseil de l’Ecclésiaste, ce grand roi conscient de son infinie petitesse, reste toujours d’actualité : Prends garde à ton pied lorsque tu entres dans la maison de Dieu ; et approche-toi pour écouter, plutôt que pour offrir le sacrifice des insensés car ils ne savent pas qu’ils font mal. Ne te presse pas d’ouvrir la bouche et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu, car Dieu est au ciel et toi sur la terre. Que tes paroles soient donc peu nombreuses (Ecclésiaste 4.17-5.1).
Ici, pensez à Jean-Baptiste qui « n’osait pas même délier la courroie des chaussures » du Fils de l’homme malgré leurs liens de parenté. Jean, l’apôtre, quoique « sous le sang de Christ », fut saisi de terreur à Patmos pour avoir seulement entrevu, dans une vision fugitive, le Fils de Dieu vêtu de lumière et de gloire ! Hommes et femmes qui l’abordaient jadis se prosternaient devant le Maître avec révérence et les disciples eux-mêmes, quoique journellement à ses côtés, l’appelaient respectueusement : Maître et Seigneur. Et ils avaient raison de l’appeler ainsi (Jean 13.13). Et nous donc ? Serions-nous plus que l’apôtre ou que Jean-Baptiste le prophète pour être dispensés de l’honorer ? Ah ! nous avons rudement besoin – et il faut le vouloir – de redécouvrir sa grandeur afin de le servir avec crainte, respect, soumission et émerveillement. Le Dieu « copain » ne peut être grand et glorieux. On n’exalte pas son égal.
Et puis, aurais-je oublié que le Dieu de miséricorde m’a cherché avec une extrême patience, puis accueilli et gracié à grand prix alors que j’étais en pleine révolte ? Aurais-je oublié qu’en dépit de mes infidélités répétées et de mes négligences sans nombre, inlassablement, il continue de me combler de ses biens, de me garder « par sa puissance » afin que je partage en sa compagnie une éternité bienheureuse ? C’est pourquoi, je veux m’approcher de lui en toute humilité, conscient de sa grandeur et de son admirable bienveillance, pour proclamer son grand nom, ses perfections et ses actes d’amour…
Mais alors, me direz-vous, comment oserais-je m’approcher de ce Dieu immense pour lui rendre le culte qu’il agrée ? Avec simplicité et foi, en sachant que vous pouvez, grâce au sang de Jésus versé au Calvaire, vous tenir humblement devant le Père. Il ne s’agit pas de sentir sa proximité, d’en prendre conscience, de visualiser cette présence, d’éprouver une émotion, mais tout simplement de croire qu’il est présent devant vous et en vous si vous lui appartenez. Répondez à cette divine présence (Matthieu 6.6) par un acte tout simple de confiance et de reconnaissance…
Encore hésitant, vous prétextez peut-être :
– Mais je ne sais trop que lui dire ni comment célébrer ce culte qui l’honore. Sa grandeur m’impressionne et je crains d’exprimer des vérités du bout des lèvres. Donc de l’irriter. La bonne volonté ne suffit pas.
– Tant mieux si vous êtes à court de paroles ! Devant lui, pas de bavardage. Rappelez-vous le conseil de Salomon cité plus haut (Ecclésiaste 5.1). Soyez donc simple : si vous ne savez que dire… gardez le silence devant lui. L’humoriste Raymond Devos disait : « C’est fou ce qu’on peut dire dans une minute de silence » ! Ne riez pas de cette boutade ; après tout, elle n’est pas aussi stupide qu’elle en à l’air. Quelques minutes d’un silence vécu devant le Dieu de Majesté est un échange qui apporte plus qu’on le croit. Ce sont des moments bénis d’adoration et d’émerveillement. Qui contemple le Père n’a guère envie de parler.
– Mais si je ne dis mot, immanquablement mes pensées vont se disperser, folâtrer de ci de là…
– Je le sais, l’adversaire s’y emploiera.
– Donc, si je comprends bien, je devrais m’efforcer de faire le vide dans mon esprit ?
– Surtout pas… car Satan prendrait aussitôt la relève. Il vous glisserait à l’oreille : « Efforce-toi de ne penser à rien. Laisse-toi faire. Demeure dans une attente passive »… Quiconque fait le vide sera submergé des pensées les plus diverses qui le tiendront loin de Dieu. Quand la maison est balayée, l’ennemi revient en force (Matthieu 12.43-45). Il est plus sûr de s’attendre au Seigneur en lui disant simplement : « O Dieu, capte mes pensées. Je t’abandonne mon esprit pour que tu le purifies et le remplisses de toi ; tu es mon refuge et mon bouclier ; merci de ta victoire dans ce domaine. » Puis, restez paisible et confiant devant Dieu qui ne manquera pas d’intervenir, même s’il tarde un peu.
– Mais, ajouterez-vous, il m’arrive très souvent d’éprouver un sentiment de sécheresse, ou d’avoir l’impression de me trouver devant une porte fermée ou un Dieu absent, ce qui m’ôte toute envie de prier lorsque je le recherche.
– Ah ! les impressions ! Rassurez-vous. Si vous cherchez Dieu, c’est qu’il vous cherche déjà. C’est lui qui a pris les devants ; c’est pourquoi, ne l’accusez pas d’avoir l’air de se dérober. Il est vrai que Dieu, parfois, nous semble hostile alors que nous croyons avoir une bonne conscience devant lui. N’en soyez pas troublé. Le chrétien ne devrait jamais se laisser arrêter par ce qu’il ressent ; Dieu n’est pas à l’image des hommes : il ne boude pas. C’est Satan qui produit ces impressions négatives, toujours floues, qui déboussolent celui qui les prend au sérieux. Au lieu de vous démener et de multiplier vos efforts pour entrer en communion avec le Seigneur, imitez David qui interrogeait ainsi son âme inquiète : Pourquoi t’abats-tu mon âme ? Espère en Dieu (Psaumes 42). Comme ce grand roi, dites résolument : « Je refuse de me laisser perturber par de vagues impressions ; je tiens à placer ma confiance dans le Seigneur, mon secours ». Dieu peut-il décevoir quiconque espère en lui ?
Enfin, chaque fois que vous allez à l’écart pour lui rendre hommage, soyez conscient que l’occasion vous est donnée de servir le Seigneur. L’apôtre vous y encourage, lui qui « accole » les eux expressions : Soyez fervents d’esprit, et Servez le Seigneur comme si elles n’en faisaient qu’une. (Romains 12.11)
Etre au service du Roi des rois, quel insigne honneur ! Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur (1 Corinthiens 1.31).
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