Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XV

Sur les Arbres et les Plantes

Ouvrages merveilleux du Dieu de la nature ;
Hauts cèdres, dont le front s’élève jusqu’aux cieux,
Basse hysope, arbrisseaux, baume, encens précieux ;
Et de l’herbe des prés éternelle verdure ;

Parterres émaillés, vivante enluminure,
Qui charmez l’odorat, en ravissant les yeux ;
Fils de nature et d’art, jardins délicieux ;
Plantes pour la santé, fruits pour la nourriture ;

Vos beautés, il est vrai, présentent à mes sens
Par la bonté du Ciel, des plaisirs innocents.
Mais, à l’instant, je songe au sort du premier homme.

Je vois le triste objet du jardin plein d’appas,
Où le poison mortel de la fatale pomme
Saisit le cœur d’Adam, et causa son trépas.


2 : On a vu dans la Nouvelle Espagne un cèdre qui tenait mille hommes à l’ombre sous ses branches. 13 : Le fruit défendu à Adam s’appelle communément une pomme, mais on ne sait pas précisément ce que c’est ; et il y en a qui tiennent que ce pourrait bien être ce beau et délicat fruit des Indes, que l’on nomme figue d’Adam, ou pomme de Paradis, qui étant coupé montre la figure d’une croix, et qui a des feuilles de plus d’une aune.

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