Nos enfants

LES CHÂTIMENTS CORPORELS

Celui qui ménage la verge hait son fils.

Proverbes 13.24

Je suis le témoin d’une scène navrante : Béatrice, la fillette de la maison – six ans à peine – joue avec sa petite camarade lorsqu’on sonne à la porte. C’est la voisine qui vient chercher son enfant.

— Josette, il est tard. Rentre à la maison.

L’interpellée ne bronche pas. Long silence. La dame regarde sa fille, attend, puis elle insiste :

— Tu m’entends ? Embrasse ta camarade et viens vite. Nouveau silence. Josette continue de triturer sa poupée en regardant la pointe de ses chaussures.

Maintenant, la maman supplie :

— Voyons, chérie, je t’attends. C’est l’heure de rentrer. Dépèche-toi !

La chérie s’obstine et ne dit mot. A bout de ressources, impuissante aux yeux de tous, la dame se tourne vers l’autre maman.

— Madame, aidez-moi.

Je vous le demande ! Comment pourrait-elle porter secours à une personne qui voit dans une simple fessée « une intolérable agression contre un être sans défense » affirmant tout haut que l’enfant ne doit pas être brusqué. La maman de Béatrice se contente de hausser les épaules et de sourire.

La voisine supplie encore puis, de guerre lasse, se retire en secouant la tête … Toute seule, naturellement. La fillette est toujours là, telle une forteresse. L’adulte aux belles théories s’en est allée, vaincue par un petit bout de gamine. Quelle victoire… pour l’enfant ! Et que de défaites demain... pour la mère.

Ce sera la maman de Béatrice, une fois la dame partie, qui trouvera le moyen de ramener Josette chez elle.

Si les théories modernes se veulent généreuses et prétendent viser à l’épanouissement de l’enfant, leur but est loin d’être atteint dans la pratique. En réalité, ces théories engluent les parents qui les adoptent. Elles les transforment en pantins sans autorité, s’égosillant en vain devant de fiers bambins rétifs et narquois, sûrs de l’impunité. Les parents faibles connaîtront tôt ou tard une vie de famille perturbée et surtout de douloureux lendemains (Proverbes 29.15 b). Pensez à Eli le sacrificateur, homme sans énergie dans sa famille. Mal éduqués, ses fils profanèrent les offrandes et exaspérèrent le peuple victime de leurs agissements. Ayant irrité Dieu, ils entraînèrent la mort de leur père et la ruine de la famille (1 Samuel 2.12 à 4.22). David lui aussi, sans fermeté devant Adonija, l’incita malgré lui à une révolte aux conséquences dramatiques. « David, précise l’Écriture, ne lui avait de sa vie fait un reproche en lui disant : Pourquoi agis-tu ainsi … » (1 Rois 1.6).

Ne vaudrait-il pas mieux donner raison au Livre des livres et adopter tel quel son enseignement infiniment plus sûr parce que divin ? Que dit-elle à ce sujet ?

« Celui qui ménage la verge hait son fils mais celui qui l’aime cherche à le corriger » (Proverbes 13.24).

« La folie est attachée au cœur de l’enfant et la bâton de la correction l’en éloignera » (Proverbes 22.15).

« En le frappant de la baguette, tu délivres son âme du séjour des morts » (Proverbes 23.14).

« Châtie ton fils et il te donnera du repos et procurera des délices à ton âme » (Proverbes 29.17).

« Le Seigneur châtie celui qu’il aime et il frappe ceux qu’il reconnaît pour ses fils » (Deutéronome 8.5).

Ne devrions-nous pas imiter Dieu lui-même ? Il est le père par excellence et nous sommes ses enfants (d’adoption) si nous avons reçu la vie d’En-Haut par la foi en Jésus-Christ (1 Jean 3.1). Or, ce Père aimant ne craint pas d’utiliser « le bâton » (Hébreux 12.6) : « Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté » (v. 10). Les diverses épreuves qui nous atteignent (comme les coups de bâton) sont passagères quoique douloureuses et sont d’abord « un sujet de tristesse » (v. 11). Mais cette discipline divine est hautement formatrice : « Elle produit plus tard un fruit paisible de justice » (v. 11). Si le Dieu infiniment sage juge bon de « châtier » les siens, ne redoutons pas d’utiliser « la verge » pour le bien de l’enfant.

A ce sujet, un père me fit remarquer que la Bible conseillait l’usage du martinet, jamais celui de la main, alors que nous « penchons » pour cette dernière. La main, précisa-t-il, est faite pour caresser, donner ou bénir. Elle exprime l’amour et la tendresse. Il n’est pas bon de l’employer pour châtier l’enfant car elle frappe trop vite, parfois trop lourdement, visant trop souvent la tête … Je ne sais si ces propos sont exacts, cependant ils sont intéressants et méritaient d’être rapportés.

Sans doute est-il pénible pour une mère sensible d’user du martinet. Le « petit chou » ne risque-t-il pas de mal réagir ? D’en être marqué pour la vie ? Certainement pas. La douleur éprouvée, suite à une fessée administrée à bon escient, est passagère et n’atteint que le corps. Elle n’a pas d’incidence sur l’âme alors que les empoignades quasi quotidiennes d’époux en guerre en ont de durables. Relisez les textes ci-contre, notez avec sérieux les bienfaits du martinet (le salut de l’enfant, son éloignement du mal, le repos pour la famille …) et vous n’hésiterez pas à vous procurer cet instrument. Cependant, tel châtiment peut jeter une ombre d’amertume sur le cœur de l’enfant c’est pourquoi il nous paraît bon de signaler ici quelques erreurs à éviter lorsqu’il s’agit d’exercer la discipline.

1. Trop de parents ont la main leste. La gifle retentit avant que le coupable n’ait eu le temps de crier « ouf ! ». Cette brusquerie irrite immanquablement. La valeur du bâton réside dans le fait qu’il faut aller le chercher avant de s’en servir : « Où l’ai-je donc fourré » ? Et pendant qu’il fouille le placard ou le cellier, le père se calme et réfléchit. « Etre lent à la colère » est de rigueur, selon Dieu. Puisque « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jacques 1.20), ne frappons pas inconsidérément, dans l’irritation et les cris.

2. Certains pères, avons-nous dit, abusent des châtiments corporels. Ils « cognent » sans discernement, pour de simples peccadilles, alors que de telles punitions devraient être exceptionnelles et infligées comme à regret, seulement pour des fautes commises délibérément, ou en cas de récidive. Si Dieu frappait sans mesure, nous serions perpétuellement l’objet de sa fureur et il nous apparaîtrait comme un Père implacable et sans cœur. Plus nos interventions seront rares et plus elles auront de l’impact.

3. La troisième erreur est d’admonester l’enfant en public. S’il perçoit des sourires narquois chez ceux qui sont peut-être à l’origine de sa faute, humilié, il se butera et l’on obtiendra l’inverse du but recherché. N’offrez pas l’enfant en spectacle sous prétexte que votre intervention servira de leçon aux autres. Non ! A l’écart, dans votre bureau ou votre chambre, ayez un tête-à-tête affectueux mais sérieux avec le coupable. Montrez-lui la gravité de sa faute afin qu’il sache pourquoi vous devez lui infliger une telle punition. Vous l’aimez trop pour ne pas sévir. Et s’il ne paraît pas comprendre, ne désespérez pas. Votre fermeté produira du fruit plus tard. Surtout, ne criez pas ; être calme et maître de soi est de première importance.

4. Une autre erreur est de laisser l’enfant dans sa punition. Au châtiment doit succéder la réhabilitation. Avant de ranger « le bâton », dites au coupable :

— Maintenant c’est fini : nous ne reparlerons plus de ta faute. Quand tu auras reconnu et accepté la justesse de mon intervention, viens vers moi et tout sera comme avant.

A table et devant ses frères et sœurs, ne revenez pas sur l’inconduite du coupable. Qu’il soit définitivement admis chez vous qu’une affaire réglée est bien réglée. Interdisez qu’on en reparle. Ne souffrez pas que ses frères l’accablent. Prenez alors son parti à l’instar du père de la parabole, lequel « couvrit » le prodigue face au fils aîné mécontent (Luc 15.30-32). N’utilisez pas « le bâton » sans amour. Il deviendrait le pire des instruments. Mais utilisez-le quand même.

LES ÉPOUX DIALOGUENT

  1. Etes-vous au nombre des adeptes de la seule méthode persuasive ? En matière d’éducation, n’avez-vous pas l’impression d’être en contradiction avec l’Écriture ? Acceptez-vous de lui donner raison ? Si nécessaire, humiliez-vous d’avoir suivi, jusqu’ici, vos propres idées.
  2. Etes-vous de ceux qui « cognent » à tort et à travers sous l’empire de la colère et dans les cris ? Reconnaissez-le et ayez un entretien avec l’enfant que vous avez bousculé sans ménagement.
  3. Avez-vous un enfant difficile qu’aucune correction ne réussit à amender ? Parlez-en au Seigneur et si possible à des amis chrétiens dont les conseils vous seront utiles. Demandez à Dieu beaucoup de patience à l’égard de l’enfant rebelle et de la sagesse pour céder ou sévir quand il le faut. Confiez-lui votre enfant et bénissez-le pour l’œuvre qu’il accomplira dans sa vie le moment venu.

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