« Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face à la maison de Jacob. Je m’attends à lui. » Esa 8.17.
Voici un serviteur de Dieu qui s’attend à lui, non pour son propre compte, mais pour son peuple auquel Dieu avait voilé sa face. Ceci nous montre qu’après avoir commencé par nous attendre à Dieu pour ce qui nous concerne personnellement, soit pour notre avancement spirituel, soit pour l’exaucement de nos prières, nous ne devons pas nous en tenir là. Nous pouvons marcher dans la pleine lumière de la présence de Dieu et pourtant être entouré de personnes auxquelles Dieu a caché sa face. Bien loin de nous contenter de ne voir là que le juste châtiment de leurs péchés ou la conséquence de leur Indifférence, nous sommes appelés à nous occuper avec sollicitude de leur triste état et à nous attendre à Dieu eu leur faveur. Le privilège de pouvoir s’attendre à Dieu comporte une grande responsabilité. Lorsque Christ est entré en la présence de Dieu, il a aussitôt usé de la place privilégiée qu’il occupait pour devenir notre intercesseur ; nous aussi, dès que nous savons réellement ce qu’est l’accès auprès de Dieu et la confiance en lui, nous devons en user eh faveur de nos frères moins favorisés, nous souvenant de ces mots : « Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face à la maison de Jacob. »
Faites-vous partie de quelque congrégation où vous ne rencontrez ni la vie spirituelle, ni la joie que vous pourriez désirer soit dans la prédication, soit dans les rapports fraternels ? Ou bien appartenez-vous à quelque Église qui offre encore tant d’erreurs, tant de mondanité, tant de recours à la science humaine, tant d’asservissement au formalisme que Dieu cache sa face dans mainte circonstance et que vous n’êtes pas surpris de ne voir là que peu de conversions, de ne trouver là que peu de véritable édification ? Il se peut aussi que vous vous trouviez mêlé à diverses œuvres chrétiennes, école du dimanche, conférences religieuses, union chrétienne de jeunes gens, missions lointaines et que là encore le manque de vie spirituelle vous indique que Dieu cache sa face. Vous croyez en comprendre la raison : trop de confiance en l’homme, en l’argent, trop de formalisme et d’indulgence pour le moi, trop peu de foi et de prière, trop peu d’amour et d’humilité, trop peu de l’esprit qui animait Christ sur la croix. Parfois vous désespérez, tout cela vous semble sans remède.
Croyez alors que Dieu peut remédier et qu’il le fera. Inspirez-vous de l’esprit du prophète en répétant ses paroles et appliquez-vous à vous attendre à Dieu pour ses enfants fourvoyés. Au lieu de juger et de condamner, au lien de vous décourager et de désespérer, souvenez-vous que Dieu vous appelle à lui. Si les autres négligent de le faire, adonnez-vous d’autant plus à cet exercice de confiance et de foi. Plus les ténèbres sont profondes, plus aussi il est nécessaire de recourir à celui qui seul peut délivrer. Plus ceux qui vous entourent se confient en eux-mêmes sans s’apercevoir qu’ils sont pauvres, aveugles et incapables d’aucun bien, plus aussi il est urgent pour vous qui voyez le mal et qui avez accès auprès de celui qui seul peut venir à notre secours, de vous tenir à votre poste en vous attendant à Dieu. Chaque fois que vous êtes tenté de soupirer ou de vous plaindre, répétez-vous tout de nouveau : « Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face à la maison de Jacob. »
Le cercle s’étend plus loin encore. Il faut penser à toute l’Église chrétienne répandue dans le monde, l’Église grecque, l’Église romaine et l’Église protestante qui comptent des millions d’âmes. Dans les Églises protestantes seulement, dans celles qui lisent la Bible et qui ont des professions de foi orthodoxes, que de formalisme encore ! que de rites humains jusque dans le temple de Dieu ! Que de preuves évidentes aussi que Dieu cache sa face !
Que doivent faire ceux qui voient cet état de choses et qui s’en affligent ? Voici la première chose à faire : « Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face à la maison de Jacob. » Comptons sur Dieu en lui confessant humblement les péchés de son peuple. Prenons le temps de nous attendre à lui en intercédant avec sollicitude, avec amour pour tous les saints, nos frères bien aimés, quelque fourvoyés qu’ils nous paraissent être. Attendons-nous à Dieu avec foi jusqu’à ce qu’il nous montre sa volonté de nous exaucer. Attendons-nous à lui en nous offrant à lui et en le priant de nous employer auprès de nos frères. Attendons-nous à Dieu sans nous lasser, ne lui laissant aucun repos jusqu’à ce que Sion redevienne la joie de la terre. Oui, comptons sur le Seigneur qui cache sa face à un si grand nombre de ses enfants. Et en nous réjouissant que « la clarté de sa face » vienne éclairer tous ses enfants, répétons-nous : « J’ai attendu l’Éternel, mon âme l’a attendu et j’ai eu mon espérance en sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus que les gardes du matin n’attendent le matin. »
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »