En sorte qu’ils reçoivent par la foi en mot le pardon des péchés, et une part avec ceux qui ont été sanctifiés. {10} {Ac 26.18}
Plus nous étudions l’Ecriture à la lumière du Saint-Esprit, ou pratiquons par sa divine puissance la vie chrétienne, plus aussi nous sommes profondément convaincus de la place unique et centrale que la foi occupe dans le plan de Dieu pour notre salut. Et nous apprenons aussi à comprendre qu’il est bon et juste qu’il en soit ainsi : la nature même des choses l’exige. Parce que Dieu est un Etre spirituel et invisible, chacune des révélations qu’il nous donne de Lui-même, soit: dans ses œuvres, soit dans sa Parole, soit dans son Fils, réclame de nous la foi. La foi est le sens spirituel de l’âme ; elle est pour elle ce que les sens sont pour le corps; par elle seule nous entrons en communication et en contact avec Dieu.
La foi est cette humilité d’âme qui attend dans le silence pour écouter, pour comprendre, pour accepter ce que Dieu dit, pour recevoir, pour retenir, pour posséder ce que Dieu donne et ce qu’il opère. Par la foi nous laissons entrer Dieu, que dis-je ? Nous l’accueillons lui-même, lui, le Vivant, dans notre cœur, afin qu’il y fasse sa demeure, et qu’il devienne notre vie même. Quoique nous pensions le bien savoir, nous avons toujours à apprendre à nouveau cette vérité pour en faire une application toujours plus profonde et plus complète, c’est que, dans la vie chrétienne, la foi est la première chose, la chose qui plaît à Dieu et qui attire sur nous ses bénédictions. Et parce que la sainteté est la gloire suprême de Dieu, et la suprême bénédiction qu’il a en réserve pour nous, c’est tout spécialement dans la vie de la sainteté que nous sommes appelés à vivre uniquement de foi.
Le Seigneur parle ici de « ceux qui sont sanctifiés par la foi en lui ». {11} Lui-même est notre sanctification, comme il est notre justification ; pour l’une comme pour l’autre, Dieu demande la foi; et l’une et l’autre sont également accordées immédiatement à la foi. Le participe « sanctifiés » n’est pas le présent, comme s’il indiquait une œuvre qui se poursuit, mais le passé défini indiquant un acte accompli une fois pour toutes. Lorsque nous croyons en Christ, nous recevons le Christ tout entier, notre justification et notre sanctification : nous sommes immédiatement acceptés de Dieu comme justes et comme saints en lui. Dieu nous compte et nous appelle, ce que nous sommes réellement, des « sanctifiés en Christ ». C’est lorsque, nous arrivons à voir ce que Dieu voit, lorsque notre foi saisit ceci : c’est que la vie sainte de Christ est nôtre, qu’elle est devenue notre propriété véritable, qu’elle doit être acceptée ainsi par nous, et que nous devons nous l’approprier par un usage journalier, c’est alors que nous serons vraiment rendus capables de vivre de la vie à laquelle Dieu nous appelle, la vie des sanctifiés en Jésus-Christ. Nous serons alors dans la vraie position dans laquelle ce qui est appelé la sanctification progressive peut s’opérer. Ce sera alors, dans la vie de tous les jours, l’application de la puissance de la vie sainte qui nous a été préparée en Jésus, et qui, dans notre union avec lui, est devenue notre possession présente et permanente, puissance qui agit en nous selon la mesure de notre foi. {12}
A ce point de vue, il est évident que la foi a une double opération à accomplir. La foi est la démonstration des choses qu’on ne voit point, et qui cependant existent véritablement dans le moment présent ; elle est une ferme persuasion des choses qu’on espère, mais qui ne sont pas encore présentes. En tant que démonstration des choses qu’on ne voit point, elle se réjouit en Christ, notre parfaite sanctification, comme en une possession présente, actuelle. Par la foi, je regarde simplement à ce que Christ est, tel que la Parole nous l’a révélé par le Saint-Esprit. Réclamant comme ma propriété tout ce qu’il est, je sais que sa sainteté, sa nature et sa vie sainte sont à moi ; je suis un saint; par la foi en lui, j’ai été sanctifié.
Voilà le premier aspect de la sanctification : regarder à ce qui est une chose accomplie, une absolue réalité. En tant que ferme persuasion des choses espérées, cette foi atteint, par l’assurance de l’espérance quant à l’avenir, des choses que je ne vois pas encore et dont je ne fais pas l’expérience ; et elle réclame jour après jour de Christ, notre sanctification, ce qui est nécessaire pour la pratique de la sainteté, « pour que je sois saint dans toute ma conduite ».
Et voici le second aspect de la sanctification: je compte sur Christ pour que dans une expérience personnelle, il me remplisse graduellement, incessamment, et selon les besoins de chaque instant de toutes les richesses qui ont été amassées pour nous dans sa plénitude « C’est à lui que vous devez d’être en Jésus-Christ, qui a été fait sagesse pour nous par la volonté de Dieu, ainsi que justice, sainteté et délivrance ». (Oltramare). Sous son premier aspect, la foi dit: «Je sais que je suis en lui et que toute sa sainteté est mienne»; sous son second aspect, elle ajoute : « Je m’assure en lui pour la grâce et la force qui me sont nécessaires à chaque instant pour vivre d’une vie sainte ».
Et cependant, il est à peine besoin de le dire, ces deux aspects n’en font qu’un. Car c’est un seul et même Jésus qui est notre sanctification, soit que nous le considérions à la lumière de ce qu’il a été fait pour nous, une fois pour toutes, soit que, comme résultat de ce qu’il a été fait pour nous, nous le considérions dans ce qu’il devient pour notre expérience journalière. Et c’est aussi une seule et même foi qui, à mesure qu’elle apprend mieux à connaître Jésus, à l’adorer, à se réjouir en lui comme en Celui qui nous a été fait de la part de Dieu sanctification, et en qui nous avons été sanctifiés, devient plus hardie pour attendre l’accomplissement de chacune des promesses de Dieu pour la vie de chaque jour, plus forte aussi pour réclamer et attendre de Dieu la victoire sur tout péché. La foi en Jésus est le secret d’une vie sainte : toute sainte conduite, toutes nos actions vraiment saintes, sont le fruit de la foi en Jésus, comme en Celui qui est notre sainteté.
Nous savons comment la foi agit, et quels sont ses grands obstacles dans ce qui concerne la justification. Il est bon que nous nous rappelions que les mêmes dangers se rencontrent dans l’exercice de la foi qui sanctifie que dans celui de la foi qui justifie. La foi en Dieu est et demeure opposée à la confiance en soi-même, spécialement dans son vouloir et son faire. Tout effort pour faire quelque chose par nous-mêmes entrave la foi. La foi regarde à Dieu qui seule opère, et elle s’abandonne à sa puissance comme à une puissance qui nous a été révélée en Christ, par l’Esprit; elle laisse Dieu produire en nous la volonté et l’exécution. La foi doit agir : sans les œuvres, elle est morte; elle n’arrive à la perfection que par les œuvres. Ainsi que Paul le dit : « En Jésus-Christ, ce qui importe, c’est la foi agissante par la charité ». {Ga 5.6} Mais ces œuvres que la foi en l’action de Dieu inspire et produit sont bien différentes des œuvres dans lesquelles le croyant dépense ses meilleurs efforts pour n’arriver qu’à constater son échec, son impuissance. La vraie vie de sainteté, la vie de ceux qui sont sanctifiés en Christ, a ses racines et sa force dans le sentiment permanent d’une complète impuissance, dans la plénitude de repos d’une âme qui se confie en la puissance et en la vie divines, enfin, dans un abandon complet de soi-même au Sauveur, dans cette foi qui consent à n’être rien, afin qu’il soit tout. Il peut paraître impossible de discerner ou de décrire la différence qui existe entre le travail qui vient de nous-mêmes, et le travail qui vient de Christ par la foi ; mais si nous savons seulement que cette différence existe ; si nous apprenons à nous défier de nous-mêmes et à compter sur Christ agissant en nous, le Saint-Esprit nous introduira aussi dans ce « secret de l’Eternel ». Les œuvres de la foi sont les œuvres de Christ.
De même que la foi est entravée par les efforts personnels, de même elle l’est par le désir de voir et de sentir. « Si tu crois, tu verras » ; le Saint-Esprit scellera notre foi par une divine expérience, nous verrons la gloire de Dieu. Mais ceci est son œuvre ; la nôtre est, lorsque, tout paraît sombre et froid, en présence de tout ce que la nature et l’expérience témoignent, de croire cependant en Jésus à chaque instant, comme en Celui qui est notre sanctification, et une sanctification parfaitement suffisante, en laquelle nous sommes rendus parfaits devant Dieu. Des plaintes sur ce que nous ne sentons pas, sur notre faiblesse, sur l’engourdissement qui nous gagne servent rarement à quelque chose; c’est l’âme qui renonce à s’occuper d’elle-même, de sa propre faiblesse ou de la force de l’ennemi, et qui ne regarde qu’à ce que Jésus est, à ce qu’il a promis de faire, c’est cette âme, dis-je, qui progrès sera en sainteté et qui connaîtra une marche Joyeuse, de victoire en victoire. « L’Eternel lui-même combattra pour vous ». Cette pensée si souvent répétée en parlant du pays dont la possession avait été promise à Israël est l’aliment de la foi ; dans le sentiment de sa faiblesse, en présence de ses puissants ennemis, la foi entonne le chant du vainqueur. Lorsque Dieu paraît ne pas faire ce pourquoi nous avions eu confiance en lui, c’est précisément le moment pour la foi de se glorifier en lui.
Il n’y a peut-être rien qui révèle davantage le vrai caractère de la foi comme la joie et la louange. Vous faites à un enfant la promesse d’un cadeau pour le lendemain, immédiatement il vous dit: « Merci ! » et il est heureux. Le joyeux merci prouve combien réellement votre promesse est entrée dans son cœur. Nous pouvons être saints, parce que Jésus, le Puissant, Celui qui aime d’un amour infini est notre sainteté. La louange exprimera notre foi ; la louange la prouvera aussi ; la louange la fortifiera. « Le peuple que je me suis formé publiera mes louanges ».—« Alors ils crurent à ses paroles, et ils chantèrent sa louange ». La louange nous ramènera à la foi, nous verrons que nous n’avons plus qu’une chose à faire : aller de l’avant dans une foi qui se confie sans cesse et qui loue sans cesse. C’est dans un attachement plein d’amour et vivant pour Jésus, un attachement qui se réjouit en lui et le loue sans cesse pour ce qu’il est pour nous, que la foi se prouve à elle-même, et qu’elle reçoit la puissance de la sainteté.
« Sanctifiés par la foi en moi ». Oui, par la foi en moi. C’est un Jésus personnel et vivant qui s’offre à nous, lui-même dans toute la richesse de sa puissance et de son amour, lui, comme l’objet, la force, la vie de notre foi. Il nous dit que si nous voulons être saints, saints toujours et en toutes choses, nous devons avoir une seule chose en vue: être toujours et entièrement pleins de foi en lui. La foi est l’œil de l’âme, la force par laquelle nous pouvons discerner la présence de l’invisible lorsqu’il vient se donner à nous. Non seulement, la foi voit, mais elle s’approprie, elle s’assimile les choses divines; aussi, que notre âme se recueille pour que le Saint-Esprit, qui habite en nous, vivifie et fortifie cette foi pour laquelle il nous a été donné. La foi est l’abandon, la reddition de notre être tout entier; c’est l’acte par lequel nous nous livrons à Jésus, afin qu’il puisse faire son œuvre en nous, nous nous donnons à lui, afin de vivre de sa vie, et que sa volonté se fasse en nous; en accomplissant cet acte d’abandon, nous ferons cette expérience que c’est lui qui se donne entièrement à nous, en prenant complètement possession de nous. La foi sera donc une puissance, la puissance d’obéissance pour faire la volonté de Dieu, «notre très sainte foi»,—« la foi des saints ». Et nous comprendrons combien est simple, pour le cœur droit, le secret de la sainteté: Jésus, lui seul. Nous sommes en lui, qui est notre sanctification ; lui personnellement est notre sainteté; et la vie de la foi en lui, pour qui le reçoit et le possède, doit être nécessairement une vie de sainteté. Jésus dit : « Sanctifiés par la foi en moi ».
« Soyez saints, car je suis saint ».
Bien-aimé Sauveur, j’ai vu une fois de plus avec un cœur plein d’une respectueuse adoration ce que tu veux être pour moi. C’est en toi, et dans une vie de sainte communion avec toi que je puis devenir saint. C’est dans une vie de simple attachement à ta personne divine, dans une vie de foi en toi et d’amour pour toi, Jésus, d’abandon et de consécration à toi, que tu deviens mon tout et que tu me rends participant de toi-même et de ta sainteté.
Seigneur Jésus, je crois en toi, subviens à mon incrédulité. Je te confesse ce qui reste en moi d’incrédulité; et je compte sur ta présence pour que tu en fasses la conquête et que tu la fasses disparaître de mon cœur. Mon âme regarde continuellement vers toi afin de voir toujours mieux combien c’est toi qui es ma vie et ma, sainteté, Tu élargis mon cœur afin que je me réjouisse en toi comme en Celui qui est mon tout, et que j’aie l’assurance que c’est toi-même qui prends possession de ce cœur et qui le remplis, comme un temple, de ta gloire. Tu m’enseignes à comprendre que quelque faibles, humaines et décevantes que puissent être mes expériences, ton Saint-Esprit est la force de ma foi, qu’il me fait grandir dans une confiance plus forte et plus profonde en toi, en qui je suis saint. O mon Sauveur! je prends la parole de ce jour : « Sanctifié par la foi en moi », comme une nouvelle révélation de ton amour et de ce que cet amour se propose de faire pour moi. En toi est la puissance de ma sainteté; en toi la puissance de ma foi. Que ton nom soit béni de ce que tu m’as donné une place parmi ceux dont tu parles quand tu dis : « Sanctifiés par la foi en moi ». Amen.
1° Souvenons-nous que ce n’est pas seulement la foi qui se sert de Christ pour la sanctification, mais toute foi vivante qui a le pouvoir de sanctifier. Tout ce qui nous jette souillés aux pieds de Jésus, tout ce qui exige de notre part une foi intense et simple, que ce soit une épreuve de foi, ou une prière de foi, ou une œuvre de foi, tout cela aide à nous rendre saints, parce que tout cela nous met en contact avec Jésus, le Saint.
2° Ce n’est que par le Saint-Esprit que Christ et sa sainteté nous sont jour après jour révélés, faits nôtres, en une possession véritable. Et la foi qui les reçoit est aussi du Saint-Esprit. Livrez-vous en simplicité de cœur et avec confiance à son action. Ne soyez point effrayés comme si vous ne pouviez croire ; vous avez en vous « l’Esprit de foi », vous avez par conséquent le pouvoir de croire. Et il vous est permis, que dis-je ? vous pouvez demander à Dieu qu’il vous fortifie puissamment par son Esprit dans l’homme intérieur ; car la foi qui reçoit Christ est celle qui demeure et qui ne faiblit pas.
3° Je n’ai de foi que dans la mesure que j’ai l’Esprit. N’est-ce pas désormais que ce qui m’est le plus nécessaire, c’est que je vive entièrement sous l’action du Saint-Esprit ?
4° Comme l’œil en voyant est réceptif, cède à l’objet qui est placé devant lui afin d’en recevoir l’impression, ainsi la foi est l’impression que Dieu produit sur l’âme quand il s’en approche. La foi d’Abraham ne fut-elle pas le résultat du fait que Dieu s’était approché de lui, et lui avait parlé, l’impression que Dieu avait faîte sur lui ? Recueillons-nous pour contempler le divin mystère de Christ, notre sainteté ; sa présence attendue et adorée produira la foi. C’est-à-dire que l’Esprit qui procède de lui dans ceux qui s’attachent à lui sera de la foi.
5° La sainteté en Jésus, et non par ton effort, la puissance du péché brisée par la grâce seule. La sainteté de Dieu en toi, sa beauté sur ton front, ce sera la joie de ton pèlerinage, ce sera ta portion ici-bas.
{10} En sorte qu’ils reçoivent la rémission des péchés et un héritage parmi ceux qui sont « sanctifié par la foi en moi. » Version révisée d’Oxford, 1881, autorisant l’intitulé de ce chapitre.
{11} Les meilleurs commentateurs relient cette expression par « la foi en moi, » non point au mot « sanctifiés, » mais à tonte l’expression « qu’ils reçoivent par la foi en moi. » Mais ceci ne saurait aucunement affecter l’application au mot « sanctifiés » Lu ainsi, le texte nous dit que la rémission des péchés et l’héritage, et la sanctification qui nous qualifie pour l’héritage, tout mous vient parla foi.
{12} Voir note E.