Thessalonique, autrefois Thermae, aujourd’hui Saloniki, était la capitale de la seconde partie de la Macédoine et le séjour du gouverneur romain de toute la province de ce nom. C’était, comme dit Lucien, πόλις τῶν ἐν Μακεδονίᾳ μεγίστη, la plus grande des villes de Macédoine, un port de mer très fréquenté. Comme entrepôt commercial, elle pouvait être comparée à ce qu’est aujourd’hui le port de Trieste. Cette circonstance y avait attiré une nombreuse population juive. Paul, accompagné de Silasa et de Timothée, y arriva, après avoir quitté Philippes où il avait laissé Luc, vers la fin de l’an 52 ou au commencement de l’an 53.
a – Tite ayant joué un grand rôle dans la vie de Paul (Galates 2.3 ; 2 Corinthiens ch. 7 à 9) et n’étant jamais nommé dans les Actes, quelques savants ont supposé qu’il n’était autre que Silas, nommé comme auteur de nos deux lettres aux Thessaloniciens et qu’il se serait appelé Titus Silvanus. Mais Tite était d’origine païenne, tandis que Silas appartenait à l’église de Jérusalem (Actes 15.27) ; Tite, chrétien païen, ne peut pas avoir été délégué par l’église judéo-chrétienne aux églises de Syrie et de Cilicie pour leur porter sa réponse officielle ; enfin dans 2 Corinthiens Paul nomme Silas (1.19) et Tite (7.6, 13 ; 8.6, 16, etc.), comme deux personnages différents.
La fondation de l’église de Thessalonique est racontée au ch. 17 des Actes. Selon la marche qu’il avait adoptée dès son premier voyage de mission (comparez Actes 13.14, à Antioche de Pisidie, et 16.1, à Iconium), et qu’il avait aussi suivie à Philippes, il se rendit à la synagogue, et en opposition à l’attente juive d’un Messie glorieux il exposa le tableau prophétique du Messie souffrant et glorifié et annonça l’accomplissement de cette prophétie dans la personne de Jésus mort et ressuscité. Cette prédication ne trouva accès qu’auprès de quelques Juifs, mais fut accueillie par de nombreux prosélytes grecs, particulièrement par un certain nombre de femmes occupant un rang élevé dans la villeb. Furieux de se voir arracher de pareils adeptes, les Juifs excitèrent contre Paul et Silas une émeute de la part de la population infime de la ville. La maison où demeuraient les trois missionnaires fut envahie ; on voulait les traîner devant les magistrats urbains. Le grief qu’on alléguait contre eux était évidemment suggéré par les Juifs ; il était de nature politique. Paul ayant parlé de Jésus comme du Seigneur glorifié et sans doute aussi de son retour futur, on l’accusait avec quelque apparence de vérité de proclamer un autre souverain que l’empereur romain et de commettre ainsi le crime de haute trahison. Cette inculpation était d’autant plus perfide de la part des Juifs, qu’eux-mêmes n’aspiraient à rien autant qu’à la venue du Messie qui devait détrôner César.
b – Actes 17.4 ne contredit nullement, comme on l’a prétendu, 1 Thessaloniciens 1.9 ; 2.14, où est supposée l’origine païenne de la majorité de l’église.
Peut-être Paul et ses deux compagnons avaient-ils eu vent du complot ourdi contre eux : ils ne se trouvèrent pas chez eux. Leur hôte, un Juif nommé Jason, fut conduit devant le tribunal, puis relâché après avoir donné caution ; et, sans doute pour lui éviter un nouvel orage, Paul, après un mois de séjour (le v. 2 parle de trois sabbats seulement dans lesquels il avait prêché dans la synagogue), partit de nuit avec Silas pour continuer sa mission et se rendit à Bérée, à une journée à l’ouest de Thessalonique.
A Bérée, sa prédication trouva aussitôt auprès des Juifs un accueil favorable et même empressé. Mais dès que les Juifs de Thessalonique eurent appris cette nouvelle, leurs émissaires arrivèrent et soulevèrent la populace, de sorte que Paul se vit obligé de quitter la Macédoine, en y laissant Silas et Timothée qui étaient moins exposés à la haine des adversaires. Lui-même fut conduit par quelques frères de Bérée jusqu’à Athènes. Là il ne fit qu’un court séjour, décrit dans la seconde partie du ch. 17 des Actes. Ce ne fut pas la persécution qui le fit partir de cette ville ; mais l’expérience qu’il fit dans sa prédication à l’Aréopage, l’avait probablement convaincu qu’il n’y trouverait pas un terrain disposé à recevoir la semence divine. Il se rendit donc à Corinthe, la capitale de la province d’Achaïe, où il séjourna environ deux ans (Actes ch. 18). C’est de ce séjour que paraissent dater les deux lettres aux Thessaloniciens.