De Wette et Cœlln divisent la Théologie de l’A. T. en deux parties, la théologie hébraïque jusqu’à l’exil, la théologie judaïque à partir de l’exil. Mais si, comme nous, l’on ne veut pas sortir du domaine du canon hébraïque, on ne peut adopter cette division sans se condamner à avoir quelque chose de bien incomplet en fait de théologie judaïque, attendu que le canon ne s’étend que bien peu au-delà de l’exil.
Voici la division que nous avons adoptée. Il nous a paru que l’alliance que Dieu a faite avec la race élue dans le but de réaliser le plan du salut, forme la base de la religion de l’A. T. Cette alliance est préparée par la révélation primitive, d’Adam à Abraham. Puis, après avoir été préparée, elle se conclut. Elle se conclut d’abord sous la forme d’une alliance où domine l’élément des promesses ; alliance patriarcale avec Abraham, Isaac et Jacob. Elle se conclut ensuite sous la forme d’une alliance où domine l’élément de la loi : législation de Moïse. Eh bien ! tout cela formera notre première grande partie, la Loi. Pourquoi nous ferions-nous scrupule d’y faire rentrer la révélation primitive, puisqu’elle prépare Moïse, et qu’elle forme une partie importante de la religion que Moïse a été chargé d’apporter à son peuplek ? Et si même le Pentateuque renferme peut-être des institutions légales d’une origine postérieure elles ne seraient pourtant jamais que le développement des lois de Moïse.
k – Sack estime qu’il faut absolument traiter la révélation patriarcale à part, et Hengstenberg a prouvé dans son Histoire du règne de Dieu que la chose peut se faire ainsi. Mais on s’expose par là à bien des répétitions. Nitzsch veut au contraire que la Théologie de l’A. T. ne commence qu’à Abraham, et que la révélation primitive soit traitée comme une partie constitutive de la Loi, puisque c’est par Moïse que le souvenir s’en est conservé. Mais quelles complications ! Commencer à Abraham et ne parler de la création, par exemple, que bien après !
Passons outre. Après le don de la loi, le développement de la religion de l’ancienne alliance se poursuit sur une double voie. D’une part Dieu, par la conduite des événements et par le gouvernement de son peuple, continue à accomplir ses conseils, comme il continue par la prophétie à révéler toujours mieux la partie de son plan qui n’est pas encore réalisée. L’histoire des Israélites depuis leur entrée dans le pays de Canaan, considérée à la lumière de la prophétie, — et la prophétie elle-même, — voilà donc les deux subdivisions de ce que nous appellerons la Prophétie : seconde grande partie de notre ouvrage. — D’autre part, les hommes réfléchissent. Parallèlement au développement objectif de la religion de l’ancienne alliance, il s’en produit un subjectif chez les Sages. Ils ne donnent pas positivement les résultats de leurs méditations comme une parole divine ; ce sont des sentences. Ils ne s’occupent pas de préférence des institutions théocratiques ni de la parole des Prophètes, mais plutôt des lois morales qui président à l’histoire du monde et à la vie humaine en général. Voilà notre troisième et dernière grande partie. Nous l’appellerons « la Sagesse »l.
l – Chochma : חכמה
L’A. T. hébraïque se divise aussi en trois parties : la Loi, les Prophètes et les Hagiographes ; mais elles ne correspondent pas exactement à celles que nous venons d’adopter. — Pour avoir une idée complète de la loi, il nous faudra absolument ajouter au Pentateuque le livre de Josué, qui, au point de vue littéraire et théologique, ne fait qu’un avec lui, alors même qu’on peut se demander si, sous sa forme actuelle, il est bien le sixième livre de la Bible. Les deux subdivisions de notre seconde partie répondent assez bien aux deux espèces de livres prophétiques que distingue le canon hébraïque. Les Prophètes antérieurs sont des livres historiques, et les Prophètes postérieurs des livres prophétiques. Seulement nous emprunterons aux hagiographes du canon hébraïque les livres d’Esther, d’Esdras, de Néhémie et des Chroniques, pour les adjoindre aux Prophètes antérieurs, et le livre de Daniel avec les Psaumes prophétiques, pour les adjoindre aux Prophètes postérieurs. — Il ne nous restera comme monument de la Sagesse ou du développement subjectif de la religion de l’A. T., qu’une partie des Psaumes, Job, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques.