Il semble incontesté que le Talmud signale le 14 Nisan comme jour de la mort de Christ (Traité Sanhédrin, fol. 43, 1, 67, 1, d’après Holzmann ; Tr. Sanh. 6, d’après Godet). Ces passages renferment d’évidentes erreurs sur la mort de Christ : ils racontent en particulier que Jésus aurait été non crucifié, mais lapidé, ou d’abord pendu, puis lapidé, et qu’auparavant un crieur public aurait invité pendant quarante jours quiconque saurait dire quelque chose en sa faveur, à venir faire sa déposition. Ils ne sauraient donc à eux seuls être une autorité ; cependant ils peuvent servir de confirmation là où leur témoignage s’unit à des données méritant une tout autre confiance, et c’est à ce titre que nous les citons. Ils nous paraissent même avoir ici une valeur toute particulière : et en effet, si l’on a pu dire que l’opinion de l’Église du second siècle sur la date du jour de la mort de Christ lui avait été inspirée par son amour de la prophétie typique, par son désir de faire coïncider le plus possible la fête de Pâques de l’ancienne Alliance et son accomplissement dans le sacrifice de l’éternel Agneau immolé pour les péchés du monde, comment pourrait-on expliquer ainsi l’opinion du Talmud, dont les auteurs devaient être animés d’une tendance précisément inverse ?
[M. le Dr Pierotti me disait que l’opinion d’après laquelle Jésus est mort au moment même où l’on immolait l’agneau pascal, est encore confirmée par la tradition arabe palestinienne. Ses nombreuses recherches archéologiques l’ont conduit à assigner une assez grande valeur à cette tradition, qu’il distingue de la tradition mahométane et des diverses traditions chrétiennes, et qui est pour lui la vraie tradition des anciens habitants de la Palestine.]